dimanche, mars 30, 2008

Avez-vous signé la pétition?

Comme tous les quatre ou cinq ans, les grandes institutions financières ont galopé droit dans une crise majeure, qui nous place devant la sympathique alternative suivante. Ou bien on laisse ces brillants analystes payer le prix de leur conduite inconséquente: ce qui doit faire faillite fera faillite, et ce qui doit survivre survivra. C'est l'attitude la plus morale, et on pourrait même prendre un certain plaisir à voir les arrogants financiers punis par là même où ils ont péché. Mais la finance est un édifice si instable qu'il est quasi-certain que la crise prendra alors des dimensions formidables, et touchera aussi fortement "l'économie réelle" - c'est à dire nous.
(J'ai d'ailleurs une tendresse toute particulière pour ce nouveau terme "d'économie réelle". Est-ce à dire que les sommes formidables manipulées par les grands gourous de la finance, dont on nous vante la clairvoyance et l'héroïque intrépidité depuis des années, sont virtuelles? Voire qu'elles confisquent de l'argent "réel" pour des jeux "abstraits"? Bref...)

Il ne reste donc que la seconde possibilité, comme à chaque fois: l'Etat doit sauver les plus grands opérateurs financiers afin de circonscrire la crise. C'est ce qui commence à se mettre en place, avec le spectaculaire sauvetage de l'antipathique banque d'affaire Bear Streams par l'administration Bush, pourfendeuse d'interventionnisme devant l'éternel.
L'Américain vivant dans l'incertitude depuis que les prêts idiots qu'on lui a proposé lui ont pété à la gueule doit être ravi que ses impôts servent à soutenir l'institution qui les a inventé...

Parce qu'ils sont fatigués que cette mascarade se répète sans cesse (la crise passée, les financiers oublient très vite ce qu'ils doivent à l'Etat, et repartent de plus belle dans leur enrichissement inconséquent), un groupe d'économistes européens propose de saisir l'occasion pour changer quelque peu les règles du jeu, ainsi que l'explique Fréderic Lordon dans ce passionnant Là-bas si j'y suis.
Pourquoi en effet ne pas assortir le sauvetage par l'Etat de conditions? L'Argentine a par exemple payé très cher les fonds que le FMI lui a concédé: elle a dû appliquer à la lettre ses nombreuses injonctions, et métamorphoser la structure de sa société comme on le lui ordonnait (avec la réussite que l'on sait, d'ailleurs). Pourquoi à l'inverse devrait-on se contenter de donner les sous nécessaires aux banques au bord de la faillite, sans rien exiger en retour?

Puisqu'il faut commencer par un bout, ces économistes proposent de s'attaquer à un point très précis: abroger l'article 57 de la Constitution Européenne qui inscrit dans le marbre la totale liberté des capitaux. Vous savez, cette Constitution que seuls de mauvais européens à moitié xénophobes n'ont pas voulu avaliser?
Et pour, qu'enfin, cette question majeure apparaisse dans les agendas politiques (en particulier des partis de gauche...), ces économistes cherchent à faire du bruit, et ont lancé une pétition sur le sujet. Qui est relayée en France, en italie, en Espagne, en Allemagne et en Pologne.
N'hésitez pas à y jeter un oeil, voire à jeter une oreille à l'émission de LBSJS qui lui est consacrée. C'est tout à fait édifiant - et très argumenté).

(Note: il est parfois difficile de se connecter au site de la pétition. Il faut essayer encore et encore...)

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Oui, c'est mieux que rien les sites internet et pétitions qui donnent une info vraie, enfin moins lénifiante que sur les grands médias et l'impression qu'on peut manifester notre raz-le-bol. Mais quel monde quand même . . . entre Total qui n'a rien fait alors que sa canalisation fuyait gentiment dans l'estuaire de la Loire (des pelles, des seaux et des bénévoles pour tenter de réparer les dégâts et la punition de Total dans tout ça?), l'EPR à Flamenville prêt à être installé sur 40 000 m3 de béton coulés en vitesse et déjà poreux (quelle amende pour les entreprises en cause et pour EDF qui n'a rien dit le 1er?), des armes françaises vendues aux talibans alors qu'on va envoyer des militaires en Afghanistan (et le budget du social - logements, santé . . . - écorné, quelle punition à nos politiciens?). Non, vraiment, je regrette d'avoir loupé le coche ce midi quand j'ai vu passer Sarko à 5 mètres de moi dans une voiture grosse mais française . . . C'est bien pour voir Bob que je n'ai pas voulu intervenir et finir mes jours en prison !!!!! Merci à lui car, au fond, ça n'aurait pas changé grand chose. Continuons plutôt à signer des pétitions.