samedi, mars 29, 2008

Aimez les bobos

Puisque notre actualité est assez calme (et oui, la grande nouvelle se fait attendre. Patience...), je m'en vais profiter de ce post "libre" pour préciser ma pensée sur le terme de bobo, et tout ce qui s'ensuit.
Attention les yeux, je suis pas là pour déconner.

A mon sens, le bobo est à l'origine une sympathique caricature d'un nouveau type de citadin, parfois tout à fait pertinente (notamment à mon endroit). D'un côté intello-alternatif, avec une grande tendresse pour la culture intègre et désargentée, mais d'un autre côté vivant dans le confort matériel, sans aucun problème de conscience.
Il est donc de bonne guerre de s'engouffrer dans le boulevard qui nait de cette ambiguïté "j'aime vivre comme un pauvre, sauf que je veux mon petit confort" pour se foutre gentiment de la gueule dudit bobo.

J'accepte le chambrage de bon cœur, d'autant que ce prototype m'est tout à fait sympathique. Le type en question a du fric; il pourrait donc sagement vivre dans le XVIème et lire calmement les pages saumon du Figaro dans un fauteuil Louis Philippe, sans jamais croiser quelqu'un de bronzé.
Mais non: il préfère vivre dans un hangar d'artiste, dans un quartier coloré, et s'ouvrir au monde dans toute sa variété en assistant à des expos avant-gardistes et en allant voir des films d'ailleurs (pour aller à fond dans le cliché, là aussi).
Encore une fois, je suis bien d'accord qu'il y a de nombreuses limites à cet exercice. Le hangar d'artiste a certainement été refondu en un loft très confortable, le quartier coloré se dépeuple fortement de sa composante populaire alors que les loyers montent en flèche, etc. N'empêche que ce choix de vie, ouvert, curieux, et alternatif, a toute ma sympathie.

Mon vrai problème avec le terme de bobo est qu'il a pour beaucoup quitté son image de caricature (pertinente et sympathique), pour devenir un repoussoir agressif - fortement politisé. Tu es bobo, donc tu n'es pas sérieux, tu es un pauvre guignol qui se rend intéressant à jouer au pauvre alternatif, mais tu pues l'hypocrisie. Tu es et resteras d'abord et avant-tout un bourgeois. Et surtout, disons le, tu n'as pas le droit d'être de gauche! Eternel argument à la con.
Et ça, ça m'énerve prodigieusement. Non, ce n'est pas parce qu'on a du fric qu'on doit refuser plus de solidarité. Le riche a bien le droit de voter à gauche; les pauvres votent à droite de toute façon! Et ce n'est pas parce qu'on peut se payer un appart' dans un immeuble calme d'un quartier authentiquement bourgeois qu'on a tort de vouloir s'installer dans des coins plus populaires. (Certes, ça aura pour effet secondaire de faire monter les loyers et de virer les vrais populaires, mais croyez-vous vraiment que les bourgeois "pur jus" n'auraient pas colonisé le quartier eux aussi?)

Bref.
Encore une fois, la plupart des vannes qui me sont envoyées sur ce sujet ne me dérangent pas du tout, car elles visent les vraies petites ambiguïtés du bobo, sans porter de message politique agressif. Mais je me méfie, car ce terme est une arme très puissante pour les argumentaires de droite: en deux syllabes, ils peuvent décrédibiliser n'importe quel contradicteur, comme ils le firent avec le funeste terme de "gauche caviar" (lui aussi pertinent dans certains cas, mais utilisé à toutes les sauces).
Notez qu'on est en train de vivre la même chose en symétrique avec le terme de droite bling-bling - même assonance, même percutant, même cliché. Il est pour l'instant attaché à quelques hommes politiques en particulier, mais si il s'étendait à l'ensemble des bourgeois "pur jus" dans les semaines qui viennent, il serait tout aussi injuste - et tout aussi puissant.

4 commentaires:

Anonyme a dit…

oui nous aussi on aimerait être de vrais bobos, mais pour l'instant on ne peut se payer que 30 cm² aux portes de Paris... on a encore du chemin à faire.

ZeVinci a dit…

Mais dans le XIXème, on pourrait avoir 32 cm². C'est assez pour un Bob, dans un premier temps.

Anonyme a dit…

je ne sais plus qui a dit "on peut avoir de l'argent et être de gauche, à condition d'être désolé". C'est sans doute ça qui rend certain agressifs par rapport aux bobos: il me semble que chez nous le complexe a, au moins en partie, disparu

ZeVinci a dit…

Cher voisin, je partage ton analyse. Le "on peut avoir de l'argent et être de gauche, à condition d'être désolé" se doublant d'un "finalement je fais bien d'être de droite, au moins je ne suis pas hypocrite" à la con.