lundi, août 31, 2009

Arrêt sur images gratuit

Je remets une couche au sortir d'une (nouvelle) indispensable émission d'arrêt sur images. Elle n'est pas en contenu libre, mais je vous recommande par contre chaudement le best-of des émissions de l'été dont elle fait partie. Nous en avons vu quatre sur les cinq, et trois d'entre elles sont tout simplement indispensables (Lordon sur la crise économique, Rey sur les mots et Cordier sur Jean Moulin, dont nous venons d'achever le visionnage), tandis que la quatrième est juste très intéressante (Dray sur... Dray).
Je pointe ici sur la page en question. Cependant, comme je suis un abonné (moi!), il est possible que je tombe automatiquement sur une page à accès réservé. Je suis cependant sur qu'une version tout public existe, retournez alors si le lien ne marche pas sur la page d'accueil et cliquez sur "contenu d'utilité publique".

Dans le même genre, les émissions "D@ns le texte" produite par arretsurimages.net, et consacrés à un bouquin dont l'auteur est invité sur le plateau (où il a le temps de parler!) sont accessible jusqu'au 9 septembre gratuitement. Je vous recommande particulièrement Lanzmann, Debray, Desarthe (peut-être la plus intéressante bien que je n'ai jamais rien lu d'elle) et Michon.

jeudi, août 20, 2009

9

Le joli court-métrage dont est tiré un film qui sort cette semaine (et n'apporte pas grand chose au court dont il est tiré, ai-je lu).

mercredi, août 19, 2009

Tu as, tu as toujours de beaux yeux


Quand les petits gars dans mon genre cherchent à sortir un petit peu le museau de leur puits d'inculture, ils doivent se frotter à quelques œuvres incontournables. Le cas du sieur Proust étant provisoirement réglé, je me tourne vers un antipathique auteur le décrivant aimablement, notre fin Marcel, comme un "mi-revenant (... qui) s'est perdu avec une extraordinaire ténacité dans l'infinie, la diluante futilité des rites et démarches qui s'entortillent autour des gens du monde, gens du vide, fantômes de désirs, partouzards indécis (...), chercheurs sans entrain d'improbables Cythères". Tranchante transition! Violent contraste entre de finesse décadente des salons et l'abrupte puanteur du pauvre!
Sachant l'impardonnable voie où l'auteur s'est laissé entrainer par la colère râgeuse, brillante et infatiguable qui agite ses lignes, j'ai longtemps hésité à entamer sa lecture. Il est des fréquentations que je ne peux souffrir. Quelque peu rassuré par la lecture d'articles datant son engagement dégueulasse et jusque-boutiste d'après la rédaction de son oeuvre maîtresse, je m'y suis tout de même aventuré du bout des doigts.
Je me suis retrouvé instantannément happé, soufflé, balancé de ci de là par une manière d'écriture sans concession qui mêle brillament un parlé très familier et des constructions recherchées. Qui vous prennent alternativement ou simultanément à l'intime, à la viande, le plus directement qui soi, ou bien vous proménent au firmament de finesses rhétoriques.
Voila qui donne souffle et force aux noires réflexions de l'auteur, et nous font suivre passionnément son médiocre héros des tranchées des Flandres au New-York anonyme des années 30, en passant par la moite Afrique coloniale.

vendredi, août 14, 2009

On est des grands maintenant


L'ambiance semble la même. Les beaux jours. L'apéritif dans le jardin. Les belles robes et les costumes classes. La famille jouxtant les amis. Deux beaux mariés rayonnants qui tranchent la pièce montée.
L'observateur attentif notera cependant quelques différences. Des petits riens. Un léger changement de tonalité.
Le port du costard est devenu routinier pour nombre de copains. On parle beaucoup moins bitures et jolies filles, et plus du tout examen ou stage. On se demande par contre ce qu'on devient professionnellement, et l'on confronte ses responsabilités respectives. C'est un poste exigeant tu vois, mais j'y apprends beaucoup... On est bien inspiré d'avancer sur des œufs quand on effleure des questions de politique parce que nombreux sont ceux qui sont susceptibles de se vexer plus rapidement. Mais l'on se réconciliera en se remémorant les excès communs passés, il y a un certain nombre d'années déjà.

Surtout, un sujet de conversation majeur a émergé. Inexistant il y a quelques années, il occupe maintenant la majorité des discussions: les enfants. Et leurs nombreux dérivés: couches, modes de gardes, premiers pas, petits frères ou petites sœurs, allaitement, vacances en famille, etc, Alors que les quelques célibataires survivants guettent patiemment un changement de sujet, de nombreux specimens d'enfants gambadent joyeusement pendant l'apéritif, nerveusement pendant le repas, et refusent bruyamment de se coucher au moment du dessert.

Quand à aux invités du mariage que nous suivions attentivement, ils se disent que définitivement l'ambiance a bien changé depuis quelques années et leur récent passage à la trentaine. Certains trouvent les ressources, en fin de soirée, pour se rappeler le bon vieux temps en se déchainant sur la piste de danse et en se jetant sur les digestifs, une fois les enfants enfin couchés.
Les autres, plus nombreux, trainent un peu avant de rentrer se coucher. Il est encore tôt, mais le petit se lévera demain aux aurores. Comme chaque matin...

lundi, août 10, 2009

L'hirondelle avant l'orage


Que faire en cette semaine italienne caniculaire, nourri-logé-blanchi et - surtout - Gaelou gardé? Et bien lire, que diable!
A jamais séduits par le monument la compagnie de Robert Littell (oui, le père de son fils) dont je vous avais parlé ici même, Elena et moi-même nous sommes rués d'autant plus rapidement sur son dernier roman, l'hirondelle avant le l'orage, que nous n'en avons entendu que des critiques enthousiastes.
Littell, à l'origine grand reporter pour Newsweek chargé des affaires russes et moyen-orientales, continue à s'intéresser à la Russie de la guerre froide dans ce roman très proche de la réalité historique. Autour du triste destin du (parait-il) grand poète Mandelsman, déporté par la tchéka de Staline, il nous fait vivre de différents points de vue le poids étouffant de la terreur stalinienne, au plus fort de la paranoïa du Kremlin.
Si l'on n'a de toute évidence pas cette fois-ci affaire à un roman d'espionage haletant dont le gros des protagonistes principaux est inventé, on reste proche de la Compagnie par la maîtrise narrative discrète de Littell. S'il écrit dans un style direct, sans artifice, presque journalistique (et pour cause), il choisit une construction complexe où une petite dizaine de personnages nous décrivent les événements de leur point de vue. Voilà qui a le triple avantage d'autoriser différents éclairages sur l'intrigue, de permettre quelques digressions sur des personnages secondaires, et surtout de donner du rythme et du souffle à cette histoire.
Car c'est surtout cela la qualité de ce livre: il est passionnant, il vous absorbe de la première à la dernière page bien que l'on voie assez vite comment les choses vont se terminer. Ce qui rend d'autant plus frappant le climat de peur pure qui habitait la société russe en ces années 30.
Superbe et édifiant.

mardi, août 04, 2009

Mes films de mon mois à moi

Laissez moi vous entretenir des quelques films que j'ai vu au cinéma durant mon long silence blogesque, mettant en particulier à profit mes quelques jours de célibat parisien.


Je ne vais évidemment pas pouvoir égrainer une liste quelque peu fournie, en cette période de l'année, sans vous citer de film d'animation! Pour remplir mon quota estival, je suis allé voir Là-haut. Avant de vous parler du film en lui-même, parlons technique, car je suis allé le voir en 3D.
Je suis étonné de la relative discrétion dans laquelle émerge de cette technologie, car l'impression est tout bonnement incroyable. Est-ce pour ne pas desservir les nombreuses salles non équipées? Est-ce pour ne pas assoir définitivement la supériorité parisienne sur la triste Province? Qui sait...
Toujours est-il que j'ai été emballé par l'effet obtenu. Premièrement, les seuls effets secondaires à accpeter sont un billet au prix majoré (ce qui fait flirter le billet plein tarif avec la barre des 100F, quand même) et de lourdes lunettes (pas si mal faites puisque compatibles avec les lunettes de vue). Il est loin par contre le temps où il fallait se priver des couleurs (avec les fameuses lunettes vertes et rouges), ou supporter un papillonnement par ailleurs assez difficile à régler: les lunettes polarisées permettent de garder le confort de visualisation habituel.
Et la 3D m'a semblé extrêmement naturelle. Il ne s'agit pas de plans grossiers tous plats, mais d'une vraie sensation de profondeur progressive. J'ajoute que cette technologie profite probablement du fait que, comme les films la proposant sortent aussi en version 2D, ils n'ont pas pour seul but de donner dans la démonstration technique mais n'usent de la 3D qu'avec parcimonie et pertinence.
Quand au film en lui même, j'ai beaucoup aimé, bien qu'il soit à peu près l'opposé des films d'animation habituels. J'entends par là que d'ordinaire, on en prend plein les mirettes pendant les scènes d'action, on se tord de rire à de nombreuses blagounettes, mais on doit par contre supporter des scènes tendres assez convenues sans être le moins du monde émus.
Dans le cas de Là-bas, les scènes d'actions sont honnêtes mais pas formidables, et les blagues réussies mais bien moins nombreuses que d'ordinaire. J'ai par contre été touché par l'histoire du vieux héros qui a perdu sa femme avant d'avoir pu réaliser leur rêve commun. Si on arrive à être ému par des formes en 3D, où va-t-on...

Tant qu'on est au rayon animation, j'ai aussi vu l'Âge de glace 3, mais dans des conditions de vision moindres, on va dire. C'est par contre du grand classique, avec de bons morceaux de bravoure impressionnants et des salves de rire imparables.
En ce qui concerne les films vus dans de moins bonnes conditions, je mentionne rapidement un Terminator 4 tout à fait honnête, spectaculaire, avec une histoire pas mal troussée quoique plombée par la facilité dans la conclusion, et un efficace et rythmé Very Bad Trip.


Allez maintenant coucher les enfants que je vous entretienne de Bronson. Il s'agit du film âpre et travaillé d'un cinéaste danois annoncé comme très prometteur, qui évoque le prisonnier le plus violent d'Angleterre. Michael Peterson de son vrai nom est une espèce de psychopathe bagarreur qui s'est retrouvé en prison à la suite d'un braquage minable, et n'en est pratiquement plus sorti. Indomptable et incalculable, il s'est jeté dans toutes les bagarres avec ses codétenus ou ses gardiens, ainsi que dans quelques prises d'otage et tentatives d'évasion de sorte que sa peine ne cesse d'être rallongée.
Dans la lecture du réalisateur, Peterson est habité par une soif de reconnaissance qui le pousse à faire de sa vie carcérale une œuvre d'art - violente. D'où une mise en scène créative et tape-à-l'oeil, épaulée par un éblouissant et méconnaissable acteur principal. J'ai trouvé que les deux moitiés du film correspondaient aux deux versants d'une telle approche: d'abord lourdingue et prétentieuse (avant sa première mise en liberté, alors que Bronson, grimé sur la scène d'un théâtre narre sa propre histoire), puis éblouissante et forte.
Si vous avez l'estomac bien accroché, allez donc départager ces deux points de vues!


Enfin, le gagnant de cette petite sélection somme tout assez homogène est pour moi Whatever works de Woody Allen. Du Woody classique de chez classique avec un milieu d'intellectuel adorant deviser sur le sens de vie et les petits traquas du quotidien, un vieux misanthrope dont tombe amoureuse une greluche, le tout dans un New-York apaisé.
Je vais céder ici encore à mon péché mignon de découpage des films en tranche. J'ai adoré la mise en place du personnage principal, bougon mais juste, ainsi que l'emballement final du dernier tiers du film lors duquel les personnages les moins sympathiques sont retournés comme des crêpes et de manière surprenante. Par contre, la partie centrée autour de la romance entre le misanthrope et la greluche m'a moins charmé.

J'espère pouvoir mettre à profit mon dernier mercredi de liberté pour voir une dernière nouveauté avant de disparaitre de nouveau de vos radars pour des vacances italiennes bien méritées.

dimanche, août 02, 2009

Gaelou de juillet 2

Je n'allais pas partir en vacances sans vous livrer un petit morceau de Gaelou, dont une initiation à la brosse à dents assez succulente:

Indispensable Arrêt sur Images

Chers lecteurs,
non je ne suis pas encore disparu corps et bien dans l'oisiveté de molles vacances bien méritées!
En attendant des posts plus conséquents, je me permets de vous indiquer cette excellente émission d'arrêt sur images qui a été déclarée d'intérêt public par les abonnés, et est donc accessible gratuitement à tout un chacun.
Outre le plaisir de renouer avec cette indispensable émission,vous vous devez de lui consacrer 80 minutes de votre précieux temps pour quatre excellentes raisons:
  1. Le thème de l'émission: l'inconséquence des médias qui n'ont pas vu venir la crise, et n'en ont (eux aussi) tiré aucune leçon en gardant les mêmes intervenants (les "spécialistes") qu'avant pour éclairer notre lanterne, et en posant les mêmes questions flagorneuses qu'avant aux hommes politiques. C'est aussi l'occasion de quelques analyses éclairantes sur la "criminalisation" des banquiers qui évite de se poser trop fort les bonnes questions pour réformer le système.
  2. L'invité: il s'agit de l'indispensable économiste Frédéric Lordon, qui allie clarté d'analyse et rhétorique rigolote. Il est déjà connu et apprécié des auditeurs de Là-bas si j'y suis, chez qui il intervient régulièrement (je vous conseille cette émission relativement récente, ainsi que celle qui parle d'une pétition dont je vous ai entretenu précédemment, et plus encore ce cycle consacré aux années 80 et son virage libéral). Notez qu'il développe son idée aussi dans cette vidéo juste et jubilatoire d'acrimed.
  3. La présentatrice: Maja Neskovic. Schneidermann profite de l'été pour céder son siège de présentateur à quelques anciens collaborateurs, ce qui nous permets de renouer avec le style frais et inimitable de Maja. A titre d'illustration, voici comment elle a formulé la thématique de l'émission:
"Avec la crise, j'ai cru qu'à la télé, dans les journaux, ça allait changer. Qu'on allait tous les virer, ceux qui étaient censés nous informer mais qui n'avaient rien vu venir, les experts qui se succédaient sur les plateaux pour nous dire que le marché ça s'autorégulait et qu'il ne fallait pas s'inquiéter. J'ai attendu l'émission spéciale en direct présentée par Marie Drucker, Arlette Chabot et Laurence Ferrari, où ils seraient tous tout nus et où on leur repasserait leurs déclarations de l'époque. J'ai attendu, attendu, et rien n'est venu."
  1. Enfin, j'apprends à la lecture du Spiegel que les financiers de Goldman Sachs et JP Morgan repartent en guerre comme à la grande époque puisqu'ils ne semblent retenir de la crise qu'ils ont causé que des conséquences très pragmatiques: faut laisser passer l'orage pour ensuite bondir sur les bonnes occasions d'investissement facile permises par le paysage industriel et bancaire désolé. C'est donc reparti pour des prises de risque à gogo (sachant bien qui payera pour sauver leur tête en cas de problème), avec bonus à la clé (ou plus exactement augmentation de leur salaire (de 50% Citigroup, menant à un salaire moyen de 770 000 euros l'année pour les banquiers de Goldman Sachs) puisque c'est un peu plus discret que les bonus).
Bien qu'ayant une piètre image de la finance, je ne pensais pas qu'ils oseraient reprendre aussi ouvertement leurs tranquilles habitudes moins d'un an après que les politiques aient débloqué des aides farimineuses pour sauver leurs fesses. Comme évidemment les financiers ne changent pas, mais surtout comme les politiques ne se décident toujours pas à vraiment modifier les règles du jeu, il ne reste qu'à entretenir notre juste colère en regardant ce type d'émission, et en espérant que ces analyses deviennent tellement évidentes qu'on finira par vraiment changer les choses. Je vous accorde qu'elles peuvent difficilement être plus évidentes, mais il semble que ça ne suffise par encore.

Je vous fais grâce de cette dernière motivation qui m'est plus personnelle. Mais il reste au moins trois excellentes et indiscutables raisons de regarder cette emission sans tergiverser plus avant (surtout par ce temps pourri).