dimanche, avril 05, 2009

Le billet ciné

Ca m'ôte un poids.
Maintenant que j'ai vu Harvey Milk et Welcome, je vais pouvoir avoir de nouveau une vie sociale normale sans me sentir coupable de passer à côté de films importants. Non que les cinémas en soient dépourvus de films qui valent le coup d'œil (Frost/Nixon, Coco - non je déconne), mais je pense avoir fait le tour des immanquables pour l'instant. Et j'ai sacrément bien fait.

Pour les quelques lecteurs qui n'en n'ont pas entendu parler (ce que c'est d'être lu aussi en province), Harvey Milk raconte l'histoire de ce pionnier de l'activisme homosexuel qui est devenu le premier élu ouvertement gay de San Francisco (et des Etats-Unis, voire du monde) - avant d'être assassiné.
La vie de ce type est riche et passionante, ce qui rendait le sujet prometteur mais aussi sacrément casse-gueule. Premièrement, il fallait réussir à condenser la folle quantité d'événements qui ont émaillé la vie de Milk pendant une décennie de manière digeste et crédible. Et deuxièmement, il fallait que ce bonhomme sympathique, toujours positif et de bonne humeur reste supportable dans un film qui courrait le risque de tourner à l'hagiographie.
A mon avis, le film est une réussite car il ne m'a pas semblé tomber ni dans l'un ni dans l'autre de ces écueils. Je ne sais trop expliquer pourquoi: c'est sans doute grâce à la sincérité et à la maitrise de Gus Van Sant (qui signe pour une fois un film grand public parfaitement accessible), et aussi bien évidemment à Sean Penn (note aux provinciaux: il a été oscarisé pour ce rôle). De tous les plans ou presque, il reste absolument adorable et sonne parfaitement juste malgré le destin compliqué du personnage qu'il habite.


Après m'être intéressé aux pédés, j'ai parfait mon bronzage politiquement correct aux m'intéressant aux bougnouls (notez cette habile mise en abîme: une phrase terriblement politiquement incorrecte - voire dégueulasse - qui se targue de politiquement correct. J'en ris encore).
Bref, je suis allé hier voir Welcome. Il narre comment un calaisien, pas spécialement concerné par le sort des clandestins jusque là, prend sous son aile protectrice un kurde qui s'est mis en tête de rejoindre sa fiancée à Londre en traversant la Manche à la nage.
Là aussi, le beau sujet est sacrément casse-gueule: il est bien tentant d'accoucher d'un film simplement moralisateur, tire-larme et tire-indignation. Ce ne serait pas méprisable, d'ailleurs, mais il se trouve que Welcome dépasse bien le cadre du documentaire engagé.
C'est bien simple: tous les personnages sont parfaitement crédibles, attachants, et les différentes histoires sont parfaitement équilibrées. Le film commence d'ailleurs par ne suivre que Bilal (le kurde), pendant 20 minutes édifiantes. Au terme de cette partie, la démonstration peut commencer à être un peu pesante. C'est alors qu'intervient ce calaisien indifférent, magnifiquement joué par un Vincent Lindon débordant d'humanité.
C'est alors le film prend chair. Bien sûr, le sort des clandestins reste au coeur du film, mais il est d'autant plus fort qu'on croit aux quelques personnages qu'on suit: Bilal, sa fiancée promise à un mariage d'intérêt, Vincent Lindon, sa femme avec qui il est en instance de divorce, et qui milite dans un association d'aide aux immigrés.
On va voir ce film pour en savoir plus sur la façon dont on traite les clandestins. On ressort bouleversés par une belle histoire humaine. Qui est aussi (mais après) un témoignage dérangeant sur la Sarkozie.

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