lundi, avril 28, 2008

Faites la zique, pas la guerre

Vous m'excuserez, cher lecteur, de ne pas m'étendre face à l'avalanche de sorties d'album sus-citée. Vous comprendrez certainement que j'ai moins de temps que d'ordinaire à consacrer à ces critiques exhaustives qui font votre joie. Il faut croire que les gros malins du marketing musical n'avaient pas pris en compte la naissance de Gael, qui allait m'empêcher de consacrer à tous leurs albums la place qu'ils méritent ce qui, quand on connait l'extraordinnaire portée de mon blog, va certainement ruiner la carrière de groupes pourtant méritants, conduire à la faillite de nombreuses maisons de disques, mettre des milliers de personnes au chômage et amplifier les crises des subprimes et de l'alimentaire.
Conscient de mes responsabilités, je vais quand même vous dire deux mots de certains albums, ne serait-ce que pour que ces crises restent d'une ampleur relativement contrôlable. Je serais nâvré que mon emploi du temps trop chargé entraine, de fil en aiguille, quelques guerres civiles ou un cataclysme nucléaire.

Alors je vais passer vite sur:
  • le dernier dEUS, tristement mollasson. Il n'est pas désagréable à écouter, mais où est la fureur, l'inspiration virtuose et habitée des quatre premiers albums? Mes anciens chouchous m'ont tout l'air, avec vantage Point, de glisser vers une pop plus grenadine. (Il est en fait plus probable, connaissant les oiseaux, qu'ils aient suivi une voie ambitieuse pour ce nouvel album qui, malheureusement, m'échappe complétement);
  • pour faire court, je dirais que le dernier Moby me semble absolument sans intérêt;
  • j'ai un peu de mal avec le dernier Portishead. Mais il mérite plus d'écoutes avant un jugement définitf. (Je précise que le dEUS et le Moby ont aussi devant eux d'autres écoutes avant que mes cruelles chroniques ne soient irrémédiablement gravées dans le marbre);
  • le dernier Bashung est très sympa. Mais comme souvent avec lui, je trouve que ses chansons se ressemblent beaucoup, ce qui fait que je n'arrive jamais à écouter plus de trois ou quatre d'entre elles en leur prétant vraiment attention!
  • et enfin, le dernier Gnarls Barkley me semble bien intéressant. La musique est riche, et explore différents univers bien plaisants, quand de son côté le chant très particulier donne une patte reconnaissable et sympathique au duo. Un deuxième album qui montre que le groupe rebondit.
Je vais par contre consacrer plus de place à mes deux chouchous actuels.
Commençons par Grand Corps Malade, dont le deuxième album "Enfant de la ville" confirme que nous n'avons pas affaire à un simple effet de mode. S'appuyant sur une musique pas si secondaire que ça, le bonhomme met en valeur ses jolis textes, qui font évidemment tout l'intérêt de ses productions.
Ce qui me plait particulièrement, c'est que d'une part il creuse le sillon de son premier album en reprenant, avec la sensibilité et la justesse qui est la sienne, ses thèmes favoris: le slam (J'écris à l'oral), la ville (je viens de là) ou sa trajectoire personnelle (Rétroviseur). Mais parallèlement à cela, il enrichit son répertoire en abordant d'autres thèmes, et en empruntant des tons nouveaux. Il est en particulier très à l'aise dans l'humour, sur les superbes Underground et L'appartement.
En plus de cela, en se positionnant les deux pieds dans la banlieue dans l'opposition ville/campagne sur Enfant de la ville, il m'a refilé de nouveaux arguments dans mes joutes avec les parisiens fuyant la capitale pour de vertes villes provinciales!

Mais mon grand coup de coeur va à Camille, dont le troisième album Music Hole, me plait follement Je ne suis pas de ceux qui, saturés par une promo trop massive, trouvent l'album intéressant mais trop tarabiscoté. J'accroche complétement à ses bidouillages vocaux les plus complexes: c'est beau, c'est malin, c'est original, c'est foufou, et l'artificiel de la chose ne me choque pas: ça péte même la vie!
Voila encore une artiste qui ne se contente pas de vivre sur son succès passé, pas plus qu'elle ne veut absolument le renier pour se lancer dans un champ complétement vierge: Music Hole va plus loin, et un peu ailleurs, que le fil. Avec pêche, talent, et intelligence.
Vivement le concert du 28 mai, lors duquel nous allons nous arracher à nos couches pour la première fois pour vivre une soirée de jeune couple!

samedi, avril 26, 2008

Etude de Gael


Non, je ne suis pas du tout un Papa gaga. Mais voici, pour ceux que ça intéresse, une petite série de clichés sur le plus beau bébé du monde.

PS: Je vous promets, le blog ne deviendra pas un repère de gaga-itude. M'enfin, là, il est quand même craquant, non?

De retour dans la cour des grands

Après un match titanesque contre ses rivaux acharnés de Montpellier, le FC Nantes a arraché un brillant match nul à la maison, significatif de remontée mathématiquement assurée en Ligue 1. Les Messi, Cristiano Ronaldo et autres Kakà peuvent trembler, la coupe des champions 2010 sera brandie par Loïc Guillon, Yoann Poulard et William Vainqueur, pour ne citer qu'eux!

jeudi, avril 24, 2008

La bataille commence


Pour autant que je déteste les pubs, qui nous glissent leur camelote pour une bonne blague, j'ai tellement ri en regardant celle-ci, envoyée par ma maman, que je vous la partage.

PS: En plus, moi j'ai pas vraiment besoin de rasoir pour lutter!

mercredi, avril 23, 2008

Avant le 14 avril...




  • Je ne savais pas lire d'une main seulement;
  • je ne savais pas cuisiner des endives aux jambons sous les directives d'Elena;
  • je ne connaissais pas les programmes de France Inter, à toute heure du jour et de la nuit;
  • je ne faisais pas deux lessives par jour;
  • je n'étais pas bilingue "modulation des cris/besoin fondamental";
  • je ne m'amusais pas à deviner quelle heure de la nuit il était en me basant sur la fréquence des rames de RER;
  • je ne descendais pas les poubelles tous les jours;
  • je n'évaluais pas systématiquement la qualité du caca qui m'étais présenté;
  • je n'aurais jamais accepté qu'Elena montre ses nichons en public;
  • je ne ramassais pas de tétine toutes les deux minutes, sans m'énerver;
  • je n'aurais jamais laissé mon PC rencontrer un problème sans chercher à le résoudre immédiatement;
  • je n'étais pas expert dans les mécanismes de la lactation;
  • et je ne me réjouissais pas quand je n'avais été réveillé que deux fois dans une nuit!

dimanche, avril 20, 2008

Films fai da te


Surfant sur la mode des films "suédés" (ou faits à la maison), popularisée par le génial Mickael Gondry dans Be kind, Rewind, de gentils allumés revisitent des films connus avec trois francs six sous. Dont, ci-dessus, Star Wars.

vendredi, avril 18, 2008

Pub


Gael a choisi pour vous les canapés "Canap'". Canap', des canapés ousqu'on est bien!

Les canapés Canap' ont été mis au point en soufflerie pour résister aux projections de lait, ainsi que de substances fécales.

The communicants strike back.

Et notre feuilleton sur les communicants, passés de l'UMP à la gestion de la crise olympique, continue (grâce à Arret sur Images). Leçon du jour: le subtil déni:

jeudi, avril 17, 2008

Le blues de Saint-Vincent

Nous sommes ravis de ce qui nous arrive. Ra-vis.
Ravis évidemment, d'abord, surtout, quasi-uniquement par le petit bonhomme, plutôt (très) mignon, plutôt calme (pour l'instant), et plutôt très très adorable. Vous jugerez sur pièces. C'est une star, c'est une vraie bombe.
Mais nous sommes ravis aussi de la façon dont se sont déroulés l'accouchement et les trois jours à la clinique qui l'ont suivi. Le personnel, des sages-femmes aux infirmières, était absolument adorable rassurant, doux, détendu. Du bonheur. A croire qu'elles ont une épreuve de gentillesse, coefficient 9000, à l'examen final de leurs études. Croyez-moi, c'est un plaisir de se faire cajoler, rassurer, par un personnel compétent, disponible, et avec le sourire.

Il faut dire qu'il est aidé en cela par l'organisation de la clinique elle-même. Véritable petit village enclavé dans Paris, la clinique (publique et gratuite) Saint Vincent de Paul se présente sous forme d'une succession de bâtiments de deux à trois étages, la plupart assez anciens, séparés par des petites routes verdoyantes.
C'est calme, c'est tranquille, c'est tout mignon, et les différentes unités (du moins celles que nous avons côtoyées) sont à taille humaine. Le pied. On peut y accueillir dignement des patients, au lieu de traiter des cas à la chaîne.

Mais quel gâchis, vous allez me dire! Quel manque d'efficacité, quel archaïsme! C'est bien beau, toute cette humanité, ces soins à taille humaine, ce petit havre de paix, mais ça doit coûter les yeux de la tête! Et c'est des sous à nous, vu que c'est public et gratuit! In-ad-mi-ssible!
Et bien je vous rassure, chers contribuables. Les différents services de Saint-Vincent-de-Paul vont bientôt (en 2011 il semblerait) migrer vers un nouveau bâtiment, moderne, efficace, et froid comme il se doit, de l'autre côté de la rue, à l'hôpital Cochin. Et comme un bonheur n'arrive jamais seul, on aura également besoin de moins de personnel puisqu'on fusionnera les deux maternités. On ne sait pas ce que deviendra le site de Saint-Vincent, ni même s'il restera dans la main de l'Etat.

Alors évidemment on continuera à être bien traité, à Cochin. Evidemment les bébés naîtront en aussi bonne santé là-bas qu'ici. Et peut-être même que le personnel réussira à rester agréable, dans les locaux plus antipathiques et avec un rythme de travail plus effreiné.
Mais bordel, va-t-on continuer longtemps à effacer, rationnaliser, gommer, tous les "petits trucs en plus" qui subsistent encore de ci de là? Tout ce qui est gratuit, inefficace, doit-il à tout prix être ramené dans le rang pour économiser trois francs si sous, même si ça donne lieu à des souvenirs inoubliables? Est-ce qu'on veut vraiment laisser à tous nos petits Gael un monde hyper-fonctionnel, hyper optimisé, mais si froid et sans surprise?

Putain, on y était si bien dans cette clinique... Les esprits tatillons nous feront remarquer que si on se dépêche un peu, on peut y faire naître la soeur ou le frère de Gael... Mais ce qui est sûr, c'est que Gael n'y assistera pas à la naissance de son gamin à lui.

mardi, avril 15, 2008

Tous ensemble tous ensemble!

Quel beau symbole que de voir le jour de la naissance de Gael nos deux nations converger à nouveau, dans leur vision du monde et de la société! Et rejoindre une Europe de la même couleur, bleu froid.

Nous tenons à chaudement remercier tous ces braves électeurs, des deux côtés des Alpes, qui surmontent leur légitime rejet de la politique afin, tout de même, de se rendre aux urnes. C'est pas facile, quand on est un pauvre-électeur-dégouté-de-la-politique, surtout quand on voit les impots qu'on paye.
Et de porter à bout de bras au pouvoir des hommes politiques qui ont la sagesse d'être pragmatiques, de fuir des rhétoriques archaïques de partage, et qui vont de l'avant dans le monde tel qu'il est.
Voila qui fait entrer de plein pied nos deux beaux pays dans le XXIème siècle, dans un paysage sans générosité, sans partage, sans solidarité, dirigée seulement par les valeurs du pognon et de la feuille d'impôt. Un monde froid, fonctionnel et mécanique, sans rêve ni chaleur.

Gael vous remercie chaudement pour cette vision courageuse, à long terme, pauvres petits "dégoutés de la politique".
Et vous emmerde.



PS: De notre côté, nous n'avons pas les mêmes valeurs, pauvres rebuts minoritaires que nous sommes. Malgré le grand bonheur qui illumine nos journées, nous trouvons le temps d'avoir mal devant cet égoïsme en situation de monopole.
Si vous voulez faire un tour du grand côté de notre bonheur, par contre, le lien d'hier fonctionne toujours, et pointe vers un plus grand nombre de photos. Je continuerai à l'approvisionner pendant quelques temps, disons au moins un semaine.
Regardez donc ce futur qui chante!

lundi, avril 14, 2008

Gael est né!

IntroducingGael

Le petit Gael est né ce jour, à 2h40. Il pése 3kg700 mais est plus fort que n'importe quel bébé. L'accouchement s'est bien passé, et la maman et le bébé vont très bien.

vendredi, avril 11, 2008

Chronique musicale

Ca y est, c'est le printemps, et ça tombe de tous les côtés. Pour une raison qui m'échappe, les distributeurs de disques s'évertuent à lancer les albums dans des périodes très spécifiques: c'est soit mi-avril/mi-juin, soit octobre/novembre. Si je comprends bien que la période précédent Noël soit faste, et les mois de juillet-aout au régime sec, je ne vois pas bien pourquoi janvier-mars doit être nécessairement une période de vaches maigres... M'enfin, il doit y certainement avoir de profondes raisons marketing derrière tout ça, établies par des mecs vachement malins qui ont bien réfléchi sur le sujet...
Quoiqu'il en soit, c'est le pied ces temps-ci. On a droit à du très bon, voire du grandiose, avec Bashung, Gnarls Barkley, Grand corps malade ou Camille.

Et bien, tenez vous bien, je ne vais pas vous en parler! Non, je vais plutôt consacrer ce post à ratrapper mon petit retard sur les albums passés dont je ne vous ai pas entretenu. Ce n'est pas seulement pour le plaisir de vous faire languir, et d'envoyer se faire voir les majors avec leurs stratégies de pénuries à la mords-moi-la-flamme, mais ça va surtout me permettre de temporiser un peu. Ce serait dommage de ne pas ciseller une petite critique bien réfléchie du somptueux dernier Camille par exemple.



Je passe rapidement sur Hot Chip et Vampire week-end, deux objets alternatifs et pleins de personnalité. Ils enchantent les critiques, mais m'ont simplement traversé les esgourdes sans laisser beaucoup plus qu'un souvenir vaguement agréable. Je dois rater quelque chose, mais maintes écoutes ne me l'ont pas révélé.
Pour prouver que je ne suis pas qu'un défenseur absolu de la musique française, je glisse également sur le dernier album de Juliette. Comme d'habitude très sympa, il amuse avec ses textes, sa forte personnalité, et son épaisseur musicale, mais ne m'a pas accroché non plus outre mesure.

J'en viens au cas de Cali. Je ne sais pas si je vous ai déjà narré ma première rencontre avec le bonhomme, aux Francos de la Rochelle. J'étais pour une fois en avance, à l'avant de la fosse, et étais en bonne place pour voir Cali ouvrir une belle soirée sur la place Saint-Jean d'Âcre. Il faisait beau. Des groupes que j'adore le suivaient.
Et bien, il m'est tellement sorti par les yeux à surjouer le poète engagé, porté par la scène, que j'ai abandonné mon excellente place pour aller boire une petite binouze, en attendant que le massacre cesse. Mais après ce premier contact catastrophique, j'ai appris à l'apprécier. A tel point qu'à une époque j'écoutais ses deux permiers albums en boucle.
Et bien son nouvel album m'a fait à peu près le même effet. La première écoute est irritante au possible, parce que Cali aime à enfoncer les portes ouvertes. Droit devant. L'amour, c'est beau. La guerre, c'est mal. La résistance, c'est noble. Tout au premier degré, les cheveux au vent.
Et ben figurez vous que j'ai fini par accrocher. Merde, c'est pas révolutionnaire, mais je le crois sincère, et je trouve cette naïvité rafraichissante. Et puis, finalement, c'est vrai que l'amour c'est bien et que la guerre c'est nul, non?
En plus il sait y faire: ses musiques sont entrainantes, et se marient parfaitement avec sa façon si caractéristique de chanter. Moi, j'adhère. Mais je ne vous promets pas qu'il en ira de même avec vous.


Et sinon, je dois avouer être tombé, comme des millions de paires d'oreilles, sous le charme de Yael Naïm. Vous savez, cette chanteuse israélienne vivant à Paris, et qui était bien partie pour faire une carrière musicale sans relief (elle a été pendant trois ans à l'affiche d'une comédie musicale à grand spectacle).
Elle en a eu marre, elle a refusé de multiples propositions bien rémunérées de continuer sur la même voie, et elle a pondu depuis son appartement, seulement accompagnée d'un compère percussioniste, l'album personnel qui casse tout actuellement, de Paris à New-York.
C'est tout simple, tout élégant et gracieux. De jolies mélodies, une musique pas si simpliste que ça, et la magie opère. Ne vous laissez pas arrêter par le succès foudroyant de l'album: c'est bien plus qu'un consensuel petit objet commercial.

mardi, avril 08, 2008

La grande classe

Après pourquois.com, voici une autre source d'enrichissement personnel, pour apprendre des choses quand les calculs trainent un peu au boulot: les études de l'Insee (et oui!).
Le tableau consacrée aux pratiques culturelles des français, rapporté par alternatives économiques, nous apprend en particulier qu'un homme sur deux ne lit pas même un livre par an (les femmes sont moins catastrophiques), et que les jeunes lisent plus que les vieux (ce qui m'a étonné). Les chiffres de visite du théâtre, des concerts, voire même du cinéma, sont aussi tristes à pleurer. Malheureusement, le tableau liant pratiques culturelles et milieu social confortent les clichés: quatre cadres sur cinq lisent, contre un ouvrier sur trois...
Heureusement qu'il nous reste la télé!

lundi, avril 07, 2008

la vie est une jungle

En pur produit de notre bon monde libéral, je suis flexib', comme mec. Je m'adapte, en souplesse et sans arrière-pensées, à mon petit environnement. C'est ainsi que, comme tout bon parisien qui se respecte, je me suis très bien fait au métro.
Je sais, nombreuses sont les personnes sensibles qui ne s'épanouissent pas dans cet environnement parfois un peu trop convivial. Mais là où beaucoup ne voient que lumières blafardes, visages fermés et odeurs suspectes, je ne pense que "déplacement sans soucis, peu onéreux et écologique" et surtout "heure de lecture quotidienne assurée".
Seulement, il est un être vil qui hante les wagons de métros qui me donne des sueurs froides et me réveille parfois la nuit., Un monstre de bêtise et d'égoïsme que je déteste presque à l'égal du manipulateur de trolley inconscient. Une plaie pour l'humanité, quoi.

Figurez vous un métro normalement rempli. J'entend par là qu'on doit pouvoir y entrer sans trop de peine, et pouvoir y lire sans trop de gêne (dès lors qu'avec un peu de métier, on sait se placer correctement, évidemment. Qu'on sait par exemple repérer la dame de petite taille qu'on pourra acculer d'un coup de coude bien placé pour se créer son petit espace à soi, enfin vous voyez ce que je veux dire quoi, c'est l'enfance de l'art). Je ne postule quand même pas un wagon où l'on peut s'assoir, il ne faut pas non plus se placer dans des conditions trop idylliques.
Nous voila donc modérément comprimés, plutôt bien répartis dans le wagon, et chacun vaque à sa petite lecture matinale. Histoire de vous planter le décor, ça signifie typiquement 30% de lecteurs de Métro, 30% de lecteur de 20 minutes (on déconne pas avec la pluralité de l'information), 10% de Figaro (je vais vers la Défense, je vous rappelle), 10% de Micro Hebdo (je vais vers la Défense, je vous rappelle!), 10% d'Anna Gavalda (les filles libre-penseuses) et 10% d'Harlan Coben (les mecs libres penseurs).

Nous constatons donc, que sur la base de rites complexes et de normes remontant à la nuit des temps (et qui échappent aux touristes de passages, récoltant par la même des regards haineux bien mérités), les usagers chevronnés que nous sommes avons su spontanément nous organiser pour occuper aussi bien que possible l'espace. Quatre à six sur chaque barre disponible, et tout le monde est content.
Quand soudain entre l'être vil. Parisien lui aussi jusqu'au bout des ongles, il n'éveille pas la méfiance de l'autochtone que je suis. D'un pas assuré, il se taille lui aussi sa place, donne lui aussi un discret petit coup de coude à la dame de tout à l'heure, dégaine son Figaro (je vous ai dit qu'il était vil!) et...

Au lieu de prendre le poteau à pleine main, ce beau poteau poisseux que des milliers de voyageurs ont pris avant lieu ce même jour, et que des milliers de voyageurs prendront après lui, voila qu'il s'y adosse!
Le fourbe. L'enfoiré. Le salopiot! Comme ça, l'air de rien, monsieur se créée sa petite place trois étoiles, et peut confortablement consulter les cours de la Bourse comme si le métro était quasi-vide.

Mais ce faisant, les quatre autres voyageurs dont l'intégrité physique dépend de ce contact avec le poteau, vital à chaque accélération/décélération, se voient confrontés à une alternative insoluble. Ou bien ils migrent vers d'autres poteaux, tristes et défaits, et devront batailler de plus belle pour gagner un espace acceptable. Ou bien ils restent sur leur poteau d'origine, du bout des doigts, et doivent supporter le contact corporel du malotru.

Evidemment, vous qui ne connaissez pas les pactes secrets de la vie parisienne, vous suggéreriez d'interpeler le quidam pour lui expliquer le problème... Mais non, malheureux, jamais on ne se parle dans ce genre de situation.
Le seul échapatoire envisageable consiste à remuer la main prisonnière de la manière la plus insupportable possible pour le goujat. De fermer le poing pour lui faire une méchante boule dans le dos, là où il est le plus vulnérable. Mais pour peu qu'il soit plongé dans le cours du Nasdaq, qu'il ai de gros problèmes de sudations ou qu'il prenne goût à ce type de torture, et nous voila impuissants, battus, déconfits, penauds. Reste plus qu'à retourner pourchasser la petite dame de tout à l'heure.
Elle va prendre cher, d'ailleurs. Elle payera pour l'autre. Non mais.

dimanche, avril 06, 2008

Mort d'une inconsolée

Je viens juste de terminer le livre de David Rieff sur la mort de sa mère, Susan Sontag: Mort d'une inconsolée. Des réflexions justes et puissantes sur un combat désespéré contre la maladie, ainsi que sur les sentiments des survivants, doublées du portrait d'une intellectuelle à la volonté de fer.
Le livre est décrit très justement son éditeur et par Telerama.

Sortez, vous êtes cernés!

Vu les prix de l'immobilier à Paris, de plus en plus de locataires restent dans leurs petits studios exigus. C'est vrai, ils les ont souvent aménagés avec goût en des lieux chaleureux et tout confort. Mais il est parfois temps de quitter ce cocon pour emménager dans plus grand. Le premier pas est bien sûr difficile: il est toujours délicat de quitter son petit chez-soi pour se jeter dans l'inconnu.
Mais ça vaut le coup: il y a des tas de merveilles à découvrir au dehors. Et puis, les proprios commencent à en avoir marre et aimeraient bien récupérer leur studio, nom de Dieu! Quand le bail est fini, il faut sortir, Monsieur!

samedi, avril 05, 2008

Top 10 des séries

Allez, pour clarifier un peu tout ça, et en attendant d'un dire plus sur Six feet under, je vous propose un petit top 10 de mes séries préférées.
C'est du très très bon.

1- The Sopranos;
2- Desperate Housewives;
3- Friends (pour l'ensemble de son oeuvre);
4- Six feet under (susceptible de monter dans le classement);
5- New York Police Blues (avec une tendresse particulière pour les saisons 2 à 6);
6- Dexter;
7- Seinfeld;
8- 24 (saisons 1 à 3, surtout pas au delà);
9- The Lost Room;
10- Regenesis.

Je vous fais donc grâce des accrocheurs mais creux Lost et Prison Break. Et j'ai l'honnêteté de ne pas faire figurer Oz dans le classement, série admirable mais si violente et désespérée que je n'arrive pas à m'accrocher au delà de la saison 3. Et dans le genre "succès d'estime auquel je n'accroche pas vraiment", Angels in America a tout mon respect, mais m'a quand même franchement ennuyé.
The Shield m'a paru trop léger, trop clipeux; Rome trop violent et désespéré; Heroes tout simplement pas crédible ni intéressant; Weeds ne me fait honnétement pas rire beaucoup (mais je l'ai regardé en VO, ce qui est vraiment rude); et Joey n'est que l'ombre de l'alchimie réussie du temps de Friends.
Enfin, je signale avoir bien aimé les deux premières saisons de la série française PJ. Mais j'avoue ne pas avoir vraiment donné sa chance ni à Julie Lescaux, ni à Navarro!

Lost pour de bon

C'était la saison décisive pour Lost. Vous savez, cette série où des touristes échoués sur une île mystérieuse affrontent d'énigmatiques autochtones. Une série tout entière montée sur le suspense: "Qui sont les autochtones? Quelle est cette île d'où émanent des phénomènes paranormaux? Et les touristes sont ils vraiment là par hasard?"
Ta-ta-ta... (Musique angoissante)

Après un entrainant début de première saison posant les données du problème, la série s'était fourvoyée dans des intrigues secondaires. Les scénaristes cherchaient au mieux à allonger la sauce pour faire durer la poule aux oeux d'or, au pire à cacher le fait qu'ils n'ont aucune explication à proposer aux mystères initiaux.
Seulement, ça c'est vu et les spectateurs ont commencé à quitter le navire. Les responsables de la série ont pris conscience du problème, et ont juré leurs grands dieux qu'ils arrêteraient de délayer l'intrigue. C'est promis, en trois saisons raccourcies (10 épisodes au lieu de 23), ils allaient tout nous dire, sans plus temporiser (ce qui tombe bien, étant donné que les acteurs réclament des cachets de plus en plus élevés).
J'attendais donc avec impatience la saison 4, d'autant plus que la saison 3 s'était bien terminée: elle a rebondi de manière pour moi convaincante, en semblant s'orienter vers une conclusion. Et en plus, on peut enfin regarder la série en toute légalité grâce au téléchargement payant.

Las. C'est une catastrophe.
Je concède qu'effectivement les scénaristes coupent court aux intrigues secondaires (genre: plongeons dans le passé de deux personnages secondaires pour savoir ce qu'ils faisaient dans l'avion qui s'est écrasé. On s'en fout!). Et effectivement, l'intrigue principale avance à peu près à chaque épisode.

Mais c'est d'une lenteur...
Certes, on se concentre sur l'histoire principale, mais les scénaristes ne veulent surtout pas nous donner trop d'informations à chaque épisode. Alors on lâche un petit quelque chose, qui entraîne une foule d'interrogations logiques... auxquelles on ne répond pas. Ce sera pour plus tard. Et oui, faut tenir les trois années qui restent, quand même.
Et le plus énervant, c'est que la plupart de ces révélations ont lieu lors de dialogues entre les personnages... et on voit systématiquement les interlocuteurs se murer rapidement dans le silence, ou sortir des généralités philosophico-religieuses pour ne pas en dire plus. Sans aucune logique, juste comme ça, et en arborant un regard douloureux genre "si tu savais ce que je sais, tu demanderais pas..." C'est déjà frustrant la première fois, mais imaginez quand c'est systématique!

En outre, je crois bien qu'il faut se rendre à l'évidence: il n'y a pas d'explication qui tienne la route à cet histoire d'île à la con. Les scénaristes essayent dans la douleur de clore la chose de manière aussi satisfaisante que possible, mais c'est visiblement mission impossible. D'où la multiplication de motivations obscures pour le comportement des personnages, souvent camouflées dans un mysticisme qui me sort par les yeux. Histoire d'aller, dans la couleur, vers un dénouement plus que tiré par les cheveux.
"J'ai fait n'importe quoi parce que c'est l'Ile qui veut ça". Ma vaffanculo! Tu vas pas nous jouer ce joker pourri deux fois par épisode?

C'est dommage, parce que j'aurais bien aimé qu'on me prouve que cette série, qui m'a passionné, n'était pas qu'une grosse baudruche sans contenu, mais qu'elle se close de manière satisfaisante. Ca aurait été grand.
Hélas, force est de constater que ce n'était qu'un objet marketing efficace, accrocheur mais sans aucun fond. Tiens, notre fine équipe de communicants n'a-t-elle pas joué un rôle de consultant dans la chose?

Pour nous consoler, nous nous sommes mis à une série grandiose dont je vais bientôt vous entretenir: Six feet under. C'est malin, c'est fin, c'est corrosif, c'est touchant, c'est juste... et ça fait apparaître cruellement la médiocrité des grosses productions tape-à-l'oeil type Lost...

vendredi, avril 04, 2008

The communicants stricke back

Je m'étais un peu trop tôt inquiété du sort des communicants de Sarkozy. Vous vous souvenez, les responsables de la formidable stratégie "les français votent à gauche car ils veulent plus de droite".
Je m'étais alors incliné dans un post précédent devant la finesse machiavélique de cette approche d'une part, et d'autre part devant le courage touchant au tragique de cette équipe qui, en préconisant cette stratégie pour sauver l'UMP en danger, avait par la même scélé son sort. Le seul tort que concédait la droite étant d'avoir mal expliqué sa politique, il allait de soi que les courageux communicants devaient être sacrifiés pour rendre la chose crédible. Snif.
C'est beau comme du Shakespeare. Dur à avaler, mais magnifique. Tragique et sublime. A côté la fin d'Armageddon c'est rien tu vois. Tomber pour ses idées, quelle classe, quelle élégance, quelle intégrité.

Malgré la beauté du geste, la pillule restait dure à avaler. Je dois vous avouer que j'ai du mal à trouver le sommeil, en pensant à ces communicants, désoeuvrés, ne pouvant plus rendre intelligible de subtiles messages.
Mais c'était oublier que Sarkozy n'est pas homme à abandonner ses troupes dans la nature. Après Martinon reclassé dans les palaces de New-York, nos braves communicants se sont de toute évidence vu attribuer une nouvelle mission.
Mais attention: du travail à leur mesure. Du délicat. Du dangereux. De l'explosif même.

Il a fallu toute la classe de cette dream team pour nous sortir du guépier olympique. Merde, on voudrait bien profiter des jeux peinards, mais là ça commence à sérieusement se voir que la Chine n'est pas fréquentable. On est en plus censés être le pays des droits de l'homme; ça ferait quand même faire petit joueur de mettre nos mouchoirs sur le Tibet et d'aller péter la bise aux hauts fonctionnaires locaux quand même.
Mais de là à boycotter, faut pas exagérer. C'est toujours sympa, les jeux. on gagne des trucs au tir à l'arc et au judo en moins de 62 kilos (et plus de 61).
Pis on va se mettre mal avec les Chinois, et comment qu'on va faire pour vendre nos avions et nos centrales après?

Hum.

Faudrait donc trouver un geste fort, pour marquer le coup. Dire que c'est inacceptable. Mais sans vexer les Chinois... Dur dur, les mecs. Faut trouver un truc couillu, mais en même temps tout doux...
La solution est tombée il y a quelques heures.

Tant pis si ça fait grincer des dents, tant pis si ça dérange les puissants du monde, mais on des des oufs, nous, on a des principes: on va porter un putain de badge les mecs!
Et attends, un badge qui balance. il va y avoir un peu écrit dessus "Pour un monde meilleur". Et paf. Dans le fion, les dictateurs! Ahahah, j'en connais qui doivent se sentir mal dans leurs pompes, d'un coup!

Et voila donc une nouvelle mission délicate accomplie par nos brillants communicants!
Je laisse la conclusion au journaliste de sports.fr, qui laisse un peu son objectivité professionnelle de côté pour porter une sévère griffure politique:
"
Le port du badge, oui. Avec l'espoir que l'on assistera à un effet boule de neige.
"
Un fol espoir, les gars... T'imagine si il y avait plein de mecs qui portaient le badge, comme ils flipperaient les tortionnaires?

Vive la communication, vive la diplomatie, et vive le sport.

jeudi, avril 03, 2008

Et pourquoi?

Pour me préparer aux attaques existencielles de Bob dans deux-trois années ("Papa, pourquoi ci? Et pourquoi? Et pourquoi?"), j'ai trouvé un site excellent: pourquois.com.

Le concept: quand on se pose une question fondamentale de la vie quotidienne (Pourquoi le gel coiffant fixe les cheveux? Pourquoi l'Amérique Latine s'appelle-t-elle ainsi? Pourquoi dit-on 'portrait craché'?), on le poste sur le site, et une bonne âme passant pas là nous répondra.
Il est extrêmement sympa de se ballader parmi les archives, bien classées, du site. On se forge une culture insoupçonnée sur les petits riens de la vie. Et si on est sage, on peut même s'autoriser à faire un tour sur le petit bêtisier (Pourquoi les crottes de pigeons sont-elles noires sur les voiture blanches et blanches sur les voitures noires ?).

Mais avant cela, il faudra que je domine Bob lors de sa phase "c'est quoi ça?" Et j'ai pas trouvé de site sur le sujet...