dimanche, juin 08, 2008

Michael Connelly


Le marketing des polars et autres thrillers me sort par les yeux. Voir toutes ces affiches dans le métro, gros plan sur le visage mystérieux de l'écrivain en noir et blanc, limite menaçant, genre "je suis hyper habile, suprêmement intelligent et peut-être un petit peu fou", ça me fatigue. "Le nouveau maître de l'angoisse". "Il joue avec nos peurs les plus intimes". Tout ça tout ça.
Alors quand je croise lors de mes transports parisiens des dizaines de lecteurs accrochés au dernier livre à la mode, j'ai tôt fait de les trouver complètement crétin (ce qui est le mouvement naturel du voyageur parisien: secrètement mépriser les autres - à part les jolies nanas), et de considérer l'écrivain en question comme un pur produit marketing.

C'est ainsi que je considérais Connelly. Jusqu'à ce que mon frangin préféré, au bon goût affirmé, épaulé par sa chère et tendre, elle aussi spécialiste ès polar, me narrent leur admiration pour le bonhomme.
Vous me connaissez: je les ai défoncé. Armé de ma meilleure foi à triple blindage, je leur ai démontré sous tous les angles que cet écrivain dont je n'avais rien lu était nullissime. C'était le minimum syndical, quoi.

Mais je ne suis pas le mauvais gars. Une fois mes hormones polémiques satisfaites, j'ai acheté un ouvrage de Connelly. Trunk music, pour être précis (ou pour les misérables qui lisent les livres en version française - ouh la honte, ils perdent toutes la saveur de la langue: le cadavre de la rolls. Vous voyez bien que le titre, percutant en VO, est tout pourri en VF. Alors même si je dois passer trois fois plus de temps à déchiffrer le roman, même si je dois me ruiner les poignets à manipuler un lourd dictionnaire (pas facile avec un Gael sur le bras gauche), même si je dois ne comprendre les rebondissements qu'avec plusieurs pages de retard, je suis fier de lire en VO. Euh, je ne m'étais pas embarqué dans une parenthèse il y a quelques dizaines de lignes? Et ben je la clôt là)
Bref, comme vous vous en doutez, j'ai été séduit. Le style, très sec, m'a étonné et semblé quelque peu artifiel au début, mais m'a vite plongé dans l'ambiance rêche d'un Los Angeles que Connelly, ancien chroniqueur judiciaire de la ville, connait parfaitement.
Mais surtout, j'ai apprécié le fait que l'auteur prenne le temps de détailler longuement chaque situation avec luxe détail. On est loin des thrillers-vidéo clip à la Harlan Coben qui, quoique fort efficaces, finissent par ne plus être crédibles au trentième rebondissement. Ce qui arrive autour de la page 10.
Au contraire, Connelly me semble parfaitement maîtriser le délicat équilibre consistant à mettre assez de rythme pour surprendre le lecteur, mais à lui laisser le temps de bien goûter chaque situation, chaque mystère. On profite dfonc pleinement de l'intrigue sans avoir l'impression de vivre un jeu vidéo.

Au final, ce fut donc un polar bien dosé, bien foutu, dans un milieu bien rendu et avec des personnages couillus comme il faut.
Très bien, donc. Mais ne le dites pas à mon frère.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

ahah ! Très bon. Faudrait que j'essaie en vo pour voir... Sinon j'ai même acheté son dernier en version 'pas de poche' ! Tu sais le truc très lourd et très cher ! ( il a beau être bon, 18 euros le gros bouquin écrit très gros, là je me suis fait baisé par le marketing...)