dimanche, mars 30, 2008

Avez-vous signé la pétition?

Comme tous les quatre ou cinq ans, les grandes institutions financières ont galopé droit dans une crise majeure, qui nous place devant la sympathique alternative suivante. Ou bien on laisse ces brillants analystes payer le prix de leur conduite inconséquente: ce qui doit faire faillite fera faillite, et ce qui doit survivre survivra. C'est l'attitude la plus morale, et on pourrait même prendre un certain plaisir à voir les arrogants financiers punis par là même où ils ont péché. Mais la finance est un édifice si instable qu'il est quasi-certain que la crise prendra alors des dimensions formidables, et touchera aussi fortement "l'économie réelle" - c'est à dire nous.
(J'ai d'ailleurs une tendresse toute particulière pour ce nouveau terme "d'économie réelle". Est-ce à dire que les sommes formidables manipulées par les grands gourous de la finance, dont on nous vante la clairvoyance et l'héroïque intrépidité depuis des années, sont virtuelles? Voire qu'elles confisquent de l'argent "réel" pour des jeux "abstraits"? Bref...)

Il ne reste donc que la seconde possibilité, comme à chaque fois: l'Etat doit sauver les plus grands opérateurs financiers afin de circonscrire la crise. C'est ce qui commence à se mettre en place, avec le spectaculaire sauvetage de l'antipathique banque d'affaire Bear Streams par l'administration Bush, pourfendeuse d'interventionnisme devant l'éternel.
L'Américain vivant dans l'incertitude depuis que les prêts idiots qu'on lui a proposé lui ont pété à la gueule doit être ravi que ses impôts servent à soutenir l'institution qui les a inventé...

Parce qu'ils sont fatigués que cette mascarade se répète sans cesse (la crise passée, les financiers oublient très vite ce qu'ils doivent à l'Etat, et repartent de plus belle dans leur enrichissement inconséquent), un groupe d'économistes européens propose de saisir l'occasion pour changer quelque peu les règles du jeu, ainsi que l'explique Fréderic Lordon dans ce passionnant Là-bas si j'y suis.
Pourquoi en effet ne pas assortir le sauvetage par l'Etat de conditions? L'Argentine a par exemple payé très cher les fonds que le FMI lui a concédé: elle a dû appliquer à la lettre ses nombreuses injonctions, et métamorphoser la structure de sa société comme on le lui ordonnait (avec la réussite que l'on sait, d'ailleurs). Pourquoi à l'inverse devrait-on se contenter de donner les sous nécessaires aux banques au bord de la faillite, sans rien exiger en retour?

Puisqu'il faut commencer par un bout, ces économistes proposent de s'attaquer à un point très précis: abroger l'article 57 de la Constitution Européenne qui inscrit dans le marbre la totale liberté des capitaux. Vous savez, cette Constitution que seuls de mauvais européens à moitié xénophobes n'ont pas voulu avaliser?
Et pour, qu'enfin, cette question majeure apparaisse dans les agendas politiques (en particulier des partis de gauche...), ces économistes cherchent à faire du bruit, et ont lancé une pétition sur le sujet. Qui est relayée en France, en italie, en Espagne, en Allemagne et en Pologne.
N'hésitez pas à y jeter un oeil, voire à jeter une oreille à l'émission de LBSJS qui lui est consacrée. C'est tout à fait édifiant - et très argumenté).

(Note: il est parfois difficile de se connecter au site de la pétition. Il faut essayer encore et encore...)

samedi, mars 29, 2008

Aimez les bobos

Puisque notre actualité est assez calme (et oui, la grande nouvelle se fait attendre. Patience...), je m'en vais profiter de ce post "libre" pour préciser ma pensée sur le terme de bobo, et tout ce qui s'ensuit.
Attention les yeux, je suis pas là pour déconner.

A mon sens, le bobo est à l'origine une sympathique caricature d'un nouveau type de citadin, parfois tout à fait pertinente (notamment à mon endroit). D'un côté intello-alternatif, avec une grande tendresse pour la culture intègre et désargentée, mais d'un autre côté vivant dans le confort matériel, sans aucun problème de conscience.
Il est donc de bonne guerre de s'engouffrer dans le boulevard qui nait de cette ambiguïté "j'aime vivre comme un pauvre, sauf que je veux mon petit confort" pour se foutre gentiment de la gueule dudit bobo.

J'accepte le chambrage de bon cœur, d'autant que ce prototype m'est tout à fait sympathique. Le type en question a du fric; il pourrait donc sagement vivre dans le XVIème et lire calmement les pages saumon du Figaro dans un fauteuil Louis Philippe, sans jamais croiser quelqu'un de bronzé.
Mais non: il préfère vivre dans un hangar d'artiste, dans un quartier coloré, et s'ouvrir au monde dans toute sa variété en assistant à des expos avant-gardistes et en allant voir des films d'ailleurs (pour aller à fond dans le cliché, là aussi).
Encore une fois, je suis bien d'accord qu'il y a de nombreuses limites à cet exercice. Le hangar d'artiste a certainement été refondu en un loft très confortable, le quartier coloré se dépeuple fortement de sa composante populaire alors que les loyers montent en flèche, etc. N'empêche que ce choix de vie, ouvert, curieux, et alternatif, a toute ma sympathie.

Mon vrai problème avec le terme de bobo est qu'il a pour beaucoup quitté son image de caricature (pertinente et sympathique), pour devenir un repoussoir agressif - fortement politisé. Tu es bobo, donc tu n'es pas sérieux, tu es un pauvre guignol qui se rend intéressant à jouer au pauvre alternatif, mais tu pues l'hypocrisie. Tu es et resteras d'abord et avant-tout un bourgeois. Et surtout, disons le, tu n'as pas le droit d'être de gauche! Eternel argument à la con.
Et ça, ça m'énerve prodigieusement. Non, ce n'est pas parce qu'on a du fric qu'on doit refuser plus de solidarité. Le riche a bien le droit de voter à gauche; les pauvres votent à droite de toute façon! Et ce n'est pas parce qu'on peut se payer un appart' dans un immeuble calme d'un quartier authentiquement bourgeois qu'on a tort de vouloir s'installer dans des coins plus populaires. (Certes, ça aura pour effet secondaire de faire monter les loyers et de virer les vrais populaires, mais croyez-vous vraiment que les bourgeois "pur jus" n'auraient pas colonisé le quartier eux aussi?)

Bref.
Encore une fois, la plupart des vannes qui me sont envoyées sur ce sujet ne me dérangent pas du tout, car elles visent les vraies petites ambiguïtés du bobo, sans porter de message politique agressif. Mais je me méfie, car ce terme est une arme très puissante pour les argumentaires de droite: en deux syllabes, ils peuvent décrédibiliser n'importe quel contradicteur, comme ils le firent avec le funeste terme de "gauche caviar" (lui aussi pertinent dans certains cas, mais utilisé à toutes les sauces).
Notez qu'on est en train de vivre la même chose en symétrique avec le terme de droite bling-bling - même assonance, même percutant, même cliché. Il est pour l'instant attaché à quelques hommes politiques en particulier, mais si il s'étendait à l'ensemble des bourgeois "pur jus" dans les semaines qui viennent, il serait tout aussi injuste - et tout aussi puissant.

dimanche, mars 23, 2008

Planer au cinéma



La chronique cinéma de la semaine est placé sous le signe de la rêveir avec A bord du Darjeening Limited et Be Kind Rewind (ou Soyez sympa, rembobinez pour le titre français raté). Deux films très personnels mais accessibles, dont on sort de fort bonne humeur.

En voiture Simone avec le Darjeening Limited, cette promenade en train type Orient Express de trois frères plus décalés les uns que les autres, dans une Inde de carte postale. Il s'agit du troisième film de l'inénarrable Wes Anderson, le réalisateur de la mythique Vie Aquatique passé maître en ambiances ouatées, personnages planants et travelling poétique au ralenti.
J'ai retrouvé avec plaisir la patte acidulée de ce vieux Wes, d'autant que tous ses acteurs sont parfaits dans leur rôle en apesanteur. Cela dit, à la différence de ce que j'ai lu dans plusieurs critiques qui fêtent ce film comme un œuvre majeure d'une élégance folle, je n'y ai pas vu beaucoup plus qu'un bon moment plein de charme.
Ce qui est déjà beaucoup, notez.

J'ai plus clairement été conquis par Be Kind Rewind, film là aussi porté par son inimitable réalisateur Michel Gondry. Réfractaire aux effets spéciaux compliqués, Gondry pond comme à l'accoutumée un film super-inventif bricolé avec trois bouts de chandelles et quelques personnages hyper attachants.
L'histoire est au diapason: un vieux propriétaire d'une vidéothèque de quartier poussiéreuse laisse les clés de la boutique à son assistant pendant quelques jours. A peine a-t-il le dos tourné qu'un troisième larron démagnétise toutes les bandes. Pour ne pas décevoir leurs rares clients, les deux compères se décident de tourner à la va-vite des remakes maison des différents films qui leurs sont réclamés. D'où moultes rigolades et de beaux moments de poésie autour des effets spéciaux bricolés.
Cérise sur la gateau, l'histoire est mignone et assez juste, et les acteurs excellents, l'halluciné Jake Black en tête. Et mentionnons finalement que le site officiel du film est excellent, et donne accès aux remakes tournés par les deux héros, pour une rigolade supplémentaire après le film!

samedi, mars 22, 2008

Avis au lectorat

Ami lecteur,
si je ne t'ai pas eu par mail le mois passé, pourrais-tu m'envoyer un message (sur mon adresse wanadoo) afin que je remette à jour ma liste de contact, disparue lors de la réinstallation PC.
Il est fort possible que tu aies envie de profiter du mail général que je ne manquerais pas d'envoyer pour fêter l'arrivée de Bob, quelque part dans le mois qui vient...

Si l'UIMM m'était contée

Non content d'être toujours une émission des plus intéressante sur les travers des médias, Arrêt sur Images donne une seconde chance aux citoyens un peu distraits comme moi pour comprendre la vraie portée de certaines informations. Il y a quelques mois, ils m'avaient déjà permis de mieux comprendre la ténébreuse affaire Clearstream en m'encourageant à ne pas me laisser distraire par une péripétie secondaire (le bidouillage des listings pour incriminer des hommes politiques), qui cachait le vrai problème du blanchiment d'argent à niveau quasi industriel, et sur le sol européen.

ASI met en ligne une émission du même acabit consacrée à la caisse noire de l'UIMM. Bien qu'elle plus facile à comprendre que Clearstream (il ne s'agit après tout que d'une bête histoire de corruption), force est de constater que je me suis vite satisfait des explications officielles: il s'agirait d'une ancestrale histoire de financement des syndicats, nous a-t-on dit. Et quand l'affaire revient sous le feu des médias, c'est sur des histoires finalement très secondaires de personnes: Gauthier-Sauvagnac contre Parisot.
Si vous regardez l'émission (qui est accessible à tous les internautes, même aux non abonnés à ASI), vous serez sûrement comme moi sous le coup des questions majeures sur lesquelles nous ne nous sommes pas arrêtés. Est-on sûr de la destination des fonds? Pourquoi personne ne fait-il état de l'hypothèse la plus nauséabonde (et pas la moins probable): une partie de l'argent aurait servi à acheter des votes parlementaires pour des lois écrites par l'UIMM? Pourquoi la justice est-elle exceptionnellement lente sur le sujet, laissant le temps au puissant Gauthier-Sauvagnac de négocier (et monnayer) le pacte du silence avec l'UIMM? Alors que dans le bureau d'en face du juge d'instruction chargé de l'affaire travaille Van Ruinbeck, autrement plus actif sur un dossier impliquant le petit Kerviel? Et pourquoi personne ne souligne t-il que Sarkozy (alors ministre des finances) et Breton ont été mis au courant de l'affaire il y a plus de trois ans, sans rien entreprendre?
En plus, l'émission nous donne l'occasion, en marge de toutes ces questions centrales, de mieux comprendre le quotidien d'un journaliste d'investigation financière... particulièrement succulent quand il raconte que son employeur d'alors, le Figaro, pas particulièrement hostile au Medef, a bien été obligé de publier ses premières révélations.

Bref, je vous encourage à y jeter un oeil, en vous avertissant qu'il m'a fallu bien dix minutes pour accrocher véritablement au débat. Une fois cet effort fait, c'est passionnant, et je pense que le sujet mérite vraiment qu'on s'y attarde une petite heure.
S'il vous reste deux-trois minutes à la fin du visionnage, cet article d'alternatives économiques sur les tenants et aboutissants de la gueguerre Parisot-Gauthier Sauvagnac est aussi très instructif.

jeudi, mars 20, 2008

Craquage politique


Moi qui avait tant la foi en Nicolas Sarkozy, en la renaissance de la France par un président, jeune, dynamique, décompléxé et moderne, je vous avoue que la soirée électorale de dimanche m'a laissé au fond du trou. Tout flagada. Plus le goût de rien.
Ce n'est pas tant la glifle inflingée à Nicolas qui m'a fait mal: je m'y attendais. Non, ce qui m'a affligé, c'est de voir la façon dont la majorité à minimisé la chose.

Ridicule.
Minable.
Et insultant.

Moi qui rêvait d'un président différent, droit dans ses bottes, loin des petits jeux politiciens, j'aurais voulu qu'il encaisse la nouvelle de front. Comme un homme. Sans nous mentir. Mais quoi à la fin, Nicolas n'est-il pas ce super-héros courageux et sans arrière-pensées?
Passe encore qu'il se planque pendant la dérouillée (bien que cela ne colle déjà pas trop à l'image d'intrépide maker qu'il a vendu aux gogos). Mais le niveau zéro de la dignité, c'est le jeu de dénégations ridicules auxquel se sont livrés ses sbires.

"Les français nous sanctionnent parce qu'ils veulent qu'on aille plus loin dans notre politique. Et que l'on la leur explique mieux (parce qu'ils sont un peu cons)"

Enorme.
Faut oser sortir ça, les yeux dans les yeux de la caméra, sans sourciller. Et le maintenir mordicus, encore et encore, sous les quolibets du camp opposé, et le regard goguenard des journalistes. Ouvrir de grands yeux ébahis. Mimer une sainte colère.
A ce petit jeu là, Darcos et Woerth rejoignent Dati et Lagarde dans mon petit panthéon personnel des politiciens capables de te jurer sur la tête de leurs enfants que la Terre est plate, la Tour Eiffel n'existe pas, ou que l'économie libérale est la seule solution à tous les problèmes. Avec un aplomb tel que tu pourrais te demander si tu n'es pas tombé dans un monde parallèle plat, sans Tour Eiffel ni solidarité.
Du grand art.

Je suis d'autant plus retourné que je n'attendais pas grand chose de cette soirée làsur le plan des réactions du personnel politique. Il me semble très artificiel de demander des réactions immédiates à des responsables à peine battus, surtout quand nos braves compatriotes les acclamaient quinze jours avant.
J'aurais considéré comme normales des réactions mollasonnes, pas claires et légérement minimisatrices. Pour tout dire, il me semblerait logique que les battus se disent:
"On s'est pris une rouste parce que nos réformes n'ont pas encore porté leurs fruits, mais je crois que c'est le chemin qu'il faut suivre. On va donc serrer les dents, adoucir un peu notre sauce pour pas se faire foutre dehors, et puis quand on cueillera les fruits de notre travail, on se fera réélire."
En l'espèce, je suis convaincu qu'ils ont tort, mais c'est le jeu de la démocratie qu'ils s'accrochent à leurs idées (de merde). Ils auraient dû enrober un peu ce speech, rester dans le flou, et ils auraient pu retourner à leur tâche destructrice sans trop faire de bruit.

Mais non.
Après probablement des jours et des jours de brainstorming par leurs brillants communicants, ils se sont mis d'accord sur la formidable ligne de défense "En fait les français ils en veulent plus". Il doit falloir faire des études en marketing très poussées pour choisir une stratégie si convaincante.
Je vois d'ici la scène. A la réunion de crise UMP, le vénérable chef de la séance, expérimenté et malin comme un singe: "Les mecs, on s'est chié dessus avec le coup du scrutin local-qui-n'est-pas-national. Faut qu'on trouve autre chose pour le second tour, ou Nicolas il va s'énerver". Silence. Réflexion intense.
Quand soudain, un jeune loup encravaté se lève. "Bon sang, mais c'est bien sûr. Hé, les gars, si on faisait comme si en fait, les gens, ils avaient voté à gauche pour nous dire qu'on n'était pas assez à droite. Tu vois, comme ça on pourrait continuer à faire comme avant". Brouhaha admiratif.
Le vénérable chef de séance: "Bravo coco. C'est super malin. Ils vont y voir que du feu les rouges."


Crédibilité zéro.
Bref...

Cette brillante équipe de communicants a d'ailleurs disparu le lendemain du scrutin, victimes collatérales de leur propre brillante stratégie. Ils ne concédaient en effet à l'UMP qu'une seule faiblesse: sa communication - pavant donc la voie à leur propre éviction. A chacun de déterminer en son âme et conscience si c'est la preuve d'un sens du sacrifice qui confine au martyre, ou d'une bêtise qui dépasse l'imagination.

samedi, mars 15, 2008

Il était temps

Ne nous voilons pas la face: nous nous embourgeoisons.
Fini le temps de la petite piaule spartiate, avec une table, deux chaises, un pieu, un PC branlant et un frigo à bières et pizzas surgelées. Nous avons maintenant un appart' tout bien rempli, et notre équipement flirte avec l'inutile.

Je ne parle évidemment pas du nouveau PC, des deux téléphones, du décodeur satellite ou de la chaîne wifi, perles de technologie qu'il serait barbare de remettre en question. Non, je pense à notre dernière acquisition pour laquelle nous venons de passer la fine frontière séparant le futile amusant de la dépense franchement inutile. Après plus de cinq ans de vie commune, Elena a réussi a me convaincre d'acheter un aspirateur.
Soupir...

La photo du post illustre l'état du réservoir après le premier passage de la bestiole (pour bien vous rendre compte, vous pouvez cliquer dessus). Les militants de la propreté absolue me feront remarquer que cette pile de quinze centimètres de haut de poussière prouve bien combien cet achat s'imposait.
Je vous avoue pour ma part rester très sceptique: puisqu'on vivait de manière épanouie dans un appart' si poussiéreux selon les canons de l'aspiro, c'est bien que les aspirateurs vont trop loin dans le nettoyage. Non?

Qui aurait soupçonné un tel amas de crasse dans notre nid d'amour, franchement?
...
Mouais.
...
Je veux dire qui à part Ele?
...
Et maman.
...
Et toutes les lectrices de ce blog.
...
Et les lecteurs non célibataires?
...
Alors?
...
Vous voyez.
On aurait quand même mieux fait de s'acheter une deuxième guitare pour guitar hero, les mecs, non?
Je suis sûr que Bob sera d'accord avec moi.

vendredi, mars 14, 2008

Allain Leprest au Bataclan

Tant que nous sommes jeunes, fous et sans attaches, nous croquons la vie à pleines dents. C'est ainsi que nous sommes allés voir Allain Leprest et ses invités mercredi au Bataclan. Et ouais, Elena était enceinte de huit mois, mais c'est pas ça qui va nous bloquer à la maison! (Surtout quand le concert est assis...)
Je vous ai déjà fait de la pub pour Allain Leprest, ce chanteur aux textes magnifiques dont l'audience est assez confidentielle (car le monsieur fuit les honneurs) mais de grande qualité (on ne compte plus les "grands" de la chanson qui en sont fan).

Quoiqu'il en soit, ses textes sont superbes, touchants, justes, énervés, à fleur de peau et de bistrot. Ils ont d'ailleurs pris un sérieux coup de jeune récemment puisqu'ils ont été repris par différents chanteurs sur l'album-hommage Chez Leprest que je vous re-recommande on ne peut plus chaudement. Je vous rappelle qu'il a quand même fini deuxième au Top Vinci 2007, ce qui n'est pas peu dire. Jetez vous dessus avant que le volume 2 ne sorte (il est prévu pour le milieu d'année), sans quoi vous auriez l'impression désagréable d'avoir un train de retard.

Et donc le concert auquel nous avons assisté mercredi était dans le prolongement de cet album. Leprest a chanté quelques uns de ses plus beaux textes avant de s'assoir à la terrasse du bar monté sur la scène, et de regarder ses amis reprendre ses chansons. Parmi mes chouchous, il y avait Olivia Ruiz, mon côté punk, Loïc Lantoine ou Agnès Bihl, mais on peut aussi citer Enzo Enzo, Nilda Fernandez, Daniel Lavoix, Hervé Villard ou Jamait. Vous voyez, il y en a pour tous les goûts!

Comme sur l'album (mais achetez le nom de Dieu!), ces reprises sont des merveilles: les superbes textes sont revigorés par des instrumentations un peu plus péchues, et surtout des interprétations de grande classe.
Mais - petit regret - leur interprétation en concert ne va pas beaucoup plus loin que dans l'album. C'est probablement intrinséque aux "concerts choraux" avec tant d'invités: chacun joue sa petite partition sans trop s'étendre, d'une part pour ne pas trop tirer la couverture à lui, et d'autre part parce que visiblement il ne maîtrise pas aussi bien la chanson qu'il interpréte que celles de son propre répertoire. (Honte quand même à ceux qui avaient besoin de lire leur texte pour ne pas se tromper... pas terrible quand il s'agit de rendre hommage à un grand écrivain de chansons!). Du coup, on a droit à une copie parfaite des chansons (magnifiques) de l'album, mais sans le petit plus du concert.

Ce petit bémol mis à part, le concert était beau, très agréable (puisque les chansons de l'album - l'ai je évoqué? - sont magnifiques), mais c'est surtout ce diable de Leprest qui a apporté l'énorme plus de la soirée: l'émotion. Tous ses amis partis, il nous a re-chanté lui-même trois ou quatre de ses compositions avec une tension et une énergie palpable. Le bonhomme a beau être moins doué que ses potes au niveau de l'interprétation, il est autrement habité par ses textes, qu'il nous envoie frontalement de sa grosse voix rocailleuse.
C'était tout à fait touchant, d'autant que la salle était au diapason. Leprest est peu connu, mais ses fans (de tous âges, ce qui est très sympa) se sont rués sur ce concert de prestige (et qui fera d'ailleurs l'objet d'un DVD). Le concert était complet plus d'un mois à l'avance.
D'autant que - et ça nous l'ignorions en nous y rendant - Leprest encaisse actuellement une grave maladie avec beaucoup de dignité. Quand, sans se plaindre, il nous envoie ses textes sombres et combatifs à la tronche, je peux vous assurer que l'émotion est là... Et que vivre ça en concert, c'est quelque chose...

mardi, mars 11, 2008

Home sweet home

Ah, ce qu'on est bien dans notre appart' réaménagé! Le salon est plus cosy qu'avant, la chambre de Bob est des plus fonctionnelles, la cuisine est devenue bien plus pratique, et notre petite chambre avec coin bureau nous satisfait complètement. Tout cela est bien propre et formidablement agencé, grâce en soit rendue à notre brillante architectrice d'intérieur...

Seul petit point faible: le coin PC.
C'est certes un modèle de multimédia, compact et multi-fonction avec téléphones, télé, chaîne hi-fi et évidemment accès Internet. Je vous passe les nombreux efforts qu'il m'a fallu pour que tout cela fonctionne (Parenthèse informatique à l'adresse de qui ça intéresse: saviez-vous que débrancher puis rebrancher un PC peut foutre en l'air tous ses pilotes vidéo, et que brancher et débrancher une livebox peut lui ruiner son fragile paramétrage? Et oui...), mais nous voila doté d'un centre multimédia du meilleur effet.
A part une petite faiblesse au niveau des branchements... Et oui, pour que toutes ces merveilles technologiques communiquent efficacement entre elles, il ne faut pas moins de 14 branchements qui vont et viennent de l'unité centrale, de l'écran, des baffles, des téléphones et du décodeur (et de la webcam, et du clavier, et de la souris, et de l'antenne...).
Ami lecteur, joue avec Zeblog: clique sur la photo pour la voir en grand, et retrouve ces 14 branchements! En prime, tu pourras voir la connection wifi la plus bête du monde: la Livebox est en contact physique avec le PC à qui elle est par ailleurs reliée en wifi!

Du coup, malgré de méritoires efforts pour passer les fils proprement dans un premier temps, nous héritons maintenant d'une jungle assez peu esthétique. C'est malheureux quand même à l'ère du wireless, n'est-ce pas. (N'empêche, sans notre connection wifi, nous aurions 15 branchements différents, ce qui deviendrait complètement inadmissible).
Il faudra certainement revoir un peu tout cela, ou du moins le cacher élégamment derrière une planche solidement arrimée, pour obtenir notre certification ISO 9000 "baby gambade à quatre pattes".

dimanche, mars 09, 2008

Nous l'attendons de pied ferme


Il arrive... et nous allons le recevoir avec tous les honneurs dû à son rang.
La petite chose de 50 cm n'a pas encore déboulé que le paysage est déjà amplement modifié. Une penderie géante, un nouveau bureau, une bibliothèque, des étagères, deux meubles de rangements, et bien sûr un petit lit et une table à langer se sont matérialisées dans notre appart' pour nous permettre de sereinement attendre son Altesse Bob.

Enfin quand je dis matérialisé... Il a quand même fallu une dizaine d'heure de vissage à toute notre équipe pour réaliser l'exploit.
Je remercie donc tout particulièrement le frangin qui a su émerger d'une soirée bien arrosée pour nous porter main forte, Tomtom a la perceuse magique, Jeff qui a traversé la France pour nous rendre service, Bix qui a sacrifié son ultime soirée parisienne avant la transhumance pour nous soutenir, Alex dont les qualités de visseurs ne sont plus à démontrer, et la Commin family dont les seniors ont avancé les montages multiples tandis que les juniors mettaient l'ambiance, puis testaient le lit.

Bob réalise t-il à quel point il est déjà aimé?

mercredi, mars 05, 2008

Très bon

Ce courrier d'un lecteur de Télérama, court et percutant. Il est intitulé "Méprise". Je cite:
"
Le pauvre ne faisait que lire la réponse à son SMS.
"

lundi, mars 03, 2008

Dexter

On devrait proposer des séances de désintoxication pour les fans achevant le visionnage des Sopranos. Se retrouver comme ça, du jour au lendemain, privé de cette grande série qui rythmait notre petite vie quasiment quotidiennement, c'est rude! Qui plus est alors que la grève des scénaristes a franchement plombé la productivité des séries établies (encore pris en otage...).
Si nous n'avions eu que les pauvres nouveaux Lost anciens the Shield (bof) à nous mettre sous la dent, nous aurions facilement pu sombrer dans la démence la plus profonde. Heureusement, mon bon frangin a bien pris soin de nous en nous faisant une publicité appuyée pour Dexter.

Et il a bien fait d'appuyer sa publicité l'animal, parce que le pitch semblait bien aride. Dexter s'intéresse en effet à un scientifique de la police, très doué, spécialiste es serial killer... et qui se trouve être un serial killer lui-même.
Alors, l'idée a beau être amusante, on ne pensait pas qu'elle pourrait mener très loin. Et surtout nous ne nous voyions pas passer nos soirées à suivre des heures durant les aventures d'une crevure, fût-ce enrobée avec force humour noir et cynisme.

Et bien au contraire, on adhère à fond.
Car voyez-vous, Dexter est un tueur en série qui a le bon goût d'avoir une éthique: il ne tue que les pires assassins - ce qui le rend plus facile à suivre, et à apprécier. Le grand atout de la série, c'est que le personnage est attachant, figurez-vous. Loin d'être un monstre banal, c'est un observateur cynique dont on découvre progressivement la profondeur - et l'humanité. Ce n'est évidemment pas de la grande psychologie, mais ça tient la route et pave une intringue fort bien gaulée, d'autant plus que l'acteur principal est excellent dans ce rôle.
Evidemment, les excellents scénaristes ricains ne se contentent pas de ce point fort (le personnage de Dexter, suivez bordel), mais enrichissent le tout de nombreux ingrédients de qualité: quelques petites énigmes bien foutues, d'excellentes vannes, des personnages secondaires attachants... et surtout une intrigue principale qui nous tient en haleine toute la saison.

Bref, si on n'atteint pas le grand art des Sopranos, on assiste quand même à une série riche, culotée, divertissante, et fatta bene. Ca n'a l'air de rien, mais c'est la plus belle récompense dans une bouche italienne.

dimanche, mars 02, 2008

Et pendant ce temps...


on bosse à l'arrivée de Bob. Grand nettoyage et impitoyable élimination des affaires inutiles. Les plus observateurs devineront la poussette au premier plan.

Bien mais pas top


On ne peut s'empêcher de se sentir chroniqueur potentiel à plein temps quand on est l'heureux rédacteur d'un blog recevant des centaines de visites chaque heure. Il n'est alors de pire punition que de sentir un post potentiel s'envoler. Par exemple, quand le film que je regarde ne me parait ni très bon (envolé le post dithyrambique!), ni particulièrement mauvais (envolé le post destructif!).
Or, les deux derniers films que je suis allé voir tombent exactement dans le ventre mou du "bien mais pas top". Qu'à cela ne tienne, je m'en vais vous en entretenir malgré tout parce qu'il est d'abord intéressant d'apprendre que certains films particulièrement alléchants ne sont pas si formidable que cela (à mon sens), et qu'ensuite mes critiques enthousiasmées à venir gagneront en crédibilité. Non, je ne suis pas cet auguste critique qui sort systématiquement ravi de chaque projection!

Suivons l'ordre chronologique avec Juno, cette petite comédie fraiche sur une ado qui se retrouve enceinte, encaisse la nouvelle avec placidité, et cherche de bons parents adoptifs pour son rejeton. A voir les critiques, on pouvait attendre une merveille de comédie comme les petits studios américains savent parfois le faire, en équilibre parfait entre vannes ravageuses politiquement incorrectes, et tendresse pour des personnages très humains.
Et bien comme vous vous en doutez, je n'ai pas trouvé que le film atteignait ces sommets. Il est tout à fait sympathique, contient quelques très bons moments et un nombre tout à fait respectable de bonnes vannes, mais il n'y a vraiment pas de quoi se bousculer pour aller le voir. Ce n'est pas beaucoup plus qu'un bon moment vite oublié selon moi.

Mais bon, allant voir une comédie, on ne s'attend pas vraiment à sortir tourneboulé de la projection. C'est plus problématique dans le cas du très récent There will be blood, avec l'oscarisé Daniel Day Lewis. Il s'agit d'une épopée ambitieuse, relatant l'ascension puis la chute d'un magnat du pétrole parti de rien au début du XXème siècle. On passe deux heures quarante à suivre la trajectoire du bonhomme, qui est pratiquement de tout les plans, dans le décor rude et fascinant dans la ruée vers l'or noir.
Le sujet est si ambitieux, le réalisateur si chevronné, l'acteur principal si bon et les critiques si reluisantes que nous nous sommes précipités les yeux fermés voir le chez d'œuvre attendu. Et là aussi, la révélation ne fut pas au rendez-vous.
La peinture de l'époque est fascinante, le personnage principal, et pas mal des secondaires, tout à fait intéressants... mais comment dire, c'est lourd, c'est long, et c'est si prétentieux que tous les talents mis au service du film ne réussissent pas à le transcender.
A la fin, on salut la virtuosité de la réalisation, le talent des acteurs, et la qualité de la reconstruction de l'époque... mais les éloges sont forcés. On n'a pas pu s'empêcher de regarder sa montre, et de sortir du film peu à peu. Surtout lors du dernier acte, censé être le paroxysme du film mais qui nous a semblé aller si loin, notamment dans la performance d'acteur, qu'on n'y croyait plus.
Une belle chose, pétrie de talent, mais, osons le dire, qui rate son ambitieux objectif à notre avis. Et à celui des inrocks, une fois n'est pas coutume seul journal au diapason de notre jugement: "Attention, faux chef d'œuvre!"