samedi, octobre 20, 2007

Applaudissez maintenant.

Allez, vous prendrez bien une petite chronique rugby à deux heures du coup d'envoi de la finale? Ca ne se refuse pas, d'autant plus qu'elle ne porte pas sur tout le mal que je pense de Bernard Laporte, ni sur la grande déception française (tout au plus vais-je vous signaler cette analyse très intéressante à ce sujet).
Grâce à mon cher papa (qui a eu la présence d'esprit de réserver des places plus d'un an en avance), j'ai pu assister à Nantes à trois matchs des poules: Canada-Pays de Galles; Angleterre-Samoa et Pays de Galles-Fidji. Il a du nez mon papa, ces trois matchs là ayant comptés parmi les plus beaux du Mondial: des équipes sympathiques (à une exception près - et encore, je n'ai en fait rien contre cette courageuse équipe anglaise), du suspense, une ambiance bon enfant, du soleil et du beau jeu.

Seulement, les organisateurs n'ont pas voulu laisser parler ces seuls atouts. Ils ont décidé d'offrir aux spectateurs privilégiés que nous fûmes plus qu'un match: un véritable spectacle. A show, comme on dit Outre-Atlantique.

Et oui, le temps où l'on allait bêtement au stade pour voir du sport est révolu, bande de nazes. Il faut créer un événement, divertir le spectateur sans cesse, quitte à mettre le sport un peu au second plan. Mets du rythme coco, sinon le supporter va s'ennuyer!
C'est ainsi que la musique doit occuper, d'urgence, tout espace disponible. A peine le match terminé, on envoie des chansons discos pour faire taper des mains au populo. Et évidemment, la mi-temps est intégralement occupée par des pubs assourdissantes, rentabilisant les écrans géants (vu le prix des billets - et le nombre de braves bénévoles recrutés pour l'occasion, ce n'est vraiment pas nécessaire à la solidité financière de l'entreprise, d'ailleurs).
Impossible donc de partager une saine 'nalyse du match avec ses voisins sans s'égosiller. Résultat: après quelques tentatives crevantes pour aller à contre-courant, on se retrouve emporté par le torrent de ce zapping événementiel à la con. Oh des jolies 'nimages, oh une musique qui fait boum-boum! Pas le temps de révâsser à la jolie partie qu'on vient de voir...

Mais le pompon vient des animations musicales pendant le match. Sachez que quand l'arbitre demande un arbitrage vidéo, on a droit au jingle de "Qui veut gagner des millions" qui fait peur. Vous savez, les faux battements du coeur, au cas où on ne comprendrait pas qu'il y a de la tension dans l'air.
Mais la goutte qui fait déborder le vase, c'est que la plupart des fanfares bon enfant qu'on entend à la télé sont en fait des bandes enregistrées, jouées aux instants clés par le DJ du stade. Un petit temps mort, hop, on nous balance un "tu tu tu tu tu tutututu tutu - olé".

Mais qu'on nous foute la paix bordel de merde. On nous prend vraiment pour les derniers des crétins, avec ces animations à la con, qui trahissent vraiment l'image que ce font les organisateurs des spectateurs: des blaireaux à moitié concernés, incapables de se concentrer pour suivre le match deux minutes de rang, et qui risqueraient d'être tout perdus si on les livrait à eux mêmes deux secondes! (Ben qu'est-ce qu'on fait les gars, y a plus de musique... A l'aide!)
Mais le sport c'est pas ça! Regarder du sport, ce sont des heures et des heures de partie aride, tendue ou désagréable; ce sont des coups du sort, des résultats illogiques, des pénaltys truqués et des buts contre le cours du jeu à la pelle... pour quelques moments de pur bonheur, pour des gestes magiques, pour des victoires arrachées au bout du suspense. Bref, tout le contraire d'un spectacle bon marché, calibré, qui brillotte à tous les coups mais ne surprend jamais.

Avec cette américanisation du sport, on finit par gommer de purs instants de poésie. Témoin, ce haka formidable, improvisé après le match par les courageux Samoas défaits, à l'unisson du stade tout entier... mais pollué par une musique techno niaise qui l'a couvert et que personne n'a pensé à couper...
Ca devait pas être dans le script de l'event, j'imagine.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Voui, SILENCE !!! Cela devient une denrée rare. Pauvres voisins des stades des grandes villes, ils ont droit au même titre que les spectateurs aux musiques "sophistiquées" destinées à chauffer l'ambiance !!! Il suffit qu'un vent dominant souffle et c'est à 3 voire 4 kms que l'on bénéficie d'une sono gratos. M'enfin, vive le sport quand même et vive la défaite de nos rugbymen qui éclabousse le nabot (faisait hier soir une sale gueule). Et oui, ça ne sourit pas toujours. A p'têt bien fait d'en profiter car ça ne va p'têt pas durer . . . à suivre . . .