jeudi, août 30, 2007

Le traquenard de l'année

Le soleil revient, c'est donc la rentrée, ça ne trompe pas. Alors certes, c'est pas marrant de retrouver taff et transports en commun, mais il y a au moins une bonne nouvelle: les festivals en Province se terminent, et donc les concerts reprennent.
Dans le cadre de notre opération "pour dix accordéons achetés une guitarre électrique offerte", j'ai cédé aux supplications d'Elena et accepté d'aller voir Sonic Youth au Paris Jazz Festival, histoire de changer un peu de la chanson française qui m'enchante.

J'y suis allé à reculons parce que Sonic Youth c'est plus que du rock indé, c'est à peine moins que du punk de la grande époque, c'est du "noise rock". Du son très saturé, des larsens à gogos, du binaire en furie avec des braillards qui ne savent pas chanter. Elena adore, mais moi je préfére de loin un bon violon tsigane sur des textes dépressifs.
Jugez vous-mêmes, Sonic Youth c'est ça:



C'es rude, hein?
Seulement, le vrai piège n'était pas là. Ce n'était finalement pas tant le fait que ce soient les sauvages de Sonic Youth qui étaient sur scène qui comptait, mais bien plus le fait qu'ils étaient invités dans le cadre du Paris Jazz Festival. Sonic Youth et jazz. Etrange... Punk et saxo?
Il ne fallait donc évidemment pas s'attendre à de bons petits standards des familles, joués par des musiciens distingués, sur un joli rythme ternaire du type "tchic-tchitchic-tchic-tchitchic".
Non point.

Ce qui fait kiffer des Sonics vieillissants (mais toujours voués au culte du Bruit), et qui se marie à merveille avec le côté avant-gardiste du Paris Jazz Festival, c'est le free jazz. Le free jazz est au jazz ce que la musique contemporaine est à la musique classique: l'harmonieux c'est définitivement trivial, vive la dissonance, époumons nous dans nos saxos en bougeant les touches le plus vite possible, ça va être super cool!
Alors ça c'est très très rude. Je vous invite à vous en faire une idée, afin de compatir avec mon martyre, en jetant un oeil à cette vidéo de Peter Brötzmann qui a fait la première partie du concert.

Ca calme. Et il faut imaginer la scène: Elena et moi attendions du rock qui tache, et voici ce petit bonhomme distingué, en costard, qui pénétre à petits pas sur la scène. Il prend le micro le temps de lâcher une ou deux blagounettes, nous mets dans sa poche, prend sa respiration... et se lance dans un morceau de bravoure dissonnant du type de celui de la vidéo. Et le plus dingue, c'est qu'alors qu'Elena et moi-même croyions assister à un sketch (un peu long), le bonhomme s'est fait ovationner par un public unanime à la fin de son premier morceau!

Le reste fut à l'avenant: Sonic Youth a ensuite invité trois marioles du même tonneau à les accompagner sur une impro free-jazz de 45 minutes (au secours), avant de nous gratifier d'une heure de concert plus classique (du noisy rock, donc). Ca m'a fait tellement de bien de retrouver un semblant de structure à des morceaux que j'ai même bien accroché dans un premier temps, avant de reprendre mes esprits et de lâcher l'écoute insupportable de ces "chansons" grinçantes et couinantes...
Et le pompon à l'issue de cette soirée de cauchemar fut de retrouver à la sorite une Elena rayonnante, épanouie, enthousiaste... Elle a adoré le concert (à part la première partie, quand même)... Je peux te dire, elle va en bouffer de l'accordéon!

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