lundi, juillet 14, 2008

Valse avec Bashir


Un mode de garde alterné, toléré par notre bon maître Gael, nous a permis de découvrir successivement Valse avec Bashir ce week-end. Il s'agit de ce "documentaire d'animation", catégorie étonnante, reparti bredouille de Cannes à la grande stupéfaction de la plupart des critiques. L'auteur israélien s'étonne du fait qu'il ne garde aucun souvenir de la guerre du Liban qu'il a mené il y a 25 ans de cela, et essaye de reconstruire son passé en rencontrant ses anciens camarades, dont la mémoire est également étrangement sélective.
L'originalité formelle est patente: les interviews sont reconstituées en dessin animé, ce qui permet de rejouer les scènes racontées, réelles ou oniriques. C'est bien plus percutant que de vieilles images d'archive, mais c'est surtout superbement beau. L'animation, les couleurs et la musique sont tout simplement superbes.
Mais c'est pour moi la densité du propos qui est la plus forte. En 1h27, l'auteur nous plonge dans le quotidien d'une recrue moyennement concernée par la guerre qu'elle mène, dans les tracas des anciens combattants; il s'interroge sur les séquelles laissées par cette guerre dans l'inconscient des combattants, si longtemps après; et surtout il nous fait revivre le massacre de Sabra et Chatila, et la complicité passive de l'armée israélienne.
C'est là que le choix du dessin animé est particulièrement puissant. Placé du point de vue de troufions israéliens béats par l'odeur de vacances s'échappant du Beyrout estival, on bascule violemment dans l'horreur la plus absolue. Les petits bonhommes de dessin animé se transforment subitement en bourreaux ou en victime, en un basculement surprenant qui fait percevoir au spectateur toute l'horreur d'une guerre entre fanatiques. Et toute la fragilité de la paix.
Un film d'ailleurs particulièrement indiqué en ce 14 juillet où nous nous rangeons, comme un seul hommederrière notre Grande Muette et admire sans distanciation aucune nos jolis tanks et nos superbes hélicoptères-bombardiers.

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