mercredi, janvier 23, 2008

Gomorra

Pour me remonter le moral entre deux cabrioles sarkozystes, ou deux baisses des taux d'intérêts (financés par l'argent du contribuable) pour stopper les dérapages boursiers (créés par les speculateurs), j'aime à me détendre en lisant un bon bouquin joyeux.

Je suis en train de terminer Gomorra, Dans l'empire de la Camorra, de Roberto Saviano (dont voici une bonne interview, parue sur le site pour lequel a travaillé Elena à son arrivée en France!). Il s'agit d'un livre ébouriffant, percutant, riche et impeccable sur l'organisation criminelle régnant sur la région de Naples, et qu'on qualifie à tort d'organisation mafieuse.
Car on y apprend, entre autre chose passionnante, que la Camorra a une structure très différente de la mafia sicilienne. Là où la mafia est hierarchisée, structurée, diplomate entre les différentes familles, la camorra est sauvage, désorganisée et souvent meurtrière en son propre sein. Alors que le développement de la mafia répond à un plan mûrement réfléchi entre les différents boss, la camorra est un cas d'école du libéralisme: chacune des nombreuses familles explore toutes les pistes possibles pour faire de l'argent, de manière très désordonnée, en piétinant éventuellement les plates-bandes du voisin. Il en résulte une machinerie extrêmement efficace et inventive, mais aussi particulièrement violente et difficile à contrôler puisqu'elle ne répond plus à aucune hierarchie globale depuis la fin des années 80.

L'auteur structure son livre en différents chapitres qui sont autant d'anecdotes (parait-il connues de chacun dans la Campania) éclairant le phénomène camorriste sous toutes ses facettes. Cette approche se traduit d'abord par une lecture facile puisque jalonnée d'histoires très fortes qui n'ont rien à envier aux thrillers les mieux foutus.
Mais surtout, l'auteur dresse un panorama très complet de la Camorra, nourri de son expérience personnelle (il est napolitain): il y étudie toutes les activités des clans (drogue, armes bien sûr, mais aussi marchés publics, restaurants et confection!) et tous les niveaux de la hierarchie au sein des familles (du jeune dealer au boss).
Et on se rend compte avec Saviano qu'il n'y a qu'un point commun à tout cet imbroglio de business, meurtres et code de l'honneur à géométrie variable: faire du fric, tout le temps, vite, et toujours plus.
Et s'il faut passer sur quelques corps innocents pour ce faire, ce n'est pas un problème.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

bravo vinci.
et j'ajoute, pour ceux qui auraient entendu parler de l'affaire des ordures à naples, que la camorra est bien sûr impliquée (complice l'administration publique) dans le scandale...
et puis j'ajoute aussi que peut être l'italie va se retrouver sans gouvernement demain, grâce à l'ex ministre de la justice qui, accusé de plusieurs crimes, a démissionné et s'apprête à rejoindre berlusconi et ses alliés...
no comment.