lundi, novembre 30, 2009

Grand jeu

Sauras-tu classer ces deux photos dans l'ordre chronologique?
Oui, parce que je ne veux pas vous lasser, mais j'ai couru il y a quinze jours un brillant semi-marathon (de Boulogne) dans le temps record d'1h39. Et oui, 8 minutes de mieux qu'il y a six mois.
12 premiers kilomètres dans un rêve, 6 kilomètres suivant sans trop de peine, mais trois derniers kilomètres vraiment dans le rouge. Et de ces deux photos, une a été prise au 20ème kilomètre, et l'autre au dixième...

dimanche, novembre 29, 2009

vendredi, novembre 27, 2009

Making of


Dévoré par la pression, Gael est loin de se la couler douce. Il sait qu'il est à quelques jours de se retrouver mis en scène dans un des montages que le blog publie régulièrement.
Alors il s'entraine d'arrache-pied. Pour vous en mettre plein les yeux (et les oreilles).

Lagarce


Il y a de cela un mois et demi, alors que j'étais absorbé par de hautes tâches (comme réparer l'ordinateur ou regarder un match), Elena a obtenu mon accord pour que nous allions voir une pièce d'un auteur que, malgré la large culture dont vous me savez pourvu, je ne connaissais ni d'Eve ni d'Adam. Il faut dire que j'ai la fâcheuse tendance à accepter les yeux fermés n'importe quel plan foireux pourvu qu'il soit suffisamment loin dans le temps.
Et bien figurez-vous que le temps passant, cet engagement brumeux a peu à peu pris de la substance, si bien que j'ai réalisé dimanche soir que ma soirée du lendemain serait consacrée à assister à l'oeuvre d'un mystérieux sieur Jean-Luc Lagarce.
Croisant les doigts pour qu'il s'agisse d'une comédie de boulevard appelant le rire gras, je me suis renseigné. Le titre semblait, cela dit, en légère contradiction avec cette hypothèse: Juste la fin du monde. La possibilité qu'il s'agisse d'une bluette romantique avait elle aussi du plomb dans l'aile.
J'eus tôt fait de lever le mystère. Effectivement, la soirée s'annonçait bien. La pièce narre tout simplement le retour à la maison d'un jeune homme qui va annoncer à sa famille (qu'il a quitté sans donner d'adresse plusieurs années auparavant) qu'il est sidéen en phase terminale. Situation que devait bien connaitre Lagarce, séropositif emporté par la maladie en 1995.
Youpi.

Vous qui fréquentez régulièrement ce blog, vous devez commencer à connaitre mes effets. Et oui, comme à chaque fois que je mets si longtemps à planter le décor, j'ai été surpris et enthousiasmé par cette pièce.
D'abord, ce n'est pas parce qu'une pièce est triste qu'elle est nécessairement chiante, loin de là. Mais là, il se trouve que j'ai été d'abord surpris par le fait que la maladie du protagoniste principal est plutôt périphérique à l'histoire (même si elle donne toute sa profondeur à ce personnage, et permets quelques parenthèses étourdissantes).
Le vrai sujet, c'est son départ et son retour aussi brusques l'un de l'autre, et comment ils ont été vécu par son frère, sa soeur, sa belle-soeur et sa mère. Ceux-ci sont partagés entre leur amour pour lui, leur compassion pour son malheur, et leur haine devant sa posture d'éternel malheureux qui disparait du jour au lendemain.

Bref, cinq personnages à vif, tiraillés entre amour profond et haine vicérale, se confrontent sous nos yeux pendant deux heures, et s'envoient successivement des vérités à la figure. Un molologue virtuose a à peine achevé de te laisser tout pantelant (pour ne pas dire "sur le cul") que la réplique t'emporte tout aussi violemment. Et ce n'est pas juste une affaire d'éloquence; les arguments dégainés successivement ne cessent de te faire réviser ton jugement sur les personnages.
J'adore ça. C'est même peut-être le genre de situation que je préfère au théâtre.

Encore faut-il que la pièce soit bien défendue. Quand je vous aurai précisé qu'elle est jouée par la Comédie Française, je pense que je vous aurai rassuré. Et de fait, c'est comme d'habitude un plaisir de voir ces maitres-acteurs défendre leurs personnages, sans tape-à-l'oeil mais avec un je ne sais quoi qui te laisse sur le cul (j'ai utilisé mon seul adjectif alternatif, je suis obligé d'être bassement vulgaire). J'ai un respect tout particulier pour l'acteur principal qui a été d'une justesse fabuleuse du début à la fin malgré un rhume carabiné.
Cerise sur la gâteau, la mise en scène est parfaitement sobre. Pas de lourde ambition (genre je te projette l'histoire dans le passé, ou je te sors un décors tarabiscoté) ici, juste de la proximité. J'ai lu par la suite que le metteur en scène voulait importer le gros plan au théâtre: il a donc sacrifié les cinq premiers rangs pour ajouter une avant-scène, ce qui permet des jeux de profondeur - et ravi les veinards qui, comme nous, étaient placés au septième rang!

Alors on dit quoi! On dit merci Elena!

samedi, novembre 21, 2009

Très bon

Cette page du Monde.fr!
Cela dit, je précise pour ceux auprès de qui je ne me suis pas épanché sur le sujet que je ne me rappelle pas avoir regardé un match où l'équipe que je soutiens a été aussi piteuse (et je soutiens le FCNA!) Et qu'à l'inverse, les Irlandais m'ont énormément surpris par la qualité de leur jeu, très largement supérieur au notre mercredi.
Juste pour être clair, quoi.

vendredi, novembre 20, 2009

BD, messieurs dames!

Votre blog préféré, loin d'être sur la pente descendante comme quelques mauvais esprits rivés sur le faible taux de publication actuel aimeraient à faire croire, s'enrichit d'une nouvelle rubrique: la BD. Je viens en effet de commettre une erreur aux lourdes conséquences. Je vous explique.
Bien élevé comme je suis, je n'arrive jamais les mains vides chez mes hôtes (ce qui n'est pas nécessairement le cas pour les anniversaires de ma femme, mais passons). Une heure avant le début de l'invitation, je me suis donc rué Rue Daguerre en quête d'une idée qui réjouira mon pote tout en lui montrant quel homme de goût je suis. J'avais une idée derrière la tête: une BD.
Et là, c'est le drame. Le vendeur étant disponible, la discussion s'engage. Deux minutes (très sympathiques) après, je ressors avec six albums sous le bras, et allégé de 130 euros (en fait, sept albums si on compte l'imagier de Tchoupi, mais c'était pas pour moi (je l'ai déjà lu)).
Me voila relancé dans la BD-philie, semble-t-il. Je me recentre sur la BD moyen format, souvent autobiographique, en noir et blanc, la plupart du temps éditée par des indépendants (il doit y avoir un nom générique pour ça, mais je débute). Et pour l'heure, je m'en prend plein les mirettes. Laissez moi vous conseiller deux petits bijoux, vous verrez de quoi je cause.
Et pour mon pote? Ben à peine la conversation engagée, j'avais complètement oublié jusqu'à son existence. Je lui ai donc offert des chocolats.

Je commence avec Pilules bleues, du suisse Frederik Peters. L'auteur y raconte, en plusieurs chapitres à taille variable, son histoire d'amour avec sa copine Cati, séropositive. Et donc condamnée à absorber des pilules bleues toute sa vie. Pour compléter le tableau, Cati a un jeune enfant lui aussi séropositif.
Vous êtes toujours là? Vous feriez bien, car figurez vous qu'à l'opposé de ce qu'on peut légitimement attendre en lisant ce pitch, la BD est légère, joyeuse, rêveuse et fine. C'est avant tout une histoire d'amour superbement rendue, touchante sans sombrer dans la niaiserie. Et qui permet, en suivant un narrateur s'interrogeant sur ses sentiments, sa paternité, et son rapport à la maladie de sa nana et de son gosse, de faire sauter un certain nombre d'a-priori.
S'attaquer à un tel sujet et laisser le lecteur qui clôt le bouquin dans un état de joie aérienne (et un peu moins con), c'est vraiment du grand art. Et je ne suis pas le seul à le dire.

Et j'en viens à une autre grande BD, par un dessinateur qui ne m'est pas inconnu Alex Robinson. (Sachez que j'ai échangé avec lui par email, moi personnellement. Je voulais lui commander un dessin pour l'anniversaire d'Elena, je me suis fait rembarrer parce qu'il a du boulot par dessus les oreilles, et Elena a rien eu du coup. Mais j'en ai profité pour lui envoyer quelques blagounettes, auxquelles il a répondu par d'autres blagounettes. C'est mon pote, autant dire).
J'avais en effet déjà énormément apprécié ses précédentes BDs, De mal en pis en tête. J'en ai d'ailleurs probablement parlé à l'époque sur le blog (vous pouvez l'acheter les yeux fermés). C'est donc sans doute aucun que je me suis jeté sur sa dernière création Plus cool tu meurs.
Il s'agit là d'une histoire plus resserée, occasion pour Alex (mon pote) de quitter les albums choraux qu'il affectionnait jusque là. Un quadragénaire, moyennement convaincu mais poussé par sa femme, décide de se soumettre à l'hypnose pour essayer d'arrêter de fumer. Il se trouve projeté dans ses années collèges, alors qu'il allait allumer sa première clope, et va revisiter son quotidien de l'époque pour éviter de sauter le pas.
Voilà qui offre une réjouissante balade dans nos années collège, suivies par le regard distancié d'un quadragénaire. Le ton est toujours juste, et on navigue avec bonheur entre franche rigolade et moments touchants (notamment autour des premiers amours). Jusqu'à ce qu'on en vienne à comprendre ce qui a justifié la fuite dans la tabagie. Difficile d'en dire plus sans déflorer le dénouement. Disons simplement que le livre change alors complètement de tonalité, avec beaucoup de bonheur et de force.
Robinson est déjà brillant d'ordinaire dans sa façon de narrer des histoires complexes avec fluidité, à manipuler les tonalités (humour, sensibilité) et à imaginer de belles trouvailles graphiques. Mais c'est quand on en arrive à la fin qu'on comprend toute la maitrise du bonhomme.

Sincèrement, ces deux albums sont vraiment à couper le souffle. Que vous aimiez la BD ou non, vous serez tous retournés dans les deux cas.

vendredi, novembre 13, 2009

On est dans le journal!

Et attention, pas n'importe lequel! La bible de la qualité: le Parisien! Voici l'article en question.
Mais on épargnerait bien ça à Gael...

mercredi, novembre 11, 2009

Quatre films, un seul prophète

Bien que je ne visite pas frénétiquement les salles obscures ces temps-ci, j'ai quand même réussi à m'arracher à mes devoirs paternels à quelques reprises ces derniers temps. Voici donc une petite chronique ciné qui sentira pas mal le réchauffé...

Une rapide exécution de Démineurs de Katheryn Bigelow. Enorme déception! Alors que j'aime d'ordinaire bien les films de la très sous estimée réalisatrice (notamment le formidable Strange Days), alors que le concept (filmer sur un faux rythme l'étrange quotidien des démineurs, perpétuellement confrontés à un danger invisible) était alléchant et la critique favorable, j'ai trouvé le film d'une bêtise sans nom. En deux mots: Comment avoir peur de terroristes qui n'ont jamais l'air de mettre de détonateurs dans leurs engins (ou alors qui laissent l'interrupteur de la bombe au rez-de-chaussé de leur immeuble quand ils habitent au dixième)?
Promesses et déception du film sont pour moi résumées en une scène. Les héros tombent dans un guet-apen en plein désert, et doivent attendre des heures sous un soleil de plomb en tenant en joue leurs ennemis, planqués dans une maison à un bon kilomètre de là. Sublime scène montrant un aspect insoupçonné de la guerre (se tenir immobile à des centaines de mètres de distance) en en rendant toute la tension dramatique, disent les critiques. Personnellement, je préfère me poiler longuement devant cet extraordinnaire concept du guet-apen tendu en plein désert, qui n'a l'air de choquer personne! Ils sont pointus les terroristes: "j'ai un plan qui déchire, on va se terrer dans une maison délabrée au milieu de rien et je suis sûr que d'ici deux-trois ans, un camion américain viendra s'arrêter juste là. On va les canarder, ça va être du velour!"
J'ajoute que le héros-taciturne-mais-qui-a-trop-la-classe-la-preuve-il-joue-au-foot-avec-un-gamin-du-cru mérite des baffes.
Bref. Venons-en aux choses dignes d'intérêt.


Mary & max est un film d'animation en pâte à modeler qui sort des chantiers battus, c'est le moins qu'on puisse dire. Jugez plutôt: il nous narre l'histoire d'une jeune Australienne, vilaine, complexée, et vivant dans une famille peu amène, qui écrit à un Américain tiré au hasard dans l'annuaire. Elle tombe sur un quadragénaire à la frontière de l'autisme, vivant seul dans un New-York déprimant. Nait une relation épistolaire décalée qui dure sur une décennie, sans que les deux héros ne se rencontrent jamais.
Cette étrange histoire a été filmée sur des années pour un budget minimal par un australien qui a pratiquement tout fait tout seul. On ne peut qu'être impressionné par la réussite graphique, par l'originalité de l'univers imaginé et par tout un tas de scénettes désopilantes d'humour noir.
Seulement voila, la distance est dure à tenir avec un sujet si ténu. Et je dois avouer que, passée une première dizaine de minutes enthousiasmante, et la plaisante demie-heure qui a suivi, je me suis essoufflé et j'ai dû me faire violence pour ne pas regarder ma montre.
J'ai heureusement pu me détendre en regardant les parents un peu naïfs, qui ont emmené leurs enfants voir le film sans trop lire le synopsis, se décomposer au rythme des blagues très noires qui emportent un certain nombre de personnages... "Papa, elle est vraiment morte la maman?"


On reste un peu dans le noir avec Rien de personnel. Son jeune réalisateur belge (c'est son premier long métrage) a su réunir la fine fleur du cinéma françophone autour d'une histoire qui taille des croupières à notre cher monde de l'entreprise. Denis Podalydès, Jean-Pierre Darroussin, Mélanie Doutey, Bouli Landers, Zabou Breitman, Pascal Gregory...
Outre la qualité de la distribution et l'acidité du propos, la réussite du film tient surtout à sa construction. La même soirée est racontée d'un premier point de vue, puis d'un second, avant que l'histoire complète ne nous soit montrée. On découvre donc progressivement toute l'habilité de la narration, sans toutefois que le procédé soit trop lourd (les deux premiers points de vue ne durent pas plus du tiers du film à eux deux).
Évidemment, il est dans ces conditions difficile de raconter précisément de quoi il en retourne sans largement faire perdre de son intérêt au film. Voila qui explique une bande annonce assez bancale. Le film vaut beaucoup mieux!


Enfin, mieux vaut tard que jamais, mon chouchou des deux mois derniers est sans contestation un prophète d'Audiard. Il nous y montre l'évolution d'une petite frappe en prison. Incarcérée pour on ne sait quelle raison, il finit par faire sa place dans la prison, pour y grandir encore et encore.
Voila par contre un film qui tient admirablement la distance. Pourtant, sur le papier, la chose parait risquée: 2h30 entre quatre murs (ou presque), à suivre un héros assez illisible et pas uniquement sympathique, et vous allez me dire que ça vous passionne sans temps mort du début à la fin?
Oui, sans discussion possible. Ce monsieur Audiard a vraiment la classe pour ce qui est de narrer une histoire complexe sans jamais relâcher la tension, et en plus pour dénicher l'acteur, jusqu'alors inconnu, qui incarnera sans fléchir son héros en étant à l'écran 90% du temps.
Du grand cinéma, qui laisse quelques images fortes dans la tête pour très longtemps.

vendredi, novembre 06, 2009

Deuxième couche de wire


C'est officiel. Elles sont maintenant trois.
Trois séries au sommet, dans mon panthéon personnel, loin, très loin, au dessus des autres. Dexter (2 premières saisons), Friends, Desperate (premières saisons), et même New York Police Blues, c'est du très bon, du super divertissement et de la qualité, mais c'est vraiment loin au dessous de ces trois là. Les Sopranos. Six Feet Under.
Et donc, The Wire (ou sur Ecoute, en VF). Je vous en ai déjà parlé alors que nous finissions la première saison, déjà bien impressionnés. Maintenant que nous avons terminé ses cinq saisons cohérentes, variées, intégres et passionantes, je me dois d'en remettre une couche d'en l'espoir de contaminer quelques nouveaux fans (sachant que pour l'heure, les cinq personnes que j'ai convaincu de regarder quelques épisodes sont devenues instantannément des fans absolus, qui ont englouti ses 60 heures avec le même bonheur que nous).

Il s'agit donc de cette série qui, sous prétexte d'enquête policière ("sur écoute"), dévoile les côtés sombres de Baltimore. Les coauteurs maîtrisent le sujet: anciens journalistes, ancien enseignant pour l'un d'entre eux, ils ont passés un an de leur vie à un coin de rue, à observer la vie quotidienne des dealers qui y étaient installés. Expérience dont ils ont tiré un livre et une minie-série, embryon de The Wire.
Les côtés sombres de Baltimore, c'est essentiellement la drogue bien sûr. Mais sa mécanique est complexe, et la série s'attache à en montrer tous les aspects, méthodiquement, saison après saison. La première est centrée sur l'organisation de dealers de l'ancienne école; la deuxième sur l'approvisionnement en drogues avec la complicité plus ou moins volontaire de syndicalistes des docks; la troisième sur la politique et la montée en puissance de la nouvelle école des dealers; la quatrième sur l'éducation et la cinquième sur la presse.
On en ressort grandement enrichi sur le fonctionnement de cette mécanique monstrueuse, mais également humaine. Mais d'abord et avant tout, on y a croisé une centaine de personnages, riches et intéressants, superbement écrits, superbement joués. C'est le pied. On ne ressort pas indemne d'une rencontre avec Omar, Bubs, Stringer ou Bunk.

Car The wire est non seulement une série intelligente, mais surtout passionnante. C'est grand. Enfin, ce que j'apprécie tout particulièrement, c'est que les auteurs ne choisissent jamais de la facilité. Ils n'hésitent pas à sacrifier des personnages charismatiques pour la cohérence du propos. Pour autant, ils ne sombrent pas non plus systématiquement dans le désespoir: certains personnages s'en sortent bien, d'autre mal, des deux côtés de la loi. Certains, d'abord sympathiques, se révèlent bien plus complexes, et vice et versa. Tout en restant parfaitement cohérents.
Prenez vous par la main, et regardez trois-quatre épisodes de la première saison, quoi!

mardi, novembre 03, 2009