vendredi, novembre 20, 2009

BD, messieurs dames!

Votre blog préféré, loin d'être sur la pente descendante comme quelques mauvais esprits rivés sur le faible taux de publication actuel aimeraient à faire croire, s'enrichit d'une nouvelle rubrique: la BD. Je viens en effet de commettre une erreur aux lourdes conséquences. Je vous explique.
Bien élevé comme je suis, je n'arrive jamais les mains vides chez mes hôtes (ce qui n'est pas nécessairement le cas pour les anniversaires de ma femme, mais passons). Une heure avant le début de l'invitation, je me suis donc rué Rue Daguerre en quête d'une idée qui réjouira mon pote tout en lui montrant quel homme de goût je suis. J'avais une idée derrière la tête: une BD.
Et là, c'est le drame. Le vendeur étant disponible, la discussion s'engage. Deux minutes (très sympathiques) après, je ressors avec six albums sous le bras, et allégé de 130 euros (en fait, sept albums si on compte l'imagier de Tchoupi, mais c'était pas pour moi (je l'ai déjà lu)).
Me voila relancé dans la BD-philie, semble-t-il. Je me recentre sur la BD moyen format, souvent autobiographique, en noir et blanc, la plupart du temps éditée par des indépendants (il doit y avoir un nom générique pour ça, mais je débute). Et pour l'heure, je m'en prend plein les mirettes. Laissez moi vous conseiller deux petits bijoux, vous verrez de quoi je cause.
Et pour mon pote? Ben à peine la conversation engagée, j'avais complètement oublié jusqu'à son existence. Je lui ai donc offert des chocolats.

Je commence avec Pilules bleues, du suisse Frederik Peters. L'auteur y raconte, en plusieurs chapitres à taille variable, son histoire d'amour avec sa copine Cati, séropositive. Et donc condamnée à absorber des pilules bleues toute sa vie. Pour compléter le tableau, Cati a un jeune enfant lui aussi séropositif.
Vous êtes toujours là? Vous feriez bien, car figurez vous qu'à l'opposé de ce qu'on peut légitimement attendre en lisant ce pitch, la BD est légère, joyeuse, rêveuse et fine. C'est avant tout une histoire d'amour superbement rendue, touchante sans sombrer dans la niaiserie. Et qui permet, en suivant un narrateur s'interrogeant sur ses sentiments, sa paternité, et son rapport à la maladie de sa nana et de son gosse, de faire sauter un certain nombre d'a-priori.
S'attaquer à un tel sujet et laisser le lecteur qui clôt le bouquin dans un état de joie aérienne (et un peu moins con), c'est vraiment du grand art. Et je ne suis pas le seul à le dire.

Et j'en viens à une autre grande BD, par un dessinateur qui ne m'est pas inconnu Alex Robinson. (Sachez que j'ai échangé avec lui par email, moi personnellement. Je voulais lui commander un dessin pour l'anniversaire d'Elena, je me suis fait rembarrer parce qu'il a du boulot par dessus les oreilles, et Elena a rien eu du coup. Mais j'en ai profité pour lui envoyer quelques blagounettes, auxquelles il a répondu par d'autres blagounettes. C'est mon pote, autant dire).
J'avais en effet déjà énormément apprécié ses précédentes BDs, De mal en pis en tête. J'en ai d'ailleurs probablement parlé à l'époque sur le blog (vous pouvez l'acheter les yeux fermés). C'est donc sans doute aucun que je me suis jeté sur sa dernière création Plus cool tu meurs.
Il s'agit là d'une histoire plus resserée, occasion pour Alex (mon pote) de quitter les albums choraux qu'il affectionnait jusque là. Un quadragénaire, moyennement convaincu mais poussé par sa femme, décide de se soumettre à l'hypnose pour essayer d'arrêter de fumer. Il se trouve projeté dans ses années collèges, alors qu'il allait allumer sa première clope, et va revisiter son quotidien de l'époque pour éviter de sauter le pas.
Voilà qui offre une réjouissante balade dans nos années collège, suivies par le regard distancié d'un quadragénaire. Le ton est toujours juste, et on navigue avec bonheur entre franche rigolade et moments touchants (notamment autour des premiers amours). Jusqu'à ce qu'on en vienne à comprendre ce qui a justifié la fuite dans la tabagie. Difficile d'en dire plus sans déflorer le dénouement. Disons simplement que le livre change alors complètement de tonalité, avec beaucoup de bonheur et de force.
Robinson est déjà brillant d'ordinaire dans sa façon de narrer des histoires complexes avec fluidité, à manipuler les tonalités (humour, sensibilité) et à imaginer de belles trouvailles graphiques. Mais c'est quand on en arrive à la fin qu'on comprend toute la maitrise du bonhomme.

Sincèrement, ces deux albums sont vraiment à couper le souffle. Que vous aimiez la BD ou non, vous serez tous retournés dans les deux cas.

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