dimanche, mars 21, 2010

Triple dose

L'engagement culturel ne souffre pas le moindre relâchement.
Grand esthète devant l'éternel, j'ai dû développer des dons d'organisateur hors pair pour ne passer à côté d'aucune échéance majeure. La chose devient délicate quand le calendrier présente plusieurs rendez-vous immanquables en peu de temps. C'est alors qu'il faut faire preuve de discipline et calmement, méthodiquement, sans se poser de question, enchaîner les soirées prestiges les unes après les autres.
Il faut savoir prendre les matchs les uns après les autres, en quelque sorte...

Je viens donc d'achever le brillant triptyque "France-Espagne" (match amical de préparation aux championnats du monde de foot), "Barcelone-Valence" (le 2ème contre le 3ème, Liga de foot espagnole) et enfin "France-Angleterre" (couronnement du grand chelem des Français au rugby). Ça avait sacrément de la gueule sur le papier tout cela!
Sur le terrain, les résultats ont été assez divers.

La grande révélation de "France-Espagne" a été pour moi la grande médiocrité du public. Je n'ai pas du tout trouvé que la prestation des Bleus ait été particulièrement humiliante: opposée à la meilleure équipe du monde, qui a vu ses deux premières actions mener à deux buts avec une réussite maximum, ils n'ont pas baissé les bras et sont courageusement repartis de l'avant.
Mais, même en jetant ce regard positif sur le match en lui-même, ce fut une souffrance terrible de le suivre au milieu d'un public si hostile - et, à mon avis, crétin!
Dès la première minute, un dense nuage de soit-disant spécialistes fait profiter l'ensemble du stade de ses analyses défaitistes, systématiquement négatives et bien souvent injustes. Puis, quand le score prend de l'ampleur, il devient temps de se mettre à huer et siffler ses protégés. Pour finalement partir en faisant la gueule...
Avec des supporters comme cela, on n'a pas besoin d'ennemis! J'ai du mal à comprendre l'intérêt de payer 40 à 100 euros pour cracher sur sa propre équipe. Mec, si t'es si malheureux d'être là, et bien casse-toi! Ah si, ils sont peut-être venus pour le précieux plaisir d'entonner des "Domenech démission", ironiquement souvent lancés dans les temps forts français...

L'ambiance était heureusement bien plus sereine au Camp Nou où j'ai pu, par la grâce d'un autochtone ami ayant de la suite dans les idées, assister à une des plus belles affiches de la saison mettant en scène l'une des plus belles équipes du monde. Privilège rare car toutes les places sont attribuées aux abonnés; il faut donc guetter les petites annonces pour les racheter à ceux qui ne peuvent aller au stade ce week-end là. Le stade, d'ailleurs, est une expérience à lui tout seul: on a du mal à imaginer 90 000 personnes dans un si petit périmètre, sur des gradins effleurant littéralement le terrain.
Le public est assez loin de l'image de foule fanatique portée à incandescence que transmet la téloche. La plupart des socios (supporters-actionnaires du club ayant un abonnement à l'année) vont voir jouer cette équipe depuis des décennies: il s'agit donc essentiellement de grands connaisseurs concentrés qui ont passé l'âge d'insulter l'arbitre à qui mieux mieux (même si, en quelques moments bien choisis, cela fait du bien à tout âge!)
Le match fut quant à lui tout à fait incroyable: un première mi-temps équilibrée qui fit monter la pression; suivi d'un retournement complet de tendance pour laquelle l'entrée de notre Titi Henry national ne fut pas pour rien. Et surtout trois fulgurances de l'extra-terrestre Messi. Un 3-0 mémorable.

Heureusement d'ailleurs que j'ai eu ma dose de spectacle le week-end dernier, car la soirée rugbystique d'hier soir fut triste à pleurer. Certes, les résultats objectifs poussent à la fête: tournois gagné, grand chelem, et victoire face à l'éternel ennemi anglais.
Mais quel ennui! Non seulement les Français n'ont ils pas marqué un seul essai, mais je ne me rappelle pas les avoir vu à moins de 15m de la ligne d'essai adverse! Ils ont peut-être même plus souvent tapé le ballon du pied qu'ils ne l'ont joué à la main! Que les spectacle n'ait pas été l'objectif majeur de la soirée, je veux bien, mais de là à éteindre chaque contre-attaque si systématiquement d'un coup de pied... Au moins le public, calme mais positif, était-il infiniment supérieur à son prédécesseur footballistique...
Au passage, que la performance correcte des Bleus au foot dix jours plus tôt ait donné lieu à une telle descente en flamme dans les médias, alors que cette triste victoire ne donne lieu qu'à quelques bémols au plus profond des articles, cela montre bien que la qualité première du journaliste sportif est de paraphraser le résultat sur des paragraphes et des paragraphes...

Sur ce, à vous les studios!

1 commentaire:

Une philosophe a dit…

Vive le tennis de table . . . au moins, sa médiatisation ne soulève aucun commentaire et pour cause . . .