samedi, février 17, 2007

Maceo parker


Ce qu'il y a de malheureux avec toutes les sorties récentes que j'ai à vous raconter, c'est qu'elles ne me laissent pas le temps de vous les raconter! C'est d'autant plus génant dans le cas de Maceo que
  1. le concert était absolument génial
  2. il me donne l'occasion de montrer que je sais aussi aller voir du pas-français-pas-accordéon. Et paf.
Maceo Parker est un saxophoniste qui a notamment fait ses premières armes au service de James Brown. Autant dire que son truc, c'est le saxo péchu. Il s'est depuis affimé comme un grand monsieur de la happy music.
Kesako? De l'avis de Maceo, c'est la musique qui te fait shake your body automatically avec un petit sourire aux lèvres et le regard un peu dans le vide. La recette: 1% jazz, 99% funk, 100% groove! Vous voyez que le monsieur a le sens de la formule, et si vous ne voyez toujours pas de quoi il cause, jetez une oreille sur son magnifique Live on planet funk.

Je l'avais déjà vu il y a quatre ans de cela (c'était mon premier concert parisien!) à l'Elysée Montmartre dans sa formation classique: des vieux brisquards blacks comme lui, dans des costards noirs impeccables, qui, armés de divers cuivres, se mettaient sur orbite les uns après les autres.
J'en garde un si bon souvenir de péche, de bonheur et de talent que je suis retourné le voir mercredi au Grand Rex en compagnie de ma fidèle Elena et d'un consultant saxophoniste qui souhaite garder l'anonymat. Ce désir de discrétion vient du au fait que Maceo, Dieu vivant du saxo, a un style non académique qui révulse la prof de saxo dudit Fred, qui souhaite donc rester anonyme pour éviter toute représaille. Appelons le Bob, alors.

Et arrêtons nous deux secondes sur la salle, le Grand Rex, que nous avons pénétré pour la première fois ce soir là, Elena, Bob et moi. J'en suis resté coi: l'accoustique est à tomber par terre, et l'organisation de la salle en deux étages, avec un dénivellé impressionnant, garantit à tout le monde une vue dégagée sur la scène et une assise très confortable. On comprend qu'elle soit la salle de ciné de référence pour les avant-premières de cinéma.
Dans ces conditions, le craquage des décorateurs pourrait presque être passé sous silence. Mais ce serait quand même dommage de ne rien dire du plafond en forme de voute céleste étoilée, et surtout des deux reconstitutions de villa romaines ou grecques en plâtre rose anoblissant les recoins de la salle.

Bref. Ce concert était un peu particulier en ce sens que Maceo n'était pas venu avec son groupe habituel, mais il a été invité par le WDR Big Band, le big band de la chaîne de radio nationale allemande. Ca sentait le roussi: nous craignions de voir une belle soirée funk glisser dans une ambiance jazz trop difficile à apprécier, et ce d'autant plus que le thème de la soirée était roots and grooves. Roots pour une première moitié de concert consacrée aux racines de l'inspiration de Maceo à travers des reprises de Ray Charles, et groove à travers des reprises de Maceo lui-même à la sauce big band. Nous eussions pu craindre que le roots désigne le jazz chiant qu'ils avaient envie de jouer, et le groove une partie plus commerciale, sans intérêt pour eux, jouée pour éviter que le public de bourrin ne casse la salle.

Non point. La soirée a été des plus réussies: les nombreux ziquos connaissent leur métier et nous ont délivré quelques solos ébouriffants (notamment le clavier, petit pépére chauve qui ne paye pas de mine mais s'agite comme un damné quand c'est à son tour de soliloquer), les chansons étaient des plus accessibles pour nos pauvres oreilles profanes, ... et Maceo a tout pété.
Dans la partie roots, il a rendu hommage à Ray Charles avec sobriété, sans solo trop démonstratif, en montrant notamment qu'il est un très bon chanteur dont la voix de jazzman noir a complétement retourné Elena... Et dans la partie groove, il a tenu toute ses promesses en déroulant son répertoire de happy music qui tue, avec force solos stratosphériques.
Il faut dire que la couleur de la partie groove était annoncée dès le départ par le remplacement du batteur filiforme et du contrebassiste en costard de la partie roots par deux piliers de bar anglais à moitié obèses, qui n'étaient pas là pour faire dans la finesse mais pour faire groover dans les chaumières. Nous avons été en particulier amusés de voir que les cuivres étaient isolés du batteur fou furieux par une paroi vitrée, histoire de ne pas perdre tous leurs tympans dans les cinq premières minutes du concert! Nous avons pu nous rendre compte lors des solos bianires de l'animal que cette précaution était tout à fait justifiée!

Bref, on a fort logiquement passé la moitié de cette deuxième partie de concert debout, à balancer la tête, et nous sommes sortis encore une fois tous tourneboulés des presques trois heures de concert proposées par Maceo. Bob est retourné faire ses gammes toutes la nuit!

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Vu la longueur du post, nul doute que vous avez été enthousiasmés. Rien à voir avec Grand corps malade ou autre M. Roux !!! Bravo pour l'éclectisme !!!!!!!