mercredi, mai 13, 2009

Tire mon doigt

Ému par la découverte que m'avait échappée une œuvre majeure de la littérature française, portée si haut aux nues par les écrivains contemporains qu'elle se détachait avec une netteté si claire, si évidente, du firmament littéraire qu'on eût pu le croire peuplé de livres de peu d'intérêt; alors qu'il y côtoyait le meilleur de ce que des siècles d'écriture avait produit de plus élégant, de plus fort et et de plus finement observé; je me suis abîmé dans sa lecture malgré les mises en garde d'amis lettrés qui, sans nier l'extraordinaire beauté de l'écrit, insistaient également sur le grand ennui qui pouvait résulter du rythme lent de sa narration. A ma grande surprise, et même si sa richesse eût mérité une lecture plus attentive, qui n'aurait en particulier par été troublée par les multiples interruptions imposée au lecteur usager du métro guettant sa correspondance et cherchant à ignorer la sérénade poussive qu'un violon hésitant portait à ses oreilles, j'ai grandement été touché par ce livre qui effectivement brille par son art virtuose de la description des paysages et du milieu très bourgeois habité par l'auteur, et qui relate des anecdotes et surtout des observations sur l'âme humaine relativisant grandement l'ennui prophétisé par mes amis. Toutefois, je dois avouer qu'alors que je viens seulement d'achever la première des dix parties de cette œuvre, il m'est nécessaire de marquer une pause avant d'en poursuivre la lecture, comme on ressent le besoin de choisir d'autres plats que celui dont on vient à peine de découvrir la saveur délicate et qu'on privilégierait sans hésiter s'il ne fallait en goûter qu'un jusqu'à la fin de ses jours, mais qui écraserait alors tant les autres de sa brillante mais répétitive omniprésence que l'on viendrait à en oublier le plaisir de la variété de ce qu'il nous est donné de goûter par ailleurs, avant que, saturés, agacés, nous ne repoussions de manière épidermique le pourtant somptueux et subtil mets.

2 commentaires:

Une coite a dit…

Bouh là là, quelle brillantissime tirade! De qui t'es-tu donc inspiré? De Proust? A moins, j'hésite . . . d'un livre conseillé par un autre brillantissime (nom commençant par S et finissant par Y), la Princesse de clèves !!!! En tout cas, somptueux ce post.
Sinon, sont censurées le foto della scorsa settimana?

ZeVinci a dit…

Pas de photos. Quand à l'auteur, ce post est parsemé d'indices. A commencer par le titre dont je suis assez fier...