samedi, juin 23, 2007

Modest mouse



Délaissé par une Elena partie péter la bise à la famiglia, j'ai conçu un plan démonique pour me venger: je suis allé voir en son absence un concert qu'elle aurait adoré: Modest Mouse à l'Elysée Montmartre (en compagnie de mes fidèles Kate et Tomtom).
Groupe majeur du rock inde pour certains, il est bien moins connu en France qu'aux Etats-Unis, d'où une salle à moitié pleine ce soir là. J'ai découvert ce groupe par l'entremise d'un indé-pendantiste allemand, avec des piqûres de rappel de la part d'un statisticien mayennais. Comme quoi, on aurait tort d'éviter les amis au CV sortant de l'ordinnaire car grâce à eux, j'ai assisté à un concert magistral.

Petite parenthèse pour préciser à qui on a affaire. Modest mouse fait du pur rock indé américain, à ne pas confondre avec le pur rock indé américain.
Il y a en effet rock indé et rock indé. Celui que joue Modest mouse sent le hangar de Portland, avec la bière posée sur les amplis, et les tatouages sur le bras éclairé par la lumière des néons. Mais les compos ne se résument pas à quelques riffs entêtants, des chansons coup de poing de 2 min30 avec des larsens pour finir (ce qui n'est pas un style désagréable du tout, d'ailleurs).

Les chansons de Modest Mouse sont beaucoup plus complexes et travaillées que cela, comme en témoigne la formation du groupe. Portées par un rythme riche, diverses lignes mélodiques naissent, s'entrecroisent, et meurent: guitares, basse, trompette, chant... et même accordéon!
En arrivant dans la salle, on nous annonce la couleur directement avec deux batteries! Et elles ne sont pas juste là pour délivrer du binaire puissant, mais pour permettre à un des deux batteurs de balancer quelques fioritures tandis que l'autre garde le rythme démoniaque qui porte la chanson. Ils sont épaulé par un bassiste massif qui semble fait l'amour à sa babasse quand il joue ses mélodies groovantes.
Continuous les présentations en en venant à l'homme à tout faire, qui se trouve au milieu de la scène. Claviers, trompette, contrebasse, et basse, selon les besoins de la chanson. Ce qui fait que, oui, sur une des chansons, nous avons eu droit à deux batteries et deux basses. Je vous laisse imaginer la puissance du groove qui nous a porté.
Et enfin viennent les deux guitaristes: la nouvelle recrue, ex-Smith, et le chanteur. Si ce dernier s'est bien troué en parlant au public en amerloque inarticulé au début du concert, il s'est vite fait pardonner par son charisme en chantant comme un possédé, regard énervé dans le vide, guitare bringueballée à droite et à gauche, pour finir par un étonnant chant dans le micro de la gratte.

Non seulement tous ces braves gens sont des brutes à leur instrument respectif, mais en plus ils sont assez malins pour se mettre au service de leurs chansons, sans zèle technique inutile. De toute façon, il y en a pour tout le monde étant donné le répertoire long comme le bras qu'ils cumulent en 15 ans d'expérience, avec moultes pétites plus ou moins connues dedans.
En plus de cela, leur musique a pas mal évoluée au fil du temps, comme leur formation (ils étaient trois au début). Ce qui donne des chansons très variées, plus ou moins directes ou travaillées selon la période à laquelle elles ont été écrites.

Bref, du pur bonheur, intelligent, recherché, intégre et rentre-dedans. Pour me rappeler une éclate rock-indé équivalente à la dernière chanson dont ils nous ont gratifié (20 minutes portées par un rythme de fou, alors que les guitareux se mettent sur orbite l'un après l'autre, tête basse concentrée, sans jamais en faire trop), il me faut remonter aux concerts des dEUS il y a neuf ans de cela, ce qui n'est pas peu dire pour moi.
Même lieu, même richesse, même panard. C'est Elena qui va être jalouse!

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