dimanche, juin 21, 2009

Je hais la fête de la musique

Je hais la fête de la musique.
Oui, je sais. Je suis mordu par la musique; je vous fatigue à longueur de posts en vous relatant mes dernières découvertes; je vous incite lourdement à acheter des albums, particulièrement ceux de petits groupes; je vous inflige les comptes-rendus des concerts auxquels j'assiste en espérant vous inspirer à découvrir les artistes en question sur scène.
Oui, je sais. Engagé à gauche, prônant la solidarité, je devrais me faire le porte-drapeau d'une des rares fêtes populaires qui touche la France dans son ensemble (ou du moins en grande partie).

Oui d'accord. So much pour la théorie. J'ai néanmoins un contre-argument puissant à vous opposer: la fête de la musique, c'est tout pourri.
Peut-être faut-il que je développe?
Mes expériences, nombreuses, de la fête de la musique sont de trois types. Et dans les trois cas, elles sont de cuisants échecs.

Premier cas: on se retrouve avec des copains "dans le centre", sans plan très précis. Nous voila donc dans des ruelles bondées, à passer frénétiquement d'une petite scène à une autre, sans jamais s'arrêter plus d'une demie-chanson sur l'une d'entre elle (ou alors c'est simplement parce qu'on n'arrive pas à avancer).
Premièrement, il est très difficile d'apprécier de petits groupes de styles divers sur des sonos de fortune, surtout quand les deux stands voisins mêlent leur basse métal ou leur batterie jazzy à l'accordéon qu'on cherche à écouter. Et deuxièmement, parce que le groupe de copains n'arrivera jamais à se mettre d'accord sur une scène méritant un arrêt non symbolique (ou retrouve l'emballement de groupe empêchant le choix d'un restaurant dont je me suis fais l'écho un peu plus tôt). Et enfin, je ne sais pourquoi, mais on considérerait avoir raté notre fête de la musique si nous n'avions pas sillonné l'intégralité du "centre" dans la soirée.
Bilan: un butinage inintéressant, beaucoup de bousculades, du stress, des jambes douloureuses et des bières à 8 euros dans des gobelets en plastique. Qui collent aux semelles, ensuite.

Deuxième cas: expérimentés et cherchant à éviter le piège du premier cas, on potasse, on se prépare, et on ne vise qu'un seul et unique événement prestigieux. Arthur H, Peter Doherty ou Olivia Ruiz pour les parisiens; Ghislaine et son accordéon ou Toto et sa vielle de gambe pour les Provinciaux. Ce sera ce groupe là, un point c'est tout.
Seulement, quelle n'est pas notre déception de n'assister qu'à un set raccourci d'une petite heure, donné devant un public peu concerné - hé, c'est gratuit, peuchère! A part pour les fidèles absolu qui se sont ménagé une place dans les premiers rangs, il est bien difficile de suivre le mini-concert entre les badauds qui vont et viennent, et les jeunes cools qui passent le concert à se hurler des vannes aux oreilles, ou à s'appeler les uns les autres au portable.
Si vous aimez un artiste, n'allez surtout pas le voir à la fête de la musique. Cassez votre tirelire, et plutôt que de l'apercevoir sur une place qui résonne (et sur laquelle il pleut, si vous êtes à Nantes), vous les verrez pour de vrai, tranquillement, devant un public passionné.
Ne vous méprenez pas, moi je suis pour la culture pour tous, hein! Mais à condition que tous ces cons ne viennent pas me faire chier...

Et j'en viens au troisième type d'expérience de la fête de la musique: je me baricade chez moi, m'occupe de Gaelou et veut me coucher tôt.
Mais voilà, j'habite à 200 mètres de la grande scène de Denfert-Rochereau! Et je n'ai ni double-vitrage, ni boules quiès triple épaisseur telles qu'utilisées par les astronautes de la nasa. Alors, jusqu'à deux heures du mat', et avant que Gaelou ne se réveille sur le coup de 6h, j'entends la version résonnée, filtrée dans les basses, des groupes se produisant sous mes fenêtres.
Et même Spleen ou Alexi HK, que normalement j'aime bien, vont me peser cette nuit. J'envisage toute une série de représailles: ne plus acheter ces artistes; pire, les télécharger; boycotter leurs sponsors: Oui FM (de toute façon, quatre tubes en rotation lourde...), et surtout, Ricard. Pendant toute une semaine, je ne boirai que du pastis 51, na!
Je hais la fête de la musique

1 commentaire:

Une festivalière expérimentée a dit…

Pas faux. On sent le vécu . . . Nous qui n'avons pas de plus petit que nous à nous occuper et qui avons la chance de ne pas travailler un dimanche, on a fait un mix entre ta version "butinage" (résultat effectivement très decevant à nos oreilles de quinquas du moins) et ta version "c'est là qu'on ira" (groupement de chorales sur les marches du théâtre Graslin, distribution de livrets de paroles au public (ou possibilité de les éditer avant via internet) et chant simultané des chorales et du public qui, lui, occupait toute la place Graslin soit quelques centaines de personnes plutôt que quelques milliers comme le relate Ouest France ce matin). Moment sympa sur des airs certes plutôt ringards (Padam, padam, padam ou les amants de St Jean ou les prisons de Nantes . . .) et très France de chez France mais bon, si on se met à tout critiquer, on ne s'en sort pas. Je répète donc: moment de partage avant tout, en famille et entre amis, très plaisant. Sinon, fait déjà observé mais plutôt en augmentation: les percussions et/ou danses brésiliennes ou de quelquepart par là. Faut dire que le soleil était de la partie (contrairement à ce que suggère de mauvaises langues) et donc se déhancher en cadence, en montrant qui son piercing au nombril, qui ses puissants pectoraux, ça nous change de la bombarde et des rondes en costume breton sous le crachin! Donc bilan positif compte-tenu des expériences précédentes . . .