dimanche, octobre 26, 2008

Chronique ciné


... et oui!
Après des mois et des mois de disette, nous avons lâchement profité de la possibilité de confier Gael à la crèche un jour de récup' pour aller non pas une, mais deux fois au ciné! Comme des jeunes, des oufs, des tarés. (Enfin presque, la population de la salle était composée pour l'essentiel de retraités).

Nous sommes d'abord allés voir le nouveau Woody Allen Vicky Cristina Barcelona. On nous promettait un très bon cru, léger mais pas con, frais, brillant, et surtout hilarant. Las! Si le film est sympathique et a un petit charme ensoleillé, force et de constater qu'on rit peu et qu'on l'oublie à peine les lumières de la salle rallumées. Un Woody mineur donc, et qui contient une rude arnaque: alors que je me félicitais d'avoir amené Elena dans un film porté par trois actrices superbes, dont deux allaient même se faire des bisous, c'est en fait le seul rôle masculin important, Javier Bardem, qui crève l'écran de son sex-appeal ibère. Arnaque, je vous dis!

Pas découragés, nous avons rejoué la carte du film "tout dans le charme et dans les acteurs" le lendemain, en nous rendant voir La crime est notre affaire, adaptation allumée d'un Agatha Cristie. Un pléiade d'acteurs formidables y vont de leur numéro réussi (Claude Rich, Chiara Mastroiani, Hippolyte Girardot et même Annie Cordy!), mais c'est le couple de héros qui crève l'écran: André Dussolier et plus encore Catherine Frot.
On se bidonne du début à la fin à la voir se braquer sur un fait divers, puis faire des pieds et des mains pour le résoudre sur son temps libre, échouant par là même dans la famille allumée du patriarche Claude Rich. Ses numéros sont assez inénarrables et irrésistibles, à tel point que nous trouvons cet opus encore plus réussi que son prédécesseur (Mon petit doigt m'a dit), qui nous avait pourtant scotché.
Un film hilarant et plein de charme. Comme quoi, la Savoie peut assumer ce que la Catalogne ne fait que promettre!

lundi, octobre 20, 2008

Damages


Sur les pertinents conseils de la série de reportages L'amérique en 24 épisodes dont je vous ai entretenu il y a peu, nous avons englouti la palpitante série Damages. Si elle n'atteint pas le niveau de mes deux précédents énormes coups de cœur, le références Sopranos et Six Feet Under, elle n'en est pas moins fort bien ficelée et tout à fait intéressante.
Si on m'avait dit que je recommanderais chaudement une série d'avocats enquêtant sur un délit d'initiés un jour, j'aurais eu du mal à le croire. Et pourtant. Cette série nous entraine à la suite d'une jeune et brillante avocate qui, fraichement diplômée, rejoints la prestigieuse et redoutée procureur Glenn Close, pour enquêter sur le d'initié sus-dit délit. Et l'habile construction en flash-forward nous fait vite comprendre qu'elle va mettre le doigt dans une machination compliquée dont elle va avoir d'autant plus de mal à triompher qu'on ne sait jamais à qui se fier. Qui sont les méchants? Combien sont-ils? Et Glenn Close et ses sympathiques associés sont ils vraiment si recommandables?
On n'est donc pas dans une oeuvre hyper-personnelle comme dans le cas des Sopranos et de Six Feet Under, mais il faut reconnaître que si la recette est hyper-connue, elle est ici diablement efficace. A commencer par le scénario, très bien construit et qui a la sagesse de ménager ses effets. Depuis mon overdose de coups de théâtre sans queue ni tête Lost-24-Harlan Coben, j'apprécie beaucoup qu'on ne jette pas toute cohérence par dessus bord pour garder du rythme à tout prix. (Je dois quand même mettre un bémol aux deux derniers épisodes où les choses s'accélérent un peu trop à mon goût). Je souligne d'ailleurs que la saison se termine par une vraie résolution de l'enquête (même si quelques portes restent ouvertes pour une suite. C'est de bonne guerre).
Et tout cela est servi par une production "à l'américaine", au sens noble du terme. Réalisation, éclairage, ambiances, musique, tout est impeccablement léché et pas loin d'être superbe. Et surtout, nous tirons notre chapeau aux interprètes qui crèvent tous tant l'écran (du pourri à l'avocat de la défense, de la petite jeune à son ami associé, etc) qu'on réussit à ne pas être impressionnés par la seule grandiose Glenn Close.
Bref, une série superbement ficelée et très prenante. Une dizaine d'heure de bon suspense pour 30 euros, voilà une valeur refuge en ces temps de crise économique!

PS: Je profite du fait que je sois dans le thème pour mettre à jour mes dernières impressions. Six Feet Under, dont nous avons achevé la 5ème et dernière saison, est tout bonnement à se rouler par terre. Inoubliablement fort, poignant, tourneboulant.
The IT Crowd, après un premier épisode enthousiasmant, est assez décevant. La (courte) série reste sympathique, mais n'a pas l'allant et la grâce du premier épisode à mourir de rire. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle je ne vous conseille Damages qu'après l'avoir vu en entier, pour être sûr de ne pas vous mettre sur de faux rails.
Enfin, the Big Bang Theory est une comédie qui marche très fort outre-atlantique, et dont les héros sont de brillants étudiants en science frisant l'autisme. C'est rythmé et assez efficace, mais ça ronronne un peu en tapant toujours dans la même thématique.

samedi, octobre 18, 2008

Amusons-nous en vol transatlantique


Mon rôle clé dans l'industrie médicale me donne l'occasion, lorsque je sillonne le globe pour faire avancer la science et sauver des vies, de tester différentes compagnies aériennes. C'est avec émotion que je me permets de très chaudement vous conseiller American Airlines.

Il faut passer outre quelques détails de seconde importance. Pour commencer, les boissons alcoolisées sont payantes - ce qui permet de défendre les bonnes mœurs tout en se mettant quelques dollars dans la popoche.
Ensuite, les avions ne respirent pas la modernité. Je ne doute pas qu'ils respectent toutes les normes de sécurité en vigueur, mais il n'a par contre pas semblé important d'investir dans l'écran individuel salvateur qui permet de notablement passer le temps sur d'autres compagnies.
Outre que le confort est moindre, ce système a l'inconvénient majeur de livrer le voyageur pieds et poings liés aux programmateurs d'American Airlines: on devra regarder les deux films qu'ils ont choisis de projeter sur les écrans partagés, point barre. Or, il semble que la programmation réponde aux deux mêmes critères que le choix des boissons: il faut que ça coûte le moins possible et que ça soit le plus grand public possible.
D'où un choix de films sucrés à la niaiserie astronomique, où les gamins surdoués tête à claque côtoient des princesses échappées de dessins animés. Ces choses sont totalement irregardables même pour le voyageur peu exigeant qui n'aurait rien demandé de plus qu'une comédie un peu efficace ou un film d'action grand public.
Et je passe enfin sur le fait que sur cette compagnie américaine, vous multipliez les chances de côtoyer des Américains. Ne vous méprenez pas: l'Américain est tout à fait respectable et d'une gentillesse assez impressionnante. Cependant, il a tendance à parler très fort et il semble même qu'une petite fraction de la population ne soit pas consciente que cela puisse poser problème, au milieu d'un cockpit plein de voyageurs cherchant le sommeil à 3h du mat'.

Je passe sur tout cela, car chez American Airlines vous avez droit au catalogue de shopping duty free Skymall. Un must. Un sommet. Un répertoire de l'inventivité humaine mise au service du plus grand nombre.
Vous pourrez notamment y trouver la célébre fontaine féline qui permettra à votre chat de s'altérer à l'eau pure. Ou encore le petit escalier qui lui permet de rejoindre votre lit sans effort. Je ne sais par contre que penser du laser-jouet qui m'a tout l'air de pouvoir rendre le minou taré en quelques heures. De son côté, notre sympathique caniche sera bien à l'aise dans son siège personnel dans la voiture.
Mais tout ne tourne pas autour de nos amis les bêtes. Cette éfigie d'Elvis chantante sera du meilleur effet dans votre salon. A moins que vous ne préfériez une sculture d'ange qui dort, ou un treillis à plante. Pour briller en extérieur, je vous recommande les jumelles avec écran LCD intégré. Vous jardin sera embelli par cette grande statue de singe. Et votre bureau respendira de diverses scultures représentant votre détermination et votre inventivité au travail.

Voici pour quelques exemples. Et merci beaucoup à American Airlines de nous avoir offert des heures et des heures de fou rire devant ce catalogue qu'on pourrait croire écrit par les Nuls. Une formidable démonstration du génie humain, teinté d'une critique acerbe de l'american way of life.

(Je dois avouer que ce catalogue m'a quand même permi de découvrir un truc très utile, que j'ai commandé à peine arrivé chez moi)

samedi, octobre 04, 2008

De crisae economicam

Je ne peux pas dire que la crise financière actuelle m'ai surpris. Non pas que je l'ai prédite bien sûr, je n'entend rien à la mécanique subtile des produits financiers mise en jeu, comme tout le monde. Y compris les financiers eux-même d'ailleurs, comme il nous est apparu récemment.
Mais il ne fallait pas être grand clerc pour se douter que cette sphère super-active, qui avançait toujours plus vite et sans aucune règle dans son petit monde, allait finir par se manger un mur un de ces quatre. On ne roule pas à 100 à l'heure, tous feux éteints, dans la direction qui nous arrange le plus sans risquer l'accident, quand même.
Je ne suis pas surpris, mais deux points particuliers me semblent particulièrement intéressants.

Je suis d'abord stupéfait par le retournement complet de l'opinion - ou plus exactement de l'image de l'opinion publique qui nous est transmise par les médias et les politiques - sur le sujet. Il y a encore un an et demi, tout le monde semblait cautionner le système économique international. Les altermondialistes restaient une minorité folklorique, mais les gens sérieux s'entendaient à dire que le monde tel qu'il était fonctionnait finalement assez bien.
Certes, il semblait y avoir de l'abus parmi les golden boys de la finance, mais on ne le disait pas trop fort, étouffé par la honte de ne pas comprendre du tout comment fonctionnaient les choses dans cette petite bulle qui gouvernait le monde. Il fallait bien se rendre à l'évidence que c'étaient eux qui comprenaient comment tournait le monde, et pas nous. Il n'y a avait qu'à voir leur niveau de vie, et leur ton assuré quand ils s'exprimaient dans les médias.
Petite parenthèse: je ne croyais pas ça possible, mais je me prends à regretter amèrement le départ de Jean-Marc Sylvestre de France Inter. J'aurais bien aimé voir comment il analysait la situation... J'envisage de m'abonner à LCI pour le regarder se dépêtrer de ses contradictions. Fin de la parenthèse.
Et bien maintenant que les financiers se sont plantés, nous voila complètement désinhibés. Chacun peut dire ce qu'il pense sans arrière pensée. Et l'on découvre - surprise - que 90% de la population a le plus grand mépris pour ces charlots de traders, et ce depuis toujours. Une opinion qui était très minoritaire dans les médias, et assez peu représentée sur l'échiquier politique.
On pourrait d'ailleurs même se demander si la montée de l'extrême gauche aux élections ne serait pas qu'un vote protestataire idiot, mais si peut-être ces gens là sont sincères. Voire si les gens qui ont voté "non" à la Constitution Européenne n'étaient pas que des bourrins aveuglés par la colère et le mauvais vin. Passons.
Bref, pour résumer ce premier point, j'ai sincèrement été étonné de découvrir qu'une très large majorité de la population méprisait la finance, mais qu'ils n'osaient pas s'exprimer et étaient étouffés par un discours dominant complètement à l'opposé. Ca fait du bien de se sentir moins seul, à tel point que je dois avouer que cette crise me réjouis plus qu'elle me fait peur. (Si c'est pas malheureux, pour un père de famille...)

Le second point est plus anecdotique. Quoique.
Parmi les nouveaux mots dont on nous abreuve (titrisation, crédits pourris, prêt revolving, et tout ça), il y a un terme qui me frappe tout particulièrement. L'économie réelle.
La crise atteindra-t-elle l'économie réelle? Oh mais non, ma bonne dame, vous n'avez rien à craindre, le système français est solide. Jamais les crédits pourris ne rejailliront sur l'économie réelle, ah non alors.
L'économie réelle. Et on nous balance ça comme si c'était évident pour tout le monde. Comme si, depuis les décennies qu'on nous bassine avec le beauté, la puissance, la modernité de la finance, on nous avait clairement expliqué que c'était de l'économie virtuelle. Un joujou abstrait, qui a son importance mais qui quand même n'a pas la solidité de l'économie réelle.
Alors d'un côté je suis bien content d'apprendre que tout ce que nous créons à la sueur de notre front ne vive pas dans le même monde que les milliards manipulés en quelques secondes par les traders. Que le 50 000 milliards d'euros de création de richesse et service de part le monde l'an dernier ne soient pas comparables aux 500 000 milliards d'échanges financiers qui ont eu lieu. Bien content.
Mais je me demande. Il vaut mieux devoir 5000 dollars réels ou 20000 dollars virtuels? Qu'est-ce qui pèse plus lourd: 1 kilo d'euros réels ou 1 kilo d'euros virtuels? Non, dites moi, parce que j'ai bien l'impression que les financiers ils se sont payés des Ferrari réelles et des villas réelles, avec l'argent virtuel qu'ils avaient. Et cet argent virtuel, il l'ont pris sur les bénéfices des entreprises, qui elles créent de la valeur réelle?
Alors de deux choses l'une. Soit effectivement l'économie financière est virtuelle et il est bien dommage que ce soit elle qui ait gouverné nos économies, et par suite nos politiques et nos vies, depuis 20 ans. Soit l'argent virtuel est tout aussi réel que l'autre, et d'une on ferait bien de remettre à plat ce système, et deux on pourrait arrêter de se foutre de notre gueule.

Une très bonne émission d'arrêt sur images sur le sujet se trouve (Je ne sais pas si elle est accessible aux non abonnés). On y comprends bien des choses sur les raisons de la crise et sur son traitement médiatique. La question de savoir pourquoi elle est incarnée à la télé par des traders virés, plutôt que par les bien plus nombreux particuliers chassés de leur maison y est notamment soulevée.
Et puis je vous signale une analyse intéressante sur les dégats de la pensée positive (vous savez, le fait qu'en entreprise il faut toujours être positif, y croire, et jamais douter que les objectifs sont inatteignables). Je l'ai lu dans courrier international, mais il se trouve aussi ici. Et le lire sur boursorama.com, je trouve ça exquis!