mardi, mars 03, 2009

Marathon ciné

Je m'en suis déjà agacé concernant les sorties de CDs, mais le cinéma souffre du même maux. Les fins stratèges du marketing nous gratifient de périodes extrêmement fastes en excellents films, ce qui oblige à développer une certaine discipline pour en rater le moins possible (surtout quand il faut garder alternativement un petit être à l'âme d'explorateur). Avant les immanquables prochains mois de disette, voici une nouvelle chronique ciné américaine, Oscars obligent.

Tout d'abord, j'ai été complètement conquis par The Wresler. On y suit une vieille gloire du catch qui continue, bon an mal an, sa carrière déclinante. Il ne remplit plus que des gymnases minables et ses cachets sont tellement faibles qu'il travaille dans un supermarché pour payer le loyer de son mobil-home. On suit donc l'existence tristounette d'un looser qui se satisfait de son sort tant son sport lui plait. Mais une attaque cardiaque le contraint à arrêter le catch, à essayer de séduire la strip-teaseuse elle aussi vieillissante qu'il aime, et à renouer avec sa fille.
Je sais, le milieu du catch mis à part, cela semble cousu de fil blanc. Le héros un peu minable au grand coeur qui va chercher à conquérir sa belle et retrouver la fille qu'il a peu connu, on sent venir les violons à des kilomètres...
Oui mais voila, la mayonnaise prend formidablement. Grâce tout d'abord au réalisateur Aronovky, brillant metteur en scène de Requiem for a Dream, qui a eu l'intelligence de mettre un mouchoir sur sa virtuosité technique pour suivre sobrement, caméra au poing, son héros pratiquement de bout en bout. Grâce ensuite à une classieuse Marisa Tomei, touchante de naturelle, qui donne épaisseur et humanité à son personnage. Et grâce surtout, ça a été dit et redit, à un Mickey Rourke époustouflant dans le rôle titre.
Je vous précise que je ne suis pas allé voir ce film pour admirer une bête de foire tant je ne connais rien à la carrière antérieure de Rourke. Qu'il soit passé de beau gosse à, pour reprendre une expression du Masque et la Plume, "une bestiole étrange, à mi-chemin entre Amanda Lear et Philippe Lucas", je m'en contrefous. Par contre, Dieu qu'il joue parfaitement ce rôle! Il est pratiquement de tous les plans et parvient sans jamais lasser à habiter ce personnage mi-ridicule mi-touchant. Si bien que très vite on lui veut du bien, on souffre avec lui et on se réjouit quand les événements lui sont favorables.
Et enfin, cerise sur le gâteau, il y a cette intéressante immersion dans le surprenant milieu du catch. On y découvre une camaraderie virile étrange entre mâles testotéronnés qui s'étreignent dans les vestiaires après s'être envoyés mille mandales sur le ring, dans des combats truqués qui laissent bonne place à l'improvisation.
Bref, une réussite totale, jusque dans la façon de dénouer cette histoire que je croyais condamnée soit à un happy-end niaiseux, soit à une fin tragique terriblement convenue.

Je suis également content de Gran Torino de Clint Eastwood. Il s'agit de ce film intéressant où Clint campe un vieux vétéran de la guerre de Corée, ouvrier de Ford à la retraite, misanthrope et raciste. A son corps défendant, il va sympathiser avec ses voisins asiatiques et aller jusqu'à nouer un rapport filial avec leur enfant. Voila qui va faire se remettre en question le vieux Clint nationaliste et fier de ses armes.
Le film est réussi. Il est drôle dans sa plus grande partie, lorsqu'il joue sur le choc entre l'univers carré, viril et conservateur de Clint et le monde tel qu'il est. Il est puissant, fort et touchant dans ses parties plus dramatiques (car il est aussi question de gangs de jeunes). Et il est beau, de cette beauté grave et un peu monolithique dont Clint a le secret.
Le film m'a donc plu, vous dis-je.
Par contre, je me vois obligé de nuancer quelque peu. Gran Torino ne m'a pas complétement retourné comme l'intégralité de la critique et bon nombre de mes amis. En particulier, je dois avouer avoir trouvé le scénario bien léger dans la phase de transition où Clint se fait "apprivoiser" par ses voisins. Ces asiatiques sont vraiment des caricatures d'immigrés sympas: tu peux les insulter sans relâche, les repousser une quinzaine de fois, ils restent souriants et détendus (même après avoir échappé de peu à un viol) et t'ouvrent grand les bras. De quoi faire fondre même le plus grogneur des Clint.
Voila. Mais ce n'est qu'un petit bémol tant le film est par ailleurs drôle, touchant, beau, et intéressant dans ce que le vieil inspecteur Harry pense de la violence sur ses vieux jours.

Enfin, je ne l'ai pas vu au ciné, mais j'ai enfin rattrapé mon retard sur Zodiac de David Fincher. Cette histoire vraie d'un serial-killer qui n'a jamais été identifié avec certitude se recentre sur trois personnages que cette enquête a hanté toute leur vie: deux journalistes et un flic. C'est tendu, original (tout en fausses pistes), superbement joué et très fin. Mais je déconseille de le regarder avant de se coucher!

Et enfin, avant de vous laisser, je vous indique cet article de Courrier international qui raconte l'énormité des accusations auxquelles Berlusconi a encore échappé, dans le silence assourdissant d'une opinion publique désintéressée.

6 commentaires:

Anonyme a dit…

Interessant tout ça. Le film du catcheur, comme celui avec Clint Eastwood, j'aurais hésité à y aller, moins maintenant. Néanmoins, je constate que les deux "héros" sont vieillissants, comme celui de l'article du courrier international . . . Mais où sont les jeunes? Que font-ils? Ce n'est pas avec des vieux qu'on va faire avancer le monde, nom de D... !

Anonyme a dit…

mmmggrr... t'as pas le droit de dire que c'est moins qu'excellent !!! vas y Clint !

Anonyme a dit…

Mais y'a pas un lecteur de ce blog qui aime la politique, ou le ciné, ou les voyages chez Mickey? Qui n'aime pas non plus Gaelou (que je lui explique à çui-là que c'est le plus craquant des petits bonhommes!). Alors, hé hoooooooooooooooooo? Y'a quelqu'un?

ZeVinci a dit…

Ah les commentaires du blog, c'est tout un poème!
Entre les fidèles commentant systématiquement, les fidèles commentant parfois (souvent ramassé sur quelques périodes fastes), les fidèles silencieux, les occasionnels commentant, les occasionnels silencieux... Y a pas de règle, faut croire!
Si ce n'est que j'ai observé qu'on arrive jamais à faire parler silencieux ou occasionnels en les relançant!

Anonyme a dit…

Ouais. Sans doute puisque tu l'as observé. Néanmoins je maintiens mon appel. Le travail de sape, ça paie, des fois. D'autres fois, ça décourage. Pas facile en effet. Allez, on y croit !!!!!

Anonyme a dit…

par contre, la relance sert à faire réagir les commentatrices fidèles. vive les femmes ! et le bloggeur aussi bien sûr.