jeudi, juillet 01, 2010

Retraites


Puisqu'on me le réclame sur tous les canaux, je m'en vais mettre à profit cette deuxième soirée successive sans foot pour vous parler un petit peu des retraites. En fait, ce post va constituer une rapide et imparfaite paraphrase de l'excellente série de trois articles parus sur le sujet dans arretsurimages.net. J'incite les fidèles abonnés que vous devez être à vous y jeter sans délais, et aux quelques rares de mes lecteurs qui n'ont pas investi les risibles 35 euros annuels nécessaires à s'abonner à réparer cet oubli prestement.
(En plus, maintenant, Didier Porte va effectuer la chronique hebdomadaire qu'il ne peut plus tenir sur France Inter sur arretsurimages.net)

Ces articles commencent par dénoncer une dramatisation exagérée. On nous agite le chiffon d'un incommensurable déficit (2 600 000 000 000 d'euros cumulés en 2050, rien que ça) pour nous vendre les plus drastiques des réformes comme étant inéluctables. En fait, le problème (tout à fait réel) est ramené à de plus justes proportions quand on dit que le poids des retraites devrait passer de 13.4% de la richesse nationale aujourd'hui à 15.3% en 2050 (dans le scénario moyen retenu par le gouvernement). Ça a l'air plus humain, non?
D'où vient donc cet empressement gouvernemental? Et bien du fait que le déficit des recettes s'est creusé très spectaculairement dernièrement (30 milliards). Seulement, c'est un effet purement conjoncturel dû à la crise économique, et non pas une conséquence de l'évolution démographique de fond.
Le déballage de l'artillerie du report de l'âge à la retraite semble donc surtout avoir l'effet bénéfique de permettre au gouvernement de se donner un peu d'air à court terme, ne serait-ce que pour rassurer les pauvres petits marchés qui sont assez tatillons par les temps qui courent. Et ce d'autant plus que le recul de l'âge de la retraite amène tout une série d'effets de trésorerie bénéfiques à court terme...

Passée cette première analyse, on peut se tourner vers l'argument de fond, qui nous est assené encore et encore avec d'autant plus de bonheur qu'il a l'air d'une indéniable logique: puisqu'on vit plus longtemps, il faut travailler plus longtemps.
Là encore, le constat doit être ramené à de plus justes proportions. Si l'espérance de vie augmente de façon spectaculaire, c'est essentiellement (et heureusement) parce que les morts prématurées (dont infantiles) sont évitées de plus en plus souvent. L'espérance de vie à 60 ans progresse elle aussi, mais plus modestement: d'un peu moins de 5 années depuis 1980 (contre les 10 ans annoncés par le gouvernement).
Cela doit être évidemment nuancé par le fait que ce gain est réparti très inégalement dans la population (rare contre-argument audible). Et il est même établi qu'un retard de l'âge à la retraite fera reculer l'espérance de vie!
Mais il est aussi un autre indicateur qui a retenu mon attention. Savez-vous que l'espérance de vie "en bonne santé" (c'est-à-dire sans limitation d'activité) est de 64 ans pour les femmes et de 63 ans pour les hommes? On voit à quel point les quelques années dont il est question sont cruciales: on ne parle pas de réduire la durée moyenne de la retraite de 10%, mais de diviser par deux la durée de la retraite en bonne santé!

Grâce à ASI, le problème est donc ramené à de justes proportions, à la fois économiques et démographiques. Cela dit, il n'en reste pas moins qu'il manque des sous!
Dans la dernière partie de leur enquête, les journalistes passent au crible les trois voies de financement proposées par les partis politiques. Une évaluation à la lueur des très brumeuses projections à 40 ans du fameux rapport du COR.
La solution du gouvernement, outre qu'elle peut paraitre injuste (non?), ne permet d'améliorer le solde que de 17 milliards en 2030, alors qu'il en manque 45 dès 2020. La méthode des socialistes consiste à piocher des sous de ci de là pour rassembler la somme en question, mais elle est très vague par endroit. Un mystérieux plan senior doit notamment ramener 6 milliards d'euro en réduisant fortement le chômage des vieux.
Reste le traitement de l'extrême gauche: prendre de l'argent ailleurs, en taxant ou réduisant les dividendes.

Est-il la peine que je vous dise quelle est ma préférence?
(Pour les lecteurs me connaissant mal: ET BIEN ON POURRAIT POUR UNE FOIS PRENDRE L'ARGENT OU IL SE TROUVE! Et taxer pour changer le capital, nom de Dieu! Vue la conjoncture, il n'y a pas eu récemment de moment où de telles mesures seraient reçues plus favorablement, d'ailleurs.
Et puis, ce serait rigolo qu'on sorte de la logique "faut surtout pas faire de mal aux marchés parce que sinon les investisseurs ils vont déserter et on va tous mourir". Juste pour voir, une fois, comme ça...)

1 commentaire:

Une interessée par le sujet a dit…

Ah, enfin!!!!!!!! Bon, le sujet n'est pas mal traité, surtout en pompant dans ASI. C'est facile d'avoir des arguments, il suffit de payer les 35€ à ASI. Toujours le pouvoir de l'argent quoi! Bon, ben, sinon, la senior que je suis, même si elle était foncièrement d'accord pour travailler plus longtemps (hypothèse vraiment hypothétique!) se demande comment primo, ça va satisfaire les entreprises qui ne veulent déjà plus de travailleurs dès 45 ans et comment, secondo le chômage des jeunes va pouvoir s'arranger. Sans ASI, je prévois une augmentation du chômage des vieux comme des jeunes. Super non?