samedi, mars 22, 2008

Si l'UIMM m'était contée

Non content d'être toujours une émission des plus intéressante sur les travers des médias, Arrêt sur Images donne une seconde chance aux citoyens un peu distraits comme moi pour comprendre la vraie portée de certaines informations. Il y a quelques mois, ils m'avaient déjà permis de mieux comprendre la ténébreuse affaire Clearstream en m'encourageant à ne pas me laisser distraire par une péripétie secondaire (le bidouillage des listings pour incriminer des hommes politiques), qui cachait le vrai problème du blanchiment d'argent à niveau quasi industriel, et sur le sol européen.

ASI met en ligne une émission du même acabit consacrée à la caisse noire de l'UIMM. Bien qu'elle plus facile à comprendre que Clearstream (il ne s'agit après tout que d'une bête histoire de corruption), force est de constater que je me suis vite satisfait des explications officielles: il s'agirait d'une ancestrale histoire de financement des syndicats, nous a-t-on dit. Et quand l'affaire revient sous le feu des médias, c'est sur des histoires finalement très secondaires de personnes: Gauthier-Sauvagnac contre Parisot.
Si vous regardez l'émission (qui est accessible à tous les internautes, même aux non abonnés à ASI), vous serez sûrement comme moi sous le coup des questions majeures sur lesquelles nous ne nous sommes pas arrêtés. Est-on sûr de la destination des fonds? Pourquoi personne ne fait-il état de l'hypothèse la plus nauséabonde (et pas la moins probable): une partie de l'argent aurait servi à acheter des votes parlementaires pour des lois écrites par l'UIMM? Pourquoi la justice est-elle exceptionnellement lente sur le sujet, laissant le temps au puissant Gauthier-Sauvagnac de négocier (et monnayer) le pacte du silence avec l'UIMM? Alors que dans le bureau d'en face du juge d'instruction chargé de l'affaire travaille Van Ruinbeck, autrement plus actif sur un dossier impliquant le petit Kerviel? Et pourquoi personne ne souligne t-il que Sarkozy (alors ministre des finances) et Breton ont été mis au courant de l'affaire il y a plus de trois ans, sans rien entreprendre?
En plus, l'émission nous donne l'occasion, en marge de toutes ces questions centrales, de mieux comprendre le quotidien d'un journaliste d'investigation financière... particulièrement succulent quand il raconte que son employeur d'alors, le Figaro, pas particulièrement hostile au Medef, a bien été obligé de publier ses premières révélations.

Bref, je vous encourage à y jeter un oeil, en vous avertissant qu'il m'a fallu bien dix minutes pour accrocher véritablement au débat. Une fois cet effort fait, c'est passionnant, et je pense que le sujet mérite vraiment qu'on s'y attarde une petite heure.
S'il vous reste deux-trois minutes à la fin du visionnage, cet article d'alternatives économiques sur les tenants et aboutissants de la gueguerre Parisot-Gauthier Sauvagnac est aussi très instructif.

Aucun commentaire: