jeudi, mai 10, 2007

17 ans de solitude


A deux pas de la plage de rêve d'Ifaty, exactement sur les tropiques du Capricorne, je contemplais un ciel étoilé d'une clarté inconnue en France. Le souffle régulier des vagues, la petite brise estivale de la nuit encore jeune, la sega cuivrée de la Réunion en fond sonore lointain, après deux semaines de vacances formidables, le cadre était parfait. Il était 21h15, le dimanche 6 mai.
Mâchoires serrées, regard haineux, effondré sur mon transat triste, j'envisageais sous des perspectives toujours différentes l'insondable immoralité, ou plus probablement la formidable stupidité, de nos concitoyens.

On nous le ressasse, mais c'est tout à fait exact: ces élections furent un modèle de démocratie.
Haut taux de participation, résultat clair, plébiscite pour la droite. Soit la majorité veut en conscience l'éloge du fort et le mépris du faible, soit elle est vraiment d'une bêtise insondable. L'économie comme mesure unique du bonheur; la générosité, la culture, la curiosité insultées; c'était cette fois plus clair encore que d'habitude.

Je me rattache à la solidarité de mes frères de galères dans l'autre hémisphère. Textos d'Ele, de maman, de mamie, de Ludo, de Fred. On me conseille de ne pas baisser les bras, jamais, d'y croire encore, dans 5 ans, dans 10 ans, dans 15 ans encore. J'en pleure. De toute façon, j'aurai en 2012 vécu l'intégralité de ma vie d'électeur, et 17 ans, sous un président de droite.
Et si je préfére les envoyer chier, tous ces cons? J'ai bien le droit de leur en vouloir, à ces minables, à ces égoïstes qui nous maintiennent dans la médiocrité d'une vie besogneuse sans imagination, sans magie, sans rêves autres qu'une déclaration d'impot allégée et des uniformes plus nombreux. Je les emmerde, on n'a rien en commun.

Sarkozy a déjà donné des signaux forts: diner au Fouquet's et vacances sur un yatch, ça c'est le président des smicards. Mais c'est tellement plus facile de haïr le RMIste d'à côté que de s'émouvoir de ce débalage de luxe...

A deux pas de la plage de rêve d'Ifaty, exactement sur les tropiques du Capricorne, je contemplais un ciel étoilé d'une clarté inconnue en France. Après une demie heure à broyer du noir, j'ai vu passer une étoile filante, le première de ma vie (véridique).
Mon souhait, elle peut se le foutre au cul. De toute façon, c'est au dessus de ses forces, apparemment.

Aucun commentaire: