dimanche, mars 02, 2008

Bien mais pas top


On ne peut s'empêcher de se sentir chroniqueur potentiel à plein temps quand on est l'heureux rédacteur d'un blog recevant des centaines de visites chaque heure. Il n'est alors de pire punition que de sentir un post potentiel s'envoler. Par exemple, quand le film que je regarde ne me parait ni très bon (envolé le post dithyrambique!), ni particulièrement mauvais (envolé le post destructif!).
Or, les deux derniers films que je suis allé voir tombent exactement dans le ventre mou du "bien mais pas top". Qu'à cela ne tienne, je m'en vais vous en entretenir malgré tout parce qu'il est d'abord intéressant d'apprendre que certains films particulièrement alléchants ne sont pas si formidable que cela (à mon sens), et qu'ensuite mes critiques enthousiasmées à venir gagneront en crédibilité. Non, je ne suis pas cet auguste critique qui sort systématiquement ravi de chaque projection!

Suivons l'ordre chronologique avec Juno, cette petite comédie fraiche sur une ado qui se retrouve enceinte, encaisse la nouvelle avec placidité, et cherche de bons parents adoptifs pour son rejeton. A voir les critiques, on pouvait attendre une merveille de comédie comme les petits studios américains savent parfois le faire, en équilibre parfait entre vannes ravageuses politiquement incorrectes, et tendresse pour des personnages très humains.
Et bien comme vous vous en doutez, je n'ai pas trouvé que le film atteignait ces sommets. Il est tout à fait sympathique, contient quelques très bons moments et un nombre tout à fait respectable de bonnes vannes, mais il n'y a vraiment pas de quoi se bousculer pour aller le voir. Ce n'est pas beaucoup plus qu'un bon moment vite oublié selon moi.

Mais bon, allant voir une comédie, on ne s'attend pas vraiment à sortir tourneboulé de la projection. C'est plus problématique dans le cas du très récent There will be blood, avec l'oscarisé Daniel Day Lewis. Il s'agit d'une épopée ambitieuse, relatant l'ascension puis la chute d'un magnat du pétrole parti de rien au début du XXème siècle. On passe deux heures quarante à suivre la trajectoire du bonhomme, qui est pratiquement de tout les plans, dans le décor rude et fascinant dans la ruée vers l'or noir.
Le sujet est si ambitieux, le réalisateur si chevronné, l'acteur principal si bon et les critiques si reluisantes que nous nous sommes précipités les yeux fermés voir le chez d'œuvre attendu. Et là aussi, la révélation ne fut pas au rendez-vous.
La peinture de l'époque est fascinante, le personnage principal, et pas mal des secondaires, tout à fait intéressants... mais comment dire, c'est lourd, c'est long, et c'est si prétentieux que tous les talents mis au service du film ne réussissent pas à le transcender.
A la fin, on salut la virtuosité de la réalisation, le talent des acteurs, et la qualité de la reconstruction de l'époque... mais les éloges sont forcés. On n'a pas pu s'empêcher de regarder sa montre, et de sortir du film peu à peu. Surtout lors du dernier acte, censé être le paroxysme du film mais qui nous a semblé aller si loin, notamment dans la performance d'acteur, qu'on n'y croyait plus.
Une belle chose, pétrie de talent, mais, osons le dire, qui rate son ambitieux objectif à notre avis. Et à celui des inrocks, une fois n'est pas coutume seul journal au diapason de notre jugement: "Attention, faux chef d'œuvre!"

4 commentaires:

Anonyme a dit…

tout à fait d'accord sur Zer uil bi blad (j'irais même jusqu'à dire que je me suis fait chier), mais pas sur Juno !
j'ai vraiment aimé cette comédie, je l'ai trouvé très drôle, touchante, juste, avec de superbes dialogues et de superbes comédiens, et en plus elle soulève pas mal de questions autour de la maternité et paternité, du couple, de l'amour, et elle le fait d'une façon très fine... pas qu'un simple bon moment!

Anonyme a dit…

Comme quoi, le sens critique féminin se distingue du masculin, dans le sens où nombre de subtilités échappent aux mâles. C'est sûr, ils ont du mal à se mettre à notre place à nous, les femmes, mais on ne leur reprochera que quand il s'agira de la vaisselle ou du ménage. Pour le reste, vive cette complicité féminine qui fait qu'on "accroche" à certains détails, qu'on vibre aux mêmes petites émotions . . . ça s'appelle de la complicité entre filles et même les garçons les plus ouverts (et il en existe, j'en connais !) ne pourront jamais tout à fait s'y retrouver. Heureusement, dans un sens. Non?

mr_bungle a dit…

viens de découvrir ce blog à la faveur d'une recherche sur le film There will be blood. Je suis perplexe concernant ce film, mais si j'écris c'est pour une toute autre raison. Je sens que je vais me faire mal voir... Je voudrais remercier Anonyme qui en cette soirée un peu difficile pour moi aura réussie à me faire bien rire. Les hommes et les femmes sont différents, grande nouvelle... néanmoins si le sens critique permet juste aux femmes d'apprécier de manière plus fine une comédie aussi balourde que Juno, alors je suis heureux d'être un homme. Honnêtement rien n'est crédible dans ce film et je n'ai que rarement ressenti une telle envie de baffer un personnage cinématographique (depuis Jar Jar Binks dans Star Wars?)

ZeVinci a dit…

Je me rend compte que j'ai oublié un film récent dans la série "bien mais pas top". Il s'agit de "Peur(s) du noir", cette série de films d'animation en noir et blanc sortie il y a 10 jours. C'est beau, certes, mais nous a semblé assez artificiel et vite ennuyant.