jeudi, mars 20, 2008

Craquage politique


Moi qui avait tant la foi en Nicolas Sarkozy, en la renaissance de la France par un président, jeune, dynamique, décompléxé et moderne, je vous avoue que la soirée électorale de dimanche m'a laissé au fond du trou. Tout flagada. Plus le goût de rien.
Ce n'est pas tant la glifle inflingée à Nicolas qui m'a fait mal: je m'y attendais. Non, ce qui m'a affligé, c'est de voir la façon dont la majorité à minimisé la chose.

Ridicule.
Minable.
Et insultant.

Moi qui rêvait d'un président différent, droit dans ses bottes, loin des petits jeux politiciens, j'aurais voulu qu'il encaisse la nouvelle de front. Comme un homme. Sans nous mentir. Mais quoi à la fin, Nicolas n'est-il pas ce super-héros courageux et sans arrière-pensées?
Passe encore qu'il se planque pendant la dérouillée (bien que cela ne colle déjà pas trop à l'image d'intrépide maker qu'il a vendu aux gogos). Mais le niveau zéro de la dignité, c'est le jeu de dénégations ridicules auxquel se sont livrés ses sbires.

"Les français nous sanctionnent parce qu'ils veulent qu'on aille plus loin dans notre politique. Et que l'on la leur explique mieux (parce qu'ils sont un peu cons)"

Enorme.
Faut oser sortir ça, les yeux dans les yeux de la caméra, sans sourciller. Et le maintenir mordicus, encore et encore, sous les quolibets du camp opposé, et le regard goguenard des journalistes. Ouvrir de grands yeux ébahis. Mimer une sainte colère.
A ce petit jeu là, Darcos et Woerth rejoignent Dati et Lagarde dans mon petit panthéon personnel des politiciens capables de te jurer sur la tête de leurs enfants que la Terre est plate, la Tour Eiffel n'existe pas, ou que l'économie libérale est la seule solution à tous les problèmes. Avec un aplomb tel que tu pourrais te demander si tu n'es pas tombé dans un monde parallèle plat, sans Tour Eiffel ni solidarité.
Du grand art.

Je suis d'autant plus retourné que je n'attendais pas grand chose de cette soirée làsur le plan des réactions du personnel politique. Il me semble très artificiel de demander des réactions immédiates à des responsables à peine battus, surtout quand nos braves compatriotes les acclamaient quinze jours avant.
J'aurais considéré comme normales des réactions mollasonnes, pas claires et légérement minimisatrices. Pour tout dire, il me semblerait logique que les battus se disent:
"On s'est pris une rouste parce que nos réformes n'ont pas encore porté leurs fruits, mais je crois que c'est le chemin qu'il faut suivre. On va donc serrer les dents, adoucir un peu notre sauce pour pas se faire foutre dehors, et puis quand on cueillera les fruits de notre travail, on se fera réélire."
En l'espèce, je suis convaincu qu'ils ont tort, mais c'est le jeu de la démocratie qu'ils s'accrochent à leurs idées (de merde). Ils auraient dû enrober un peu ce speech, rester dans le flou, et ils auraient pu retourner à leur tâche destructrice sans trop faire de bruit.

Mais non.
Après probablement des jours et des jours de brainstorming par leurs brillants communicants, ils se sont mis d'accord sur la formidable ligne de défense "En fait les français ils en veulent plus". Il doit falloir faire des études en marketing très poussées pour choisir une stratégie si convaincante.
Je vois d'ici la scène. A la réunion de crise UMP, le vénérable chef de la séance, expérimenté et malin comme un singe: "Les mecs, on s'est chié dessus avec le coup du scrutin local-qui-n'est-pas-national. Faut qu'on trouve autre chose pour le second tour, ou Nicolas il va s'énerver". Silence. Réflexion intense.
Quand soudain, un jeune loup encravaté se lève. "Bon sang, mais c'est bien sûr. Hé, les gars, si on faisait comme si en fait, les gens, ils avaient voté à gauche pour nous dire qu'on n'était pas assez à droite. Tu vois, comme ça on pourrait continuer à faire comme avant". Brouhaha admiratif.
Le vénérable chef de séance: "Bravo coco. C'est super malin. Ils vont y voir que du feu les rouges."


Crédibilité zéro.
Bref...

Cette brillante équipe de communicants a d'ailleurs disparu le lendemain du scrutin, victimes collatérales de leur propre brillante stratégie. Ils ne concédaient en effet à l'UMP qu'une seule faiblesse: sa communication - pavant donc la voie à leur propre éviction. A chacun de déterminer en son âme et conscience si c'est la preuve d'un sens du sacrifice qui confine au martyre, ou d'une bêtise qui dépasse l'imagination.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Que peut-on ajouter . . . rien si ce n'est que l'enterrement du dernier poilu (bizarre, juste le lendemain des élections), la commémoration des résistants mardi, tout est bon pour faire diversion. On attend notre président à Carquefou pour embrasser nos valeureux footeux pendant que le gouvernement élargi (faut bien placer les rares copains qui s'en sont sortis) oeuvre avec célérité à notre bien. Quel culot ces UMP mais pourquoi y'a pas un journaliste pour leur rentrer dedans en plein 20h ?????? Un sourire un tantinet ironique, ça ne suffit pas. Ont trop peur de perdre leur place qui doit être bien confortable, en fait. Allez, restons zen . . . la vengeance est un plat qui se mange froid . . .