samedi, décembre 30, 2006

Harlan Coben



Question à deux tortellis: c'est quoi la différence entre un polar et un thriller? Le premier fait plus classe, plus recherché mais plus vieillot que le moderne et efficace second, mais encore? Le premier fleure la pipe de Simenon et le thé d'Agatha Christie et le second la grosse production hollywoodienne, certes... Est-ce à dire que les polars doivent être sérieux mais chiants, et les thrillers passionnants mais décevants?

Quoiqu'il en soit, j'ai fait connaissance lors de ces fêtes avec Harlan Coben, auteur de thrillers (ou de polars), par la voie de mon frangin. C'est lui qui a eu l'idée d'aller voir Ne le dis à personne, adaptation pour le cinéma d'un de ses bouquins. J'ai beaucoup aimé ce film. Grâce à son incroyable brochette d'acteurs (Cluzet-Croze-Dussolier-Scott Thomas-Baye-Rochefort-Berléand, s'il vous plait!) d'abord. Grâce à la réalisation de Guillaume Canet qui arrive à rendre l'histoire joliement digeste également (même s'il a quelques envolées lyriques douteuses, genre le héros tombe en face d'un cerf dans la forêt).
Mais c'est avant tout la qualité de l'histoire qui m'a scotché: non seulement la situation de base est des plus intriguante (on tue la femme sans histoire d'un type sans histoire. Et huit ans après, la morte recontacte son mari), non seulement l'explication finale est satisfaisante bien qu'évidemment emberlificotée, mais en plus on avance naturellement vers le dénouement en assimilant progressivement toutes les nouvelles infos. Et en plus la méchante est très réussie.

J'ai tellement été convaincu par ce film que j'ai prestement acheté un bouquin de Coben, Juste un regard, à qui j'ai pu rapidement régler son compte à la faveur d'un train de nuit. L'accroche de départ est une autre variation du complot s'abatant sur une famille sans histoire: une maman trouve au milieu des photos de vacances qu'elle vient de faire développer une vieille photo qu'elle n'a jamais vu, sur laquelle elle devine son mari. A peine l'a t'il vue qu'il s'enfuit dans sa bagnole et ne reparait jamais.
Et j'ai eu la même impression que devant le film: c'est sacrément bien foutu, et ça tient la route. En plus de ça, le méchant est vraiment fascinant. J'étais tellement convaincu que j'ai réussi à ignorer la traduction française minable, où les tournures approximatives côtoient les contresens. Je vous conseille donc chaudement cet auteur, mais en VO si possible! Il m'a tout l'air d'écrire des polars dignes de thrillers, ou réciproquement.

PS: Pour la fine bouche, trois des plus belles erreurs de traduction qui m'ont sauté aux yeux:
  • Parlant d'un aspirant professionnel de football américain, multipliant la muscu pour être au niveau: "Mais ce n'était pas suffisant pour la première ligne". Comme s'il cherchait à se muscler pour tenir une certaine position stratégique! Il s'agit évidemment de la première ligue, la première division de football américain.
  • Jolie figure de style: "Il avait disparu de sa banque de mémoire". Même en 6ème ça ne passerait pas.
  • Et le faux-ami qui tue (niveau seconde): "Eventuellement, elle passerait chez une de ses cousines". Et non! En anglais, eventually veut dire finalement.
C'est pas possible qu'un pro fasse ce genre d'erreurs, non?

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Mais c'est évident, mon cher Watson (qu'un pro ne ferait pas ce type d'erreur) !!!!!!