lundi, décembre 28, 2009

Pub


Sise sur une noble plaine verdoyante à deux pas des majesteuses montagnes des Apeninis, la casa della famiglia offre un service tout confort à l'ingénieur harassé par plusieurs mois de labeur ininterrompu.
Votre séjour commence alors que notre chef d'équipe vient vous chercher à l'aéroport, et profite du dense réseau routier environnant pour vous emmener dans vos pénates. Commence alors une semaine de détente absolue lors de laquelle toute activité domestique est proscrite. Trois générations de maitresses de maisons chevronnées se succèdent aux fourneaux pour vous faire découvrir des spécialités locales de grande qualité, qui porteront au septième ciel le robuste gastronome qui saura ne pas se formaliser de la quantité de calories absorbées. Le connaisseur raffiné que vous êtes ravira l'assemblée en reprenant une troisième assiette de tortellinis, sans pour autant hypothéquer son secondo.
L'absence d'offre culturelle et touristique à proximité vous permettra de vous recentrer sur une saine semaine de remise en forme, placée sous le signe de la gastronomie (déjà mentionnée), du sport pour monsieur et du shopping pour madame, et de la lecture pour tout le monde. Déchargé des contraintes domestiques et professionnelles, et ramolli sous le double effet de la nourriture et du chaleureux chauffage hivernal, il est aisé d'atteindre une moyenne de 150 pages par jour.
Mais la spécialité dans laquelle notre équipe excelle, c'est d'abord et avant tout la garde d'enfant, de jour comme de nuit. Nous serons ravis de proposer à votre bimbo une série de plats sur mesure où le risotto le dispute aux tortellinis. Et entre ces plats, de nombreux animateurs prendront en main les distractions de l'enfant. Dès que le maitre de maison donnera quelque signe de faiblesse (elle commence à poindre après trois bonnes heures de portage aux ordres de l'enfant), des tantes compétentes prendront la suite sans que le chérubin ne souffre de l'absence de sourires et de stimulation plus d'une demie seconde.
C'est notre engagement, un engagement au service du client. Pour vos vacances détentes, pour vos vacances amorphes, choisissez la casa della famiglia! Le prix de la prestation est modique: quelques vagues cadeaux, qui vous seront retournés au centuple, et pour une bonne part en monnaie sonnante et trébuchante. Et enfin, l'été, vous serez ravis de profiter de notre dépendance en haute altitude pour profiter de la quiètude habituelle au frais.

PS: Afin d'améliorer notre service, nous avons récemment, suite aux demandes pressantes de nos meilleurs clients, muni notre chambre d'hôte d'un accès Internet haute vitesse, et par ailleurs nous avons muselé la TV.
Quand aux irruptions intempestives de semis-étrangers dans la maison, nous y travaillons avec quelque succès.

dimanche, décembre 27, 2009

Un SMS qui tourne dans la famiglia

Caro bambino Gesu,
quest'anno ti sei portato via:
  • il mio cantante preferito Mickael Jackson,
  • il mio attore preferito Patrick Swayze,
  • la mia attrica preferita Farrah Fawcett,
  • il mio presentatore preferito Mike Bongiorno.
Volevo dirti che il mio politico preferito é Silvio Berlusconi. E che l'anno sta per finire.


Soit, si vous ne vous formalisez pas qui je vous le traduise:
"
Cher enfant Jésus,
cette année, tu as rappelé à toi:
  • mon chanteur préféré Mickael Jackson,
  • mon acteur préféré Patrick Swayze,
  • mon actrice préférée Farrah Fawcett,
  • mon présentateur préféré Mike Bongiorno.
Je voulais te dire que mon homme politique préféré est Silvio Berlusconi. Et que l'année n'est pas encore terminée.
"

A moins que vous ne pensiez qu'il faille aussi traduire "Silvio Berlusconi"?

vendredi, décembre 25, 2009

Boulet

On pourrait s'attendre à ce que, arrivés au sommet, nous nous complaisions dans notre quant-à-soi satisfait, fermés sur les autres. Voire que, jaloux les uns des autres, nous nous complaisions dans de mesquines querelles.
Et bien vous seriez surpris de constater que nous autres, les bloggers à succès, sommes unis par un esprit de joyeuse camaraderie, sans concurrence aucune. C'est donc sans arrière-pensée aucune que je suis heureux de recommander à ceux d'entre vous qui ne le connaissent pas encore le blog de boulet, le blog BD le plus visité du web francophone.
En bon blogger qui se respecte, l'auteur nous gratifie périodiquement de notes sur des sujets divers, que ce soient des anecdotes du quotidien, générales (, , ) ou particulières à l'auteur (, , ), voire des petites réflexions philosophiques (, ,ou ) ou quelques envolées poétiques ( ou ailleurs mais je retrouve pas, cherchez vous même!). Mais son fond de commerce reste d'abord et avant tout les anecdotes étudiantes (, , , ), et des histoires de geek (, , , ).
Monsieur Boulet ne se contente pas d'avoir de bonnes idées de blagues qu'il pourrait se contenter de raconter à la va-vite. Au contraire, il les amène incroyablement bien (cette histoire de raclette par exemple), ou les illustre sous pléthore d'angles différents, avec une invention graphique renouvelée quasiment à chaque case.
Bref, non seulement on se marre comme des baleines, mais en plus c'est de la grande qualité. Et certaines notes font même un bien fou (par exemple celle là et celle là)!
Je vous conseille d'y goûter par les liens experts que je vous ai indiqué (et qui m'ont pris une petite heure à reconstituer!), mais si vous décidez de vous plonger plus avant dans l'historique de son blog, je vous signale que les notes sont éditées sous forme de BD. C'est autrement plus confortable...

mardi, décembre 22, 2009

Le Top 10 ciné 2009

On me demande souvent quel peut bien être l'intérêt de tenir un blog (fût-ce au rythme fort peu soutenu que je suis depuis un certain 14 avril 2008). La chose est peu évidente, et parmi les nombreux arguments que j'ai mis en avant au fil des années (mettre ses idées au clair, tenir la famille/les amis au courant des coups de coeur et de gueule, etc), il en est un qui est indiscutable - et égoïste. Il me permet de garder trace des différentes sorties que j'ai faites, des concerts que j'ai vu, des CDs que j'ai écouté et des films que j'ai vus au ciné dans l'année!
2009 touchant à sa fin, il est l'heure de repasser mes chroniques cinés de l'année passée pour établir mon incontournable Top 10 2009. Je précise qu'il s'agit des films que j'ai vus dans l'année, ce quine veut pas nécessairement dire qu'ils soient sortis en 2009; Il Divo et Louise Michel sont en fait apparus en salle fin 2008.
Mais trêve de blabla, rompons le silence, le verdict est le suivant:

1- The wrestler.
2- Un prophète.
3- Il divo.

4- Harvey Milk.
5- Welcome.
6- Louise-Michel.
7- Inglorious basterds.
8- Là haut.
9- Qu'un seul tienne et les autres suivront.
10- Les beaux gosses.

Comme vous l'aurez compris par le subtil saut de ligne qui les sépare des films suivants, les trois premiers de la liste sont pour moi au dessus du lot. Absolument sublimes. Et assurément inoubliables.
D'autre part, fidèles et attentifs comme vous êtes, vous n'aurez pas été sans remarquer la présence de deux films dont je ne vous avais pas encore parlé. C'est que, voyez-vous, j'ai mis à profit mes trois jours de célibats récent pour rattraper quelque peu mon retard.


Commençons par Inglorious basterds, le film déjanté de Tarantino sur un groupe de chasseurs de nazis. J'ai longtemps hésité à aller le voir tant je n'aime pas voir un type immature comme Tarantino s'amuser sur un tel sujet.
Evidemment, les artistes sont libres de raconter ce qu'ils veulent de la façon qu'ils le veulent. Mais pour que moi je ne me sente pas mal à l'aise, j'ai besoin de sentir que le gars est clair dans ses intentions quand il aborde l'Holocauste. J'aurais aimé qu'il dise qu'évidemment le sujet historique est grave, qu'il ne relativise absolument pas la responsabilité nazie dans ce génocide, mais qu'il avait envie de ce cadre pour planter un western comme il sait les faire. Des platitudes certes, mais qui désamorcent un sujet très glissant.
Or, je suis tombé sur une interview dans le Spiegel exactement à l'opposé. Tarantino se prenait maladroitement les pieds dans les arguments style "je ne juge pas, personne n'est ni tout blanc ni tout noir", ce qui s'applique effectivement bien au film mais est évidemment très malheureux en la circonstance.
J'ai donc pris la noble décision de boycotter le film. Pendant des semaines, j'ai tenu. Mais finalement, à force d'entendre des comptes rendus enthousiastes, j'ai fini dans un moment de faiblesse par craquer. Et, comme vous pouvez en juger par la bonne place dans mon palmarès, j'ai malgré tout beaucoup aimé le film.
La scène d'ouverture (un nazi fait craquer un villageois hébergeant des juives par un long dialogue dans un suspence à couper au couteau) est magistrale, mais à la lueur de mes réserves, il a presque achevé de me convaincre de quitter la salle. Presque, heureusement, car Tarantino a ensuite le bon goût de cesser toute scène malsaine de chasse au juif, pour nous plonger plutôt dans une chasse aux nazis sans prétention.
Avec des personnages de cartoon. Des gros effets. De la musique qui pète. Des dialogues au cordeau. Des personnages ou des scènes entières dynamitées pour un trait d'humour. Bref, un truc réjouissant, techniquement superbe, qui fait bien plaisir à voir. Et en plus, les quatre langues parlées dans le film (français, anglais, allemand et italien) sont aussi les notres, ce qui fait qu'on peut se la péter à ne pas lire les sous-titres!
Et donc soit Tarantino a bien raté son interview, soit il a bien été encadré par ses producteurs pour éviter la faute de goût majeure.


Et le petit dernier est Qu'un seul tienne et les autres suivront. C'est un petit film français fraichement sorti, et dont la jeune réalisatrice, dont c'est le premier film, cumule les prix de mise en scène. On suit trois histoires (la maman qui veut rencontrer l'assassin de son fils, la jeune fille qui veut revoir son amoureux emprisonnée, et le brave mec qui doit prendre la place d'un taulard pour quelques jours) qui vont se rejoindre dans une scène finale au parloir de la prison.
Quelle maitrise! Chaque histoire est forte, parfaitement maitrisée et superbement jouée. Tout sonne juste et, coup de maitre, on ne se lasse pas de passer d'une histoire à l'autre bien qu'elles ne soient pas vraiment reliées. Le film m'a scotché du début à la fin, non par l'enjeu des intrigues, mais par l'humanité des personnages et des situations, admirablement rendues par acteurs et réalisatrice.
Apparamment simple, mais superbement juste.

lundi, décembre 21, 2009

Sois gentil

Tais toi, parle juste avec tes pieds. Un très juste article des cahiers du foot.

dimanche, décembre 20, 2009

Ca s'emballe

Papa
Maman

Nounours totote
Encore
Non
Balais (ou scopa) acqua (puis "de l'eau") balle ballon chaussette assiette

Pépé mémé (ou mamie) tata tonton (ou concon) vroumvroum bébé
Bouhbouh (aboiement) cotcot coacoa rrrrron (cri de cochon) pflpflpfl (imitation ratée d'un hénissement)
Lait banane pomme poire gâteau patate poisson chat chien vache baleine poussin corbeau poubelle pinpon bateau moto sac dodo chaud (ou caldo) boum hop bain "beau sapin" "c'est-quoi-ça" nez tête pantalon polo roue dessiner poussette fleur rouge blanc pipi couche là-bas voila coucou "au revoir"

vendredi, décembre 18, 2009

Très bon

Les recettes des narrations des reportages télé, décryptées par Telerama.

Gaelou de décembre

Un peu en avance, il vient vous mettre le feu...

lundi, décembre 14, 2009

Top 10 2009

Je suis donc maintenant en mesure de vous livrer la liste de mes albums préférés de l'année 2009 - à temps pour des cadeaux de Noël de dernière minute?
Avec le recul, c'est une bien bonne année. A part le live de Lantoine que je place très très haut, les autres albums sont assez homogènes (de sorte que je ne sépare pas, comme l'année dernière, les cinq premiers des autres).
Ce qui ne veut pas dire qu'ils soient moyens! Tout cela, c'est du très très bon. D'ailleurs, quand on voit que Ben Harper, Syrano ou Gossip doivent pointer dans la deuxième partie du classement, et que Manu Chao, M ou Mickey 3D n'ont même pas l'honneur d'y figurer, c'est bien que le niveau est très élevé.
Mais trève de blabla, voici le verdict:

1- Loïc Lantoine - à l'attaque.
2- Java - maudits français.
3- Monsieur Roux - un été caniculaire.
4- Sanseverino - les faux talbins.
5- Peter Doherty - Grace/wasteland.
6- Ivan avec un I.
7- Ben Harper - white lies for dark times.
8- Syrano - le gout du sans.
9- Placebo - Battle for the sun.
10- Gossip - Music for men.

dimanche, décembre 13, 2009

Déstockage de chronique musicale


Notre emploi du temps chargé de fin d'année repousse encore et encore la chronique musicale que je m'étais promis d'écrire, et qui est rendue urgente par le fait que j'aimerais conclure comme d'habitude l'année par le top 10 des albums que j'ai préféré, de sorte que je profite du court temps mort pendant lequel j'ai pu échapper à l'attention de Gaelou pour vous livrer une chronique rapido.

Je commence par trois albums sympatoches, mais que je n'ai pas trouvé inoubliables. Le clan des Miros, de Renan Luce, confirme l'impression de l'album précédent. Les textes sont bien troussés, les mélodies efficaces, et il serait bien dommage de ne voir en ce chanteur qu'un animal médiatique destiné à charmer les minettes propres sur elles. Son album est agréable, mais on ne s'en relève pas la nuit.
Ca me fait bien plus mal de dire cela de Rentrer au port de Mano Solo, mais mon verdict est cruellement le même: agréable mais oubliable. Le garçon reste un solide monument dans mon panthéon personnel après avoir aligné album coup de poing sur album coup de poing, sans oublier de courageusement se renouveler au fil des années... du moins jusqu'au disque les animals. Les deux productions qui le suivent (dont rentrer au port) me laissent plus froid; elles ne sont pas désagréables et restent troublantes d'intensité par moment, mais elles accrochent bien moins mon oreille et mon attention que les albums précédents. Ca me chagrine doublement: d'une part j'ai la plus haute estime pour Mano, et d'autre part les critiques ne relaient pas du tout mon impression, de sorte que j'ai peur de passer complètement à côté de quelque chose.
Est-ce moi qui ne suit plus capable de me laisser absorber par le même genre de chansons qu'avant? Je ne crois pas, mais mon sentiment sur le dernier disque de Volo - en attendant - plaide en ma défaveur. Une ou deux perles en émergent (Réguler, Il parait), mais le reste de l'album m'est apparu relativement plat bien que sympathique.
Désolé les gars...

Pour autant, je ne suis pas définitivement devenu imperméable à l'ensemble de mes groupes favoris puisque j'ai beaucoup aimé le deuxième opus des aventures de Pit'Ocha, le héros dont les ogres de barback suivent les aventures dans leurs albums adressés aux enfants. Un album jeunesse, c'est forcément particulier, mais celui-ci a trouvé grâce à mes grosses esgourdes d'adulte d'une part parce que la musique est travaillée en diable (ce qui ne surprendra pas les fans des ogres), et d'autre part les textes ne sont pas niais... et même parfois succulents quand Pit'Ocha s'en prend à notre président! Et oui, ils ont beau s'adresser à un très jeune public, les ogres ne peuvent pas s'empêcher d'en mettre une couche sur le petit Nicolas!
Mickey 3D ne se prive pas non plus de ce plaisir dans la grande évasion. Ce groupe aussi est parfaitement fidèle à son habitude. Des textes denses et bien foutus, portés par une musique très solide, et défendus par un chant très particulier. Le débit monotone du chanteur m'a toujours un petit peu rebuté, mais les histoires qu'il raconte sont si bien construites, et la musique si bien en place, que mes réserves ont été largement balayées.

Mais de toute cette moisson, j'ai vraiment vu un album sortir nettement du lot. Il s'agit des faux talbins de Sanseverino. Vous aurez certainement compris à la lecture de mes chroniques musicales que j'ai beaucoup de respect pour les groupes et chanteurs qui prennent le risque de se renouveller. Sanseverino est un coutumier du fait, mais ça n'a pas été jusqu'alors une absolue réussite dans ses albums studios. (Je ne fais pas ici de litote: j'ai vraiment apprécié ses albums précédents, mais ils n'étaient pas parfaits à mon sens.)
Je ne jetterais par contre rien dans les faux talbins. Après le jazz manouche et le big band notamment, nous voici plongés dans une ambiance très années 50 dans un album aux teintes de variétés qui se concentre particulièrement sur le destin des petits bandits de l'époque.
Ce décor rapidement planté est d'ailleurs assez réducteur puisque l'ambiance varie beaucoup d'une chanson à l'autre, passant de la gaudriole au plus frontal désespoir. Si la tonalité change, la maitrise musicale et la fougue des textes reste inchangée. L'album est à la fois réjouissant et un peu régressif par moments, tout en restant très haute qualité dans la musique comme dans les textes.
Respect.

lundi, novembre 30, 2009

Grand jeu

Sauras-tu classer ces deux photos dans l'ordre chronologique?
Oui, parce que je ne veux pas vous lasser, mais j'ai couru il y a quinze jours un brillant semi-marathon (de Boulogne) dans le temps record d'1h39. Et oui, 8 minutes de mieux qu'il y a six mois.
12 premiers kilomètres dans un rêve, 6 kilomètres suivant sans trop de peine, mais trois derniers kilomètres vraiment dans le rouge. Et de ces deux photos, une a été prise au 20ème kilomètre, et l'autre au dixième...

dimanche, novembre 29, 2009

vendredi, novembre 27, 2009

Making of


Dévoré par la pression, Gael est loin de se la couler douce. Il sait qu'il est à quelques jours de se retrouver mis en scène dans un des montages que le blog publie régulièrement.
Alors il s'entraine d'arrache-pied. Pour vous en mettre plein les yeux (et les oreilles).

Lagarce


Il y a de cela un mois et demi, alors que j'étais absorbé par de hautes tâches (comme réparer l'ordinateur ou regarder un match), Elena a obtenu mon accord pour que nous allions voir une pièce d'un auteur que, malgré la large culture dont vous me savez pourvu, je ne connaissais ni d'Eve ni d'Adam. Il faut dire que j'ai la fâcheuse tendance à accepter les yeux fermés n'importe quel plan foireux pourvu qu'il soit suffisamment loin dans le temps.
Et bien figurez-vous que le temps passant, cet engagement brumeux a peu à peu pris de la substance, si bien que j'ai réalisé dimanche soir que ma soirée du lendemain serait consacrée à assister à l'oeuvre d'un mystérieux sieur Jean-Luc Lagarce.
Croisant les doigts pour qu'il s'agisse d'une comédie de boulevard appelant le rire gras, je me suis renseigné. Le titre semblait, cela dit, en légère contradiction avec cette hypothèse: Juste la fin du monde. La possibilité qu'il s'agisse d'une bluette romantique avait elle aussi du plomb dans l'aile.
J'eus tôt fait de lever le mystère. Effectivement, la soirée s'annonçait bien. La pièce narre tout simplement le retour à la maison d'un jeune homme qui va annoncer à sa famille (qu'il a quitté sans donner d'adresse plusieurs années auparavant) qu'il est sidéen en phase terminale. Situation que devait bien connaitre Lagarce, séropositif emporté par la maladie en 1995.
Youpi.

Vous qui fréquentez régulièrement ce blog, vous devez commencer à connaitre mes effets. Et oui, comme à chaque fois que je mets si longtemps à planter le décor, j'ai été surpris et enthousiasmé par cette pièce.
D'abord, ce n'est pas parce qu'une pièce est triste qu'elle est nécessairement chiante, loin de là. Mais là, il se trouve que j'ai été d'abord surpris par le fait que la maladie du protagoniste principal est plutôt périphérique à l'histoire (même si elle donne toute sa profondeur à ce personnage, et permets quelques parenthèses étourdissantes).
Le vrai sujet, c'est son départ et son retour aussi brusques l'un de l'autre, et comment ils ont été vécu par son frère, sa soeur, sa belle-soeur et sa mère. Ceux-ci sont partagés entre leur amour pour lui, leur compassion pour son malheur, et leur haine devant sa posture d'éternel malheureux qui disparait du jour au lendemain.

Bref, cinq personnages à vif, tiraillés entre amour profond et haine vicérale, se confrontent sous nos yeux pendant deux heures, et s'envoient successivement des vérités à la figure. Un molologue virtuose a à peine achevé de te laisser tout pantelant (pour ne pas dire "sur le cul") que la réplique t'emporte tout aussi violemment. Et ce n'est pas juste une affaire d'éloquence; les arguments dégainés successivement ne cessent de te faire réviser ton jugement sur les personnages.
J'adore ça. C'est même peut-être le genre de situation que je préfère au théâtre.

Encore faut-il que la pièce soit bien défendue. Quand je vous aurai précisé qu'elle est jouée par la Comédie Française, je pense que je vous aurai rassuré. Et de fait, c'est comme d'habitude un plaisir de voir ces maitres-acteurs défendre leurs personnages, sans tape-à-l'oeil mais avec un je ne sais quoi qui te laisse sur le cul (j'ai utilisé mon seul adjectif alternatif, je suis obligé d'être bassement vulgaire). J'ai un respect tout particulier pour l'acteur principal qui a été d'une justesse fabuleuse du début à la fin malgré un rhume carabiné.
Cerise sur la gâteau, la mise en scène est parfaitement sobre. Pas de lourde ambition (genre je te projette l'histoire dans le passé, ou je te sors un décors tarabiscoté) ici, juste de la proximité. J'ai lu par la suite que le metteur en scène voulait importer le gros plan au théâtre: il a donc sacrifié les cinq premiers rangs pour ajouter une avant-scène, ce qui permet des jeux de profondeur - et ravi les veinards qui, comme nous, étaient placés au septième rang!

Alors on dit quoi! On dit merci Elena!

samedi, novembre 21, 2009

Très bon

Cette page du Monde.fr!
Cela dit, je précise pour ceux auprès de qui je ne me suis pas épanché sur le sujet que je ne me rappelle pas avoir regardé un match où l'équipe que je soutiens a été aussi piteuse (et je soutiens le FCNA!) Et qu'à l'inverse, les Irlandais m'ont énormément surpris par la qualité de leur jeu, très largement supérieur au notre mercredi.
Juste pour être clair, quoi.

vendredi, novembre 20, 2009

BD, messieurs dames!

Votre blog préféré, loin d'être sur la pente descendante comme quelques mauvais esprits rivés sur le faible taux de publication actuel aimeraient à faire croire, s'enrichit d'une nouvelle rubrique: la BD. Je viens en effet de commettre une erreur aux lourdes conséquences. Je vous explique.
Bien élevé comme je suis, je n'arrive jamais les mains vides chez mes hôtes (ce qui n'est pas nécessairement le cas pour les anniversaires de ma femme, mais passons). Une heure avant le début de l'invitation, je me suis donc rué Rue Daguerre en quête d'une idée qui réjouira mon pote tout en lui montrant quel homme de goût je suis. J'avais une idée derrière la tête: une BD.
Et là, c'est le drame. Le vendeur étant disponible, la discussion s'engage. Deux minutes (très sympathiques) après, je ressors avec six albums sous le bras, et allégé de 130 euros (en fait, sept albums si on compte l'imagier de Tchoupi, mais c'était pas pour moi (je l'ai déjà lu)).
Me voila relancé dans la BD-philie, semble-t-il. Je me recentre sur la BD moyen format, souvent autobiographique, en noir et blanc, la plupart du temps éditée par des indépendants (il doit y avoir un nom générique pour ça, mais je débute). Et pour l'heure, je m'en prend plein les mirettes. Laissez moi vous conseiller deux petits bijoux, vous verrez de quoi je cause.
Et pour mon pote? Ben à peine la conversation engagée, j'avais complètement oublié jusqu'à son existence. Je lui ai donc offert des chocolats.

Je commence avec Pilules bleues, du suisse Frederik Peters. L'auteur y raconte, en plusieurs chapitres à taille variable, son histoire d'amour avec sa copine Cati, séropositive. Et donc condamnée à absorber des pilules bleues toute sa vie. Pour compléter le tableau, Cati a un jeune enfant lui aussi séropositif.
Vous êtes toujours là? Vous feriez bien, car figurez vous qu'à l'opposé de ce qu'on peut légitimement attendre en lisant ce pitch, la BD est légère, joyeuse, rêveuse et fine. C'est avant tout une histoire d'amour superbement rendue, touchante sans sombrer dans la niaiserie. Et qui permet, en suivant un narrateur s'interrogeant sur ses sentiments, sa paternité, et son rapport à la maladie de sa nana et de son gosse, de faire sauter un certain nombre d'a-priori.
S'attaquer à un tel sujet et laisser le lecteur qui clôt le bouquin dans un état de joie aérienne (et un peu moins con), c'est vraiment du grand art. Et je ne suis pas le seul à le dire.

Et j'en viens à une autre grande BD, par un dessinateur qui ne m'est pas inconnu Alex Robinson. (Sachez que j'ai échangé avec lui par email, moi personnellement. Je voulais lui commander un dessin pour l'anniversaire d'Elena, je me suis fait rembarrer parce qu'il a du boulot par dessus les oreilles, et Elena a rien eu du coup. Mais j'en ai profité pour lui envoyer quelques blagounettes, auxquelles il a répondu par d'autres blagounettes. C'est mon pote, autant dire).
J'avais en effet déjà énormément apprécié ses précédentes BDs, De mal en pis en tête. J'en ai d'ailleurs probablement parlé à l'époque sur le blog (vous pouvez l'acheter les yeux fermés). C'est donc sans doute aucun que je me suis jeté sur sa dernière création Plus cool tu meurs.
Il s'agit là d'une histoire plus resserée, occasion pour Alex (mon pote) de quitter les albums choraux qu'il affectionnait jusque là. Un quadragénaire, moyennement convaincu mais poussé par sa femme, décide de se soumettre à l'hypnose pour essayer d'arrêter de fumer. Il se trouve projeté dans ses années collèges, alors qu'il allait allumer sa première clope, et va revisiter son quotidien de l'époque pour éviter de sauter le pas.
Voilà qui offre une réjouissante balade dans nos années collège, suivies par le regard distancié d'un quadragénaire. Le ton est toujours juste, et on navigue avec bonheur entre franche rigolade et moments touchants (notamment autour des premiers amours). Jusqu'à ce qu'on en vienne à comprendre ce qui a justifié la fuite dans la tabagie. Difficile d'en dire plus sans déflorer le dénouement. Disons simplement que le livre change alors complètement de tonalité, avec beaucoup de bonheur et de force.
Robinson est déjà brillant d'ordinaire dans sa façon de narrer des histoires complexes avec fluidité, à manipuler les tonalités (humour, sensibilité) et à imaginer de belles trouvailles graphiques. Mais c'est quand on en arrive à la fin qu'on comprend toute la maitrise du bonhomme.

Sincèrement, ces deux albums sont vraiment à couper le souffle. Que vous aimiez la BD ou non, vous serez tous retournés dans les deux cas.

vendredi, novembre 13, 2009

On est dans le journal!

Et attention, pas n'importe lequel! La bible de la qualité: le Parisien! Voici l'article en question.
Mais on épargnerait bien ça à Gael...

mercredi, novembre 11, 2009

Quatre films, un seul prophète

Bien que je ne visite pas frénétiquement les salles obscures ces temps-ci, j'ai quand même réussi à m'arracher à mes devoirs paternels à quelques reprises ces derniers temps. Voici donc une petite chronique ciné qui sentira pas mal le réchauffé...

Une rapide exécution de Démineurs de Katheryn Bigelow. Enorme déception! Alors que j'aime d'ordinaire bien les films de la très sous estimée réalisatrice (notamment le formidable Strange Days), alors que le concept (filmer sur un faux rythme l'étrange quotidien des démineurs, perpétuellement confrontés à un danger invisible) était alléchant et la critique favorable, j'ai trouvé le film d'une bêtise sans nom. En deux mots: Comment avoir peur de terroristes qui n'ont jamais l'air de mettre de détonateurs dans leurs engins (ou alors qui laissent l'interrupteur de la bombe au rez-de-chaussé de leur immeuble quand ils habitent au dixième)?
Promesses et déception du film sont pour moi résumées en une scène. Les héros tombent dans un guet-apen en plein désert, et doivent attendre des heures sous un soleil de plomb en tenant en joue leurs ennemis, planqués dans une maison à un bon kilomètre de là. Sublime scène montrant un aspect insoupçonné de la guerre (se tenir immobile à des centaines de mètres de distance) en en rendant toute la tension dramatique, disent les critiques. Personnellement, je préfère me poiler longuement devant cet extraordinnaire concept du guet-apen tendu en plein désert, qui n'a l'air de choquer personne! Ils sont pointus les terroristes: "j'ai un plan qui déchire, on va se terrer dans une maison délabrée au milieu de rien et je suis sûr que d'ici deux-trois ans, un camion américain viendra s'arrêter juste là. On va les canarder, ça va être du velour!"
J'ajoute que le héros-taciturne-mais-qui-a-trop-la-classe-la-preuve-il-joue-au-foot-avec-un-gamin-du-cru mérite des baffes.
Bref. Venons-en aux choses dignes d'intérêt.


Mary & max est un film d'animation en pâte à modeler qui sort des chantiers battus, c'est le moins qu'on puisse dire. Jugez plutôt: il nous narre l'histoire d'une jeune Australienne, vilaine, complexée, et vivant dans une famille peu amène, qui écrit à un Américain tiré au hasard dans l'annuaire. Elle tombe sur un quadragénaire à la frontière de l'autisme, vivant seul dans un New-York déprimant. Nait une relation épistolaire décalée qui dure sur une décennie, sans que les deux héros ne se rencontrent jamais.
Cette étrange histoire a été filmée sur des années pour un budget minimal par un australien qui a pratiquement tout fait tout seul. On ne peut qu'être impressionné par la réussite graphique, par l'originalité de l'univers imaginé et par tout un tas de scénettes désopilantes d'humour noir.
Seulement voila, la distance est dure à tenir avec un sujet si ténu. Et je dois avouer que, passée une première dizaine de minutes enthousiasmante, et la plaisante demie-heure qui a suivi, je me suis essoufflé et j'ai dû me faire violence pour ne pas regarder ma montre.
J'ai heureusement pu me détendre en regardant les parents un peu naïfs, qui ont emmené leurs enfants voir le film sans trop lire le synopsis, se décomposer au rythme des blagues très noires qui emportent un certain nombre de personnages... "Papa, elle est vraiment morte la maman?"


On reste un peu dans le noir avec Rien de personnel. Son jeune réalisateur belge (c'est son premier long métrage) a su réunir la fine fleur du cinéma françophone autour d'une histoire qui taille des croupières à notre cher monde de l'entreprise. Denis Podalydès, Jean-Pierre Darroussin, Mélanie Doutey, Bouli Landers, Zabou Breitman, Pascal Gregory...
Outre la qualité de la distribution et l'acidité du propos, la réussite du film tient surtout à sa construction. La même soirée est racontée d'un premier point de vue, puis d'un second, avant que l'histoire complète ne nous soit montrée. On découvre donc progressivement toute l'habilité de la narration, sans toutefois que le procédé soit trop lourd (les deux premiers points de vue ne durent pas plus du tiers du film à eux deux).
Évidemment, il est dans ces conditions difficile de raconter précisément de quoi il en retourne sans largement faire perdre de son intérêt au film. Voila qui explique une bande annonce assez bancale. Le film vaut beaucoup mieux!


Enfin, mieux vaut tard que jamais, mon chouchou des deux mois derniers est sans contestation un prophète d'Audiard. Il nous y montre l'évolution d'une petite frappe en prison. Incarcérée pour on ne sait quelle raison, il finit par faire sa place dans la prison, pour y grandir encore et encore.
Voila par contre un film qui tient admirablement la distance. Pourtant, sur le papier, la chose parait risquée: 2h30 entre quatre murs (ou presque), à suivre un héros assez illisible et pas uniquement sympathique, et vous allez me dire que ça vous passionne sans temps mort du début à la fin?
Oui, sans discussion possible. Ce monsieur Audiard a vraiment la classe pour ce qui est de narrer une histoire complexe sans jamais relâcher la tension, et en plus pour dénicher l'acteur, jusqu'alors inconnu, qui incarnera sans fléchir son héros en étant à l'écran 90% du temps.
Du grand cinéma, qui laisse quelques images fortes dans la tête pour très longtemps.

vendredi, novembre 06, 2009

Deuxième couche de wire


C'est officiel. Elles sont maintenant trois.
Trois séries au sommet, dans mon panthéon personnel, loin, très loin, au dessus des autres. Dexter (2 premières saisons), Friends, Desperate (premières saisons), et même New York Police Blues, c'est du très bon, du super divertissement et de la qualité, mais c'est vraiment loin au dessous de ces trois là. Les Sopranos. Six Feet Under.
Et donc, The Wire (ou sur Ecoute, en VF). Je vous en ai déjà parlé alors que nous finissions la première saison, déjà bien impressionnés. Maintenant que nous avons terminé ses cinq saisons cohérentes, variées, intégres et passionantes, je me dois d'en remettre une couche d'en l'espoir de contaminer quelques nouveaux fans (sachant que pour l'heure, les cinq personnes que j'ai convaincu de regarder quelques épisodes sont devenues instantannément des fans absolus, qui ont englouti ses 60 heures avec le même bonheur que nous).

Il s'agit donc de cette série qui, sous prétexte d'enquête policière ("sur écoute"), dévoile les côtés sombres de Baltimore. Les coauteurs maîtrisent le sujet: anciens journalistes, ancien enseignant pour l'un d'entre eux, ils ont passés un an de leur vie à un coin de rue, à observer la vie quotidienne des dealers qui y étaient installés. Expérience dont ils ont tiré un livre et une minie-série, embryon de The Wire.
Les côtés sombres de Baltimore, c'est essentiellement la drogue bien sûr. Mais sa mécanique est complexe, et la série s'attache à en montrer tous les aspects, méthodiquement, saison après saison. La première est centrée sur l'organisation de dealers de l'ancienne école; la deuxième sur l'approvisionnement en drogues avec la complicité plus ou moins volontaire de syndicalistes des docks; la troisième sur la politique et la montée en puissance de la nouvelle école des dealers; la quatrième sur l'éducation et la cinquième sur la presse.
On en ressort grandement enrichi sur le fonctionnement de cette mécanique monstrueuse, mais également humaine. Mais d'abord et avant tout, on y a croisé une centaine de personnages, riches et intéressants, superbement écrits, superbement joués. C'est le pied. On ne ressort pas indemne d'une rencontre avec Omar, Bubs, Stringer ou Bunk.

Car The wire est non seulement une série intelligente, mais surtout passionnante. C'est grand. Enfin, ce que j'apprécie tout particulièrement, c'est que les auteurs ne choisissent jamais de la facilité. Ils n'hésitent pas à sacrifier des personnages charismatiques pour la cohérence du propos. Pour autant, ils ne sombrent pas non plus systématiquement dans le désespoir: certains personnages s'en sortent bien, d'autre mal, des deux côtés de la loi. Certains, d'abord sympathiques, se révèlent bien plus complexes, et vice et versa. Tout en restant parfaitement cohérents.
Prenez vous par la main, et regardez trois-quatre épisodes de la première saison, quoi!

mardi, novembre 03, 2009

samedi, octobre 31, 2009

Taxer les profits des banques?

Quelle actualité politique dites moi! Jean Sarkozy, la douche de Sarkozy, Chirac devant les juges... Une jolie preuve de la solidité de notre démocratie et de l'intérêt de nos médias indépendants, pourrait-on penser. Doublée du voluptueux plaisir de savoir deux hommes politiques majeurs detestés par certains (dont moi), justement mis en cause, par la faute de deux de leurs péchés mignons qui plus est: la mégalomanie pour l'un, la bidouille corruptive pour l'autre. Un pur plaisir?
Oui et non. Je ne partage pas complètement cet enthousiasme, ni pour la démocratie ni pour les médias, même si je dois leur concéder de bons points.

Il y a un gros "mais" en effet.
Je suis stupéfait par le silence qui entoure des sujets beaucoup plus importants, à mon sens, dont la semaine qui précède a livré un exemple frappant. J'ai nommé le projet de loi sur la taxation des profits des banques.
Parce que voyez vous, cette loi, personne (ou presque) ne peut être ouvertement contre par les temps qui courent. Évidemment, la communauté vient de donner tant de sous auxdites banques, avec la promesse mille fois répétée par les banquiers comme les politiques de tous bords qu'il y aurait des contreparties, qu'il n'y a pas d'arguments recevables pour refuser cette taxe devant l'opinion. D'autant plus qu'il s'agit d'une taxe sur les profits, ne génant pas les banques en délicate situation...
Sauf que l'UMP est contre. En fouillant bien, quelques responsables, dos au mur, essayent même de défendre cet étrange point de vue du bout des lèvres (les éternels bons soldats Lagarde et Copé), mais on les sent bien génés aux entournures ("Il est trop tôt pour se fixer sur une telle loi.", "Je n'ai jamais été pour les mesures populistes"...).

En avez-vous entendu parler dans les médias? Point. Ou alors vraiment un minimum.
Et en plus, le vote de cette loi a donné lieu à de misérables et rocambolesques bidouilles. Les braves parlementaires UMP se sont encore laissés surprendre à partir en week-end un peu trop tôt, ce qui, couplé au vote de principe de quelques renégats, s'est traduit par une acceptation de cette loi, à la surprise générale.
Les téléphones des députés peu dociles ont dû follement chauffer dans la nuit qui a suivi, de telle sorte qu'il s'est trouvé un volontaire (Jean-François Lamour) pour prétendre qu'il a voté "oui" sans faire exprès, car son doigt a glissé! Une excuse d'autant plus piteuse qu'il a voté deux fois la même chose, et qu'il avait au préalable défendu ladite loi, comme expliqué ici.
Conséquence: re-vote, devant des députés en nombre et rappelés à l'ordre. la loi a donc été repoussée...

Je suis absolument navré de la pauvreté de la couverture médiatique de la chose. Le rejet de cette loi démontre on ne peut plus clairement que l'UMP n'a jamais eu la moindre intention de réformer un tant soit peu le système financier actuel, et qu'il sera toujours là pour défendre les riches banquiers. Même lorsqu'ils sont dépourvus du moindre argument, fut-il de mauvaise foi.
J'en veux aux médias, mais plus encore au PS. Pourquoi l'opposition ne se fait-elle pas entendre sur le sujet? C'est du velour, non? Et ben non. Silence.
Que l'UMP joue profil bas quand elle est mal à l'aise, sur ce sujet comme sur les retraites-chapeau sur lesquelles elle refuse de légiférer par exemple, je comprends. On apprend d'ailleurs sur arretsurimages.net qu'elle est coutumière de boycotter les débats qu'elle ne sent pas, sur France Inter, menant la rédaction a choisir des sujets de substitution.
Mais que l'opposition d'abord, et les médias ensuite, se laissent berner, c'est on ne peut plus inquiétant...

samedi, octobre 24, 2009

The Hyenes vs Cali


Nos sorties étant plus comptées qu'il y a deux-trois ans, nous choisissons avec soin les concerts auxquels nous nous rendons. C'est ainsi que nous sommes allés voir mercredi au Bataclan une formation originale: The Hyenes vs Cali, pour leur Bordel tour.
Je réclame toute votre attention, parce que la chose n'est pas simple. Elle ne présente non pas un, mais deux niveaux de difficulté. The Hyenes n'est pas un groupe normal, régulier, à l'histoire s'étendant sur des années consécutives. C'est une formation occasionnelle compsée de deux membres de Noir Désir (batterie et basse, reconverti en guitare rythmique) ainsi qu'un bassiste et un guitariste issus de deux autres groupes. Un patchwork uni par au moins deux points communs: un énorme niveau musical et l'envie de s'éclater en alliant le délire régressif électrique avec une putain de solidité musicale.
Formé à l'origine pour écrire la bande originale du dernier film de Dupontel, le groupe a prolongé le plaisir en se produisant sur scène, seuls ou avec quelques compagnons de jeu (tel le chanteur de Dyonisos). Et une de ces collaborations s'est si bien passée, avec l'étonnant et apparemment plus sage Cali, qu'ils ont décidé de s'offrir une mini-tournée de trois semaines ensemble: The Hyenes vs Cali.

En pratique, c'est étrange, bancal, et assez réjouissant. A commencer par le public de la salle: une majorité de vétérans des concerts rocks (en grande partie accrochés à Noir Désir je pense) dont nous faisions partie des plus jeunes, entourant une minorité de plus jeunes fans de Cali, concentrés au-devant de la scène. Je craignais que ce déséquilibre n'entraine des réactions à côté de la plaque de la part des Cali-ens (enfin, surtout des Cali-ennes), genre hurlements suraigus perpétuels, cris d'amour à leur idole aux milieux de morceaux électriques interprétés par les Hyenes seules, ou autres fautes de goût.
Il n'en a heureusement rien été. Les petits jeunes devaient finalement savoir où ils mettaient les pieds, et se sont sagement contenté du tiers des morceaux où Cali intervenait vraiment pour se lâcher bruyamment, sans nous gonfler hors de propos lors du reste du concert.

Car la formule était à peu près la suite: un tiers de chansons de Cali revisitées à la sauce rock qui tâche, un tiers de chansons des Hyenes qui lorgnent du côté de punk, et un tiers de reprises bien électriques (Stooges, ACDC, Clash...) Les promesses du concept de la tournée sont donc parfaitement tenues: c'est un joyeux bordel désordonné, joyeux, foutraque et brillant.
Car oui, toute joie régressive mise à part, on reste avec de grands, très grands musiciens. La moindre des reprises de Cali prend tout de suite une sacrée consistance, une vraie épaisseur, quand des pointures telles que Denis Barthe à la batterie, ou Vincent Bosler (un vrai échappé de la fin des années 70 en Angleterre, la maîtrise technique en plus) à la gratte écrivent et exécutent les arrangements. C'était d'autant plus frappant que le concert s'était ouvert par deux premières parties sympas mais minimalistes qui manquaient cruellement, justement, de cette texture travaillée. Quel pied que d'entendre une batterie parfaitement en place, exactement dans le ton, épauler une basse solide qui égréne un riff juste assez présent pour être crucial sans être lourd, sur lesquelles viennent se greffer comme des fleurs deux grattes virtuoses qui ont aussi assez de bouteille pour ne jamais trop en faire.
Et Cali dans tout ça? Et bien, disons qu'il nous a insupporté dans un premier temps par son jeu de scène les-yeux-dans-le-vague-le-corps-crispé-vers-le-public, mais qu'il a fini par sa générosité à nous emporter, notamment en interprétant une chanson debout porté par le public.
Une sacrée soirée!

jeudi, octobre 22, 2009

Shutter Island


Une fois n'est pas coutume, j'ai fait des infidélités à Michael Connelly en lisant un polar contemporain dont j'avais entendu le plus grand bien: Shutter Island de Dennis Lehane. Je me sens toujours aussi bien auprès de ce bon vieux Harry Bosh et vous avais déjà expliqué à quel point j'appréciais le sérieux et le refus du tape-à-l'oeil des Connelly (comparé aux pseudo-maîtres du thriller qui tournent à un rebondissement toutes les dix pages).
Seulement, Shutter Island m'est arrivé auréolé d'un tel bouche-à-oreille que j'ai décidé de lui régler son compte avant la sortie de son adaptation cinématographique (prochain film de Scorsese avec Di Caprio, excusez du peu), afin de profiter de cette lecture sans que son dénouement n'ait été ébruité.

De fait, le cadre de l'histoire fait beaucoup plus dans le spectaculaire que les Connelly. Nous sommes en 1954 et suivons un policier qui va enquêter sur l'évasion d'une pensionnaire de la institution psychiatrique de Shutter Island. Cet hopital-prison mystérieux accueille les malades mentaux les plus dangereux des Etats-Unis et a carte blanche pour les traiter des manières les plus radicales qui soit. L'ambiance est d'autant plus tendue que la pensionnaire semble s'être évaporée de sa cellule et que le personnel est très peu coopératif.
Isolation, dépaysement historique, personnages barges... Bref, l'artillerie lourde est déployée, et je craignais d'être tombé dans un thriller à grand spectacle efficace mais sans finesse.

Alors, efficace, c'est indiscutable. On passe par moultes figures imposées du genre: le flic bourru rayonnant la testostérone, le médecin brillant mais ambigu, les dialogues lors desquels deux flics couillus se jaugent en peu de paroles, les yeux fixés sur l'horizon...
Mais dieu que cela est maîtrisé! On croit s'en rendre compte au fait qu'on est scotché au livre la plupart du temps, et qu'on y pense fréquemment le reste du temps. Comme il se doit dans ce genre de mécanique, mais sans que l'atmosphère de mystère et de tension ne soit jamais rompue (par des coups de théâtre stupides, par exemple).
Mais on comprend vraiment la dimension de la maitrise narrative quand le dénouement a lieu. Je ne vais pas trop en faire, disons simplement que je trouve que ça réussi le tour de force d'être très surprenant, tout en restant cohérent avec l'intégralité du livre. Et qu'on ne nous a pas amusé avec 200 rebondissements intermédiaires n'ayant aucun intérêt pour qui connait le fin mot de l'histoire.

J'évite de trop en faire car la meilleure façon de gâcher l'effet d'une belle fin (à part de la trahir) est de trop répéter qu'elle est formidable et imprévisible. Personnellement, j'ai vraiment été surpris et conquis, mais je pense que j'en aurais plus profité si je n'avais pas été prévenu. Et notamment si je n'avais pas perpétuellement cogité pour imaginer cette fameuse fin, ce qui m'a permis d'en entrevoir une partie.
Bref, vous avez jusque le mois de février pour dévorer cet excellent thriller, si possible sans vous creuser le citron plus que pour un autre polar. Ensuite, quelque chose me dit qu'une sortie au ciné vaudra le coup...

mardi, octobre 20, 2009

Ingénieur 2000


Je croyais avoir quitté avec mon employeur précédent les formations-légales-à-la-con qui me tombaient alors à feu nourri sur le poil. Seulement, après deux années de relative tranquillité, un lointain responsable semble avoir eu la sotte idée de jeter un œil au touffu histogramme de notre société, et doit y avoir débusqué ma modeste équipe, tapie dans un coin sombre qui nous garantissait jusqu’alors la paix.
Toujours est-il qu’il ne se passe plus de semaine sans qu’un mail cryptique mais, renseignements pris, tout ce qu’il y a de plus officiel, sorte des mystérieuses entrailles du cyberespace d’entreprise et nous enjoigne de suivre une nouvelle cyber-formation obligatoire.

Mais de quelles formations vous cause-je ?
Afin de rafler de précieuses certifications dont raffolent nos chères entreprises, nos chefs les plus brillants n’hésitent pas à s’engager au nom de leur entreprise. Et comme on n’est pas certifiés « global star 5 B environmental label » comme ça, des milliers d’employés se retrouvent condamnés d’une signature un peu rapide à suivre un cours sur le sujet. Ca ne coûte rien sur le papier, ça fait même tout joli de dire ensuite que « l’ensemble de nos employés est sensibilisé à la démarche qualité des 5B via le diagramme de Smith ».

Seulement, l’employé n’a souvent que faire du diagramme de Smith, que ce soit dans sa vie professionnelle ou pour son intérêt personnel. Surtout que les formations en questions ont systématiquement deux choses en commun :
  • • D’être épouvantablement niaises. Bien qu’il suffise à tout être un peu sensé d’en lire l’intitulé pour être capable de faire le sans-faute au test final, on vous impose de passer par une longue succession de slides débilitants où l’on vous énonce les plus grandes évidences (on ne fait pas de blague raciste, on ne s’entend pas avec un concurrent pour se partager un marché, on ne prévient pas ses amis que l’action va monter dès que le patron il va annoncer un truc, etc).
Je vois deux conséquences à cette constatation. Soit il y a des décideurs pour qui tout cela n’était pas évident, et je me demande comment ils vont se comporter face à un cas non prévu dans les slides, quand il faudra se fier à leur seul compas moral. Soit ils voient leurs employés comme un troupeau de débiles profonds. Je ne sais quelle est la perspective la plus réjouissante.
  • • De ne s’adresser vraiment qu’à une petite sous-partie des employés. Celle qui compte. Celle à laquelle les décideurs tiennent tellement qu’ils en oublient même que de nombreux autres métiers contribuent à faire tourner leur boîte.
Et qui sont les heureux élus ? Je vous le donne en mille : les vendeurs, les financiers, et les chefs. Si tu n’as pas 30 personnes sous tes ordres, si tu n’es pas capable de jouer sur le prix de l’action, ou au moins de graisser la patte à quelques clients, tu as si peu d’intérêt qu’on ne va pas même faire l’effort de te sortir de la liste de formation obligatoire.

Je rêve d’une inversion des rôles… Plaidant pour ma paroisse, j’attends le jour où des financiers devront subir une formation d’ingénieurs. O-bli-ga-toire. Afin que la boîte soit certifiée Ingénieur 2000 !
On verrait des vendeurs suant sang et eau pour diagonaliser des matrices. Des chefs du personnel d’ennuyer ferme devant une formation neuneu sur le débogage. Et, oh oui, des commerçaux obligés de se pointer en jean et T-shirt au boulot quand ils ne reçoivent pas de clients. On leur interdirait même les lampes à bronzer et le dentifrice qui brille !

mardi, octobre 13, 2009

La route


Après avoir présumé de mes forces en me lançant le dernier livre de Cormac McCathy, La route, en VO, je m'y suis plus raisonnablement attaqué dans une traduction bien de chez nous. Ce délais a bien fait les choses car il a permis à l'auditeur fidèle du Masque et la Plume que je suis, avisé par les lettres d'auditeurs traumatisés par cette oeuvre sombre qui rythment depuis plus d'un an les critiques littéraires, de me préparer un cadre de rêve pour entamer cette âpre lecture: le petit week-end crapuleux que nous venons de nous offrir au soleil de Marrakesh.
Et bien il est exact que c'est une lecture que je conseillerais plus aux vacanciers bien dans leur peau qu'aux dépressifs cherchant un bouquin à lire un soir de Noël solitaire dans un faubourg de Valencienne battu par la pluie. Plusieurs années après une catastrophe mondiale dont on n'apprendra rien mais que j'imagine nucléaire, la plupart de la vie a disparu d'une Terre dont l'atmosphère est saturée de poussière. Le soleil est invisible, la végétation et la faune depuis longtemps disparues.
Dans ce paysage de cauchemar, un survivant suit une autoroute vers un Sud qu'il espère moins désespérant en compagnie de son jeune enfant. Débrouillards, poussant un caddy contenant leurs quelques précieuses possessions (boîte de conserve, bâche pour s'abriter de la pluie, un pistolet dans lequel il reste deux balles), ils cherchent à survivre à la nature hostile (et non nourricière) et aux hordes de survivants organisés en tribus cannibales.
Evidemment, ce livre n'est pas un simple roman d'anticipation, gorgé d'aventures trépidantes. Il s'agit plutôt d'une plongée dans cet univers sans concession, mât et désespérant. Un monde qui nous est brillamment rendu dans un style sans artifice, en petits paragraphes réunis en un chapitre unique, si sobre qu'on n'apprendra ni le nom ni l'allure des deux héros. Et qui permet quelques jolies méditations sur l'intérêt de survivre dans ces conditions et sur les dérives qui ont poussé l'humanité dans cette impasse. Et c'est aussi un monde aussi où brille l'amour infini d'un père pour son rejeton...
C'est beau comme tout, une expérience de lecture que je vous conseille d'autant plus qu'on ne s'ennuie pas une seconde (si ce n'est pas un bouquin de science fiction pour ados, il y survient quelques péripéties tout de même, distillées bien comme il faut), et que l'expérience est rendue assez soutenable par le fait que le bouquin n'est pas bien épais.
Mais essayez d'avoir un paysage comme ceux-ci sous les yeux lorsque vous l'attaquerez!

lundi, octobre 05, 2009

La minute désabusée

Figurez-vous l'Italie n'est pas pourvue d'une devise, telle que notre modeste "liberté, égalité, fraternité" (porté haut et fort par notre président actuel), ou encore le fin "In god we trust" américain. Un manque inacceptable.
Le journal italien Corriere della serra a donc lancé un concours pour en imaginer un. Je vous traduis une partie du palmarès. Qui est, comme il se doit, marrant mais bien désabusé.
  • Abbiamo un problema. "Nous avons un problème". Laconique et désabusé.
  • Aspetta e spera. "Attends et espère".
  • Bolliti misti. Intraduisible: plat de viande bouillie mélangée. Pas flatteur flatteur.
  • Dipende. "Ca dépend". Je l'imagine pas mal au fronton des mairies...
  • Tanto poi mi pento. "De toute façon, après, je dirai que je suis désolé".
  • Et mon préféré: Poi vediamo. "On verra plus tard". La classe!

dimanche, octobre 04, 2009

samedi, octobre 03, 2009

Mon fils est un Européen convaincu


Ah, quelle belle histoire, rayonnante d'optimisme! Alors que trois générations plus tôt, nous nous haïssions et nous foutions régulièrement sur la gueule, nous voila à nous aimer par délà les frontières: couples hispanico-italiens, écosso-espagnols, franco-polonais, franco-anglais et, évidemment, italo-français, pour ne parler que de ce que je vois autour de moi.
Né dans cet environnement, le petit Gael est donc nécessairement un joyeux européen convaincu. Il apprend ses deux langues maternelles en même temps. Il comprend les babillements du nonno aussi bien que les gazouillis du pépère. Il a déjà pris l'avion 10 fois, et n'a pas un an et demi.
Mais son engagement européen va encore plus loin. Farouchement libéral, l'essentiel de ses pensées tourne autour de ses besoins et ses envies personnelles. Il plie la communauté à ses désirs, comme autant d'ultimatums. Réveillé de bonne heure, il hurle pour que toute la maisonnée (et une bonne partie de l'immeuble) se lève aussi. Condamnant par la même son gauchiste archaïque de papa à se laver les dents en écoutant la propagande du quai des entrepreneurs, ou pire encore de Brigitte Jean-Perrin.

Surtout, là où il se dépasse, là où il est au diapason absolu de l'UE, c'est dans sa faculté à complétement ignorer le "non".
"Non pas la bouteille". "Non Gael touche pas à ça". "Non, lance pas les trucs"... Des "non", clairs, sans appels, mille fois répétés, sont joyeusement ignorés. Le regard se fait fuyant, il fait de dos rond deux secondes, puis retourne gaillardement à son objectif initial, comme si de rien n'était. Tu redis "non". Il se fige de nouveau un instant, semble réfléchir, puis reprend son mouvement. Implacable. Inarrêtable. Bouché de chez bouché.
Le pire, c'est qu'il est tentant de lâcher l'affaire, de considérer que puisque rien n'y fait, il faut cesser de se battre, cesser de s'exprimer.
(Je vous rassure, on tient bon!)

PS: Et pour ce qui concerne Brigitte Jean-Perrin, je citerais volontiers Volo:

vendredi, octobre 02, 2009

J'achète un M...

Découvrez la playlist ZiqueSept2009 avec Java

On parle beaucoup de la rentrée littéraire, mais je vous avoue être beaucoup plus sous le choc de la rentrée musicale, qui frappe très fort. Une rentrée marquée cette année sous le signe du "M". Non que le dernier album de -M- soit à ce point essentiel, mais que, entre -M-, Manu Chao, Mano Solo, Miossec et Mickey 3D, il fait bon être initialisé comme il faut pour être distribué!
N'ayant pas eu le temps d'approffondir l'écoute de Mickey, Mano, Volo et Emilie, je me les garde au chaud pour un post futur. Par contre, -M-, Miossec, Manu Chao et Java ont bien profité de la semaine de codage que j'ai derrière moi pour imprégner mes esgourdes.

-M- a décidé de sévérement remettre en question sa recette habituelle pour pondre un album plus mélancolique, moins festif, et assez ambitieux: il me semble encore plus travaillé qu'à l'ordinaire, et les paroles sont marquées par le partenariat avec Brigitte Fontaine.
Parti sur des a-priori ambigus (j'apprécie qu'un artiste se lance dans une nouvelle direction, mais je n'ai jamais accroché à Fontaine - et le matraquage publicitaire m'a pesé), j'aime globalement l'album. Un peu trop compliqué (voire prétentieux) par moment, il est aussi souvent touchant. Si je suis un peu déçu, c'est parce que j'adorais littéralement les albums précédents. Celui-ci est juste bon.

Miossec ressort un album digne de ses meilleurs moments. Malgré la colaboration avec yann Tiersen, on ne doute pas un instant du contributeur majeur: voix naïvo-désabusée inimitable, textes touchants centrés sur des looseurs, mélodies nées sur une guitare sèche... Aux antipodes de l'approche de -M-, le bonhomme creuse son sillon avec des chansons à la touchante justesse, qui ont mille qualités mais ne surprennent pas. J'aime aussi.

Quittons le rayon du spleen pour rejoindre la fiesta du live de Manu Chao. J'ai déjà vu le français le plus mondialisé mais le moins mondialisé (je me comprends) deux fois sur scène. Pour un bonheur incroyable à la fête de l'huma il y a des années, et pour une déception à Bercy cette année.
Et bien, ce double-album marathon combine ces deux aspects. Une pêche sans fin, des mélodies internationalement appréciées reprises aux amphétamines côté pile. Un mur musical un peu monocorde, un peu répétitif côté face.
Une résultat mitigé, donc? Pas exactement. Malgré l'excellente tenue des autres albums qui hantent mon ipod ces temps-ci, c'est cet disque que l'écoute le plus. Ces heures de plaisir m'ont permis de trancher: on passe vite outre l'impression initiale de décrocher après une ou deux chansons, de sorte que ce live est parti pour habiter ma discographie pendant des années.

Bien que je sois - vous l'aurez compris - content des disques précédents, j'ai quand même trouvé à chipoter sur chacun d'entre eux. Sur le dernier Java, point de chichi. Tout est bon, gardez tout!
Java, c'est ce groupe né du concept a priori invivable de rap-musette. Et ben mes amis, quelle réussite! Premièrement, ça tient une pêche phénoménale (que nous allons goûter en concert le 1er décembre). D'autre part, la coloration musette, utilisée pour faire des samples funky, et épaulée par une base rythmique très solide, apporte une identité super intéressante - et originale - au groupe. Enfin, les textes sont souvent désopilants, et parfois super-touchants.
Un must, je vous dis, les gars.

lundi, septembre 28, 2009

1h38min32s

C'est le nouvelle référence. La performance dont tout le monde se fait l'écho.
1h38min32s aux 20 km de Tours. Et oui m'sieurs dames. Soit 12km170 à l'heure. Une performance ébouriffante.
Pour fêter la chose, des T-shirts commémorant l'événement, présentant la photo ci-dessus. Classe, modeste, et passe-partout, sont mis en vente pour 138 euros 32 seulement!
Et attention, pour ce prix je vous le livre en personne, dès que je pourrais marcher à nouveau. Comptez deux-trois mois d'attente!

jeudi, septembre 24, 2009

Le jeu des Elus


L'idée est venue de deux collègues. il arrivait qu'un d'entre eux traverse l'open-space au galop, et, essoufflé, lance à son compère: "J'en ai un, j'en ai en: Joseph-Antoine Bell!" Et l'autre de se gondoler "-Excellent, ça vaut pas Jean-Guy Wallemme, mais presque".
Je me suis moi aussi peu à peu piqué au jeu. Mais quel en est le principe? Et bien il est assez difficile à expliciter... Ca pourrait s'appeler le-nom-du-sportif-que-tu-avais-complètement-oublié-mais-que-quand-tu-l'entends-tu-vois-immédiatement-qui-c'est-et-tu-te-marres.

A la machine à café, nous nous sommes d'ailleurs demandé ce qui provoquait notre hilarité. Il n'y a pas de points communs absolus entre les quelques 120 noms que nous avons pour l'instant réunis.
Pour certains, la raison du rire est claire: soit un patronyme aux sonorités amusantes (Taribo West, Marcel Dip, Eric Rabesandratana, Jean-Charles Trouabal, Zubizaretta), soit des prestations qui ne brillaient pas par leur finesse (Eric Di Meco, Shawn Bradley, Michael Stich...), soit un look particulier (Laurent Brochard, Tony Vairelles, Petr Korda). Mais les élus ne sont pas nécessairement mauvais, ce sont même plutôt de bons ou d'excellents joueurs (Jim Bilba, Franck Piccard, Peter Schmeichel...)
Non, ma théorie est que ce qui nous fait rire aux éclats est qu'à l'énoncé de quelques syllabes nous voyons instantannément apparaitre un type dont nous connaissions parfaitement le physique, le style de jeu et les grands exploits, alors que nous l'avions complétement oublié. "Ah oui, je vois parfaitement, oh quel bourrin celui là!"
Notons d'ailleurs que ce jeu dépend fortement de la culture sportive des participants, et doit laisser froid beaucoup de monde. Mais pour les quelques élus qui ont dédié plusieurs heures quotidiennes pendant des années à suivre les exploits de Sébastien Flute, d'Arnaud Tournant, de Stéphane Caristan ou de Detlev Schremp, quel plaisir de recroiser leurs silhouettes déguingandées et leurs vieilles heures de gloires!

A titre d'illustration, voici mon top ten (provisoire):
  • Marc Rosset;
  • Mickael Madard;
  • William Prunier;
  • Laurent Brochard;
  • Edgar Grospiron;
  • Jean-Luc Sassus;
  • Monique Evange-Epée;
  • Luc Longley;
  • Sylvain Kastendeusch;
  • Denis Latouh.
Je vous communiquerais mon classement final quand nous aurons achevé notre plongée dans nos archives sportives mentales.
Je vous invite, amis sportifs (Jeff, Alex H., Papa...) à suggérer quelques noms si le coeur vous en dit...

jeudi, septembre 17, 2009

Clichés cinématographique

J'attire votre attention sur ce très amusant sujet du Spiegel, consacré aux clichés du cinéma. J'en traduit quelques uns pour les non-germanistes (honte à vous):
  • Un classique pour commencer: lorsque le héros est confronté à un grand nombre d'ennemis, ils n'attaquent jamais en même temps.
  • Les animaux font toujours un petit bruit quand ils paraissent à l'écran: les chats miaulent, les vaches meuglent, les serpents sifflent, etc.
  • Le lendemain d'une nuit d'amour, une femme se promène systématiquement dans sa cuisine en chemise et culotte - jamais de pantalon ou de jupe.
  • Un méchant en fuite dans un immeuble montera forcément les escaliers pour s'enfuir - il ne descendra jamais. Ce qui assure un final éblouissant sur le toit.
  • Les barmens sont toujours occupés à nettoyer leurs verres, ce qui leur permet de bien observer leur clientèle.
  • Quand un personnage sort d'un supermarché, il dépasse systématiquement quelque chose de ses sacs. Le plus souvent, une baguette ou des carottes.
  • Les policiers n'allument jamais la lumière dans les appartements qu'ils fouillent la nuit. Ils restent forcément à la lampe-torche.
  • Tous les méchants ont des PCs, tous les gentils ont des Macs.
  • Quand deux femmes se battent entre elles, elles s'agrippent les cheveux et se retrouvent immanquablement par terre.
  • Quand un avion est en difficulté, c'est toujours l'aile gauche qui brûle.
  • Quand un héros se fait tirer dessus par surprise, il a suffisamment de temps pour se mettre à l'abri entre la détonation et l'arrivée de la balle.
  • Il y a toujours une place de parking disponible juste devant la bâtiment (commissariat/hôpital/tribunal) devant lequel se rend le héros.
  • Quand un héros tousse, c'est la preuve formelle qu'il est atteint d'une maladie incurable.

Ah tiens, en tapant les bons mots clés google, on peut avoir du rab'! Sélections:
  • Dans une maison hantée, les femmes recherchent l'origine des bruits étranges en portant leurs plus beaux sous-vêtements.
  • Tous les lits ont des draps spéciaux qui s'arrêtent au niveau des aisselles de la femme mais seulement au niveau de la taille de l' homme allongé à ses côtés.
  • Le système de ventilation de n'importe quel bâtiment est le parfait endroit pour se cacher. Là, personne ne pensera à vous trouver et en plus vous pourrez accéder a toutes les pièces de l'édifice sans aucun problème.
  • Tu survivras très probablement à toutes les guerres à moins que tu ne commettes la fatale erreur de montrer à quelqu'un la photo de ta bien- aimée qui t'attend sagement à la maison.
  • Un homme se prendra les plus terribles coups sans broncher, mais sursautera quand une femme tentera de nettoyer ses blessures.
  • Le chef de la police est toujours Noir.
  • Au moment de payer le taxi, ne regardes jamais dans ton portefeuille pour sortir un billet : prends un billet un au hasard et tends-le : C'est toujours le prix exact.
  • Les cuisines ne sont pas équipées de lumières . Quand vous pénétrez dans une cuisine en pleine nuit, ouvrez le frigo et utilisez sa lumière à la place.
  • À Paris, toutes les fenêtres ont une vue sur la tour Eiffel.
  • Un personnage se réveille de dix ans de coma frais comme un gardon et saute de son lit comme si rien ne s’était passé.
  • Les étrangers qui parlent français ont un accent très fort mais ne cherchent jamais leurs mots et ne font jamais d’erreurs de grammaire.
  • Quand une voiture se fait tirer dessus ou tombe dans un ravin, elle explose, une des roues virevolte dans le décor et ça fait beaucoup de flammes.
  • A contrario la voiture que le héros occupe n’explose pas même lorsqu’elle traverse un mur.
  • Un homme visé par 20 hommes a plus de chance de s’en sortir que 20 hommes visés par un seul.
  • Toutes les bombes sont connectées à un minuteur à gros affichage rouge afin que le héros puisse savoir exactement quand il est temps de se tirer. Il y a toujours un fil qui arrête la bombe et un autre qui la fait exploser. Le héros ne coupe JAMAIS le mauvais fil, mais il transpire énormément (normal, il fait chaud autour d’une bombe).
  • Un vampire, c’est soit très sexy, soit très moche.

mardi, septembre 15, 2009

Gaelou d'aout

Comme d'habitude, pour relancer le blog après une période de silence prolongée (due à une actualité débordante), rien de tel qu'une vidéo de Gaelou!

lundi, août 31, 2009

Arrêt sur images gratuit

Je remets une couche au sortir d'une (nouvelle) indispensable émission d'arrêt sur images. Elle n'est pas en contenu libre, mais je vous recommande par contre chaudement le best-of des émissions de l'été dont elle fait partie. Nous en avons vu quatre sur les cinq, et trois d'entre elles sont tout simplement indispensables (Lordon sur la crise économique, Rey sur les mots et Cordier sur Jean Moulin, dont nous venons d'achever le visionnage), tandis que la quatrième est juste très intéressante (Dray sur... Dray).
Je pointe ici sur la page en question. Cependant, comme je suis un abonné (moi!), il est possible que je tombe automatiquement sur une page à accès réservé. Je suis cependant sur qu'une version tout public existe, retournez alors si le lien ne marche pas sur la page d'accueil et cliquez sur "contenu d'utilité publique".

Dans le même genre, les émissions "D@ns le texte" produite par arretsurimages.net, et consacrés à un bouquin dont l'auteur est invité sur le plateau (où il a le temps de parler!) sont accessible jusqu'au 9 septembre gratuitement. Je vous recommande particulièrement Lanzmann, Debray, Desarthe (peut-être la plus intéressante bien que je n'ai jamais rien lu d'elle) et Michon.

jeudi, août 20, 2009

9

Le joli court-métrage dont est tiré un film qui sort cette semaine (et n'apporte pas grand chose au court dont il est tiré, ai-je lu).

mercredi, août 19, 2009

Tu as, tu as toujours de beaux yeux


Quand les petits gars dans mon genre cherchent à sortir un petit peu le museau de leur puits d'inculture, ils doivent se frotter à quelques œuvres incontournables. Le cas du sieur Proust étant provisoirement réglé, je me tourne vers un antipathique auteur le décrivant aimablement, notre fin Marcel, comme un "mi-revenant (... qui) s'est perdu avec une extraordinaire ténacité dans l'infinie, la diluante futilité des rites et démarches qui s'entortillent autour des gens du monde, gens du vide, fantômes de désirs, partouzards indécis (...), chercheurs sans entrain d'improbables Cythères". Tranchante transition! Violent contraste entre de finesse décadente des salons et l'abrupte puanteur du pauvre!
Sachant l'impardonnable voie où l'auteur s'est laissé entrainer par la colère râgeuse, brillante et infatiguable qui agite ses lignes, j'ai longtemps hésité à entamer sa lecture. Il est des fréquentations que je ne peux souffrir. Quelque peu rassuré par la lecture d'articles datant son engagement dégueulasse et jusque-boutiste d'après la rédaction de son oeuvre maîtresse, je m'y suis tout de même aventuré du bout des doigts.
Je me suis retrouvé instantannément happé, soufflé, balancé de ci de là par une manière d'écriture sans concession qui mêle brillament un parlé très familier et des constructions recherchées. Qui vous prennent alternativement ou simultanément à l'intime, à la viande, le plus directement qui soi, ou bien vous proménent au firmament de finesses rhétoriques.
Voila qui donne souffle et force aux noires réflexions de l'auteur, et nous font suivre passionnément son médiocre héros des tranchées des Flandres au New-York anonyme des années 30, en passant par la moite Afrique coloniale.

vendredi, août 14, 2009

On est des grands maintenant


L'ambiance semble la même. Les beaux jours. L'apéritif dans le jardin. Les belles robes et les costumes classes. La famille jouxtant les amis. Deux beaux mariés rayonnants qui tranchent la pièce montée.
L'observateur attentif notera cependant quelques différences. Des petits riens. Un léger changement de tonalité.
Le port du costard est devenu routinier pour nombre de copains. On parle beaucoup moins bitures et jolies filles, et plus du tout examen ou stage. On se demande par contre ce qu'on devient professionnellement, et l'on confronte ses responsabilités respectives. C'est un poste exigeant tu vois, mais j'y apprends beaucoup... On est bien inspiré d'avancer sur des œufs quand on effleure des questions de politique parce que nombreux sont ceux qui sont susceptibles de se vexer plus rapidement. Mais l'on se réconciliera en se remémorant les excès communs passés, il y a un certain nombre d'années déjà.

Surtout, un sujet de conversation majeur a émergé. Inexistant il y a quelques années, il occupe maintenant la majorité des discussions: les enfants. Et leurs nombreux dérivés: couches, modes de gardes, premiers pas, petits frères ou petites sœurs, allaitement, vacances en famille, etc, Alors que les quelques célibataires survivants guettent patiemment un changement de sujet, de nombreux specimens d'enfants gambadent joyeusement pendant l'apéritif, nerveusement pendant le repas, et refusent bruyamment de se coucher au moment du dessert.

Quand à aux invités du mariage que nous suivions attentivement, ils se disent que définitivement l'ambiance a bien changé depuis quelques années et leur récent passage à la trentaine. Certains trouvent les ressources, en fin de soirée, pour se rappeler le bon vieux temps en se déchainant sur la piste de danse et en se jetant sur les digestifs, une fois les enfants enfin couchés.
Les autres, plus nombreux, trainent un peu avant de rentrer se coucher. Il est encore tôt, mais le petit se lévera demain aux aurores. Comme chaque matin...

lundi, août 10, 2009

L'hirondelle avant l'orage


Que faire en cette semaine italienne caniculaire, nourri-logé-blanchi et - surtout - Gaelou gardé? Et bien lire, que diable!
A jamais séduits par le monument la compagnie de Robert Littell (oui, le père de son fils) dont je vous avais parlé ici même, Elena et moi-même nous sommes rués d'autant plus rapidement sur son dernier roman, l'hirondelle avant le l'orage, que nous n'en avons entendu que des critiques enthousiastes.
Littell, à l'origine grand reporter pour Newsweek chargé des affaires russes et moyen-orientales, continue à s'intéresser à la Russie de la guerre froide dans ce roman très proche de la réalité historique. Autour du triste destin du (parait-il) grand poète Mandelsman, déporté par la tchéka de Staline, il nous fait vivre de différents points de vue le poids étouffant de la terreur stalinienne, au plus fort de la paranoïa du Kremlin.
Si l'on n'a de toute évidence pas cette fois-ci affaire à un roman d'espionage haletant dont le gros des protagonistes principaux est inventé, on reste proche de la Compagnie par la maîtrise narrative discrète de Littell. S'il écrit dans un style direct, sans artifice, presque journalistique (et pour cause), il choisit une construction complexe où une petite dizaine de personnages nous décrivent les événements de leur point de vue. Voilà qui a le triple avantage d'autoriser différents éclairages sur l'intrigue, de permettre quelques digressions sur des personnages secondaires, et surtout de donner du rythme et du souffle à cette histoire.
Car c'est surtout cela la qualité de ce livre: il est passionnant, il vous absorbe de la première à la dernière page bien que l'on voie assez vite comment les choses vont se terminer. Ce qui rend d'autant plus frappant le climat de peur pure qui habitait la société russe en ces années 30.
Superbe et édifiant.

mardi, août 04, 2009

Mes films de mon mois à moi

Laissez moi vous entretenir des quelques films que j'ai vu au cinéma durant mon long silence blogesque, mettant en particulier à profit mes quelques jours de célibat parisien.


Je ne vais évidemment pas pouvoir égrainer une liste quelque peu fournie, en cette période de l'année, sans vous citer de film d'animation! Pour remplir mon quota estival, je suis allé voir Là-haut. Avant de vous parler du film en lui-même, parlons technique, car je suis allé le voir en 3D.
Je suis étonné de la relative discrétion dans laquelle émerge de cette technologie, car l'impression est tout bonnement incroyable. Est-ce pour ne pas desservir les nombreuses salles non équipées? Est-ce pour ne pas assoir définitivement la supériorité parisienne sur la triste Province? Qui sait...
Toujours est-il que j'ai été emballé par l'effet obtenu. Premièrement, les seuls effets secondaires à accpeter sont un billet au prix majoré (ce qui fait flirter le billet plein tarif avec la barre des 100F, quand même) et de lourdes lunettes (pas si mal faites puisque compatibles avec les lunettes de vue). Il est loin par contre le temps où il fallait se priver des couleurs (avec les fameuses lunettes vertes et rouges), ou supporter un papillonnement par ailleurs assez difficile à régler: les lunettes polarisées permettent de garder le confort de visualisation habituel.
Et la 3D m'a semblé extrêmement naturelle. Il ne s'agit pas de plans grossiers tous plats, mais d'une vraie sensation de profondeur progressive. J'ajoute que cette technologie profite probablement du fait que, comme les films la proposant sortent aussi en version 2D, ils n'ont pas pour seul but de donner dans la démonstration technique mais n'usent de la 3D qu'avec parcimonie et pertinence.
Quand au film en lui même, j'ai beaucoup aimé, bien qu'il soit à peu près l'opposé des films d'animation habituels. J'entends par là que d'ordinaire, on en prend plein les mirettes pendant les scènes d'action, on se tord de rire à de nombreuses blagounettes, mais on doit par contre supporter des scènes tendres assez convenues sans être le moins du monde émus.
Dans le cas de Là-bas, les scènes d'actions sont honnêtes mais pas formidables, et les blagues réussies mais bien moins nombreuses que d'ordinaire. J'ai par contre été touché par l'histoire du vieux héros qui a perdu sa femme avant d'avoir pu réaliser leur rêve commun. Si on arrive à être ému par des formes en 3D, où va-t-on...

Tant qu'on est au rayon animation, j'ai aussi vu l'Âge de glace 3, mais dans des conditions de vision moindres, on va dire. C'est par contre du grand classique, avec de bons morceaux de bravoure impressionnants et des salves de rire imparables.
En ce qui concerne les films vus dans de moins bonnes conditions, je mentionne rapidement un Terminator 4 tout à fait honnête, spectaculaire, avec une histoire pas mal troussée quoique plombée par la facilité dans la conclusion, et un efficace et rythmé Very Bad Trip.


Allez maintenant coucher les enfants que je vous entretienne de Bronson. Il s'agit du film âpre et travaillé d'un cinéaste danois annoncé comme très prometteur, qui évoque le prisonnier le plus violent d'Angleterre. Michael Peterson de son vrai nom est une espèce de psychopathe bagarreur qui s'est retrouvé en prison à la suite d'un braquage minable, et n'en est pratiquement plus sorti. Indomptable et incalculable, il s'est jeté dans toutes les bagarres avec ses codétenus ou ses gardiens, ainsi que dans quelques prises d'otage et tentatives d'évasion de sorte que sa peine ne cesse d'être rallongée.
Dans la lecture du réalisateur, Peterson est habité par une soif de reconnaissance qui le pousse à faire de sa vie carcérale une œuvre d'art - violente. D'où une mise en scène créative et tape-à-l'oeil, épaulée par un éblouissant et méconnaissable acteur principal. J'ai trouvé que les deux moitiés du film correspondaient aux deux versants d'une telle approche: d'abord lourdingue et prétentieuse (avant sa première mise en liberté, alors que Bronson, grimé sur la scène d'un théâtre narre sa propre histoire), puis éblouissante et forte.
Si vous avez l'estomac bien accroché, allez donc départager ces deux points de vues!


Enfin, le gagnant de cette petite sélection somme tout assez homogène est pour moi Whatever works de Woody Allen. Du Woody classique de chez classique avec un milieu d'intellectuel adorant deviser sur le sens de vie et les petits traquas du quotidien, un vieux misanthrope dont tombe amoureuse une greluche, le tout dans un New-York apaisé.
Je vais céder ici encore à mon péché mignon de découpage des films en tranche. J'ai adoré la mise en place du personnage principal, bougon mais juste, ainsi que l'emballement final du dernier tiers du film lors duquel les personnages les moins sympathiques sont retournés comme des crêpes et de manière surprenante. Par contre, la partie centrée autour de la romance entre le misanthrope et la greluche m'a moins charmé.

J'espère pouvoir mettre à profit mon dernier mercredi de liberté pour voir une dernière nouveauté avant de disparaitre de nouveau de vos radars pour des vacances italiennes bien méritées.