samedi, février 10, 2007

Coup de gueule constructif


Je suis colère. Je bouillonne. Je vous préviens, je sens que je vais péter un coup de gueule, nom de dieu!
Et non, ma frustration ne vient pas du match de football-playstation Nantes-Valenciennes qui s'achéve sur une honteuse victoire des nordistes. Ils n'ont certes pas démérité, mais planter cinq buts au gardien de l'équipe qui aurait due être championne du monde, c'est vraiment pas sympa!
Non, mon couroux est causé par une vermine qui ravage notre belle société mondialisée. Peu à peu, à l'insu de tous, elle s'est immiscée dans notre quotidien sous des dehors séduisants, avant de pourrir viscieusement la vie de l'honnête voyageur, et de monter la population en deux clans iirémédiablement ennemis. Saleté.

Je cesse immédiatement mes effets d'orateur pour vous livrer en pâture l'infâme coupable: le trolley. Vous savez, cette nouvelle sorte de valise à roulette, pourvue d'un manche téléscopique qui évite la pénible tâche d'avoir à la porter.
Elle a dans un premier temps séduit le cadre dynamique: ça fait joli et efficace, et en plus c'est taillé pile-poil pour être admissible comme bagage à main dans les avions. Ce qui permet audit cadre de court-circuiter la si pénible attente de sept minutes à l'atterrissage pour récupérer ses bagages. Evidemment, quand tous les cadres dynamiques font passer leurs valises pour des bagages à main, tous les passagers normaux galérent pour trouver un spot pour déposer leur manteau mais, oh, je bosse moi!
Cette situation scandaleuse eût pu légitimement donner une première prise à une haine viscérale pour le trolley, agent du Capital égoiste, mais heureusement l'interdiction récente des mousses à raser et dentifrices en cabine empêche les cadres dynamiques de continuer à jouer à ce jeu là.
Sauf à puer de la gueule à l'arrivée. Ce qui est assez rédhibitoire pour un jeune cadre dynamique, reconnaissons-le.

Ce n'est donc pas le motif de mon mépris profond pour cet objet démoniaque. Le problème, voyez-vous, c'est qu'il s'est démocratisé. C'est tellement pratique! Le sac à dos, ça fait ados attardé. La valise classique, c'est chiant comme tout à trainer. Alors à côté le trolley, quel bonheur!
Là où le bât blesse, c'est que le trolley a la fâcheuse habitude d'être un petit peu en retard sur son fier possesseur. En position dynamique, s'entend. Voire, quand le bras télescopique est particulièrement long et/ou que son "conducteur" particulièrement petit, il peut être très en retard sur lui. (Je suis assez fier d'avoir écrit cette phrase sans remarque méprisante pour Sarkozy.)
Ceci, c'est de la physique de base, vous êtes bien d'accord avec moi. La distance bras-sol étant inférieure à la distance trolley plus manche, ben quand on bouge, le trolley traine derrière, c'est évident. Même un téléspectateur d'Arthur doit pouvoir comprendre cela, non? Et s'il ne comprend pas, il a qu'à regarder, merde!

Or, ne me demandez pas pourquoi, aucun des blaireaux à trolleys ne semble en avoir conscience. Sous prétexte que le trolley est trainé derrière eux, il n'existe plus, il se dématérialise, il fusionne avec eux... je nais pas, mais en tout cas il ne peut pas géner quiconque. Im-po-ssible.
Cet étrange phénomène psychologique, allié au fait que ces petites valises sont si pratiques à manier qu'elles permettent de se mouvoir sans aucune difficulté, conduit tous les braves voyageurs à trolley à zigzaguer sans vergogne, oublieux de leur bagage, et donc à balayer aveuglément tout ce qui se trouve dans leur sillage.
On assiste ainsi dans toutes les gares, dans toutes les stations de métro, dans tous les aéroports, à des scènes apocalyptiques. De la violence gratuite. De la destruction pure.
Les trolleyeurs, toujours plus nombreux, répandent de longues traines de désolation parmi les autres voyageurs, laissant des milliers de leurs contemporains pliés en deux de douleur. Et paf, un violent coup des les tibias, vicieux, rapide, imparable, à l'italienne. Les innocentes victimes n'ont pas le temps d'apercevoir l'ennemi rampant, vif et sournois, camouflé dans des teintes sombres indiscernables, que les voila extropiées et agonisantes.

Alors de grâce, sachez refuser le charme vénéneux du trolley. Ne vous comportez pas comme ces milliers d'égoistes qui, pour un peu de confort, fauchent leur prochain sans vergogne.
Et si jamais vous cédez, je vous en supplie, gardez ce post dans un coin de votre esprit. Ne serait-ce que pour éviter de fusiller du regard vos victimes, comme si elles avaient fait exprès de shooter dans votre bien! Parce que ça, ça donne vraiment des envies de meurtre! Qu'il faut un long post pour exorciser...

1 commentaire:

Anonyme a dit…

N'oubliez pas, cher blogueur, que dans la vie c'est chacun pour soi. Alors, si vous etes distrait par la musique de votre ipod ou/et les algorithmes de votre job ou/et une nuit sans trop de sommeil, prenez-en qu'à vous-même ! L'homme moderne protège son dos (= mal du siècle - le dernier et celui-ci aussi-) et n'a pas à protéger les tibias des autres ! Chacun son problème. A vous d'avoir les yeux en face des trous et de considérer que ce parcours du combattant vous est salutaire car il développe votre potentiel d'esquiveur et de slalomeur. Vous aurez sans nul doute dans l'avenir des occasions de vous féliciter de cet entrainement !!