dimanche, janvier 24, 2010

Trois films et deux déceptions

A force de ne donner que des avis favorables à chaque compte rendu de film, quand il ne s'agit pas purement et simplement d'injonctions à voir un chef d'œuvre, j'en étais venu à considérer l'alternative suivante: ou bien j'ai un flair infaillible pour choisir mes films, ou bien je suis un benêt bon public. Et bien la livraison critique du jour me rassure: je suis bien un cynique jamais content qui se loupe régulièrement dans le choix de ses films.
Cette brillante entrée en matière est quelque peu caricaturale. Si je n'ai pas détesté les films que je suis allé voir dernièrement, deux d'entre eux, sans être franchement mauvais, m'ont beaucoup déçus.


Certes, je n'attendais pas monts et merveilles d'Invictus, le dernier Clint Eastwood sur l'importance de la coupe du monde de rugby 1995 en Afrique du Sud sur la réconciliation du pays. Je craignais même obscurément qu'on bascule un peu trop dans les bons sentiments, mais comptais sur Eastwood pour rester relativement sobre, et nous régaler des beaux clairs obscurs dont il a le secret.
Las! Ca commence plutôt bien autour d'épisodes de la réconciliation sans faille voulue par Mandela, parmi lesquels son étonnant combat pour que les Springbooks gardent leurs couleurs (vert et or) qui sont aussi celles du régime de l'apartheid.
Mais ensuite, c'est la curée de bons sentiments. Eastwood se fait très insistant sur de multiples scénettes mettant en scène des Blancs et des Noirs initialement irrémédiablement fâchés, et qui se rabibochent par la magie du grand événement national. Même s'il y a sûrement une bonne part de vrai, même si un saint comme Mandela sera forcément dépeint comme un vieux sage, il faut avancer sur des œufs sur un sujet comme celui-là sous peine de se vautrer dans la guimauve. Ce qui ne rate pas, la palme venant aux chauffeurs de taxis racistes (blancs) qui finissent par porter en triomphe un gamin des rues (noir) à la fin de la finale.


Mais la plus grosse déception vient de A serious Man des frères Coen, unanimement encensé par la critique. Client de beaucoup de films des frangins, je me pourléchais les babines devant le chef d'œuvre annoncé, qui comportait même une part autobiographique des plus intéressantes parait-il. Le film majeur des frères Coen.
Et ben pas pour moi. Certes, on retrouve la patte des réalisateurs: un looser poursuivi par la guigne, un faux rythme réjouissant, des gueules figées filmées en gros plans impitoyables, à faire passer les Deschiens pour des gravures de mode... Le personnage de l'amant onctueux de la femme du héros est tout simplement formidable.
Mais j'ai eu l'impression que les Coen n'allaient pas jusqu'au fond du burlesque des situations, qu'ils ne se lâchaient pas comme, par exemple, dans le Big Lebovski. Ils ne retiennent certes pas leurs coups par compassion pour leur malheureux héros, mais plutôt parce qu'ils construisent une histoire, parce qu'ils cherchent à nous raconter quelque chose.
Et bien ce message caché, s'il a l'air d'avoir frappé et ravi les critiques, m'est resté tout à fait hermétique (ou plus exactement, inintéressant). Et donc non seulement j'ai l'impression de passer pour crétin, mais en plus je suis tout frustré que ce puissant message m'ait condamné à n'assister qu'à un spectacle retenu, feutré, en demie teinte.


Mais il est un film ce mois-ci qui m'a complétement conquis: Vincere de Bellochio. On y suit le triste destin de la première femme de Mussolini (Ida Dalser), qu'il a rapidement répudiée mais qui s'est entêtée pour qu'il la reconnaisse, tant et si bien qu'il a fini par la faire interner.
Le sujet est certes sombre, mais ça n'empêche pas le film d'être absolument formidable. L'intrigue est centrée sur Ida, de sorte qu'il ne se passe finalement pas grand chose mais, signe incontestable de la réussite du film, on ne s'ennuie pas une seconde. Le mérite en revient d'abord et avant tout du réalisateur. Je ne saurais pas trop expliquer pourquoi, mais chaque scène est belle, plastiquement superbe; chaque péripétie sonne juste; et jamais la tension ne retombe. Ce film vous prend et ne vous lâche pas une seconde, deux heures durant.
Mais la réussite du film est aussi celle de son actrice principale, Giovanna Mezzogiorno, quasiment de tous les plans, et dont le regard halluciné crève l'écran.
J'ai bien vu un film majeur ce mois ci, c'est celui là.

1 commentaire:

elena a dit…

d'accord avec le bloggeur bien aimé, j'ajoute que pour moi le mérite de "vincere" est d'avoir montré la violence, la monstruosité du fascisme, qui écrasait les identités et la dignité des individus, cette bestialité qui est à la base même du régime.
on en sort vraiment secoués.
et enfin, plaisir romantique complètement assumé, je suis allée voir "Bright star" sur l'amour entre John Keats et sa muse, et j'ai pas arrêté de pleurer !!!!