mardi, avril 11, 2006

Ca me fatigue...


Hier soir, abattu devant les résultats italiens alors que nous croyions qu'un peu plus de la moitié des italiens avaient re-voté pour Berlusconi (et oui, c'est pas comme si ils ne connaissaient pas le bestiaux), nous nous sommes remis à penser avec Fred et Ludo à nos abbatements passés devant les résultats italiens (2001), français (2002), israéliens (2002), américains (2004)...
Et c'est alors que je me suis rappelé de ce beau texte de Desproges, dont voici quelques extraits:

"Est-il en notre temps rien de plus odieux, de plus désespérant, de plus scandaleux que de ne pas croire en la démocratie ?
Et pourtant. Pourtant.
Moi-même, quand on me demande: " Etes-vous démocrate ?", je me tâte. Attitude révélatrice, dans la mesure où, face à la gravité de ce genre de question, la décence voudrait que l'on cessât plutôt de se tâter. Un ami royaliste me faisait récemment remarquer que la démocratie était la pire des dictatures parce qu'elle est la dictature exercée par le plus grand nombre sur la minorité. Réfléchissez une seconde : ce n'est pas idiot.
Et qui méprisent suprêmement le troupeau de leurs électeurs qui se pressent aux belmonderies boulevardières. Parce que c'est ça aussi, la démocratie. C'est la victoire de Belmondo sur Fellini. C'est aussi l'obligation, pour ceux qui n'aiment pas ça, de subir à longueur d'antenne le football et les embrassades poilues de ces cro-magnons décérébrés qu'on a vus s'éclater de rire sur le charnier de leurs supporters. La démocratie, c'est aussi la loi du Top 50 et des mamas gloussantes reconverties en dondons tisanières. La démocratie, c'est quand Lubitsch, Mozart, René Char, Reiser ou les batailleurs de chez Polac, ou n'importe quoi d'autre qu'on puisse soupçonner d'intelligence, sont reportés à la minuit pour que la majorité puisse s'émerveiller dès 20 heures 30, en rotant son fromage du soir, sur le spectacle irréel d'un béat trentenaire figé dans un sourire définitif de figue éclatée, et offrant des automobiles clé en main à des pauvresses arthritiques sans défense et dépourvues de permis de conduire."

A l'époque je prenais ça pour de la provoc', élégante et intelligente, mais on ne pouvait quand même sérieusement contester la démocratie, bordel! L'égalité parfaite, de tous. Un droit égal à décider de l'orientation commune.
Sauf que cela suppose que chacun prenne conscience de sa responsabilité et ne choisisse pas que pour sa seule gueule, sa fiche de paye, ou la blancheur du sourire du candidat (ou de la candidate dernièrement chez nous).
Et que ce soit la longue litanie des élections aux résultats déplorables (et il ne s'agit pas de finesse droite-gauche là, quand on parle Le Pen, Sharon, Bush ou Berlusconi, c'est plus de la politique, c'est de la morale!), ou le désintérêt total des sujets un peu profonds dans nos médias (reflets de leurs lecteurs-télespectateurs, ne nous leurrons pas), les preuves ne manquent pas pour mettre en doute la grande maturité de nombre d'électeurs.

Et bien, et même si c'est horrible à dire, je veux bien ne pas me considérer comme plus intelligent, curieux, moral, etc qu'un autre, mais quand on sait que cet autre a une chance sur deux de voter (non! REvoter) pour Berlusconi, cette attitude tourne quand même un peu à l'hypocrisie... Non?

1 commentaire:

Jeje a dit…

Democracy is the worst form of government, except for all those other forms. Churchill