samedi, avril 17, 2010

Manuel de savoir vivre à l'intérêt des interlocuteurs de marathoniens

Une préparation de 4 mois lors de laquelle 605km furent parcourus, justifie bien un deuxième post sur le marathon qui m'a permis de rejoindre le 1% de la population française ayant déjà parcouru cette distance. Ne fut-ce que pour vous permettre de voir ces deux bien belles photos prises à l'arrivée (photos dont je tairai le prix par respect pour ceux qui sont durement touchés par la crise, et ignorent à quelles extrémités on peut être réduit pour conserver un témoignage du jour où on est allé au bout de ses capacités physiques).
Je vous rassure, ce billet ne retracera pas par le menu l'intégralité de mon épopée. Vous avez de la chance que je me sois offert un bon resto avec mes compagnons d'entrainement, tout aussi émoustillés que moi, hier soir. Nous avons déroulé avec gourmandise nos courses respectives par le menu. Ah le mur du 34ème kilomètre! Ah, le rétrécissement au rond point de la Bastille! Le faux-plat du 10 au 15ème km! Les ravitaillements pénibles, celui des quais en tête! Les chemins du bois de Boulogne, trop étroits pour absorber les coureurs ainsi que les compétiteurs crevés qui marchent!
Les femmes de marathoniens ayant eu le bon goût de déserter la soirée, nous avons pu revivre notre guerre sans ennuyer personne. Ma soif de reconnaissance ayant été partiellement étanchée hier soir, je peux vous faire grâce du récit détaillé de ma course.
Mais à une condition seulement.

J'ai remarqué à l'occasion de ce marathon un phénomène étrange. La première fois que vous avouez que vous êtes adepte du footing à quelqu'un, vous êtes systématiquement salué par un regard respecteux. "Quoi, tu cours une heure de suite! Waow, moi cinq minutes déjà je peux pas. Et ben bravo".
Quand tu en viens à avouer que tu te frottes de temps en temps au semi-marathon, la reconnaissance est absolue. Et ce, quelque soit le chrono: 1h40, 2h, 2h10: "Woaw, quoi, 20km sans s'arrêter! Chapeau... Franchement, moi, je pourrai pas."
Par contre, quand tu en viens à évoquer le marathon, l'interlocuteur pourtant béotien s'intéresse rapidement à ton temps. Et là, tu a bouclé tes 42km en plus de 4h, l'atmosphère se refroidit notablement. "Enfin, bravo hein, de toute façon le plus important c'est la distance. Tu es arrivé au bout, quand même!"
Et ben je t'emmerde moi! C'est sacrément beau de le finir en 4h, tu crois quoi, glandu!

Enfin, vous me connaissez, je suis parfaitement éduqué et ai un respect absolu pour l'étiquette, alors je ne me dépars pas de mon plus beau sourire... Mais je peux te dire qu'à la première occasion je vais rayer la carrosserie de ce connard!
J'imagine que ette brusque exigence de performance vient de la collision de cette folle distance - 42km200, pour être exact - avec un temps tout aussi délirant - 4h à courir! Le béotien doit avoir vaguement à l'esprit que seuls quelques uns peuvent boucler la distance en 2h et quelques, et sont donc prêts à accepter l'idée qu'il faille 3h et quelques pour la parcourir. Mais bon, QUATRE heures, c'est quand même sacrément long. Trop long même pour être une course honnête, tu vois, ça doit forcément être plus proche d'une ballade, c'est pas possible autrement!

Alors, de grâce, je ne vous épargne la version longue de ma course que si vous me promettez d'être gentils avec le prochain primo-marathonien que vous croisez. Répétez après moi: moins de 5h, c'est très bien. Moins de 4h, c'est très sérieux. Moins de 3h45, c'est le top. Et moins de 3h30, c'est à mon avis le mieux qu'il soit possible d'espérer sans tourner toute son existence vers la course.
Au nom des générations à venir de jeunes marathoniens idéalistes fourbus, je vous remercie!

1 commentaire:

Un semi marathonien a dit…

mouais, 4h c'est pas si mal...