samedi, août 25, 2007

La rentrée littéraire


Vous êtes sur un blog alternatif, voire underground, je vous signale. Par conséquent, le révolté que je suis va aller une fois encore à contre-courant en vous conseillant un livre à lire sur les plages après les vacances. Ahah.
Remarquez que vu le temps auquel on a eu droit (malgré les impots qu'on paye, c'est-y pas malheureux), j'aurais été sympa de vous indiquer ce très bon bouquin d'espionnage préalablement à vos congés estivaux car vous auriez alors pu vous consoler des averses à répétition en faisant une justice à ses quelques 1200 pages, peinards sous le auvent.
Et oui, je sais, 1200 pages, ça tétanise un poil... Mais j'y reviendrai.

Le bouquin en question est La compagnie de Robert Littell. (Qui n'est autre que le père de Jonathan, l'auteur des Bienveillantes. Faut croire qu'on aime les gros pavés dans la famille). Nous y suivons, sur pas moins de 45 ans (de 1947 à 1991), le parcours de quelques nouvelles recrues de la CIA et du KGB: leurs missions au service de leur gouvernement respectif et leur recherche d'éventuelles taupes dans leur environnement.
Comme Robert Littell, ancien journaliste pour Newsweek, connait bien ses dossiers, il nous apprend plein de choses sur différents temps forts de la guerre froide (la césure à Berlin, l'insurrection de Budapest, la crise des missiles à Cuba, soutien à l'Afghanistan et l'effondrement de l'URSS notamment), et plus encore sur le fonctionnement en interne de la CIA.
Tout cela a l'air admirablement bien renseigné, et nous fait ressentir ce que pouvait être le quotidien d'un espion, entre ennui quotidien, mauvaises fréquentations, insondable tristesse devant les échecs de certaines entreprises et euphorie devant la réussite de certaines autres. En outre, Littell se garde bien de faire de son roman une ode à la CIA, d'abord parce qu'il en souligne les nombreux échecs moraux (il n'y a qu'à voir les épisodes sur lesquels il s'étend: Hongrie, Cuba, Afghanistan), et ensuite parce qu'il montre que les agents du KGB croyaient servir le même type d'idéal.

Mais je vous avoue que ce n'est pas cet aspect didactique qui m'a poussé à dévorer ce dense bouquin. Si c'est une réussite, c'est d'abord et avant tout parce que son intrigue est formidablement prenante, son cadre est très dépaysant et ses personnages riches et attachants. Que ce soient les personnages fictifs ou les personnages réels d'ailleurs, dont le fascinant et paranoïaque John Angleton qui a fait l'objet du film Raisons d'état de De Niro. Le portrait du neuneu Ronald Reagan vaut aussi son pesant de cacahouettes.
En un mot, La Compagnie est passionnant; il a enflammé tous ceux qui l'ont eu entre les mains autour de moi (et continue ses ravages). Et pour modérer l'aspect impressionnant des 1200 pages, il faut s'avoir que le bouquin est structuré en différentes parties de 150-250 pages, qui peuvent être lues successivement comme des romans de taille raisonnable.
Mais je vous parie que vous n'arriverez pas à vous arrêter sagement à la fin de chacune d'entre elle...

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Autres temps, autres moeurs: Quid du bouquin de Yasmina Reza ???? De la pub in fine pour Sarko qui ne demande que ça ???????? Demande avis éclairé . . .

ZeVinci a dit…

Mémére, cessez un peu de voir ce bonhomme partout: il n'est que presque partout. Une nuance qui a son importance!
Il y a quand même 739 autres bouquins en cette rentrée littéraire!