mardi, octobre 13, 2009

La route


Après avoir présumé de mes forces en me lançant le dernier livre de Cormac McCathy, La route, en VO, je m'y suis plus raisonnablement attaqué dans une traduction bien de chez nous. Ce délais a bien fait les choses car il a permis à l'auditeur fidèle du Masque et la Plume que je suis, avisé par les lettres d'auditeurs traumatisés par cette oeuvre sombre qui rythment depuis plus d'un an les critiques littéraires, de me préparer un cadre de rêve pour entamer cette âpre lecture: le petit week-end crapuleux que nous venons de nous offrir au soleil de Marrakesh.
Et bien il est exact que c'est une lecture que je conseillerais plus aux vacanciers bien dans leur peau qu'aux dépressifs cherchant un bouquin à lire un soir de Noël solitaire dans un faubourg de Valencienne battu par la pluie. Plusieurs années après une catastrophe mondiale dont on n'apprendra rien mais que j'imagine nucléaire, la plupart de la vie a disparu d'une Terre dont l'atmosphère est saturée de poussière. Le soleil est invisible, la végétation et la faune depuis longtemps disparues.
Dans ce paysage de cauchemar, un survivant suit une autoroute vers un Sud qu'il espère moins désespérant en compagnie de son jeune enfant. Débrouillards, poussant un caddy contenant leurs quelques précieuses possessions (boîte de conserve, bâche pour s'abriter de la pluie, un pistolet dans lequel il reste deux balles), ils cherchent à survivre à la nature hostile (et non nourricière) et aux hordes de survivants organisés en tribus cannibales.
Evidemment, ce livre n'est pas un simple roman d'anticipation, gorgé d'aventures trépidantes. Il s'agit plutôt d'une plongée dans cet univers sans concession, mât et désespérant. Un monde qui nous est brillamment rendu dans un style sans artifice, en petits paragraphes réunis en un chapitre unique, si sobre qu'on n'apprendra ni le nom ni l'allure des deux héros. Et qui permet quelques jolies méditations sur l'intérêt de survivre dans ces conditions et sur les dérives qui ont poussé l'humanité dans cette impasse. Et c'est aussi un monde aussi où brille l'amour infini d'un père pour son rejeton...
C'est beau comme tout, une expérience de lecture que je vous conseille d'autant plus qu'on ne s'ennuie pas une seconde (si ce n'est pas un bouquin de science fiction pour ados, il y survient quelques péripéties tout de même, distillées bien comme il faut), et que l'expérience est rendue assez soutenable par le fait que le bouquin n'est pas bien épais.
Mais essayez d'avoir un paysage comme ceux-ci sous les yeux lorsque vous l'attaquerez!

1 commentaire:

Une qui vient de dîner a dit…

Ben entre cette littérature apocalyptique et les photos d'une décharge à ciel ouvert quelquepart en Normandie (adressées à des privilégiés), je comprends mieux que le lecteur de la première et le réalisateur des secondes aient eu envie de se ressourcer qui à Marrakech, qui en Turquie! Respirer les senteurs d'épices sous un ciel lumineux c'est autrement plus cool !!!!