samedi, mai 02, 2009

Sur écoute

Les sériophiles les plus éminents mettent évidemment tous un point d'honneur à peupler leur palmarès personnel de séries cultes peu connues (ou peu reconnues), ce qui est d'ailleurs chose aisée étant donné le nombre et la qualité de la production américaine. Malgré tout, quelques grands noms se dégagent. Passés les deux maîtres toute catégorie confondue (Six Feet Under et les Sopranos), on trouve un petit groupe de séries majeures (The Office, The Shield, Battlestar Galactica, House...) parmi lesquelles nous avons pioché notre grand chouchou du moment: The Wire.
La série - achevée - éclaire en cinq saisons et autant d'enquêtes divers aspects (noirs, déprimants et profondément humains) de la ville américaine de Baltimore, nationalement connue pour son acquarium, sa criminalité et son taux de chômage record. Dans l'ordre des saisons: la guerre contre la drogue, les syndicats, l’éducation, la politique et, pour finir, le journalisme. Je vous avoue n'avoir pour l'instant vu que la première saison, mais elle m'a tant emballé que malgré la crise-qui-bride-mon-pouvoir-d'achat j'ai vendu toutes mes actions et déjà acheté les quatre autres.

Ecrite par un ancien journaliste chargé des affaires de police au Sun de Baltimore, cette série exigeante multiplie les paris risqués. D'abord, son sujet est âpre et amplement politique - car à dépeindre dans le détail le déroulement du traffic de drogue, on comprend bien que l'attention des politiques est porté ailleurs - quand ils ne sont pas complices. Par ailleurs, le moins qu'on puisse dire est que l'auteur ne se sent pas obligé de n'offrir que d'éclatants happy ends.
Ensuite, le traitement refuse tout manichéisme: on passe presque autant de temps parmi les dealers que parmi les policiers. On apprend le quotidien, les petitesses et les moments de grandeurs des uns et des autres. Et sans un seul instant nier la gravité du traffic des premiers, on en gagne une image nuancée et différentiée. Par ailleurs, on découvre une mécanique policière, judiciaire et politique consanguine gangrénée par les enjeux de pouvoir et la corruption. Quand aux simples flics, rares sont ceux finalement qui n'ont absolument aucune arrière-pensée.
Enfin, les enquêtes voient large. The wire est connue pour être la série brassant le plus de personnages majeurs (plus de cinquante), qu'elle prend chacun le temps de détailler et d'humaniser. C'est un plaisir de voir tout ce petit monde qu'on connait si bien intéragir. D'autant qu'évidemment, comme toutes les bonnes séries américaines, les acteurs sont tout simplement parfaits.

Bref, c'est une série courageuse, juste et humaine. Comme si ça ne suffisait pas, l'auteur refuse les coups de théâtre acadabrantesque et préfére avancer sur un faux rythme - ce qui ne manque pourtant pas d'être passionant, et laisse tout bonnement à la renverse lorsqu'un événement majeur se produit (rejoignant en cela le polar à la Connelly).
Dans ce concert de louanges, j'oublie le principal: elle est sacrément réussie. Tout sonne juste, tout passionne, tout fonctionne. Pour vous motiver plus encore, deux articles de Télérama sur le sujet ( et ), et le soutien de Barack Obama, qui a déclaré que c'était sa série préférée.

1 commentaire:

Une non accro a dit…

A quand la série préférée de notre petit roi ou de la femme de celui d'Italie (qui se fait remarquer ces jours-ci, on se demande pourquoi . . . ) qu'on voit si elles sont aussi prometteuses que celle-ci, déjà chaudement recommandée via l'auteur de ce blog, mais aussi, donc, par le président des States ! Il a que ça à foutre le dernier cité?