dimanche, mai 21, 2006

Des flims et des best-sellers


Les plus férus visiteurs d'entre vous savent reconnaître un week-end parisien de votre serviteur à partir du blog. D'une part, il y a quatre posts passionnants à lire le lundi matin au boulot. D'autre part, il n'y a pas de photos de nous en Normandie le lundi. Et enfin, je vous parle ciné.
Ce week-end ne fait pas exception, et nous sommes allé voir non pas un mais deux flims. A 9 euros 50 la place à Paris, on aurait tort de se géner!
  • Volver, de Pedro A. avec Penelope P. Je sais pas comment ils font à avoir des prénoms aussi nazes les espagnols (Pedro filme Penelope qui joue Raimonda...), et que ça ne choque pas dans leur langue. Mais bref. Alors j'ai trouvé le film bon, équilibré, bien mené et superbement joué. Mais je n'ai pas été skotché comme dans les Almodovar antérieurs... Cela dit, l'unanimité des critiques pour le trouver magistral me laisse à penser que je suis passé un peu à côté d'une partie de la classe de ce film mature, et sans grands effets tape à l'oeil cette fois. C'est un peu irritant de se dire ça, mais je m'en fous, puisque j'ai quand même passé un bon moment, na!
  • Transamerica, avec Fellicia Huffman. C'est le film sur ce travesti en instance de transexualisation qui se retrouve contraint de faire un bout de chemin avec un fils dont elle ignorait l'existence. Ca a l'air très artificiel comme ça, mais c'est mis en place de manière toute naturelle dans ce film tout en finesse. Le personnage complexe central fait tout l'intérêt du film et, notamment grâce au grand travail d'actrice de Felicia H. (une des desperate housewives, qui paye là beaucoup de sa personne), on s'identifie avec émotion au destin tragique de ces personnes nées dans la mauvaise peau. C'est très troublant au début, mais très naturel par la suite, et il y a ce qu'il faut de péripéties dans ce road-movie pour passionner le spectateur. Très très bon film, donc, qui personnellement m'a plus touché que Brodeback mountain, sur un thème relativement proche.
Et je me permet de dire deux mots du Da Vinci Code. D'une part parce que l'emission de la semaine d'Arrêt sur Image lui est consacré (à la mise en scène de ce "phénomène" par les médias, et surtout à la réplique de l'Eglise), et d'autre part parce qu'une personne qui m'est très proche (Elena F.) est allée voir le film le jour de sa sortie, malgré tout le mal que je pense du bouquin et du film. Je récapitule mon argumentaire pour les rares veinards qui n'ont pas eu le droit de l'entendre en live.
  • D'abord, je n'ai pas vu le livre, pas plus que je ne lirai le film. Mais ça ne m'empêchera pas d'avoir un avis! (Voire le célèbre débat connexe mené bien souvent: "A-t-on le droit de dire qu'Independance Day est nul sans l'avoir vu?" - Vous avez trois heures et deux copies doubles...)
  • Ce qui fait le plus pour mon aversion pour le "phénomène", c'est précisément son étendue. Je veux bien croire que le suspence soit bien mené, que ce soit divertissant, et ça ne me dérangerait pas si 50 000 personnes l'avaient lu en France. Mais là, c'est une domination écrasante de 30 millions d'exemplaires dans le monde, et je peux vous dire que pendant un an il était rare de trouver une rame de métro sans au moins un lecteur du bouquin. Mais attention, en version-de-luxe-avec-dessins-en-couleur-relié-pleine-peau, hein. A ce niveau de succès, le bouquin devrait être un chef d'oeuvre, et pas juste un bon divertissement. Et j'ai vraiment du mal à croire qu'il puisse être meilleur dans le genre thriller que les Montalbano, les Fred Vargas ou, dans un style plus exigeant, les Ellroy. Une parenthèse pour finir sur ce point: comment se fait-il que tous les lecteurs soient unanimes pour dire que l'histoire est bien menée et qu'on ne peut pas lâcher le livre au bout d'un moment, mais qu'ils conviennent souvent que les énigmes posées sont assez pauvres?
  • Voila donc pourquoi je ne veux pas rentrer dans ce cercle vicieux du "bouquin culte", mais c'est en définitive une attaque contre le marketing accompagnant le livre plus que contre le bouquin en lui-même. Mais il y a aussi un truc qui me chiffonne concernant l'intringue. Je crois que vous savez qu'on ne peut pas spécialement m'accuser de collusions vaticanes, et effectivement qu'on soupçonne Djiseusse d'avoir fricoté avec Marie-Madeleine, je m'en tamponne. Mais ce qui me semble malsain, c'est l'envie de toujours voir des conspirations partout. Rien ne peut être simple, il faut forcément que des forces occultes soient à l'oeuvre. Il ne faut rien croire de ce qu'on nous montre, tout n'est qu'apparence, les politiciens sont pourris (malgré Clearstream je crois que non!), l'église aussi, et ne parlons pas des footballeurs! Pas la peine d'ambitioner de changer un peu les choses, de toute façon les élites méchantes vont nous envoyer dans le mur, alors autant regarder la télé en ne croyant en rien. Vous pouvez me rétorquer que je m'emporte et m'éloigne du bouquin. Ce n'est qu'un roman, une fiction qui ne prétend pas être réaliste, après tout. Et ben justement si, son auteur joue de la possibilité que sa thèse soit vraie dans toutes ses interviews, et ce ressort publicitaire malsain me donne une raison digne d'envoyer valser la Da Vinci Code. Et paf!

4 commentaires:

Anonyme a dit…

j'ai pas lu le livre, mais j'ai trouvé le flim bien efficace ; un polar, quoi, pas très fin mais bien tourné ; et c'est vrai que l'histoire est fascinante.
(même si LA revalation est vraiment tirée par les cheveux... Tautou en arrière-arrière-arrière petite fille de Jesus? pfffff!)
Ma p'tite analyse est donc la suivante : certes, le livre doit jongler habilement entre vérité historique, théorie du complot et inventions plus ou moins vraisemblables. Et surtout l'auteur (quoi qu'il en dise) doit avoir vraiment conscience de la portée d'une telle histoire (Jésus qui fricote avec Marie Madeleine!!!), de la pub gratuite que les inévitables polémiques allaient lui faire, et aussi, peut-être, du fait que autant de gens allaient prendre ça au 1er degré.
Mais il faut pas oublier qu'il s'agit quand même d'un roman de fiction ! Pourquoi lui donner autant d'importance?
Pour moi c'est ça qui est grave : que les gens croient que tt ce qui raconté dans le bouquin est vrai, qu'ils le prennent au 1er degré ! et que, du coup, autant d'experts et de théologistes essaient de disséquer les vérités et les faux historiques dans le bouquin!
c'est quand même inquiétant qu'autant de monde n'ait pas le bon sens (plus encore que la culture) pour le juger pour ce qu'il est, c'est à dire juste un roman...

Anonyme a dit…

en ce qui me concerne, j'ai lu le livre. Faut quand même reconnaitre à Dan Brown un certain talent pour l'intrigue, effectivement ce bouquin se lit quasiment d'une traite. D'ailleurs, sur ce plan, son précédent ("Angles and demons") était encore mieux fait.

Mais c'est une partie du problème: si la technique des bouquins est irréprochable, le fond est discutable, c'est le moins qu'on puisse dire. C'est d'ailleurs drole de voir que ce que l'auteur présente comme des faits au début du "Da Vinci Code" est en fait une énorme mystification, d'un mec un peu schizo qui est allé au bout de son délire en fabriquant des faux qu'il est allé déposer à la bibliothèque nationale de france... Idem, en pire, pour "Angels and demons", dont l'intrigue est censée concerner le milieux de la physique des particule et qui fait hurler de rire toute personne connaissant un peu ce genre de labo. Entre autre, le récit est basé sur l'idée que c'est un domaine ou on peut travailler tout seul dans son coin, je me rappèle avoir visiter une "petite" expérience où ils étaient... 1500 à bosser!

Donc, j'irai pas voir le film, j'ai arreté de lire les bouquins de Dan Brown, et d'ailleurs, je crains le pire pour le prochain qui serait consacré (étonnant qu'il l'ai pas fait avant d'ailleurs)... à la Franc-Maçonnerie.

Anonyme a dit…

hé hé! on l'avait vu venir, le coup des francs-maçons. forcément: le mec doit baver de joie chaque fois qu'il peut traiter un sujet qui fait un peu société secrète etc... mais je ne croyais pas qu'il était allé si loin pour donner un faux-semblant de vérité à ses bouquins précédents. si c'est le cas, soit il y croit encore plus que ses lecteurs (une pertie d'eux, je veux dire), soit il y croit pas du tout et il s'amuse à mystifier. et dans ce cas le jeu est beau quand il est court, disait le vieux sage rital...

DTC Master Crew a dit…

Ca me fait penser a "Vercoquin et le Plancton", Boris Vian averti le lecteur au debut du livre: "cette histoire est vraie puisque je l'ai inventee"