dimanche, novembre 04, 2007

Vinci prend l'avion un jour de grève


Je trouve ça d'un banal d'être bloqué un jour de boulot par les grèves RATP ou SNCF... Le vrai top travailleur se retrouve coincé à l'aéroport, c'est tellement plus distingué!
Et merde, puisque la mode est à la richesse décomplexée (dite bling bling semble-t-il), au 140% d'augmentation assumé et à la rolex en évidence, je l'avoue: mon rêve absolu, celui auquel je suis prêt à tout sacrifier, est d'être un jour victime d'une grève du pilote de mon jet perso! Ce jour là, oui, je serai arrivé! Et qu'est-ce que je serai heureux...

En attendant donc, j'ai modestement subi la grève des stewards et hotesses Air France. Et attention coco, de la synthèse de grève chiante pour l'usager. Parce qu'à mon avis il faut différents éléments pour que la grève soit bien pénible comme il faut.

D'abord, et assez paradoxalement, il faut que la grève ne soit pas totale. Sinon, la chose est entendue, on rentre chez soi, ou on trouve un autre moyen de transport. C'est pénible certes, surtout quand le déplacement est urgent et que la chose dure, mais on échappe au goût si particulier de l'incertitude, cet espoir sans cesse déçu qui rend l'attente si intensément inoubliable.
Ah, qu'elles sont âcres ces heures d'attente à scruter les écrans d'information dans la moiteur de la masse des voyageurs mécontents. Ah, qu'ils sont vicieux ces déferlements d'incertitude et d'espoir au rythme des rumeurs parcourant l'aéroport!

Mais c'est encore meilleur quand on ne sait rien, quand l'arbitraire régne. Quand par exemple les syndicats d'hotesses et stewards choisissent une subtile technique de guérilla ne permettant aucune prévision fiable: en ne se déclarant qu'au dernier moment (juste avant d'embarquer par exemple), ou en refusant tout contact avec le patronnat pendant le préavis, on entretient cette bonne vieille incertitude.

Pour que la fête soit complète, il faut évidemment que le patronnat y mette du sien. Chez Air France, on n'est pas comme ces fiottes de la SNCF et de la RATP, qui communiquent à qui mieux mieux. Dans le plus pur style sicilien, on reste digne et on se tait. On répand quelques infos manifestement fausses (90% puis 70% des vols assurés), on met en branle un numéro vert inutile, et surtout on ne dit rien dans l'aéroport.
Dans mon cas, ils ont même été jusqu'à couper les haut-parleurs des bureaux d'enregistrement. La seule manière d'être informés des vols dont l'enregistrement été ouvert était donc de faire le siège de ces bureaux, encastrés dans la foule suante des voyageurs inquiets et perdant parfois leur calme...

Dans ces conditions, je vous le certifie, l'impact de la grève sur les voyageurs sera total. Même un petit vacanciers comme moi, dont le vol n'a été retardé que de deux heures, en garde un souvenir ému. Mais si vous voulez vraiment que ça reste, ne vous relâchez pas et pensez à la cerise sur le gateau. Quelques idées en vrac:
  • Si le voyageur peut rater sa correspondance et ne partir que le lendemain, c'est pas mal.
  • Si vous l'orientez mal vers la navette qui le mène à l'hotel, de sorte qu'il perde 45 minutes à l'attendre nuitamment en vain, c'est bien.
  • Si la réception de l'hotel l'ignore et laisse passer tout ce qui a plus de 50 ans sous son nez, ça commence à devenir bon.
  • Si vous lui perdez ses bagages à l'arrivée (et ne les lui restituez qu'en toute fin de séjour), c'est excellent.
  • Et si la recherche des bagages est rendue plus difficile par la faute de l'hotesse qui l'a mal orienté vers la navette la veille, et a gardé le reçu des bagages, c'est carrément formidable!
En espérant que ces conseils puissent servir aux 95 catégories professionnelles qui vont faire grève dans les mois qui viennent par la grâce des courageuses et pertinentes (et inévitables et modernes) réformes de notre président à l'écoute, je vous pris d'agréer, camarades, l'expression de mes sentiments les plus militants.

PS: Remarquez, 95 catégories, ce n'est que le centième de celles qui vont se faire enfler de près ou de loin par l'orientation que prend le pays (et pour laquelle nombre d'entre eux ont voté!)

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Y'a une justice: t'es bloqué avec des emmerdes quand tu pars en vacances, tu pars et reviens à l'heure quand c'est pour ton boulot. Moi, j'dis que tout va bien et que l'on vit dans un monde parfait!

Anonyme a dit…

Et Mémère te soutiendra pas tant que tu l'appeleras comme ça, qu'on se le dise !

Anonyme a dit…

Et qu'est-ce que t'as contre les quinquas?