Scheiderman superstar

Désolé de me répéter, mais je viens de regarder l'arrêts sur image de cette semaine, consacré à la représentation de la précarité à la télé, et je me dois de vous le conseiller.
L'emission fait à juste titre une entorse à son crédo (on ne parle pas du fond mais seulement du traitement médiatique) pour nous apprendre plein de choses sur la situation du chomage. Petit florilège:

• Il y a huit catégories de chomage, et que les chiffres présentés dans les médias n'ont trait qu'à la première de ces catégories: le chomage pur et dur. Mais les chiffes des autres catégories, qui mènent pourtant à des conditions de vie très similaires (stagiaire ou chomeur en formation, temps très partiel, etc) ne sont pas présentés.
  

• Et, même si le jeu avec les statistiques existe indépendamment des gouvernements, il y a une pression grandissante actuellement pour déplacer les gens de la première catégorie aux autres, voire à les radier.

• J'ai une petite tendresse pour la catégorie des Dispensés de Recherche d'Emploi. Ce terme emprunt de grandeur et de largesse désigne les chomeurs de plus de 55 ans, qui, n'ayant pour la plupart aucune chance de retrouver un taff, sont dispensés de l'obligation d'en chercher un et de pointer chaque mois. Et cette décision censée s'accompagnement d'un glissement de catégorie qui- coincidence - allège nos statistiques.

• Et rappelons que seule la moitié des chomeurs recensés ont droit à une indemnisation...

• Cela dit, même avec le plus grand mépris pour notre bon gouvernement qui me caractèrise, je me dois de rapporter que les invités étaient unanime pour dire que la baisse du chomage recouvrait une réalité.

• Ainsi, en quinze ans, 2 500 000 créations d'emploi nettes ont eu lieu en France. Mais la population active augmente plus vite que ça... Et sur le chapitre de la précarité, les CDIs sont épargnés (tiens donc...): leur durée moyenne est de 12 ans, et la tendance est à l'augmentation...

• Mais les nouveaux emplois cachent une sortie vers les emplois précaires: 120 000 des 150 000 embauches l'an dernier étaient pour des emplois de ce genre là. Car figurez-vous qu'il suffit pour passer le seuil de pauvreté d'un emploi à temps partiel payé au SMIC de 25 heures par semaine, ou alors de 9 mois dans l'année au SMIC. Mais ma pauvre Elena, tu n'es pas seule: 17% des salariés sont payés au SMIC...

• Enfin, ASI est aussi intructive sur son domaine d'analyse des médias. J'ai en particulier pas mal aimé la remarque selon laquelle il était plutôt impropre de parler de précarité, alors qu'il s'agit en fait pauvreté. Mais le mot fait peur.

• Et cela a son importance, car ça permet aux cadres de se considérer aussi comme précaires, mais dynamiques et mobiles, et à Parisot, la patrone du MEDEF, de s'étonner de nos réactions face au marché du travail: "La vie, la santé, l'amour sont précaires, pourquoi le travail échapperait-il à cette loi?". Parce qu'à des salaires de PDG c'est plus facile à voir avec philosophie qu'à un demi-SMIC, peut-être?

Je compte sur Jeff pour abonder dans mon sens et vous conseiller de regarder l'émission, d'autant plus que les invités sont tous intéressants et se laissent parler. Et enfin, la petite dizaine de minutes de discussion après le générique disponible sur le Net est elle aussi intéressante.
Allez, promis, je vous parle de trucs plus légers bientôt! En plus, blogspot ne permet pas de télécharger des photos ces temps-ci, ce qui n'allége pas la page, je suppose...