mercredi, novembre 29, 2006

Requiem pour un con


Il est de tradition de terminer un bon petit Spiegel par une page Carnet, qui précéde la double-page People, regression bien méritée après la lecture de 200 pages d'articles denses en allemand. En bon chrétien que vous connaissez, je me réjouis assez rarement d'apprendre la disparition de mes semblables (surtout qu'il s'agit pour la plupart de vieux acteurs allemands que je ne connais pas), mais je dois avouer que ma première réaction à l'annonce de la mort de Milton Friedman ne fut pas l'abattement, la révolte ou la tristesse.
Ce brave homme fut le hérault de l'ultralibéralisme. Mais il ne s'est pas contenté de son rôle d'un universitaire fanatique, dont la théorie anti-keynésienne a été sanctionnée par un prix Nobel d'économie; il a activement colporté ses théories agressives dans le champ politique, bouleversant la vie de centaines de millions de personnes. Il fut d'abord entendu dans les respectables dictatures d'Amérique, Chili en tête, dans les années 70, puis influenca Margareth Thatcher, avant de devenir conseiller politique de Ronald Reagan. Du beau linge, n'est-il-pas?
Mais ce que je lui reproche, plus encore que de défendre un point de vue extrémiste, c'est d'être resté sourd à toute analyse du résultat objectif de ses politiques. Ma haine absolue du bonhomme remonte à une de ses interviews dans le Spiegel suintant le cynisme et le mépris pour l'Humain, variable sans intérêt dans sa croisade ultralibérale.
Et attention, je ne pense pas donner là un point de vue altermondialiste, même si le vocabulaire est voisin: ce type était un véritable fondamentaliste qui aspirait à une société sans Etat, juste avec un Marché, et méprisait ouvertement tout le reste. Ce qui fait qu'au delà les opinions politiques, on a le droit de ne pas s'attrister outre mesure de la disparition d'un type qui a fait du mal à beaucoup de monde, sans jamais s'en repentir.
Surtout qu'il a vécu jusqu'à 94 ans, l'enfoiré.

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