mercredi, juin 30, 2010

Miscélanées siciliennes


Si je me suis rendu en Sicile en coup de vent pour deux raisons majeures (le mariage d'une amie et le spectacle de désolation de la défaite de la squadra azzura), j'en ai profité pour ramener mon lot d'instantanés de ce coin définitivement charmant.
  • Une conduite particulière, crétine mais tranquille. Il nous a fallu un peu de temps pour comprendre que le type qui sort de son parking a priorité, et que toute voiture statique sur le bord de la route (je n'ose pas dire garée, puisqu'on ne fait jamais attention à s'arrêter à un endroit prévu à cet effet) est donc susceptible de se jeter sur la voie principale sans crier gare, éventuellement en marche arrière. Faire comme les locaux: contourner ou s'arrêter sans s'énerver.
  • Un urbanisme structuré de manière à maximiser les temps de parcours. L'unique départementale (une seule voie, moultes camions hors d'âge) traverse le moindre bled dans le sens de la longueur. En prenant en compte le style de conduite décrit ci-dessus, cela garantit qu'il est utopique d'atteindre une moyenne phénoménale de 25km/h. Ce qui n'empêche pas les autochtones d'évaluer les durées de parcours comme si ils disposaient de 4 voies (oh pour faire les 100km qui vous séparent de Ragusa, il faut compter 40 minutes...)
  • Une bouffe à se rouler par terre. Ceux qui me connaissent un tout petit peu connaissent mon peu de goût pour toutes les petites choses ennuyeuses à nageoires qu'on essaye parfois de nous refiler en lieu et place de bonne grosse barbaque bien saignante. Et bien sachez que je ma damne pour le poisson grillé sicilien. Ça parait tout simple: un poisson si fraichement péché qu'il bouge encore dans ton assiette, une grillade toute simple, et juste ce qu'il faut de filet d'huile d'olive et de petite tomates pour compléter les saveurs sans faire de l'ombre à notre cher poisson. Précédé d'une insalata di polpo, en terrasse face à une mer azur, on touche à la perfection.
  • Le charme bourru du Sicilien, incarné à la perfection par la plupart des serveurs que nous avons pratiqué. Pas un sourire, des manières brusques, un service sans fantaisie, mais ce qu'il faut d'attention et de sincérité pour que ces manières respirent le respect et l'authenticité.
  • La sublime valle dei templi, découverte comme en passant. Ce site archéologique peu connu n'a attiré notre attention que parce qu'il était près de notre pied-à-terre. Et pourtant... Des ruines de temples grecs taillés dans une pierre splendide aux couleurs chaudes occupent une vaste série de collines dominant la mer. Toute la richesse de la Sicile, face à toute sa désespérante misère: la ville d'Agrigento, chaotiquement construite avec un souci visiblement très modéré des démarches administratives qui auraient garanti une urbanisation plus en accord avec la majesté des lieux.
  • Au risque d'être un peu lourd, une dernière allégorie de la grandeur et de la malédiction sicilienne. Une plage superbe dans une crique magnifique. Une eau d'un bleu que je ne croyais possible que dans les publicités. Mais 99% de la plage est couverte de chaises longues louées à prix d'or, laissant au public une bande ridicule, mal tenue, et évidemment blindée. Le pire étant que les loueurs imposent à l'intégralité des vacanciers une musique pop qui doit ravir sa clientèle adolescente, mais à laquelle nous n'avons pas résisté plus d'un quart d'heure.
Et à part ça, je vous annonce avec émotion l'ouverture de ma page twitter. J'y poste occasionnellement un lien qui m'a intéressé, ou une blagounette qui m'a traversé la caboche.
Elle permettra peut-être d'épancher quelque peu votre soif quand vous vous rendez sur mon blog sans y trouver de post récent...

mardi, juin 22, 2010

Catharsis


Oui, tu as raison.
Notre relation se délite. Et c'est de ma faute, rien que de ma faute. Je te délaisse. Je n'ai pas posté depuis des lustres.
Tu connais mes excuses. J'ai tant à faire! Gael, les copains, la coupe du monde, des lectures, le soleil quand il veut bien pointer le bout de son nez...
Je sais ce n'est pas une raison... Il y a pas si longtemps, ça ne m'empêchait pas de venir te voir souvent. C'est de ma faute.
Je t'ai délaissé.
Mais maintenant c'est fini, je te jure. J'ai ouvert les yeux. Je reviens vers toi.
Je t'en supplie, reprends moi!

Calme toi chouchou. Non, je ne reviens pas maintenant juste parce que ma dernière occupation majeure vient de me plaquer. Pas du tout!
Remarque... Oui, tu as vu juste, comme toujours! C'est à la faveur de l'élimination récente des Bleus que j'ai compris l'importance que tu as pour moi.
Tu vois, tu es toujours là pour moi. Quand j'en ai gros sur la patate, quand je ne sais plus vers qui me tourner pour partager mon spleen, quand j'ai la gueule de traviole, tu es toujours là... Tu ne me demande rien, tu es là, à l'écoute. Et ça fait un bien fou...
Et là, Dieu sait que j'en ai gros sur la patate.

Vois-tu, je fais partie d'une espèce rare.
Je suis un passionné de foot qui suit l'équipe de France qui est accablé par ses derniers matchs et leur élimination méritée, mais qui ne se console pas en se racontant qu'elle s'est métamorphosée du jour au lendemain en un ramassis de branleurs incompétents.
Je suis un cas rare, je sais, mais ma réaction aux piteuses prestations récentes n'a pas été d'inventer un étrange complot qui aurait mis un incompétent ultime aux manettes de la sélection (ultime au sens que même le dernier des piliers de bar ou - pire - des journalistes sportifs serait capable d'accoucher une équipe infiniment plus soudée et structurée), doublé d'un mystérieux vent de démotivation transformant une équipe de pros au faite de leur rayonnement technique, et qui - rappelons le - dispute l'épreuve la plus importante de savie, en un ramassis de je-m'en-foutiste minables.
Je tendrais plutôt à croire, bêtement, que la mayonnaise n'a pas pris dans ce groupe, mais que la chose méritait d'être tentée. Que de petits riens font qu'un ensemble d'individualités prometteuses se métamorphose en une équipe cohérente dont les membres se comprennent en un regard - ou pas. Des petits riens tel qu'un coup de bol au bon moment dans le premier match. Ou un entraineur qui trouve la bonne phrase au bon moment. Ou une certaine sérénité médiatique qui permet à un groupe de se construire.
Tu ne t'étonneras pas, cher blog, d'apprendre que je passe pour le dernier des abrutis de le maintenir mordicus ma position. Mais je persiste et signe: je n'avais rien à redire a-priori aux choix de l'entraineur dont j'ai eu connaissance (composition, organisation stratégique).

Vu ce qu'on a vu, mais surtout vu la tempête médiatique haineuse chauffant à blanc l'événement, forcément, je me sens seul.
Pourtant déjà accablé par les performances puis l'élimination de mon équipe favorite, je me retrouve, isolé, face à une large et étonnante Sainte-Alliance de spectateurs ombrageusement ravis des tristes prestations bleues. On y côtoie, copains comme cochons, les anti-foots et les footeux fanatiques haïssant Domenech. Ils sont partout. dans le métro. A la cantine. Sur le web. Partout je vous dis.
Remarquez qu'on peut interpréter le phénomène comme un magnifique message d'espoir. Bien qu'à l'opposé complet du spectre du ballon rond, deux groupes antagonistes se retrouvent fraternellement autour des bonnes vieilles valeurs de l'insulte et du lynchage médiatique.

Je comprends partiellement la position des premiers cités (les anti-foots). Il est vrai que le battage médiatique autour de la compétition doit être insupportable pour ceux qui ne sont pas partie prenante (il l'est aussi pour les autres, mais on supporte mieux j'imagine). Cela dit, si ils croient que les JTs de TF1 (que par ailleurs ils ne regardent jamais) vont s'ouvrir sur un quart d'heure expliquant en profondeur les causes des tensions ethniques au Kirghizistan maintenant que la France est éliminée, je crains qu'il ne se fourvoient.
Par ailleurs, bon nombre de ces anti-foots retirent un plaisir tribal très proche de celui qu'ils reprochent aux footeux. Ils se revendiquent des dizaines de fois par jour de leur statut d'appartenance au groupe des "anti-foot" (par opposition à celui des cons d'en face, les footeux). D'ailleurs, un bon nombre d'entre eux suivent fiévreusement les résultats de nos équipes favorites pour le plaisir régressif de chambrer les malheureux vaincus dès que possible. Quelle preuve d'ouverture d'esprit, il est vrai, de s'infliger un sport qui ne nous intéresse pas juste pour pouvoir rabaisser les autres!

Le deuxième groupe me désarçonne par la radicalité de sa haine portée à l'équipe de France en général et Domenech en particulier. Plus qu'au supporter de base, qui a tout de même le don de me mettre hors de moi quand, bien conditionné par les médias, il choisit de scander "Domenech démission" dans des matchs sans enjeux où il serait censé soutenir son équipe, c'est d'abord et avant tout l'innombrable brochette d'éditorialistes et de commentateurs a posteriori qui me sort par les yeux.
Dans leurs papiers enflammés, écrits après la bataille, ça va sans dire, tout parait absolument évident. Il fallait évidemment faire ce qu'il aurait fallu faire et qui n'a pas été fait, voyons voyons. Mais ces leçons malhonnêtes ne seraient qu'irritantes si elles n'étaient professés sur un ton outrancier appelant presque au soulèvement populaire pour mettre en place une autre philosophie d'équipe. Si on écoutait leurs précieux conseils, il ne faudrait que quelques heures pour ramener notre équipe au firmament footbalistique qu'elle n'aurait jamais dû quitter.
Tant de haine me dégoûte. Domenech n'était certainement pas le meilleur pour le job, c'est clair maintenant. Peut-être même est-il mauvais (mais je ne crois pas, vu son palmarès que tout le monde a l'air d'oublier). Pour autant, faut-il en aller jusqu'à cette campagne de haine unanime, hors de toute proportion, et orchestrée par des personnalités aussi respectables que Vincent Duluc et Pierre Menès (ils ont tant fait pour la France!) ?
Et le pompon, c'est qu'alors même que Domenech doit se plier quotidiennement à des séances d'humiliation publiques où des "envoyés spéciaux" se donnent des frissons de courageuse impertinence journalistique en lui jetant au visage des question toutes plus mal intentionnées les unes que les autres, il se voit reproché son manque de transparence!
S'il dit que l'équipe va pas bien, il lâche ses hommes, et s'il dit qu'elle va bien, il travestit la réalité. Dans les deux cas, l'édito outré se tient, et la feuille de chou se vend.

Tu vois donc, cher blog, que j'en ai gros sur la patate, d'autant plus que je sais qu'en tant que "supporter n'ayant pas retourné sa veste" de service, je vais me prendre environ 350 remarques sur le sujet demain au boulot, de la part de membres actifs des deux groupes sus-cités. Il faut dire que ma position de centralisateur des paris de la coupe du monde m'expose particulièrement.
Ca me fait vraiment du bien d'en parler avec toi, à cœur ouvert, les yeux dans les yeux.
On se remet ensemble, dis?

(Sinon, je vais devoir attendre deux jours que l'Italie nous rejoigne dans l'avion pour l'Europe. J'aurais alors une confidente partageant un sort voisin sous la main, et pourrait m'abstenir à nouveau de bloguer)

mardi, juin 08, 2010