samedi, juillet 11, 2009

Culture


On n'y prend pas garde, mais entre la vie intense de Gael, de bien beaux week-ends et quelques occupations professionnelles, le temps passe et je ne vous tiens pas informé de notre actualité culturelle pourtant riche. Je sais l'intense déception qui doit étreindre vos petits cœurs fidèles quand, plusieurs fois par jour, vous rendez visite à votre blog favori et n'y trouvez jamais de nouveau post. Je m'en excuse platement, et promets d'éviter à l'avenir de faire passer l'éducation de mon enfant et mes devoirs professionnels avant la narration virtuelle de ma petite existence.
Je vous prépare une sacrée surprise pour ce billet culturel. Et non, je ne vais pas vous parler ni de CDs (mais ça va pas tarder), ni de concerts (là par contre, ça va trainer...) Pas plus que de ciné, ni même de bouquins.
Figurez-vous que pas plus tard qu'avant-hier je suis allé assister à une pièce de théâtre, et pas dans une sombre salle méconnue (quoique potentiellement très talentueuse) dans un arrondissement reculé - voire en Province, non, au théâtre de Marigny, qui étend sa fière silhouette potelée au bas des Champs Elysées.
Et quand je dis que "je suis allé assister", je pèse mes mots. Et oui, rédiger un post n'est pas une activité à prendre à la légère; chaque mot est choisi avec soin au cours de longues heures de rédactions. "Je suis allé assister", et non pas "nous sommes allés assister", car Elena, qui se faisait elle aussi une joie d'être présente, dût être rappelée à mi-parcours par notre baby-sitter qui, quoique fort compétente en sa vertu de fille de la directrice de notre crèche, se trouvait débordée par un infatigable Gael hurlant depuis le départ de ma mie. (Les plus observateurs d'entre vous auront deviné à la longueur de la phrase précédente que j'ai repris mes lectures proustiennes).

Venons-en à la pièce, chaudement recommandée par une presse enthousiaste, Masque et la plume et Télérama en tête. Il s'agit de Talking Heads, trois monologues du malicieux écrivain et scénariste anglais Alan Bennett. Ils sont issus d'une série de monologues au féminin, originellement écrits pour la télévision, et que deux actrices ont eu l'idée de porter au théâtre il y a une quinzaine d'année.
Les trois héroïnes, des femmes apparemment naïves d'un certain âge, narrent progressivement des histoires dont nous découvrons peu à peu la complexité, et qui sont toutes diablement habiles, férocement drôles, et finalement bien cruelles. Il y a la secrétaire qui surjoue la joie de vivre et se retrouve bien seule au moment d'affronter la maladie; la femme au foyer sans histoire qui se prend d'affection pour sa voisine qui vient de tuer son mari; et la vieille fille qui se rend de plus en plus fréquemment chez un podologue qui se révèle un fétichiste sans complexe.
Outre l'habileté de l'écriture, la pièce brille d'une part par la qualité des actrices, capables sans grands effets de manche de tenir la salle en haleine pendant 45 minutes, seules en scène, et de révéler peu à peu la finesse de personnages qui semblent amusants mais caricaturaux au premier abord. Mais elle impressionne aussi par la virtuosité de la mise en scène, qui découpe à l'aide de panneaux noirs coulissants le décors dans lequel se situent les narratrices. Un procédé qui autorise des gros plans, des travellings, et même des prises de vues un brin tordues (comme illustré par la photo en en-tête du post).
Voila qui donne envie de se rendre plus souvent au théâtre, ce à quoi nous allons nous atteler pas plus tard que dans dix jours. En espérant assister à la pièce tous les deux, cette fois.

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