lundi, avril 19, 2010

La preuve de l'arnaque


Regardez bien cette jolie courbe (trouvée et détaillée ).
C'est tout un poème. Elle montre les prix du logement rapporté au revenu des ménages. Elle révèle une longue longue période de stabilité, lors de laquelle l'immobilier reste dans un tunnel de 10% autour d'une valeur stable. Elle est seulement interrompue par un bond parisien commencé en 1985, et promptement corrigé à la faveur du "krach" de 1991.
Et après 37 ans de stabilité, en 2002, alors que ma génération commence à bosser et donc à pouvoir envisager de s'acheter quelques murs à elle, que croyez-vous qu'il advint? Un bond phénoménal, partout en France, et atteignant un succulent facteur 2 à Paname.
De bien belles courbes, toutes droites tendues vers une partie charnue de l'anatomie de ma génération.

dimanche, avril 18, 2010

Grosse livraison

Cela fait un sacré bail que vous n'avez pas eu la chronique cinéma dont vous êtes si friands. Je profite de quelques jours des célibat, période qui risque d'ailleurs de croître si les cendres islandaises continuent de retenir mon fils et ma femme loin de moi, pour déverser la dense série de critiques des films que j'ai vu ces trois derniers mois.


Je passe rapidement sur In the air, la comédie qui met en scène Clooney en licencieur à gage, en permanence entre deux avions pour pratiquer son beau métier. Le film est partagé en scènes succulentes de politiquement incorrect (autour des licenciements ou des vertus de la vie de manager sans attache) et la guimauve la plus dégoulinante quand Clooney tombe amoureux, ou se voit contraint de plaider les vertus de l'engagement devant un beau-frère réticent. Dommage que le réalisateur n'ait pas choisit plus courageusement son camp.
Venons-en à la révélation, film au pédigree des plus suspects. Il s'agit d'un thriller allemand qui se passe dans les arcanes du tribunal international de la Haye. Une procureur a une semaine pour convaincre une témoin réticente de se rendre au tribunal afin de confondre un général serbe criminel. Contre toute attente, le film est sacrément accrocheur, bien mené, et instructif sur le fonctionnement d'un tribunal qui s'avère souvent guidé par de bien pragmatiques arrières pensées politiques. Il est en outre sacrément bien joué par les deux actrices principales, quasiment de tous les plans. Une belle réussite donc, même si un des ressorts dramatiques m'a quelque peu échappé. Y a t-il un volontaire pour aller le voir afin de m'expliquer ce que je n'ai pas compris?
Les teutons font décidément une entrée remarquée dans cette salve de critique, car je pense également le plus grand bien de Soul Kitchen. Entre deux drames magnifiques, le réalisateur germano-turc Fatih Akin a pris le temps de tourner cette étonnante comédie entre copains, autour d'un héros entouré de bras cassés qui cherche à relancer son restaurant minable. C'est généreux, frais, bringuebalant mais riche d'inénarrables péripéties. Une comédie fofolle à la joie de vivre communicative.


J'ai aussi été impressionné par la maitrise du dernier Polanski, Ghost writer. Sans tape à l'oeil, il met toute sa classe au service d'un scénario diablement bien troussé: un jeune écrivain est recruté pour achever la rédaction des mémoires de l'ancien premier ministre anglais, au cœur d'une tourmente médiatique suite à sa conduite de la guerre d'Irak. Le nègre découvre des choses intrigantes, le tout dans une atmosphère d'enfermement typiquement polanskienne.
J'ai vraiment apprécié la sobriété de la mise en scène, discrète mais scotchant le spectateur alors que l'implacable intrigue se déroule. Tout au plus ai je regretté les deux dernières secondes du film, un peu too much, mais qui sont loin de ternir l'impression de classe émanant du film.


Par ailleurs, je sors de la projection des Arrivants, documentaire sur un centre d'accueil d'immigrés. Des assistantes sociales et des traducteurs dévoués, plus ou moins patients, cherchent à guider les nouveaux arrivants dans les démarches administratives tout en leur assurant un minimum de support matériel. C'est un film fin, gonflé d'humanité, loin d'être démonstratif, qui nous dévoile le destin d'immigrés complétement paumés dans ce nouvel environnement, supportés tant bien que mal par des assistantes à la marge de manœuvre réduite.
Preuve de la légèreté formelle du docu: le réalisateur n'hésite pas à intercaler à l'occasion une respiration comique entre deux scènes touchantes ou tendues, telle cette longue lutte d'un agent d'accueil amusé cherchant à établir la nationalité de son interlocuteur.


Mais le film qui domine cette moisson d'une qualité pourtant tout à fait respectable est à mon sens la merditude des choses. Il s'agit du film flamand qui retrace quelques années d'une enfance plongée dans une famille soudée mais déglinguée. Le gamin y est épaulé par trois oncles perpétuellement imbibés, dont la stupidité confondante est seulement surpassée par l'incroyable générosité, et un père au cœur gros comme ça quand il n'est pas pris de crises de colère destructrice, alcool et vie de merde oblige.
C'est donc une plongée dans le quotidien foutraque et parfois tragique d'un précariat à la Groland. Mais ce que j'ai particulièrement apprécié, c'est que le film ne se réduit pas à de joyeuses scènes de beuveries régressives (même si elles sont sacrément plaisantes). Des bouffées d'émotions illuminent aussi ces tableaux qui échappent à la caricature. Les personnages s'y révèlent souvent stupides, parfois d'une méchanceté inexcusable, mais aussi d'une humanité qui sonne sacrément juste.

samedi, avril 17, 2010

Manuel de savoir vivre à l'intérêt des interlocuteurs de marathoniens

Une préparation de 4 mois lors de laquelle 605km furent parcourus, justifie bien un deuxième post sur le marathon qui m'a permis de rejoindre le 1% de la population française ayant déjà parcouru cette distance. Ne fut-ce que pour vous permettre de voir ces deux bien belles photos prises à l'arrivée (photos dont je tairai le prix par respect pour ceux qui sont durement touchés par la crise, et ignorent à quelles extrémités on peut être réduit pour conserver un témoignage du jour où on est allé au bout de ses capacités physiques).
Je vous rassure, ce billet ne retracera pas par le menu l'intégralité de mon épopée. Vous avez de la chance que je me sois offert un bon resto avec mes compagnons d'entrainement, tout aussi émoustillés que moi, hier soir. Nous avons déroulé avec gourmandise nos courses respectives par le menu. Ah le mur du 34ème kilomètre! Ah, le rétrécissement au rond point de la Bastille! Le faux-plat du 10 au 15ème km! Les ravitaillements pénibles, celui des quais en tête! Les chemins du bois de Boulogne, trop étroits pour absorber les coureurs ainsi que les compétiteurs crevés qui marchent!
Les femmes de marathoniens ayant eu le bon goût de déserter la soirée, nous avons pu revivre notre guerre sans ennuyer personne. Ma soif de reconnaissance ayant été partiellement étanchée hier soir, je peux vous faire grâce du récit détaillé de ma course.
Mais à une condition seulement.

J'ai remarqué à l'occasion de ce marathon un phénomène étrange. La première fois que vous avouez que vous êtes adepte du footing à quelqu'un, vous êtes systématiquement salué par un regard respecteux. "Quoi, tu cours une heure de suite! Waow, moi cinq minutes déjà je peux pas. Et ben bravo".
Quand tu en viens à avouer que tu te frottes de temps en temps au semi-marathon, la reconnaissance est absolue. Et ce, quelque soit le chrono: 1h40, 2h, 2h10: "Woaw, quoi, 20km sans s'arrêter! Chapeau... Franchement, moi, je pourrai pas."
Par contre, quand tu en viens à évoquer le marathon, l'interlocuteur pourtant béotien s'intéresse rapidement à ton temps. Et là, tu a bouclé tes 42km en plus de 4h, l'atmosphère se refroidit notablement. "Enfin, bravo hein, de toute façon le plus important c'est la distance. Tu es arrivé au bout, quand même!"
Et ben je t'emmerde moi! C'est sacrément beau de le finir en 4h, tu crois quoi, glandu!

Enfin, vous me connaissez, je suis parfaitement éduqué et ai un respect absolu pour l'étiquette, alors je ne me dépars pas de mon plus beau sourire... Mais je peux te dire qu'à la première occasion je vais rayer la carrosserie de ce connard!
J'imagine que ette brusque exigence de performance vient de la collision de cette folle distance - 42km200, pour être exact - avec un temps tout aussi délirant - 4h à courir! Le béotien doit avoir vaguement à l'esprit que seuls quelques uns peuvent boucler la distance en 2h et quelques, et sont donc prêts à accepter l'idée qu'il faille 3h et quelques pour la parcourir. Mais bon, QUATRE heures, c'est quand même sacrément long. Trop long même pour être une course honnête, tu vois, ça doit forcément être plus proche d'une ballade, c'est pas possible autrement!

Alors, de grâce, je ne vous épargne la version longue de ma course que si vous me promettez d'être gentils avec le prochain primo-marathonien que vous croisez. Répétez après moi: moins de 5h, c'est très bien. Moins de 4h, c'est très sérieux. Moins de 3h45, c'est le top. Et moins de 3h30, c'est à mon avis le mieux qu'il soit possible d'espérer sans tourner toute son existence vers la course.
Au nom des générations à venir de jeunes marathoniens idéalistes fourbus, je vous remercie!

lundi, avril 12, 2010

Consécration

Voilà.
Je suis au sommet.
Figurez-vous que je figure en bonne place dans l'Equipe, quotidien de référence s'il en est.
Et oui! Dans le cahier spécial même! Et je le prouve:
Mais si! N'y mettez pas de mauvaise foi, bande de jaloux! C'est là:
Sinon, truc qui a l'air très sympa, on a droit à une vidéo personnalisée de notre course. En fait, il s'agit d'images capturées aux différents points de passage chronométrés, ce qui vous met dans la peau des spectateurs, avec le double avantage d'un meilleur point de vue et de connaître le temps approximatif de passage.
Seulement, vous verrez que lorsqu'on est au beau milieu du classement, on court dans une putain de marée humaine du début à la fin. Et donc c'est donc un sacré défi de repérer quelqu'un sur la vidéo!
La vidéo où je suis le plus visible est la Finish (close-up): je suis à droite, passe derrière la barre des menus avant de retourner à l'image (quel métier!) Sur la Finish tout court, il faut le savoir pour me chopper juste derrière le drapeau brésilien. Par suite, j'arpente la ligne d'arrivée pour frotter ma puce électronique par terre puisqu'un gros malin l'a décollé de ma chaussure en me marchant dessus au 41ème km.
Je fais une apparition furtive au dernier quart des caméras placées au semi, et aux 30km. Grand jeu: essayez de me repérer sur les autres vidéos! Indices: j'ai un T-shirt blanc. (Et encore, je suis plus grand que la moyenne...)
(Sinon, vous pourrez admirer la belle stabilité de ma vitesse au long des 42km en cliquant sur "chart").

lundi, avril 05, 2010

Gael de mars

La Canaille



Nous arrivons à un de mes temps préférés de bloggeur émérite. Quand j'ai fait une découverte musicale incroyable, à laquelle j'adhère complètement, et que je peux la partager avec mon large lectorat.
Ce n'est pas tant que j'ai envie de me la péter "découvreur de talents" (quoique c'est vrai que c'est toujours un peu flatteur), mais c'est surtout que j'accroche tant à l'écoute de cet album que j'ai envie qu'un maximum de mes potes y jette une oreille - confiant que le talent du groupe en question fera le reste.
Ainsi donc, après les sommets que constituent Mr Roux, la Blanche et Batlik (voire Loïc Lantoine si on veut bien considérer qu'il n'était pas assez connu quand je l'ai mentionné), let me introduce... la Canaille!

Il s'agit d'un groupe de Montreuil, pas évident à classifier. Si le chant est clairement rap, la musique dépasse de loin la boîte à rythme et les samples répétitifs habituels. La formation de base est même franchement rock (guitare et basse), enrichie d'un solide sampler-scratcheur (ce qui nous ramène au hip-hop). Mais en outre, des amis violonistes, trompetistes et sytaristes se joignent à la fête, ce qui donne de chansons en chansons des colorations jazzs ou world. Vu la profondeur musicale du truc, c'est un peu rude de les limiter au qualificatif de rap!
Le plus simple est de consacrer quelques minutes à la petite sélection de leurs chansons que je vous ai amoureusement concoctée pour vous faire une idée de l'OVNI en question. Seule ma belle-sœur a su condenser l'essentiel de l'esprit de la Canaille en une courte définition qui, si elle n'est pas parfaitement exacte, restitue l'essentiel: c'est du rap gaucho.

En effet, l'intérêt premier de la Canaille ne vient pas pour moi de leur instrumentation (même si elle est de tout premier plan), mais des textes. Sérieusement, férocement, engagés. Mais aussi formidablement talentueux...
Même si j'ai une tendresse toute particulière pour les groupes engagés, je craignais de me lasser d'un groupe dont l'intégralité des textes suinte exclusivement la colère rouge. J'avais peur qu'un réquisitoire trop systématique ne tourne rapidement en rond sans spécialement faire avancer le schmilblick, à la façon de ces groupes adolescents dont l'analyse politique ne va pas plus loin que "casse toi Sarko" et "le racisme, c'est mal". C'est plutôt sympathique, mais ça ne s'écoute pas en boucle.
On en est loin ici. Les chansons varient les tons (parfois), mais surtout les angles pour chanter la colère sociale. Elles sont joliment amenées, bien construites et argumentées, et, disons le, contiennent de jolies et percutantes images poétiques ("le bruissement des pantoufles avant le bruit des bottes", pour ne citer qu'elle). Et elles gardent toujours cette infalsifiable sincérité de la révolte viscérale.
Fort, beau, et intelligent, quoi...

Et j'ajoute prolixe!
Car à peine écouté l'album que je me suis rué à leur concert. Je m'attendais à un moment fort, mais craignais que les garçons n'aient pas un répertoire permettant de tenir beaucoup plus d'une heure. Une heure de panard, c'est déjà énorme, me direz vous.
Et bien figurez vous que les garçons ont en plus la plume généreuse, puisqu'une bonne moitié des chansons ne sont pas présentes sur leur album. Et quel bonheur, de découvrir à cette occasion une brassée de textes tout aussi bien sentis et, chose rare, que l'on peut apprécier dès la première écoute!
Bref, je ne saurais trop vous conseiller de donner sa chance à ce grand groupe...

Plus accessoirement, la Canaille m'a donné l'occasion de me frotter à un public de concert de rap. Expérience partielle puisqu'une bonne partie de la salle était constituée, comme moi, de bobos attirés par les diffusions sur FIP ou France Inter. Mais malgré tout, l'avant scène de la première partie, 100% rap celle là, fut peuplée de jeunes à casquette au milieu desquels j'ai eu l'impression de faire tâche. J'y ai appris, par exemple, qu'apparemment on n'applaudit pas dans ce genre de concert, mais qu'on préfère ovationner un bras en l'air! je le note...
Cela dit, outre cette confrontation pittoresque, j'ai aussi eu l'impression que l'artiste en première partie - Swift Guad - n'avait pas non plus sa plume dans sa poche. Certains de ses textes, servis par une voix de dur whiskyteux (mais desservis par une musique bombomesque sans finesse), m'ont tant plus que je me suis offert son album.
Pour ceux d'entre vous qui 1- auraient écouté la sélection de la Canaille et 2- sauraient faire abstraction de l'imagerie de gros dur de rap bien stéréotypée, je conseille l'écoute (et pas trop la vision) de ce clip:


Et tant que j'y suis, j'expédie le reste de mon actualité musicale vite fait bien fait. C'est court, percutant et forcément injuste, mais je n'ai pas connu de grand choc à part la Canaille ce dernier trimestre.
Le live de Ben Harper est sympathoche, sans plus. L'album accoustique d'Arthur H vaut une écoute, mais n'égale pas les originaux. Le dernier album de Jeanne Cherhal est intéressant, mais pas à se rouler par terre.
Par contre, je me suis mis sur le tard à Izia, jeunette bombe rock. Tout en premier degré frontal comme il convient à ce style, c'est une boule d'énergie au talent vocal considérable. Je l'honore en ajoutant deux de ses morceaux à ma sélection. Côtoyer la Canaille après tout le bien que je viens d'en écrire, ça veut tout dire.

jeudi, avril 01, 2010

Deux beau gros livres avec des images

Deux de mes dernières lectures continuent à prouver, s'il en était besoin, que la BD fourmille d'œuvres de très haute volée. Quand des gars qui ont des choses à dire et du talent transpirant les petits doigts habiles, se saisissent de ce médium, il n'a vraiment rien à envier aux arts plus nobles.

Cette entrée en matière en forme d'enfonçage de porte ouverte étant faite, laissez moi vous parler de Blast de Manu Larcenet. Honte à moi, je n'avais jusqu'alors presque rien lu de cet auteur contemporain reconnu comme un des plus grands. Initialement connu pour ses BDs au vitriol commises pour Fluide Glacial (c'est d'ailleurs Chez Francisque que j'avais lu de lui), il dévoile depuis une petite dizaine d'année une face beaucoup plus personnelle.
C'est dans cette veine que s'inscrit Blast. On y suit Polza, étonnant personnage obèse interrogé par les flics. Pour expliquer un crime qu'on imagine affreux, il se raconte: son enfance, son illumination mystique subite, sa fuite dans la nature... 200 pages passionnantes plus loin, le personnage est plus opaque mais aussi plus fascinant que jamais, et on attend la suite en frétillant... Cinq tomes sont annoncés...
J'allais dire que la qualité première de cet album en est le graphisme. Totalement personnel, naïf et mystérieux, noir et blanc texturé jouant sur d'élégants effets (vignette géante, apparition ponctuelle de couleur...), il fait certes beaucoup pour le charme du bouquin.
Mais à la réflexion, ce qui me frappe le plus peut-être est l'absolue maîtrise du récit de Larcenet. Ce livre vous absorbe dès la première image, et parvient sans jouer d'aucune grosse ficelle à nous passionner pour le sort d'un personnage laid, par certains côtés foncièrement antipathique, et qui cherche peut-être à nous mener en bateau...
Tenez, Larcenet a même mitonné une bande annonce pour son album.


L'autre album est tout aussi essentiel qu'il est différent. Je suis un inconditionnel de Joe Sacco, porte-étendard du BD-journaliste. Il a déjà publié trois albums sur la guerre de Yougoslavie et un sur la Palestine, dans lesquels il narre ses enquêtes sur place pour débusquer la vérité des guerres locales. En entremêlant sa recherche journalistique saccadée, avec une humilité le faisant souvent passer pour un pleutre ou un imbécile, avec des témoignages chocs nous ramenant à l'époque de terribles exactions, il arrive à nous faire toucher toute l'humanité des intervenants - et donc toute l'horreur des événements en question.
Il remet le couvert dans Gaza 1956, en cumulant les difficultés. Il s'est rendu en Palestine peu avant les derniers bombardements pour enquêter sur une microscopique note de bas de page de l'histoire: un massacre en périphérie de la guerre de 56 comme il y en eut tant d'autre. Des civils affolés, tabassés, humiliés, et arbitrairement exécutés.
Confronté à une population ne comprenant pas l'intérêt de se replonger dans un événement aussi lointain quand il y a tant à écrire sur leur situation actuelle, à la mémoire fuyante des anciens témoins, ainsi qu'à un cadre historique compliqué, il réussit l'impossible: nous faire vivre la journée d'enfer des gazouïte de l'époque (ainsi que celle des victimes de Khan Younis), l'infernale machine historique y ayant mené, le quotidien étouffant des Palestiniens, et la difficulté à mener un travail objectif sur un événement si vieux et si mal documenté...
Le bonhomme y a mis le prix en lui consacrant sept ans de travail et en pondant près de 450 pages denses. Mais quel choc, quel tour de force, quelle réussite nécessaire!
Une petite avant-première se trouve .