dimanche, janvier 27, 2008

La honte

J'ai déjà eu l'occasion de vous parler de mon hebdomadaire favori - le Spiegel - dont j'apprécie particulièrement les enquêtes fouillées, claires, solides, la clairvoyance et la farouche indépendance.
La semaine dernière, ce magazine a consacré son dossier à Sarkozy. Fallait bien que ça finisse par arriver: quatorze pages récapitulant les faits de gloire médiatiques et politiques du personnage depuis son arrivée à l'Elysée... Passé mon agacement de voir que le rayonnement médiatique du bonhomme ne s'arrêtait pas à nos frontières, je me suis attaqué à cette lecture dont je ressors tout flagada.

J'ai en effet l'habitude de baser pour une bonne part mon opinion des différents dirigeants de la planète à travers les solides analyses Spiegeliennes. Seulement, c'est une chose de lire des dossiers clairvoyants sur Merkel, Blair ou Bush (dont on ne connait pas les travers dans le détail), mais c'en est une autre de s'enfiler 14 pages sur son président à soi, dont on se sent quand même obscurément responsable.
Il est franchement éprouvant de lire la longue litanie des boulettes élyséennes et de se taper une longue et juste analyse de la prépondérance du médiatique dans toutes ses décisions. Parce qu'on a beau s'indigner quotidiennement contre les derniers episodes de la saga sarkozienne, on finit par oublier la globalité de son oeuvre. On finit même par oublier que ce type pourrait ne pas être là, que si il salope si frénétiquement tout le sérieux de la position présidentielle, c'est bien parce qu'on l'a élu avec une claire et indiscutable majorité. Les français ont voulu que ce soit lui, entre les 63,5 millions de pékins que porte l'hexagone, qui les représente. Dont acte.

Les perspectives sont bousculées quand on se retrouve parachuté dans la peau d'un lecteur allemand qui suit les gigotements de notre président d'un peu loin. Là, on se révolte vraiment, on n'en croit pas ses yeux, ... et on finit par se dire que les français sont forcément quelque peu à son image. La meilleure preuve, c'est qu'une chose pareille serait inconcevable chez nous. Vous voyez Merkel aller parler à la radio irakienne pour demander aux terroristes de libérer leurs otages? Ou paralyser Berlin pendant une semaine pour lécher les pompes de Khadafi? Ou se mettre en scène aux bras d'un top modèle? Alors, vous voyez bien, il ne faut pas être très sérieux pour mériter un président pareil...
En terminant cette édifiante lecture, je me suis rappelé que c'est exactement ce type de sentiment que j'avais eu, il y a quelques années, en lisant un dossier du Spiegel sur Berlusconi ("c'est incroyable qu'ils laissent passer ça. C'est vrai que les habitants de ce pays n'ont pas de pot d'être tombé sur un oiseau pareil, mais quand même, il ne faut pas être malin pour porter un guignol dangereux pareil au pouvoir")...

Je reste cela dit convaincu que Sarkozy est "moins pire que" Berlusconi (qui est, souvenons-nous en, clairement malhonnête, lié à la mafia, et dont la carrière politique vise en premier lieu à servir son empire industriel).
Mais il y a quelque chose de voisin dans la honte (méritée) que ces dirigeants imposent à leur nation. Ce côté "nouveau riche impoli", sale gosse sans éducation, forcément que ça irrite les autres nations...

Quand je pense qu'un des repoches majeurs fait à Royal était qu'"elle n'avait pas les épaules" pour représenter la France à l'international...

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