mercredi, décembre 31, 2008

Voeux


En avant-première, les vœux de notre président.
Des messages forts, et une confiance résolue en l'avenir.

lundi, décembre 29, 2008

Top 10 des albums.


Et voici donc, sous vos yeux ébahis, le top 10 des albums de l'année (ou plus exactement, que j'ai découvert cette année). Les cinq premiers sont absolument incontournables, et très difficiles à classer l'un par rapport à l'autre. C'est pourquoi pour compenser j'ai mis Bashung en illustration.

1- Musica Nuda - 55 21 (mais Musica Nuda et Live à FIP sont presque aussi bons).
2- Camille - Music Hole.
3- Batlik - Juste à côté.
4- Album hommage à François Béranger - Tous ces mots terribles.
5- Alain Bashung - Bleu pétrole.

6- Grand corps malade - Enfant de la ville.
7- Yael Naim - Yael Naim.
8- Benabar - Infréquentable.
9- Didier Super - Ben quoi?
10- Everlast - Love, War, and the Ghost of Whitey Ford.

Et, en grand maitre des nouvelles technologies, je vous ai même concocté une playlist avec quelques uns des meilleurs titres des albums sus-cités (du moins, de ceux disponibles sous deezer):

dimanche, décembre 28, 2008

Dernière chronique musicale de l'année


Et bien non, vous n'aurez pas immédiatement droit au top 10 des meilleurs albums de l'année 2008, car je dois au préalable vous narrer mes dernières écoutes. Back to the roots, c'est du français, du français, et encore du français.

Je passe rapidement sur Anais et son deuxième album, The love album. Elle a intelligemment évité de rééditer son Cheap Show, rigolo et bancal, et opté pour un album léché et bien produit. Ce choix courageux et malin est à moitié réussi: l'album n'est pas désagréable, mais il ne m'a pas accroché outre mesure. Il mérite probablement que je lui laisse une chance lorsque l'actualité des disques sera moins chargée.
Le dernier Delerm, 15 chansons, m'a en revanche plu sans réserves. En voila un qui creuse obstinément son sillon d'album en album. Au grand désespoir de ses détracteurs, il préserve sa patte très caractéristique: voix éthérée, namedropping à gogo et chroniques teintées de parisianisme. Je continue cependant à trouver que la chose à du charme, et que les albums successifs se renouvellent (encore une fois, en restant bien dans leur genre) suffisamment pour ne jamais me lasser.

Je ne sais par contre pas trop quoi penser d'Abd el Malik et de son dernier album, Dante. Vous connaissez le style: des textes très bavards, engagés et riches, sur des musiques à mille lieues du rap, convoquant avec bonheur jazz et violons.
Mon cœur balance selon que les textes m'emportent ou m'irritent. Sont-ils sensibles, justes et brillants (Roméo et Juliette, Paris mais, ...), ou pédants, prétentieux et sans talent (Gilles écoute un disque, C'est du lourd, HLM tango, ...)?
A chacun de voir... Je dois avouer cependant que j'écoute beaucoup cet album.

Le diagnostic est beaucoup plus simple à poser concernant le dernier live de Sanseverino (aux Bouffes du Nord): j'adore! Comme il aime visiblement à le faire, il se présente dans une formation différente de son habitude (je vous rappelle que nous l'avons vu se produire accompagné d'un xylophoniste!): deux accordéonistes et sa guitare!
Voila qui donne une relecture intéressante de pas mal de ses morceaux. Mais l'essentiel n'est pas là: on retrouve plutôt toute sa pêche scénique déjantée qui rayonne de l'album, pêche qui ne nuit jamais à la qualité de sa musique, par ailleurs parfaitement en place.
On a même le droit à de beaux inédits, parmi lesquels Rimini des Wampas et une superbe version française de A boy named Sue de Johnny Cash. Et à d'inénarrables prises de parole out of control, que ce soit sur la musique américaine ou l'explication des paroles de ses chansons (lors de laquelle nos amis catholiques prennent un peu cher).

Mais l'album de cette fournée qui m'est resté le plus au travers des esgourdes et l'avant dernier album studio de Batlik, Juste à côté.
Batlik, c'est ce chanteur-guitariste indépendant jusqu'au bout des ongles que j'ai découvert comme beaucoup il y a deux ans à l'occasion de la sortie de son album Utilité. Son style est assez particulier: il a une voix pincée avec laquelle il chante des kilomètres de texte, et une façon virtuose mais assez originale de jouer de la guitare.
Mais passée ces premières constatations, le charme opère instantanément. Batlik est engagé de chez engagé, et ça évidemment, ça me plait, vous me connaissez. Mais c'est loin d'être tout. Ce type est pétri de talent, et a un don pour trouver des harmonies accrocheuses qu'on se surprend à reprendre sous sa douche pendant le mois suivant la première écoute. En plus, il a le bon goût d'être accompagné avec discernement et beaucoup de talent par un multi-instrumentiste dont la clarinette, notamment, fera fondre votre petit cœur. Si son dernier album studio a connu un bon petit succès (encore très loin de celui qu'il mérite), le précédent est fait du même bois.
Engagement, sensibilité, personnalité, talent, harmonie, que dois-je rajouter pour que vous donniez sa chance à Batlik?

Découvrez Batlik!


Histoire de remettre une couche, je vous entretiendrai lors de ma prochaine chronique musicale du live à peine sorti de Batlik, ainsi que de celui de Loïc Lantoine qui a commencé à tourner en boucle dans mon ipod...

Top 10 ciné

L'année se termine, et je ne vous ai pas encore gratifié de mes tops 10. Aujourd'hui, les 10 meilleurs films de l'année au cinéma selon moi (parmi ceux que je suis allé voir, bien évidemment).
1- No country for old men.
2- Valse avec Bashir.
3- La vie moderne.
4- Hunger.
5- Le crime est notre affaire.
6- Mesrine (1ère partie)
7- Be kind rewind.
8- Tonnerre sous les tropiques.
9- La graine et le mulet.
10- Juno.
Mais peut-être n'êtes vous pas tout à fait d'accord?

vendredi, décembre 26, 2008

Dumb or dumber


Mes passages en Italie me donnent l'occasion de me replonger périodiquement dans tout ce que la télévision peut proposer de meilleur. Mes voyages précédents m'ont permis de découvrir des jeux grand public aux règles sans cesse plus navrantes. Non qu'elles soient spécialement trash ou avilissantes, mais simplement d'une bêtise sans nom.
Mais le maître étalon du domaine est et reste à mon sens une émission qui sévissait (et va re-sévir) également chez nous: A prendre ou à laisser.
Même les très respectables lecteurs de ce blog ont probablement dû jeter un œil à cette émission et croiser à la faveur d'un zapping de début de soirée le visage concerné de ce bon Arthur, penché sur l'épaule d'un candidat qui semblait plongé dans des abîmes de réflexion. Mais, étant donné le rythme lentissime des débats, le respectable spectateur surmonte vite la vague curiosité qui l'assaille, et ne prend souvent pas le temps de fouiller l'écheveau de règles qui sous-tend le jeu avant de passer son chemin.
C'est un tort, respectables lecteurs.
Car c'est profondément instructif.

Voyez-vous, le candidat récupère à son entrée en jeu une boiboite contenant un lot. Oui, une boiboite en bois, cubique. Point n'est besoin de ruiner la production en mise en scène compliquée, six planches font bien l'affaire.
Lui font face vingt-trois blaireaux chacun muni de leur propre boiboite, qui contiennent évidemment elles aussi un lot. Caution culturelle: chacun des 24 participants représente une région de la France. Dans les folles jeunes heures de l'emission, la Bretonne se devait de paraitre en costume traditionnel (le mieux disant culturel, que voulez-vous), mais le rythme des émissions s'emballant, les bigoudennes ont rapidement déserté.
Personne sur le plateau ne sait rien du contenu particulier d'aucune des boites, si ce n'est que l'intégralité des lots proposé est affichée à l'écran. Et comme de bien entendu, elle couvre une très large échelle, allant du meilleur (500000 euros) au pire (10 centimes, ou quelques blagues type "paire de chaussette" pour décrisper le dramatique de la situation. Qui serait insoutenable sinon).

Jamais au cours du jeu personne n'apprendra rien sur le contenu potentiel d'une boîte non ouverte. Et pourtant, vous observerez mi-fascinés mi-atterrés 23 fois le candidat se prendre la tête à deux mains pour savoir s'il doit échanger sa boîte (dont il ne sait, encore une fois, rien) contre celle qui lui fait face (dont il ne sait rien).
Ca, c'est du concept.
Mais je vais un peu vite en besogne, il y a une nuance. Régulièrement, le candidat se voit proposé un rachat de sa boîte pour un montant nettement inférieur à son espérance de gain. L'intérêt est double: d'une part cela multiplie les chances de voir le candidat hésiter de manière dramatique, dans une mise en scène subtile où l'animateur compatissant se fait appeler par un mystérieux huissier, et d'autre part cela permet de limiter les dégâts pour la production car rares sont les candidats bien embarqués pour empocher le pactole qui refuseront quelques dizaine de milliers d'euros. Y a pas de petits profits.
(Si vous voulez vous faire une idée plus précise du jeu, vous pouvez vous y adonner en ligne gratuitement . C'est passionnant)

Et ce jeu fait un malheur.
Voila, je trouve, qui est bien éclairant sur l'état d'esprit de nos contemporains.
Je veux dire, des millions de foyers consacrent une heure de leur temps libre quotidiennement pour voir des inconnus ouvrir des boîtes. La chose pourrait être ficelée en trois secondes en ouvrant directement la putain de boite en question puisque pas une information ne filtrera qui permettra de préférer une boite à une autre, de toute façon. On est bien d'accord, autant lancer un dé à 24 faces dès le début, et on peut passer à autre chose.
Et ben non. Bien que la chose n'ait strictement aucun intérêt, ils sont des millions, concentrés, pénétrés, bercés par Arthur le dramatisateur-sympa en chef à se demander si eux ils échangeraient leur boite ou pas. A en débattre sur le canapé. Et à débriefer après coup. "Tu vois je te l'avais bien dis, je le sentais bien qu'il y avait rien dans cette boîte."
En d'autres termes, ils sont des millions à passer des heures à regarder un jeu sans s'interroger un seul moment sur son intérêt potentiel. Pire, à en imaginer un à base d'instinct et de sixième sens.
Des millions de télespectateurs.
Des millions de citoyens.
Des millions d'électeurs.

Je sais bien, il ne faut pas tout ramener à des activités intellectuelles. On peut bien se marrer, se divertir, sans se prendre la tête, sans être pour cela des pauvres types ou des irresponsables.
Je suis bien d'accord avec vous (hé, j'adore le foot), sur le papier du moins.
Parce que dans ce cas d'espèce, je ne vois vraiment pas quoi sauver. Rien ne devrait donner prise à la discussion: c'est un jet de dé, bordel! Un candidat ne peut pas être ni bon ni mauvais; c'est pas comparable à un match de foot, à questions pour un champion, ou même à la roue de la fortune!
Et en plus de ça, il n'y a pas non plus de spectacle. Interville, Cauet, c'est aussi profondément niais mais au moins il se passe quelque chose, il y a de l'action, une mise en scène. Ou au moins des décolletés pigeonnants.
Et là rien. Le vide. Des millions de personnes aiment se faire avaler par du vide. Regarder des gens qui se posent des questions sur une boite noire dont ils ne savent rien. On leur donne l'image d'une réflexion, d'un suspense minimaliste, sans aucune prise, sans aucun contenu, et eux ils adorent. Je veux dire, on pourrait écrire des bouquins sur ce que ça révèle sur l'âme humaine.

Je m'interroge sur un dernier point. A quel point les producteurs et animateurs sont ils dupe de la situation? Que pensent-ils des candidats? Comment ont-ils qualifié entre eux leur émission dans les multiples réunions qui ont précédé sa mise au point?
J'ai ma conviction sur la question, conviction renforcée par le mépris infantillisant qui rayonne à mon sens d'Arthur et de ses semblables dans ses performances d'animateur.
Quoiqu'il en soit, ils ont vu juste dans leur analyse, vue la liste impressionante de pays dans laquelle est reprise la franchise.

jeudi, décembre 25, 2008

Lui

Le blog en témoigne, et on en est tous là: j'ai tendance à être moins virulent avec Sarkozy qu'il y a six mois seulement. Non que mon opinion sur le personnage ait le moins du monde changé, mais on se lasse de pester contre lui, de s'indigner contre ses mesures, abattus sous le feu nourri de ses initiatives.
Mais je suis tombé dans le Spiegel, journal de grande qualité sans ligne politique bien définie, sur un article d'une étonnante férocité sur notre président. Qu'un Allemand tout calme et rationnel en vienne à le présenter comme un danger sérieux pour la démocratie remets les choses en perspective... Le seul dirigeant européen dont ils aient parlé si mal, autant que je me souvienne, est Berlusconi.
Je vous laisse seuls juges (cela m'étonnerait de vous, mais si vous préférez la version française, elle se trouve ici, traduite par les bons soins de Courrier International)

mardi, décembre 23, 2008

Deux vidéos

Choppées sur le site du Monde.
D'abord, il y a ce joyeux touriste qui danse avec des autochtones dans plein de pays différents:

Mais surtout, ce savoureux court-métrage:

dimanche, décembre 14, 2008

Marketing bébé


Heureusement que les bébés ne sont pas au fait de toutes les finesses juridiques des grands, parce qu'il y aurait de quoi les trainer devant les tribunaux, des fois!

Alors voila, on nous fait miroiter monts et merveilles. Viens petit, tu verras, tu vas arriver dans un monde merveilleux, peuplé d'animaux gentils et d'adultes pleins d'amour qui se donnent la main en gambadant dans les champs! Convaincante, la pub...
Total, je me retrouve à Paname, et le temps que je sois capable de regarder un peu autour de moi il fait gris et froid, et la nuit tombe à 16h. Et en ce qui concerne la solidarité et l'amour, je vous rappelle que mes deux pays sont gouvernés l'un par Sarkozy, l'autre par Berlusconi.

Mais bon, je comprends vite (je tiens de mon père), et je choisis donc comme les grands d'oublier tout rêve d'humanité solidaire et souriante, et de me recentrer sur les plaisirs individuels. N'étant pas assez grand pour pouvoir consommer (j'ai hâte j'ai hâte), j'espérais bien profiter à outrance de longues siestes, de calins infinis et de joujous épanouissants.
Las... Alors que les grands se figurent que la vie de bébé n'est que long et innocent bonheur, je passe mon temps à cumuler les emmerdes. A peine commence-je à prendre mes marques au niveau de l'allaitement maternel qu'on me retire littéralement le nichon des lèvres. A peine m'habitue-je au biberon qu'on me gonfle à m'introduire des aliments solides. Et évidemment, quand je commence à bien les apprécier, on en introduit d'autres. Pour mon bien, évidemment!
Mais le pompon, c'est les tuiles de santé à répétition. Passe encore que mes dents me lacèrent périodiquement les gencives, entrainant par je ne sais quel automatisme tordu la production de selles acides qui m'agressent l'arrière-train. Je suis même près à accepter de payer chaque nouvelle capacité de déplacement que je découvre par son lot de gamelle et autres bosses.
Mais là, l'enchainement trachéïte-otite-varicelle et otite en même temps, ça commence à bien faire! Surtout avec une varicelle vicieuse qui trouve malin de concentrer l'essentiel de ses boutons sur mes petites fesses délicates!
Alors ça suffit maintenant, hein. En cette période de Noël, je demande solennellement un cessez-le-feu pour que je puisse ressentir un peu ce que c'est qu'une vie quand tout va bien. Et je ne vous en tiendrai pas rigueur si je conclut la première année sans avoir connu les oreillons ni qu'on m'enlève l'appendicite!
Bien à vous,

Gaelou

mercredi, décembre 10, 2008

Tchi tcha

Ah heureusement qu'il y a quelques valeurs sures pour nourrir le blog en temps de disette! Votre journée sera donc illuminée par une chronique ciné zeblogienne, nettement plus intéressante que le précédente fournée!

Mon dernier RTT de l'année m'a permis d'aller voir le dernier frères Coen, à sa première séance de diffusion: Burn after reading. Les frangins nous ont habitué à alterner films grandioses et personnels (type: No country for the old man), et des divertissements plus légers mais tout de même de très haut niveau (type Intolérable cruauté). Il faut dire qu'avec leur maitrise de la caméra, leur sens de l'humour noir et leurs amitiés très recommandables (Clooney par exemple), il faut presque le faire exprès pour ne pas réaliser de bons films!
Burn after reading est à classer dans la deuxième catégorie. Il s'agit d'une histoire d'espionnage déjantée où se croisent et s'épient espions ratés, érotomanes incontrolables et idiots complets typiquement coéniens. Cette galerie de personnage étant notamment défendue par Clooney, Malkovitch et un formidable Brad Pitt.
Malheureusement, la mayonnaise ne prend pas complétement. Malgré les excellents acteurs, le ton familier aux Coens et quelques belles surprises, l'intrigue manque notablement de souffle. Reste un divertissement sympathique, là où on pouvait attendre beaucoup mieux.



Cette demie-déception étant évacuée, je peux vous parler des deux grands films que j'ai vu dernièrement. Commençons par Hunger.
Il s'agit de ce film-choc sur l'emprisonnement des activistes de l'IRA qui relate leurs tentatives pour se faire reconnaitre le statut de prisonniers politiques. Alors qu'on ne parle dans les médias quasiment que du dernier pan du film (la grève de la faim de Bobby Sands), deux autres aspects sont également couverts: la révolte des couvertures (les prisonniers de l'IRA refusaient de porter l'uniforme des criminels ordinnaires, et donc vivaient nus avec leur couverture) et leur grève de l'hygiène d'une part, et le quotidien des gardiens d'autre part (dedans et hors des murs).
Ce film a beaucoup fait parler de lui sur deux points: l'exceptionnelle maîtrise de son réalisateur débutant (artiste contemporain reconnu, comme quoi...) et l'horreur quasi-insoutenable qu'il montre. Une fois n'est pas coutume, je suis en accord complet avec les médias. Les sordides détails sur la grève de l'hygiène (murs couverts d'excréments notamment) et la longue agonie de Bobby Sands sont quasiment insoutenables. J'ai failli quitter le visionnage du film à la vingtième minute pour cause de hauts le coeurs.
Mais le jeu en vaut la chandelle. Car le film est non seulement extrêmement fort (il nous fait toucher du doigt l'horreur absolue qu'ont connu ces prisonniers et gardiens -et la force d'esprit insensée qu'ils avaient), mais en plus il est formidablement beau.
Insoutenable souvent, mais magnifique. Le cadre est sublime, la lumière splendide, les corps des prisonniers et gardiens superbement mis en valeur, et les quelques inventions de mise en scène tombent magnifiquement à propos (à part peut-être l'échappée onirique finale qui, si elle n'a rien de honteux, est un peu démonstrative). Outre ces qualités esthétiques, Steve MacQueen (c'est le réalisateur) mène impeccablement son histoire, contre-balançant le point de vue des prisonniers par le quotidien des gardiens par exemple, ou nous faisant pénétrer dans une cellule pour la première fois dans les pas d'un nouveau détenu.
Bref, un film fort et superbe, mais authentiquement très difficile à soutenir.



Dans un style moins hard-core, mais non moins engagé, nous sommes allés voir avec bonheur La vie moderne de Depardon, le dernier épisode du triptique documentaire que le photographe-réalisateur consacre au monde des petits paysans. Là aussi, la maitrise technique (bien plus discrète et subtile) est tout au service du propos du film.
Nous pénétrons avec Depardon dans l'intimité de quelques petits paysans, la plupart vieillissants, avec qui il a mis des années à se lier d'amitié et qui livrent donc, en toute franchise et toute simplicité, leur vision de leur vie et du futur des petits paysans.
Le film respire l'humanité, et plonge en quelques plans le plus citadins des spectateurs dans le charme et la dureté de la vie paysanne. Mais Depardon ne se contente pas de nous faire rencontrer des personnages formidables qu'on pourrait croire d'un autre temps (et de mener magnifiquement leurs interviews), il les filme avec un sens du cadre et des couleurs qui accouche d'images magnifiques (avec une mention spéciale à ce paysan à la chevelure iroquoise qui regarde l'enterrement de l'Abbé Pierre à la lumière de sa vieille teloche mal réglée). Et capte tous ces petits riens qui plantent le décors en un rien de temps (la café servi dans le verre Duralex, la vieille paysanne qui interromps sans cesse la conversation pour inciter le preneur de son à attaquer de toute urgence son gateau qui va refroidir, etc).
Du bonheur et un sens de la nostalgie qui vient d'on ne sait où.