dimanche, janvier 18, 2009

Cinéma

Cette année commence fort bien au niveau cinématographique. Elle débute pour nous avec Louise-Michel et Il divo, deux bons choix des plus intéressants.

Respectons la chronologie avec Louise-Michel, que nous sommes allés voir dans une salle réfrigérée à Nantes. Film made in Groland, Louise-Michel raconte comment une ouvrière (Yolande Moreau) lâchement licenciée par des patrons qui déménagent leurs machines en cachette, convaint ses collègues d'utiliser leur dédommagement pour payer un tueur à gage afin d'éliminer ledit patron. En fait de professionnel, elle recrute un bras cassé (Bouli Lanners) qui aura bien du mal à s'aquitter de sa tâche, d'autant que dans l'économie globalisée il est parfois bien difficile de déterminer qui est exactement le vrai patron ayant décidé la délocalisation.
A l'énoncé du scénario, et en connaissant le registre des grolandais Kervern et Delépine, on se retrouve sans surprise dans un film baignant dans l'humour noir. C'est sa grande force, mais aussi sa petite faiblesse: on accumule les scènes frisant le cultissime, où le second degré le dispute à la diatribe politique. En me les rejouant mentalement, j'admire leur justesse et leur cruauté et espère avoir l'occasion de revoir le film avec des potes sur la même longueur d'onde que moi. Le problème est que lorsque la salle n'est pas au diapason (ce qui était le cas de la mienne), on part dans de grands éclats de rires au début de chacune de ces scènes mais, refroidis par la réaction glaciale de l'assemblée, on a du mal a poursuivre vers le fou rire libérateur final bien mérité. On continue à rire, mi emportés mi gênés, mais on exulte pas comme on devrait.
Bref, Louise-Michel est un film méchamment drôle et dont l'intrigue n'est pas inintéressante, servie par des acteurs parfaits pour leur rôle, mais qu'il faut déguster en bonne compagnie sous peine de ne pas pouvoir le couvrir des hurlements de rire qu'il mérite. Allez-y les yeux fermés, mais en groupe, ou dans le Nord, ou attendez la sortie en DVD pour rassembler le groupe de copain qui va bien et prendre le pied anar que ce très bon film mérite.
(D'autant qu'en plus un certain nombre des copains de Groland (Poolvorde, Kassovitz, Dupontel, Katerine, Salengro, Robert) y font en plus de petites apparitions sympathiques - et pour bon nombre d'entre elles à mourir de rire.)

Autre grosse réussite au style un peu surprenant (mais dans un tout autre genre): Il Divo. Ce film, récompensé à Cannes du prix du jury, se penche sur le mystérieux Giulio Andreotti, homme politique de centre-droit italien occupant la scène depuis la fin de la première guerre mondiale. Sept fois chef du Conseil (soit premier ministre), et 25 fois ministre, il traine une réputation de chef stratége machiavélique, et ses liens avec les francs-maçons de la loge P2 et avec la mafia sont évident (à part aux yeux de la justice).
Voila, de l'aveu même de l'habile Andreotti, un très bon sujet pour un film. Ce qui étonne, c'est que le réalisateur, au lieu d'opter pour un style discret et objectif comme il est de coutume pour les biopics, fait le pari de l'esthétisme et de la subjectivité. La caméra virevolte; une musique dynamique qui n'a rien à envier à Tarantino fait irruption régulièrement; la mise en scèné est nerveuse; Andreotti s'adresse à nous et à Dieu dans des monologues enflammés (quand son naturel est plutôt à la retenue, c'est le moins qu'on puisse dire). Bref, c'est Fight Club au pays du promeneur du champ de Mars.
Et c'est très réussi. Certes, une partie des références historiques nous échappent, mais finalement peu importe tant c'est la personnalité de l'énigmatique Andreotti qui tient le film, défendu par un Toni Servillo impressionnant, surtout pour qui connait l'original. (Sans vouloir me vanter, j'avoue l'avori trouvé aussi bon que dans la pièce de théâtre qu'il a donné à Paris. Ahahah, bande de provinciaux)
Fascinant, brillant, impressionnant et juste. Voila un deuxième grand film à inscrire à vos tablettes.

PS: La bande annonce d'Il Divo est assez peu représentative du film. Cette scène est bien plus juste:

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