vendredi, novembre 30, 2007

Tout ça c'est de la faute des bourgeois

Ce n'est pas parcequ'Internet nous fait la faveur de repointer son nez chez nous ce soir que je perd cette juste colère envers le libéralisme, le conservatisme et la droite. J'en profite donc pour me faire le relais de cette sainte colère:





PS: Pour de vraies colères souvent pertinentes, je vous rappelle le blog de Birenbaum.

Sorry

Bien que le temps maximal de rétablissement promis par notre opérateur favori soit dépassé, internet n'est toujours pas rétabli chez nous... D'où un blog au ralenti...

J'attends que les mesures courageuses prises par notre chef d'état visionnaire relancent mon pouvoir d'achat, et je souscris un abonnement chez tous les opérateurs pour être sûr. C'est ça la beauté du libéralisme: rien ne marche, mais comme c'est pas cher, tu peux en prendre plein!

Enfin, plus exactement: rien ne marche, donc tu dois en prendre plein. Et tu te consoles en te disant qu'avant tu aurais payé un peu plus cher pour un truc qui marche. Ahah, que c'était con, avant!
Et en plus, maintenant, tu es libre de choisir le truc qui marche pas!

Bref. Fait chier, quoi.

mardi, novembre 27, 2007

lundi, novembre 26, 2007

Zététique


La zététique est définie comme « l'art du doute ». Dans son acception la plus communément utilisée, la zététique est présentée comme l'étude rationnelle des phénomènes présentés comme paranormaux, des pseudosciences et des thérapies étranges. Et oui!

La découverte de ce nouveau mot m'a tellement ému que je romp le silence bloguesque imposé par une connection Internet défaillante à la maison pour vous en faire part.
Car voyez vous je me suis retrouvé embarqué dans des discussions hurluberlantes hier soir avec une amie qui se proclame "contre les vaccins", et qui est fondamentalement pro-homéopathie. Je ne pouvais pas laisser passer de telles énormités, alors je me suis lancé dans d'ardents plaidoyers pour la Raison, sans résultat évidemment. Frustré, j'ai d'ailleurs bien eu du mal à trouver le sommeil.

Quel ne fut donc pas mon bonheur ce matin de tomber sur des collègues unanimement rationnels et compréhensifs, et qui m'ont indiqué l'excellent site du cercle zététique. Ce groupe de scientifiques démonte calmement, rationnellement et scientifiquement, au fil de différents dossiers, les croyances pseudo-scientifiques, des plus absurdes (OVNI, parapsychologie) aux plus polémiques (acuponcture, ostéopathie, homéopathie).
Je vous conseille en particulier chaudement ce dernier dossier, dont je viens de terminer la lecture.

jeudi, novembre 22, 2007

Petite connerie en passant


Une parodie de 24, ramenée en 1994 avec la technologie qui va avec. Sans sous-titres, désolé.

Sans liberté de blamer la solidarité...

... il n'est pas d'éloge flatteur.
Ben ouais, avec la grève, je rentre tard et tout naze à la maison, alors le blog en souffre, forcément. Mais cette grève n'a pas que de mauvais côtés; elle m'a permis notamment de vivre une expérience incroyable au pays des lecteurs du Figaro...

Pour me rendre chez mon collègue motorisé, je me tape 20 minutes de marche matin et soir, aux côtés d'une circulation ultra-dense, et donc dans un air quelque peu suffocant. Ce faisant, je longe dans les derniers mètres un batiment triste hébergeant une riante fac de droit, ornée de diverses affiches militant à droite de la droite. Enfin, une fac de droit normale, quoi.
Il semble cependant que cette de fac de droit là soit pourvue d'un groupuscule de gauchistes particulièrement actif, car on y distribue à l'entrée gratuitement des exemplaires du Figaro du jour. Et oui, on fidélise cette pépinière de conna..., euh de conservateurs, dès leur plus jeune âge...

Mon regard a ainsi été attiré par la page de garde de ce respectable quotidien, qui avait la particularité d'être illustrée d'une photo faisant un amalgame de bon aloi entre le mouvement de grève dans son ensemble, et les quelques sabotages de la journée d'hier. Il été doux de noter que ladite photo était à peu près deux fois plus grosse que l'entrefilet consacré à la mise en examen de Chirac.
J'ai enfin pu m'emparer de cet objet honni, en toute bonne conscience, et vivre un grand moment de plénitude. Quelques secondes plus tard, je suis en effet monté dans la voiture de mon collègue, à l'arrière car sa femme attendait un peu plus loin de prendre la place du passager avant. Et j'ai donc fait quelques mètres, le Figaro à la main, dans une voiture avec chauffeur pour me rendre au boulot. C'était un peu le but de ma vie (ça et acheter un gros pick-up avec un pare-buffle), voilà qui est fait.

En outre, j'ai pu m'amuser à feuilleter ce "respectable quotidien". Woaw. C'est absolument vertigineux de penser que nombre de nos contemporains voient l'actualité à travers ce prisme là.
C'est presque un exercice de salubrité publique: on devrait tous au moins une fois par an se forcer à lire ce truc pendant un quart d'heure au moins. Je vous conseille en particulier la page "opinions" du jour, couverte d'attaques méprisantes envers les grévistes, et qui a regonflé ma solidarité avec ce mouvement, bien émoussée par les galères sus-citées.

lundi, novembre 19, 2007

Front de libération de la Coupe

Camarades,

un informateur local me donne l'information suivante:
Oui, la coupe du Monde sera exposée du 18 au 21 novembre au Palazzo comunale de Modena, là même où je me suis marié. On connait les lieux, on est motivés: camarades, qui veut se joindre à moi pour monter une expédition punitive et récupérer notre bien?
Dépêchons nous, cette pauvre coupe souffre entre les mains de ces malades du catenaccio (et qui ne la méritaient vraiment pas sur ce coup là, bordel!)

dimanche, novembre 18, 2007

De l'autre côté


C'est le nouveau film de Fatih Akin, ce jeune réalisateur turco-allemand qui nous avait déjà régalé du superbe Head On. De l'autre côté raconte l'histoire compliquée de différents personnages oscillant entre l'Allemagne et la Turquie, à la recherche les uns des autres.
Si l'intringue est complexe et le thème peut sembler prétentieux, le film est au contraire très fluide, léger et beau comme tout. Les différents personnages ont un charme fou et une sacrée épaisseur psychologique, qui nous permet de rêvasser entre Orient et Occident sans nous ennuyer une seconde. Car le film ne se contente pas de philosopher mollement sur le déracinement germano-turc; il nous raconte avant tout de jolies (mais tristes) histoires, tout à fait passionantes.
Bref, quand le scénario est malin, les acteurs excellents et que la réalisation transcende tout ça, que peut-on faire de plus que de recommander chaudement cette bouffée de dépaysement, mélancolique et passionant?

samedi, novembre 17, 2007

Paris en marchant

En toute solidarité avec le mouvement, en toute non-animosité avec les cheminots, en toute sympathie avec les agents de la RATP, voici un petit aperçu de notre vie ces jours ci:


Et c'est pas parti pour s'arranger, grâce au doigté de notre président...

mardi, novembre 13, 2007

The power of concert

Nous avons eu du mal hier à nous motiver pour aller voir la soirée du festival des Inrocks pour laquelle nous avions pris nos billets. Le genre de spectacle qu'on vise deux mois à l'avance, en se disant "oh, ben faudrait aller en voir un une fois. Un peu de rock bizarre et travaillé, ça se tente"!
Le raisonnement est bon, sauf que le jour même, ce ne sont plus les mêmes priorités qui dominent. En sortant du boulot et avant une semaine chargée en mouvements sociaux, comment dire, on se dit qu'on ne serait vraiment pas mal à la maison, tranquilles... Et pis personne ne saurait qu'on aurait séché le concert, hein...

Mais bon, vous nous connaissez, on n'est pas du genre à se laisser abattre par la flemme (quoiqu'à voir mon dynamisme au boulot cet aprem', on aurait peut-être dû...). On s'est trainé à l'Olympia quand même...
Au menu: Loney Dear (bien), Remi Nicole (bof), Beirut (superbe groupe, mitigé sur scène) et... le phénoménal Andrew Bird... Inutile que je me fatigue à vous décrire sa performance: la vidéo suivante en donne une bonne idée... C'est complétement dingue.

Le raisonnement était bon donc: IL FAUT ALLER AU CONCERT (raisonnement à amender quand un ou plusieurs Bob trainent dans les parages...). Même si je dois avouer que nous avons un peu manqué de panache en partant à 22h45 avant le dernier groupe de la soirée (Devendra Banhart)...

Très bon

Au cas où vous ne l'auriez pas compris, I love Alternatives Economiques!
Benoîtement, le bon petit libéral se dit que plus on créée de richesse, plus la vie est belle. N'entrons pas dans d'obscures considérations philosophiques, c'est archaique, soyons modernes, et admettons bêtement. Soit.

Benoîtement, le bon petit libéral se dit que la richesse produite, c'est le temps travaillé multiplié par la productivité. Et le temps travaillé, c'est le nombre de gens qui travaillent fois le nombre d'heures qu'ils travaillent. Alors:

Bonheur = Richesse = Nb travailleurs x Nb d'heures hebdomadaires x Productivité?

Donc si on travaille plus, ça va mieux? Travailler plus va faire du bien à la France?

Dans un réjouissant article d'Alternatives Economiques donc, on étudie l'impact de ces trois facteurs (emploi, temps de travail et productivité) sur la richesse (le PIB par habitant), pour les pays de l'OCDE.
Et il en ressort que notre bon président n'a pas vraiment misé sur le bon cheval, comme démontré par les graphiques que je vous reproduit éhontément ici (cliquez dessus pour y voir quelque chose):



C'est bon...

Vivent les alternatives!

C'est un peu aride, mais qu'est-ce que c'est intéressant! Dès qu'il s'agit d'y voir clair dans des sujets économico-politiques, Alternatives Economiques est d'une aide précieuse. Ainsi, en une page et demie sereine et argumentée, ils nous expliquent les tenants et aboutissants des régimes spéciaux.
Ils concernent 6% des retraités. Leur origine remonte à 1945: lorsque le régime général a été mis en place, leur régime de retraite a gardé sa spécificité (car il était bien plus confortable!) Ils ont deux avantages principaux:
  • ils doivent cotiser 37,5 années (contre 40 ans pour les autres... pour l'instant!)
  • leur retraite se monte à 75% de leur dernier salaire, ce qui est bien supérieur au régime général.
En outre, certains postes pénibles ont droit à des cotisations plus courtes, ce qui permet aux agents de conduite RATP ou SNCF de partir à 50 ans, et à certains services EDF ou RATP de partir à 55 ans.
A part ce dernier point, qui est moins sévérement attaqué par le gouvernement que les deux autres d'ailleurs, on pourrait se dire qu'il n'est effectivement pas défendable que ces salariés là aient des retraites plus avantageuses que les autres. D'autant plus que les régimes spéciaux sont en grand déficit.
Sauf que:
  • Précision conjoncturelle n°1: Ce déficit tient bien plus à la démographie vieillissante des "privilégiés" qu'à leurs priviléges. Les caisses de retraite des artisans et commerçants sont dans le rouge pour la même raison.
  • Argument utopiste: pourquoi toujours tout aligner par le bas?
  • Argument économique n°1: les salariés en question financent pour une très grosse partie leurs retraites par un taux de cotisation vieillesse supérieur (37,2% chez EDF et GDF, 36.3% à la SNCF et 30% à la RATP, contre 26% ailleurs). Si on leur ôtait leur retraite améliorée, il faudrait trouver de bien jolies compensations aux travailleurs ayant perdu 10% de salaire toute leur vie... (Sans compter le fait qu'implicitement, ils ont choisi des boulots dont les salaires sont assez faibles, pour une protection sociale plus forte)
  • Argument économique n°2: on est loin d'avoir une minorité de salariés privilégiés partant à 55 ans contre une majorité d'exploités partant à 63 ans. La SNCF, la RATP et EDF licenciant peu et n'ayant pas recours aux préretraites (ni aux dispenses de recherche d'emploi), leurs salariés finissent leur activité, comme précu, à 55,5 ans. Et ceux du régime général, en pratique, partent à 57,5 ans. Il y a donc seulement deux années de différence sur le départ à la retraite, et non pas 7 comme on voudrait nous le laisser croire.
Tout cela pris en compte, Alternatives Economiques évolue l'économie apportée par un alignement sur le régime général à... 200 millions par an l'année prochaine. Et 1 milliard à terme, dans 5 ans.
Quand on rapproche ce chiffre des 15 milliards du bouclier fiscal, on comprend à quel point on a affaire à une lutte idéologique, et pas du tout pragmatique comme on nous le fait croire. Sarko veut montrer qu'il a des couilles en se faisant les cheminots...

dimanche, novembre 11, 2007

On n'arrête pas le progrès...

en matière financière!
Après les fonds de pension, les hedge funds, voici maintenant les "fonds vautours". Alternatives Economiques nous apprend que "ces fonds rachètent à bas pris la dette des pays du Sud et tentent d'en obtenir le remboursement intégral, assorti de lourdes pénalités devant les tribunaux. Le Cameroun, le Nicaragua, la République du Congo et l'Ouganda en ont été les principales victimes. Ces fonds opérent principalement à partir des Etats-Unis, du Royaume Uni et des Iles vierges britaniques." (...) "25 fonds ont ainsi obtenu gain de cause, récupérant un total d'un milliard de dollar pour des créances initiales de 417 millions."
Un tel cynisme, ça en devient presque beau. Et j'imagine que ces fonds doivent entretenir des lobbyistes bien fringués capables de nous expliquer la larme à l'oeil que ce leurs agissements sont bons pour l'Economie, la Morale et l'Humanité.

samedi, novembre 10, 2007

Musique maestro!

Que du bon du très bon, de l'excellent dans mes petites oreilles ces temps-ci! A tel point que je ne vais pas m'attarder sur les pourtant très écoutables Babyshambles, Artic Monkeys, Amy Winehouse, Emily Loizeau et Beirut (par ordre croissant de préférence) pour ne pas encombrer vos playlists futures. N'hésitez pas à leur donner une chance cependant une fois écoutés les quatre groupes qui suivent...





Commençons en souplesse avec les méconnus canadiens de Wolf Parade (en tout cas, moi je connaissais pas avant que Tom ne m'oriente les esgourdes en leur direction). Il s'agit à la base de deux potes qui s'amusaient à jouer ensemble, sans prétention. Leurs amis d'Arcade Fire leur ont mis un gros coup de pied aux fesses en les invitant à faire leur première partie. En trois semaines, les deux loulous se sont constitués un repertoire permettant de relever le défi, et poursuivent sur leur lancée depuis.
C'est de l'indie pop tout bon, à la Arcade Fire, en un peu plus électrique-punk: frontal mais riche, gothique mais joyeux, énergique et habité, bref, du tout bon!

Venons en aux français de la troupe, nom de d'la, avec les frangins de Volo. Prenez un des Wriggles, laissez-le inviter son frangin épris de philo (et dont la voix et la guitare sont à la hauteur de son frère), et vous obtenez Volo. Des sortes de Wriggles qui se calment, arrêtent de bondir partout et s'asseyent sur un tabouret le temps de nous délivrer des mélodies sympas, mais surtout des textes superbes. Tour à tour engagés, marrants, et philosophes, voila qui fait du bien à la tête!

Venons en au cas Renan Luce. Je dois avouer m'être méfié de ce joli garçon qui déboule de nulle part, estampillé "nouveau Bénabar", et remplit l'Olympia de jeunes admiratrices à peine pubères dès son premier disque. Voila qui fleure le marketing à plein nez...
Et bien son album a eu raison de ma méfiance. Il regorge de chansons rêveuses ou marrantes, petites histoires bien vues et bien racontées. Son talent ne tient pas vraiment à sa prose proprement dite (on sent bien que certaines rimes sont là pour "boucher les trous" du texte), mais aux thèmes abordés, et à la façon dont ils sont amenés. Du destin aléatoire de la page blanche à la narration d'une nuit d'insomnie aux côtés d'une amie dans un sommeil profond (ça me dit quelque chose...), tout cela est charmant et, autant le dire, joliment poétique.
Une petite louche de politique moins consensuel, et un peu plus de travail sur les rimes qui bloquent, et le deuxième album sera tout bonnement extra!

Et, au milieu de cette compétition très relevée, la palme va au nouvel album des grands Radiohead: In Rainbows. On a tellement glosé de leur initiative le de mettre en vente en ligne exclusivement, et à un prix à définir par le client, qu'on a presque oublié de saluer son incroyable qualité.
Comme il est de coutume chez Radiohead depuis une dizaine d'année, l'album est hyper-riche et travaillé, ambitieux et planant. De nombreuses lignes mélodiques s'entrecroisent autour de la voix superbe de Thom Yorke, ce qui donne un album compliqué: il a d'une part une unité formidable (à tel point qu'il est dommage d'écouter les chansons indépendamment les uns des autres), mais il arrive d'autre part que les chansons changent du tout au tout entre leur début et leur fin. On découvre un monde unique, mais surprenant.
A la différence des derniers albums de Radiohead, qui poursuivaient la même philosophie mais avaient tendance à m'endormir tant elles me faisaient planer (Kid A. et Amnesiac essentiellement), je trouve que celui-ci réussit parfaitement son pari: il est magnifique certes, mais aussi prenant: pas besoin de se mettre en position du lotus pour en apprécier la substantifique moelle! (Quoiqu'il lui manque un petit quelque chose d'électriquement frontal pour atteindre le sommet absolu d'Ok computer, si je puis me permettre de faire la fine bouche).
Quoiqu'il en soit, In Rainbows reste quelque chose de grand, et d'enthousiasmant. Vous pouvez donc vous le procurer légalement pour une somme à votre appréciation sur le site suivant (quand à moi, j'ai choisi 10 euros, soit seven pounds fifty. Faut relancer l'économie mancunéenne, quand même!)

vendredi, novembre 09, 2007

Les promesses de l'ombre


Toujours sur la bréche, nous sommes allés voir hier soir le fraichement sorti les promesses de l'ombre de David Cronenberg. Un film sombre, vénéneux et magnifique, qui commence par la mort en couche d'une fille mère dans les bras d'une sage femme attentionnée (ça nous détend toujours en ce moment, ce genre de scène). Le journal intime de la victime (en russe) en main, ladite sage femme fait des pieds et des mains pour retrouver la famille du bébé. Ce faisant, elle débarque benoîtement au milieu d'une famille de la mafia russe qui a deux-trois choses à se reprocher...

Le film est superbe. C'est d'abord et avant tout un thriller rondement mené, peur au ventre et histoire maline incluses. Mais c'est surtout "un film de Cronenberg", plein du charme sombre et torturé dont il est coutumier. Il réussit le tour de force de donner au film une atmosphère réaliste, quasi-documentaire, tout en poursuivant une recherche esthétique aboutie. Le film est donc graphiquement superbe sans que la tension ne soit un instant relâchée, ce qui sert à merveille la plongée dans le monde dépaysant et voisin de cette famille mafieuse russe de Londres.
Pour entretenir cette tension, Cronenberg a recours comme dans History of violence a des explosions d'hyper-violence, rares mais très frontales. Ce choix très intelligent (mais dur à encaisser parfois) permet de maintenir le spectateur en haleine sans aligner des centaines de maccabhés, et plus profondément montre toute l'horreur des meurtres sans la mise à distance "jeu vidéo" dont sont coutumiers la plupart des polars. La bande-annonce ne fait d'ailleurs pas justice à cette parcimonie dans la quantité de scènes d'action...

Mais alors le film culmine surtout par le personnage central, celui d'un mafieux russe mystérieux joué par Viggo Mortensen. Une classe incroyable au service de l'intrigue, un magnétisme de malade, une attitude impeccable et illisible, et des explosions animales au moment opportun... Waow!

mercredi, novembre 07, 2007

Rhétorique pour populo

Parmi les 9 phrases (et demies) de notre président rapportées dans un article du Monde ayant trait à l'attitude du gouvernement vis à vis des mouvements sociaux à venir, j'en reproduis six:
  • "Nous avons trop reculé, nous ne pouvons plus reculer".
  • "Si on veut être exemplaire, il faut donner l'exemple".
  • "La France à beaucoup de retard, ce retard nous allons le rattraper".
  • "Cela va un peu bouger, mais c'est normal quand on fait de réformes, ça bouge toujours un peu".
  • "On me promet un novembre difficile. C'est pas le mois de novembre qui sera difficile, mais c'est tout le quinquennat".
A mon arrivée en Allemagne, j'avais été choqué par la campagne de pub du grand tabloïd national, le Bild, qui se vantait de n'employer que 200 mots de vocabulaire. Non seulement il me semblait navrant de mettre en avant son indigence, mais en plus je m'étonnais qu'aucun de ses lecteurs ne se sente insulté. Autant écrire en gros: "journal pour neuneu sachant à peine lire".

Et bien la rhétorique sarkozyste, pourtant éloquent orateur parait-il, porte le même genre de message. "Je - vous - fais - des - phrases - simples - pour - que - vous - comprenez - bande - de - crétins. Puisqu'il n'y a que ça que vos pauvres petits cerveaux puissent ingérer, sans se faire mal au crâne, je ne vais communiquer qu'avec des slogans qui claquent, à base de 200 mots de vocabulaire, et je ne lésinerai pas sur les répétitions. Vous êtes contents?"

Et le pire, c'est qu'ils sont contents.

mardi, novembre 06, 2007

Les vieux et Groland


Pour répondre à ma maman concernant ce que je reproche aux plus de cinquante ans, tout en fêtant les 15 ans du Groland (qui fait l'object d'un joli documentaire que je conseille aux heureux abonnés de canal).

PS: Mais leur vengeance peut être terrible:

dimanche, novembre 04, 2007

Vinci prend l'avion un jour de grève


Je trouve ça d'un banal d'être bloqué un jour de boulot par les grèves RATP ou SNCF... Le vrai top travailleur se retrouve coincé à l'aéroport, c'est tellement plus distingué!
Et merde, puisque la mode est à la richesse décomplexée (dite bling bling semble-t-il), au 140% d'augmentation assumé et à la rolex en évidence, je l'avoue: mon rêve absolu, celui auquel je suis prêt à tout sacrifier, est d'être un jour victime d'une grève du pilote de mon jet perso! Ce jour là, oui, je serai arrivé! Et qu'est-ce que je serai heureux...

En attendant donc, j'ai modestement subi la grève des stewards et hotesses Air France. Et attention coco, de la synthèse de grève chiante pour l'usager. Parce qu'à mon avis il faut différents éléments pour que la grève soit bien pénible comme il faut.

D'abord, et assez paradoxalement, il faut que la grève ne soit pas totale. Sinon, la chose est entendue, on rentre chez soi, ou on trouve un autre moyen de transport. C'est pénible certes, surtout quand le déplacement est urgent et que la chose dure, mais on échappe au goût si particulier de l'incertitude, cet espoir sans cesse déçu qui rend l'attente si intensément inoubliable.
Ah, qu'elles sont âcres ces heures d'attente à scruter les écrans d'information dans la moiteur de la masse des voyageurs mécontents. Ah, qu'ils sont vicieux ces déferlements d'incertitude et d'espoir au rythme des rumeurs parcourant l'aéroport!

Mais c'est encore meilleur quand on ne sait rien, quand l'arbitraire régne. Quand par exemple les syndicats d'hotesses et stewards choisissent une subtile technique de guérilla ne permettant aucune prévision fiable: en ne se déclarant qu'au dernier moment (juste avant d'embarquer par exemple), ou en refusant tout contact avec le patronnat pendant le préavis, on entretient cette bonne vieille incertitude.

Pour que la fête soit complète, il faut évidemment que le patronnat y mette du sien. Chez Air France, on n'est pas comme ces fiottes de la SNCF et de la RATP, qui communiquent à qui mieux mieux. Dans le plus pur style sicilien, on reste digne et on se tait. On répand quelques infos manifestement fausses (90% puis 70% des vols assurés), on met en branle un numéro vert inutile, et surtout on ne dit rien dans l'aéroport.
Dans mon cas, ils ont même été jusqu'à couper les haut-parleurs des bureaux d'enregistrement. La seule manière d'être informés des vols dont l'enregistrement été ouvert était donc de faire le siège de ces bureaux, encastrés dans la foule suante des voyageurs inquiets et perdant parfois leur calme...

Dans ces conditions, je vous le certifie, l'impact de la grève sur les voyageurs sera total. Même un petit vacanciers comme moi, dont le vol n'a été retardé que de deux heures, en garde un souvenir ému. Mais si vous voulez vraiment que ça reste, ne vous relâchez pas et pensez à la cerise sur le gateau. Quelques idées en vrac:
  • Si le voyageur peut rater sa correspondance et ne partir que le lendemain, c'est pas mal.
  • Si vous l'orientez mal vers la navette qui le mène à l'hotel, de sorte qu'il perde 45 minutes à l'attendre nuitamment en vain, c'est bien.
  • Si la réception de l'hotel l'ignore et laisse passer tout ce qui a plus de 50 ans sous son nez, ça commence à devenir bon.
  • Si vous lui perdez ses bagages à l'arrivée (et ne les lui restituez qu'en toute fin de séjour), c'est excellent.
  • Et si la recherche des bagages est rendue plus difficile par la faute de l'hotesse qui l'a mal orienté vers la navette la veille, et a gardé le reçu des bagages, c'est carrément formidable!
En espérant que ces conseils puissent servir aux 95 catégories professionnelles qui vont faire grève dans les mois qui viennent par la grâce des courageuses et pertinentes (et inévitables et modernes) réformes de notre président à l'écoute, je vous pris d'agréer, camarades, l'expression de mes sentiments les plus militants.

PS: Remarquez, 95 catégories, ce n'est que le centième de celles qui vont se faire enfler de près ou de loin par l'orientation que prend le pays (et pour laquelle nombre d'entre eux ont voté!)

Petit clip sympa


Dégoté sur le site de Reg'.
Voila qui me parle parfaitement, moi qui dois me restreindre à trois cafés maximum par jour sous peine de laisser la caféine inonder trop facilement mon fragile petit organisme!
On ne le dit pas assez, mais la recherche demande une discipline de fer pour ne pas sombrer...

samedi, novembre 03, 2007

Semaine sicilienne

Vous connaissez ma conscience professionnelle: jamais je ne partirais en vacances sans ramener des anecdotes amusantes à raconter à mon fidèle lectorat. Vous aurez donc le droit aux billets "Vinci prend l'avion pendant la grève", et "Ele et Vinci choisissent des hotels où il est impossible de dormir" (voire à un "Ele et Vinci assistent à une poussée de xénophobie sécuritaire") dansun futur proche.

Mais en m'attardant d'entrée sur ces pitoresques épisodes, je risquerais de vous donner l'impression que nos petites vacances se sont réduites à cela. Ce qui serait plus que mensonger: la Sicile (ou plus précisément sa côté est, puisque nous avons visité Syracuse-Noto-Taormine et Catane) a été à la hauteur de sa réputation.
Elle nous a offert des paysages superbes, en commençant par une belle arrivée en avion autour de l'Etna, et en finissant sur un panorama hahurissant sur la côte ionienne depuis Taormine. Elle nous a ébloui par sa richesse culturelle: théâtres grecs et romains, chateaux normands (teintés d'inspirations arabes) et églises baroques. Et elle a enrobé le tout d'une douceur estivale qui a permis un bain libérateur dans la Méditerrannée. Si si, le 1er novembre!
Mais surtout, surtout, elle a déployé toute la richesse de sa cuisine a base de bons légumes, d'huile d'olive et de poissons et fruits de mer freschissimi! Le resto de Syracuse que nous avait conseillé Ubaldo, et qui se fait directement livrés par les bateaux de pécheurs amarrés à trois mètres de sa porte, vaut à lui seul le déplacement...
Le pied. Mais plutot que de trop en faire, je vous invite à jeter un oeil à nos petites photos: