samedi, décembre 16, 2006

Derniers rappels


Il y a bien sûr l'absolue médiocrité de Johnny, qui met en valeur une fois encore un autre pan de la personnalité de ce "monstre sacré de la scène". Comme déjà démontré, entre autres, par sa scandaleuse adoption accélérée, par ses passe-droits multiples obtenus par la grâce de l'amitié qui le liait à la famille Chirac, par son opportun soutien au Sarkozy montant et par sa grossière tentative de récupérer sa nationalité belge, le héros bêlant n'est pas juste un brave crétin doué pour la scène: c'est avant tout un enfoiré prêt à toutes les compromissions pour protéger, un petit plus encore, son immense monceau de fric.
Il y a encore la bêtise de ses fans, soutenant sans faillir leur vedette, sans réaliser le lien direct qu'il y a entre leur RMI, l'état de leurs routes, et la longueur de yatch de leur pauvre star.
Il y a le révélateur soutien géné de Sarkozy, qui montre que cet homme là n'est peut-être pas simplement un opportuniste populaire, mais qu'il a probablement des idées derrière la tête. Si j'étais de mauvaise composition, je dirais de chercher du côté de son frangin, presque chef du Medef (mais ça ce serait trop vu).
Il y a encore la responsabilité de nos médias, et la passivité de leurs téléspectateurs, dont un nouvel aspect vient d'être éclairé par le Spiegel. Comment expliquer le fait que 50% des allemands ont plus peur de l'insécurité aujourd'hui qu'il y a quelques années, alors que presque tous les délits sont en recul (utilisation d'armes à feu, vols, assassinats, cambriolages)? A tel point qu'ils pensent que la criminalité a augmenté de 37% en dix ans, alors qu'elle a en fait reculé de 5%? Facile: dans le même laps de temps, les emissions violentes à la télé ont augmenté de 50%. Et si c'est à la télé, ça doit être vrai...
Et puis l'engagé Joey Starr qui passe à la Star Ac', le dimanche qu'on enterre à force d'ouvertures exceptionnelles (pour une fois, je vous renvoie vers un édito de la Croix cité sur Inter, à 1h37m55 de l'enregistrement), Renaud qui se dépolitise, le FN qui se respectabilise, le bordel en Israel, au Liban, et Irak et au Darfour (auquel je ne consacre moi-même qu'une place 100 fois inférieure au crétin de Johnny).

Mais ce n'est pas tout.

Il y a aussi les balades parisiennes, le boulot d'Elena qui se présente bien, le tramway parisien passant contre la bagnole, le superbe canular de la télé belge dont Arrêt sur image nous parlera en détail demain, notre cave à vin qui est annoncée, et le bouquin italien super d'Italo Svevo La conscienza di Zeno dont je vous parlerai plus tard, comme du formidable cycle de films Mondovino la série.
Mais c'est aujourd'hui d'une bédé formidable dont je voudrais vous entretenir.

D'ailleurs, plus que bédé il s'agit de comicpuisque l'auteur en est américain et l'histoire saucissonée en petis épisodes. Je le précise pour la beauté de l'exactitude puisque si vous demandez des comics dans un magazin, vous aurez vite fait de vous retrouver dans un rayon de super-héros années 70 où des fans jusque-boutistes vous toiseront d'un oeil mauvais pour les avoir dérangé dans leur tanière.
C'est dans un magasin de bouquins beaucoup moins pittoresque que j'ai acheté cette bédé en faisant mes courses de Noël. Le truc classique: tu rentres pour acheter un beau livre chiant à une connaissance, et tu ressors avec une bédé super pour toi.
Il s'agit de Derniers rappels d'Alex Robinson. C'est son deuxième album après De mal en pis, pavé à forte connotation autobiographique racontant avec humour et tendresse la vie de trentenaires new-yorkais, et primé un peu partout. Ayant adoré le précédent album, comme tous ceux qui l'ont tenu entre leurs mains, j'étais ravi de découvrir le nouvel opus (qui commence à être primé un peu partout).
Je craignais et j'espérais tout à la fois d'acoir à faire à une simple copie de l'album précédent. D'autant plus que la couverture, comme la présentation initiale de la narration (on suit en parallèle six ou sept personnages) et les dessins (très réussis, et même franchement impressionnants sur la fin) sont proches. Cette fois-ci, Robinson développe une galerie de personnages beaucoup plus divers, et qui ne sont pas tenus ensemble par leur simple habitat naturel comme dans De mal en pis (New-York de jeunes employés célibataires), mais par une intrigue allant vers le dramatique, comme le montre le chapitrage à la façon d'un compte à rebours. Elle va emmener inexorablement les trajectoires des personnages à s'entrecroiser et pour certaines se percuter jusqu'au dénouement final.
C'est donc tout logiquement qu'on est moins dans le ton de l'humour que dans le bouquin précédent, mais les personnages gardent LA grande qualité des bédés de Robinson: ils sont intéressants, riches, détaillés, et attachants. C'est encore une fois un grand plaisir de s'attacher à toute cette petite troupe (la rock-star en cours d'inspiration, de l'informaticien looser, des serveurs homos, etc), d'autant qu'ils ne nous délivrent pas que des réflexions triviales. Mais le gage de qualité ultime est qu'il est encore plus difficile de refermer cet album que De mal en pis avant d'en avoir englouti les 350 pages, car, en plus d'être attachés aux personnages, on est vite pris par le suspense de l'intrigue.
(En plus, on peut trouver des bonus complémentaires sur le Net, telles ces planches ci)

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Sacré Johnny, il en tient une bonne . . . ce n'est pas la 1ère . . . y doit avoir un foie comme du gruyère ! Quant à son départ en Suisse, faut dire qu'il est bien crétin de se décider juste au moment de la campagne présidentielle ! Y'en a des tas de chanteurs, sportifs . . . de tous bords qui font la même entourloupe à l'état français mais y sont partis plus discrétement. Le décider à un moment où on cautionne un candidat à une présidentielle, c'est ballot !
Sinon, ce ne sont pas des bouteilles de ricard qui s'affichent lors de l'interview et j'm'y connais, hips !!!!!!!