lundi, octobre 02, 2006

La minute philo

La journée de poker d'hier, et mon retour à mon quotidien habituel de recherche de mon futur incertain, m'ont mené à de bien puissantes reflexions, dont je vais vous faire part pour relever le niveau de ce blog.

Un des aspects fascinant du poker est qu'il est basé sur du pur hasard, qu'il s'agit de maitriser. Le jeu est donc loin d'être aussi crétin que je ne pensais au premier abord. Pour autant, il faut je pense se garder de tomber dans l'excès inverse en réduisant la rôle du bol à portion congrue. Ainsi, les déclarations de notre bon Bruel national selon lesquelles "le poker c'est 20% de maîtrise et 80% de chance pour les débutants, et l'inverse pour les pros", me semblent sacrément favorables aux pros.

Dans le domaine complétement différent de la recherche de boulot, je trouve qu'on a la même tendance à sur-estimer notre faculté à planifier notre carrière (et négliger l'impact du hasard des rencontres et des postes disponibles à l'instant considéré). Il est ensuite très facile de rationaliser son parcours, en lui trouvant une cohérence a posteriori.
Par exemple, si GE avait pris un peu plus soin de moi au bon moment, je ne deviendrais pas le chercheur génial ou le professeur brillant qu'il est maintenant évident que je serai. Ou encore: si mon maître de thèse de n'était pas mis une mine avec son collégue de Trieste il y a 15 ans, il ne me l'aurait pas recommandé et jamais je n'aurais eu la moindre occasion d'y faire un tour, de m'y installer, d'y faire de nombreux enfants, de devenir un leader politique reconnu et d'y créer la république utopique du Triestino-Elena.

Bref. Cette tendance à sous-évaluer le rôle du hasard, du bol et de son absence, si elle est rassurante puisqu'elle nous donne une impression de maîtrise, nous empêche aussi de prendre le déroulement des événements avec sérénité et de ne pas nous en vouloir quand ça tourne mal. Un peu d'humilité ne ferait pas de mal, que ce soit quand on glose sur l'invincibilité supposée de Sarkozy ou de Buffon, ou que l'on analyse les raisons du penalty raté de Trézéguet.
Allez, ce blog a atteint son quotat de réflexion puissante pour le prochain semestre. Je vais donc de ce pas me décapsuler une bonne bière, et vous souhaite la bonne nuit!

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