jeudi, janvier 28, 2010

The totote incident

En esprit structuré, je prends méthodiquement ma liste de lecture et attaque les livres les uns après les autres. La file d'attente s'allonge, le combat y fait rage, les titres les moins savoureux stagnent dans les profondeurs du classement en se faisant occasionnellement doubler par des petits nouveaux tous fringants. Mais l'ordre est respecté. Point de polylibrisme sous mon toit.
Cependant, tout structuré que je sois, je me dois d'avancer sur plusieurs fronts en même temps. Mes hebdomadaires préférés brisent régulièrement mon rythme de lecture. Et des BDs nouvellement découvertes profitent de quelques soirées où j'expédie Gael au lit de manière anticipée pour s'immiscer dans mon emploi du temps.

C'est ainsi, en rentrant du boulot hier soir dans mon RER favori, j'ai attaqué un dossier du Spiegel consacré à la Shoah. Il m'est alors apparu que mon actualité littéraire était quelque peu chargée.
Je venais en effet de prêter à une collègue la superbe BD Goradze de Joe Sacco, qui relate les atrocités que les civils ont subi pendant la guerre de Yougoslavie. Le sujet de Joe Sacco était venu dans la conversation car je suis précisément en train de lire sa dernière BD, Gaza 1956, où il relate deux massacres oubliés subis par les Palestinien en 1956, en entrecroisant ce récit avec la situation actuelle.
Par ailleurs, à côté de mon lit m'attendait le Télérama de la semaine, qui fait la part belle au tremblement de terre d'Haiti. Et en tâche de fond, je lis le premier tome (édifiant et formidable) de l'archipel du goulag de Soljenitsine.

J'assume complétement la lecture occasionnelle de témoignages éprouvants, que je trouve passionnants et nécessaires. Mais vous avouerez qu'il est des collisions qui sont un peu pesantes.
J'aimerais vous dire que mon premier réflexe de retour au foyer fût d'enlacer mon fils chéri, et de fuir dans son regard vif et curieux toute la violence du monde pour en redécouvrir le merveilleux. C'eût fait une belle chute, mais la réalité ne s'y est pas prêté.
La pensée qui m'a traversée l'esprit fut d'une autre nature. "Quand on sait les atrocités que peut subir l'Homme, tu vas pas me chier une pendule parce que tu arrives pas à suffisamment sucer ta totote vu que tu as le nez bouché!"

dimanche, janvier 24, 2010

Trois films et deux déceptions

A force de ne donner que des avis favorables à chaque compte rendu de film, quand il ne s'agit pas purement et simplement d'injonctions à voir un chef d'œuvre, j'en étais venu à considérer l'alternative suivante: ou bien j'ai un flair infaillible pour choisir mes films, ou bien je suis un benêt bon public. Et bien la livraison critique du jour me rassure: je suis bien un cynique jamais content qui se loupe régulièrement dans le choix de ses films.
Cette brillante entrée en matière est quelque peu caricaturale. Si je n'ai pas détesté les films que je suis allé voir dernièrement, deux d'entre eux, sans être franchement mauvais, m'ont beaucoup déçus.


Certes, je n'attendais pas monts et merveilles d'Invictus, le dernier Clint Eastwood sur l'importance de la coupe du monde de rugby 1995 en Afrique du Sud sur la réconciliation du pays. Je craignais même obscurément qu'on bascule un peu trop dans les bons sentiments, mais comptais sur Eastwood pour rester relativement sobre, et nous régaler des beaux clairs obscurs dont il a le secret.
Las! Ca commence plutôt bien autour d'épisodes de la réconciliation sans faille voulue par Mandela, parmi lesquels son étonnant combat pour que les Springbooks gardent leurs couleurs (vert et or) qui sont aussi celles du régime de l'apartheid.
Mais ensuite, c'est la curée de bons sentiments. Eastwood se fait très insistant sur de multiples scénettes mettant en scène des Blancs et des Noirs initialement irrémédiablement fâchés, et qui se rabibochent par la magie du grand événement national. Même s'il y a sûrement une bonne part de vrai, même si un saint comme Mandela sera forcément dépeint comme un vieux sage, il faut avancer sur des œufs sur un sujet comme celui-là sous peine de se vautrer dans la guimauve. Ce qui ne rate pas, la palme venant aux chauffeurs de taxis racistes (blancs) qui finissent par porter en triomphe un gamin des rues (noir) à la fin de la finale.


Mais la plus grosse déception vient de A serious Man des frères Coen, unanimement encensé par la critique. Client de beaucoup de films des frangins, je me pourléchais les babines devant le chef d'œuvre annoncé, qui comportait même une part autobiographique des plus intéressantes parait-il. Le film majeur des frères Coen.
Et ben pas pour moi. Certes, on retrouve la patte des réalisateurs: un looser poursuivi par la guigne, un faux rythme réjouissant, des gueules figées filmées en gros plans impitoyables, à faire passer les Deschiens pour des gravures de mode... Le personnage de l'amant onctueux de la femme du héros est tout simplement formidable.
Mais j'ai eu l'impression que les Coen n'allaient pas jusqu'au fond du burlesque des situations, qu'ils ne se lâchaient pas comme, par exemple, dans le Big Lebovski. Ils ne retiennent certes pas leurs coups par compassion pour leur malheureux héros, mais plutôt parce qu'ils construisent une histoire, parce qu'ils cherchent à nous raconter quelque chose.
Et bien ce message caché, s'il a l'air d'avoir frappé et ravi les critiques, m'est resté tout à fait hermétique (ou plus exactement, inintéressant). Et donc non seulement j'ai l'impression de passer pour crétin, mais en plus je suis tout frustré que ce puissant message m'ait condamné à n'assister qu'à un spectacle retenu, feutré, en demie teinte.


Mais il est un film ce mois-ci qui m'a complétement conquis: Vincere de Bellochio. On y suit le triste destin de la première femme de Mussolini (Ida Dalser), qu'il a rapidement répudiée mais qui s'est entêtée pour qu'il la reconnaisse, tant et si bien qu'il a fini par la faire interner.
Le sujet est certes sombre, mais ça n'empêche pas le film d'être absolument formidable. L'intrigue est centrée sur Ida, de sorte qu'il ne se passe finalement pas grand chose mais, signe incontestable de la réussite du film, on ne s'ennuie pas une seconde. Le mérite en revient d'abord et avant tout du réalisateur. Je ne saurais pas trop expliquer pourquoi, mais chaque scène est belle, plastiquement superbe; chaque péripétie sonne juste; et jamais la tension ne retombe. Ce film vous prend et ne vous lâche pas une seconde, deux heures durant.
Mais la réussite du film est aussi celle de son actrice principale, Giovanna Mezzogiorno, quasiment de tous les plans, et dont le regard halluciné crève l'écran.
J'ai bien vu un film majeur ce mois ci, c'est celui là.

vendredi, janvier 22, 2010

Slap time

Contrairement à ce que suggèrent quelques mauvaises langues, je n'aime pas que l'accordéon (quoiqu'il n'y ait pas de honte).
J'aime aussi la basse. La noble et discrète babasse, qui donne toute son épaisseur à bien des morceaux. Quand à la faveur d'un One shot not (émission de concerts sur arte que nous découvrons à peine, et qui nous charme par son aptitude à rendre des ambiances du live), je suis tombé sur cette extraordinaire prestation de Marcus Miller, je me suis dit que je me devais de la présenter à mon lectorat fidèle.
Coupez le téléphone pendant 20 minutes (allez, au moins pendant les 8 minutes qui vont de la deuxième à la dixième), mettez vous à l'aise dans votre petit fauteuil, montez le son, et profitez.

A part ça, les prestations ce Catherine Ringer et de Ben Harper valent également leur pesant de cacahouettes.

lundi, janvier 11, 2010

Mano


A force de le savoir menacé et pourtant de le voir toujours présent, à vif et sans concessions, album après album, j'en étais venu à croire que ce jour n'arriverait pas. La nouvelle de la mort de Mano Solo m'a bouleversé. C'est bien sûr un artiste dont je suis extrêmement client depuis une quinzaine d'année. Mais la proximité avec lui est d'autant plus forte qu'il a utilisé en grande partie ses chansons pour se raconter, se mettre à nu, jeter ses colères, ses tristesses et plus récemment ses joies à ses auditeurs. Plus qu'un chanteur dont j'aime les chansons, j'avais l'impression que c'était un type bien que je connaissais bien.

D'où mon émotion en apprenant par hasard, entre nouvelles du froid hivernal et des soldes saisonières, sa disparition. Je vous fais grâce des longs discours et des citations de ses chansons crépusculaires: plus simplement, ça fait mal et ça fait chier.

dimanche, janvier 10, 2010

Sortie prestige

Deux précisions pour commencer ce post.
D'abord, je déconnais bien quand je disais que je vous ferai le récit de chacune de mes sorties. Et ensuite, je vous promets que je n'abuserai pas de ce nouveau joujou qu'est ma montre GPS, pour nourrir mes billets quasi-hebdomadaires.
Mais là, vous avouerez qu'il est tout à fait légitime que je vous montre, une fois au moins, le type d'itinéraire que je parcours de manière maintenant hebdomadaire dans la ville lumière.
Jugez plutôt.
Le départ est donné à Denfert-Rochereau. Nous nous mettons en forme en descendant le large trottoir du boulevard nous menant au jardin des plantes. Après cette petite parenthèse herbée, nous traversons la Seine (en profitant de la vue sur l'arrière de l'ile de la Saint Louis), puis longeons le canal de l'Arsenal jusqu'à Bastille. Nous continuons vers le Nord afin de faire honneur au canal Saint-Martin fermé à la circulation. Si le coeur nous en dit, nous pouvons d'ailleurs poursuivre sur le canal de l'Ourq.
Plus raisonnables, nous sommes cette fois-ci redescendu de République vers l'hôtel de ville en passant par des petites rues du Marais. On arrive alors au pic de pittoresque de la course. Nous courons sur les quais, profitant de la vur sur l'île Saint-Louis, puis traversons la cour du Louvre sous les crépitements de flashs internationaux, avant de faire le tour des Tuileries.
Il est alors temps de rentrer, traversant le pont des Arts et l'Assemblée Nationale pour serpenter dans le quartier Saint-Germain. Arrivés à Saint-Sulpice, nous sommes à deux pas des jardins du Luxembourg. On y fait le tour du Sénat, avant de remonter le jardin de l'Arsenal, de longer la clinique Saint-François d'Assise (qui a vu la naissance de Gael), et d'arriver à la maison!
19km550 en 2 heures. Et un parcours de grande classe, n'est-il pas?

PS: Ca n'a rien à voir, mais Gael étant fan de poissons, je lui ai organisé une ou deux séances Youtube de visualisation de ces bébétes. Et je suis tombé sur cette vidéo, que je trouve très belle et apaisante (pour de vrai, c'est pas des conneries).

dimanche, janvier 03, 2010

Gaelou de décembre - part 2

Un épisode essentiellement italien.

Merci Papa Noël

Il y a coureur et coureur.
On peut courir bêtement, sans but et surtout sans données précises.
Ou bien, on peut laisser libre court à sa geekitude (geetikitude en jogging certes, mais geetitude quand même) en investissant dans un petit appareil qui change notre innocente vie de jogger. Une montre GPS avec cardiofréquencemètre!
La chose ne se contente pas de donner l'heure et de chronomètrer, non. Elle mesure aussi votre rythme cardiaque, ainsi que votre position grâce au GPS, ce qui permet d'inférer le parcours, la vitesse, le dénivellé, et de calculer tout plein d'indicateurs passionnants à partir de ça!
Voici, par exemple, le résultat de ma course de samedi:
Vous pouvez immédiatement voir le détail du parcours le long de la Loire dont il s'est agit. La courbe rouge vous montre mon rythme cardiaque au long de cette sortie; vous pouvez vous rendre compte qu'il s'agissait d'un fractionné "doux", comptant quatre séries de 5km au seuil (85% de la FCMax, bande de nazes), entrecoupées de pauses de 7-8 minutes pour retourner au calme. Vous noterez que ces retours au calme se payent, bien évidemment, instantanément sur le plan de la vitesse, figurée en bleu.
Je ne manquerai pas de vous tenir informé ici même de l'intégralité de mes sorties (3 par semaine jusqu'au début avril), ce qui mettra pas mal de piment dans l'actualité du blog.