samedi, avril 05, 2008

Lost pour de bon

C'était la saison décisive pour Lost. Vous savez, cette série où des touristes échoués sur une île mystérieuse affrontent d'énigmatiques autochtones. Une série tout entière montée sur le suspense: "Qui sont les autochtones? Quelle est cette île d'où émanent des phénomènes paranormaux? Et les touristes sont ils vraiment là par hasard?"
Ta-ta-ta... (Musique angoissante)

Après un entrainant début de première saison posant les données du problème, la série s'était fourvoyée dans des intrigues secondaires. Les scénaristes cherchaient au mieux à allonger la sauce pour faire durer la poule aux oeux d'or, au pire à cacher le fait qu'ils n'ont aucune explication à proposer aux mystères initiaux.
Seulement, ça c'est vu et les spectateurs ont commencé à quitter le navire. Les responsables de la série ont pris conscience du problème, et ont juré leurs grands dieux qu'ils arrêteraient de délayer l'intrigue. C'est promis, en trois saisons raccourcies (10 épisodes au lieu de 23), ils allaient tout nous dire, sans plus temporiser (ce qui tombe bien, étant donné que les acteurs réclament des cachets de plus en plus élevés).
J'attendais donc avec impatience la saison 4, d'autant plus que la saison 3 s'était bien terminée: elle a rebondi de manière pour moi convaincante, en semblant s'orienter vers une conclusion. Et en plus, on peut enfin regarder la série en toute légalité grâce au téléchargement payant.

Las. C'est une catastrophe.
Je concède qu'effectivement les scénaristes coupent court aux intrigues secondaires (genre: plongeons dans le passé de deux personnages secondaires pour savoir ce qu'ils faisaient dans l'avion qui s'est écrasé. On s'en fout!). Et effectivement, l'intrigue principale avance à peu près à chaque épisode.

Mais c'est d'une lenteur...
Certes, on se concentre sur l'histoire principale, mais les scénaristes ne veulent surtout pas nous donner trop d'informations à chaque épisode. Alors on lâche un petit quelque chose, qui entraîne une foule d'interrogations logiques... auxquelles on ne répond pas. Ce sera pour plus tard. Et oui, faut tenir les trois années qui restent, quand même.
Et le plus énervant, c'est que la plupart de ces révélations ont lieu lors de dialogues entre les personnages... et on voit systématiquement les interlocuteurs se murer rapidement dans le silence, ou sortir des généralités philosophico-religieuses pour ne pas en dire plus. Sans aucune logique, juste comme ça, et en arborant un regard douloureux genre "si tu savais ce que je sais, tu demanderais pas..." C'est déjà frustrant la première fois, mais imaginez quand c'est systématique!

En outre, je crois bien qu'il faut se rendre à l'évidence: il n'y a pas d'explication qui tienne la route à cet histoire d'île à la con. Les scénaristes essayent dans la douleur de clore la chose de manière aussi satisfaisante que possible, mais c'est visiblement mission impossible. D'où la multiplication de motivations obscures pour le comportement des personnages, souvent camouflées dans un mysticisme qui me sort par les yeux. Histoire d'aller, dans la couleur, vers un dénouement plus que tiré par les cheveux.
"J'ai fait n'importe quoi parce que c'est l'Ile qui veut ça". Ma vaffanculo! Tu vas pas nous jouer ce joker pourri deux fois par épisode?

C'est dommage, parce que j'aurais bien aimé qu'on me prouve que cette série, qui m'a passionné, n'était pas qu'une grosse baudruche sans contenu, mais qu'elle se close de manière satisfaisante. Ca aurait été grand.
Hélas, force est de constater que ce n'était qu'un objet marketing efficace, accrocheur mais sans aucun fond. Tiens, notre fine équipe de communicants n'a-t-elle pas joué un rôle de consultant dans la chose?

Pour nous consoler, nous nous sommes mis à une série grandiose dont je vais bientôt vous entretenir: Six feet under. C'est malin, c'est fin, c'est corrosif, c'est touchant, c'est juste... et ça fait apparaître cruellement la médiocrité des grosses productions tape-à-l'oeil type Lost...

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