samedi, octobre 31, 2009

Taxer les profits des banques?

Quelle actualité politique dites moi! Jean Sarkozy, la douche de Sarkozy, Chirac devant les juges... Une jolie preuve de la solidité de notre démocratie et de l'intérêt de nos médias indépendants, pourrait-on penser. Doublée du voluptueux plaisir de savoir deux hommes politiques majeurs detestés par certains (dont moi), justement mis en cause, par la faute de deux de leurs péchés mignons qui plus est: la mégalomanie pour l'un, la bidouille corruptive pour l'autre. Un pur plaisir?
Oui et non. Je ne partage pas complètement cet enthousiasme, ni pour la démocratie ni pour les médias, même si je dois leur concéder de bons points.

Il y a un gros "mais" en effet.
Je suis stupéfait par le silence qui entoure des sujets beaucoup plus importants, à mon sens, dont la semaine qui précède a livré un exemple frappant. J'ai nommé le projet de loi sur la taxation des profits des banques.
Parce que voyez vous, cette loi, personne (ou presque) ne peut être ouvertement contre par les temps qui courent. Évidemment, la communauté vient de donner tant de sous auxdites banques, avec la promesse mille fois répétée par les banquiers comme les politiques de tous bords qu'il y aurait des contreparties, qu'il n'y a pas d'arguments recevables pour refuser cette taxe devant l'opinion. D'autant plus qu'il s'agit d'une taxe sur les profits, ne génant pas les banques en délicate situation...
Sauf que l'UMP est contre. En fouillant bien, quelques responsables, dos au mur, essayent même de défendre cet étrange point de vue du bout des lèvres (les éternels bons soldats Lagarde et Copé), mais on les sent bien génés aux entournures ("Il est trop tôt pour se fixer sur une telle loi.", "Je n'ai jamais été pour les mesures populistes"...).

En avez-vous entendu parler dans les médias? Point. Ou alors vraiment un minimum.
Et en plus, le vote de cette loi a donné lieu à de misérables et rocambolesques bidouilles. Les braves parlementaires UMP se sont encore laissés surprendre à partir en week-end un peu trop tôt, ce qui, couplé au vote de principe de quelques renégats, s'est traduit par une acceptation de cette loi, à la surprise générale.
Les téléphones des députés peu dociles ont dû follement chauffer dans la nuit qui a suivi, de telle sorte qu'il s'est trouvé un volontaire (Jean-François Lamour) pour prétendre qu'il a voté "oui" sans faire exprès, car son doigt a glissé! Une excuse d'autant plus piteuse qu'il a voté deux fois la même chose, et qu'il avait au préalable défendu ladite loi, comme expliqué ici.
Conséquence: re-vote, devant des députés en nombre et rappelés à l'ordre. la loi a donc été repoussée...

Je suis absolument navré de la pauvreté de la couverture médiatique de la chose. Le rejet de cette loi démontre on ne peut plus clairement que l'UMP n'a jamais eu la moindre intention de réformer un tant soit peu le système financier actuel, et qu'il sera toujours là pour défendre les riches banquiers. Même lorsqu'ils sont dépourvus du moindre argument, fut-il de mauvaise foi.
J'en veux aux médias, mais plus encore au PS. Pourquoi l'opposition ne se fait-elle pas entendre sur le sujet? C'est du velour, non? Et ben non. Silence.
Que l'UMP joue profil bas quand elle est mal à l'aise, sur ce sujet comme sur les retraites-chapeau sur lesquelles elle refuse de légiférer par exemple, je comprends. On apprend d'ailleurs sur arretsurimages.net qu'elle est coutumière de boycotter les débats qu'elle ne sent pas, sur France Inter, menant la rédaction a choisir des sujets de substitution.
Mais que l'opposition d'abord, et les médias ensuite, se laissent berner, c'est on ne peut plus inquiétant...

samedi, octobre 24, 2009

The Hyenes vs Cali


Nos sorties étant plus comptées qu'il y a deux-trois ans, nous choisissons avec soin les concerts auxquels nous nous rendons. C'est ainsi que nous sommes allés voir mercredi au Bataclan une formation originale: The Hyenes vs Cali, pour leur Bordel tour.
Je réclame toute votre attention, parce que la chose n'est pas simple. Elle ne présente non pas un, mais deux niveaux de difficulté. The Hyenes n'est pas un groupe normal, régulier, à l'histoire s'étendant sur des années consécutives. C'est une formation occasionnelle compsée de deux membres de Noir Désir (batterie et basse, reconverti en guitare rythmique) ainsi qu'un bassiste et un guitariste issus de deux autres groupes. Un patchwork uni par au moins deux points communs: un énorme niveau musical et l'envie de s'éclater en alliant le délire régressif électrique avec une putain de solidité musicale.
Formé à l'origine pour écrire la bande originale du dernier film de Dupontel, le groupe a prolongé le plaisir en se produisant sur scène, seuls ou avec quelques compagnons de jeu (tel le chanteur de Dyonisos). Et une de ces collaborations s'est si bien passée, avec l'étonnant et apparemment plus sage Cali, qu'ils ont décidé de s'offrir une mini-tournée de trois semaines ensemble: The Hyenes vs Cali.

En pratique, c'est étrange, bancal, et assez réjouissant. A commencer par le public de la salle: une majorité de vétérans des concerts rocks (en grande partie accrochés à Noir Désir je pense) dont nous faisions partie des plus jeunes, entourant une minorité de plus jeunes fans de Cali, concentrés au-devant de la scène. Je craignais que ce déséquilibre n'entraine des réactions à côté de la plaque de la part des Cali-ens (enfin, surtout des Cali-ennes), genre hurlements suraigus perpétuels, cris d'amour à leur idole aux milieux de morceaux électriques interprétés par les Hyenes seules, ou autres fautes de goût.
Il n'en a heureusement rien été. Les petits jeunes devaient finalement savoir où ils mettaient les pieds, et se sont sagement contenté du tiers des morceaux où Cali intervenait vraiment pour se lâcher bruyamment, sans nous gonfler hors de propos lors du reste du concert.

Car la formule était à peu près la suite: un tiers de chansons de Cali revisitées à la sauce rock qui tâche, un tiers de chansons des Hyenes qui lorgnent du côté de punk, et un tiers de reprises bien électriques (Stooges, ACDC, Clash...) Les promesses du concept de la tournée sont donc parfaitement tenues: c'est un joyeux bordel désordonné, joyeux, foutraque et brillant.
Car oui, toute joie régressive mise à part, on reste avec de grands, très grands musiciens. La moindre des reprises de Cali prend tout de suite une sacrée consistance, une vraie épaisseur, quand des pointures telles que Denis Barthe à la batterie, ou Vincent Bosler (un vrai échappé de la fin des années 70 en Angleterre, la maîtrise technique en plus) à la gratte écrivent et exécutent les arrangements. C'était d'autant plus frappant que le concert s'était ouvert par deux premières parties sympas mais minimalistes qui manquaient cruellement, justement, de cette texture travaillée. Quel pied que d'entendre une batterie parfaitement en place, exactement dans le ton, épauler une basse solide qui égréne un riff juste assez présent pour être crucial sans être lourd, sur lesquelles viennent se greffer comme des fleurs deux grattes virtuoses qui ont aussi assez de bouteille pour ne jamais trop en faire.
Et Cali dans tout ça? Et bien, disons qu'il nous a insupporté dans un premier temps par son jeu de scène les-yeux-dans-le-vague-le-corps-crispé-vers-le-public, mais qu'il a fini par sa générosité à nous emporter, notamment en interprétant une chanson debout porté par le public.
Une sacrée soirée!

jeudi, octobre 22, 2009

Shutter Island


Une fois n'est pas coutume, j'ai fait des infidélités à Michael Connelly en lisant un polar contemporain dont j'avais entendu le plus grand bien: Shutter Island de Dennis Lehane. Je me sens toujours aussi bien auprès de ce bon vieux Harry Bosh et vous avais déjà expliqué à quel point j'appréciais le sérieux et le refus du tape-à-l'oeil des Connelly (comparé aux pseudo-maîtres du thriller qui tournent à un rebondissement toutes les dix pages).
Seulement, Shutter Island m'est arrivé auréolé d'un tel bouche-à-oreille que j'ai décidé de lui régler son compte avant la sortie de son adaptation cinématographique (prochain film de Scorsese avec Di Caprio, excusez du peu), afin de profiter de cette lecture sans que son dénouement n'ait été ébruité.

De fait, le cadre de l'histoire fait beaucoup plus dans le spectaculaire que les Connelly. Nous sommes en 1954 et suivons un policier qui va enquêter sur l'évasion d'une pensionnaire de la institution psychiatrique de Shutter Island. Cet hopital-prison mystérieux accueille les malades mentaux les plus dangereux des Etats-Unis et a carte blanche pour les traiter des manières les plus radicales qui soit. L'ambiance est d'autant plus tendue que la pensionnaire semble s'être évaporée de sa cellule et que le personnel est très peu coopératif.
Isolation, dépaysement historique, personnages barges... Bref, l'artillerie lourde est déployée, et je craignais d'être tombé dans un thriller à grand spectacle efficace mais sans finesse.

Alors, efficace, c'est indiscutable. On passe par moultes figures imposées du genre: le flic bourru rayonnant la testostérone, le médecin brillant mais ambigu, les dialogues lors desquels deux flics couillus se jaugent en peu de paroles, les yeux fixés sur l'horizon...
Mais dieu que cela est maîtrisé! On croit s'en rendre compte au fait qu'on est scotché au livre la plupart du temps, et qu'on y pense fréquemment le reste du temps. Comme il se doit dans ce genre de mécanique, mais sans que l'atmosphère de mystère et de tension ne soit jamais rompue (par des coups de théâtre stupides, par exemple).
Mais on comprend vraiment la dimension de la maitrise narrative quand le dénouement a lieu. Je ne vais pas trop en faire, disons simplement que je trouve que ça réussi le tour de force d'être très surprenant, tout en restant cohérent avec l'intégralité du livre. Et qu'on ne nous a pas amusé avec 200 rebondissements intermédiaires n'ayant aucun intérêt pour qui connait le fin mot de l'histoire.

J'évite de trop en faire car la meilleure façon de gâcher l'effet d'une belle fin (à part de la trahir) est de trop répéter qu'elle est formidable et imprévisible. Personnellement, j'ai vraiment été surpris et conquis, mais je pense que j'en aurais plus profité si je n'avais pas été prévenu. Et notamment si je n'avais pas perpétuellement cogité pour imaginer cette fameuse fin, ce qui m'a permis d'en entrevoir une partie.
Bref, vous avez jusque le mois de février pour dévorer cet excellent thriller, si possible sans vous creuser le citron plus que pour un autre polar. Ensuite, quelque chose me dit qu'une sortie au ciné vaudra le coup...

mardi, octobre 20, 2009

Ingénieur 2000


Je croyais avoir quitté avec mon employeur précédent les formations-légales-à-la-con qui me tombaient alors à feu nourri sur le poil. Seulement, après deux années de relative tranquillité, un lointain responsable semble avoir eu la sotte idée de jeter un œil au touffu histogramme de notre société, et doit y avoir débusqué ma modeste équipe, tapie dans un coin sombre qui nous garantissait jusqu’alors la paix.
Toujours est-il qu’il ne se passe plus de semaine sans qu’un mail cryptique mais, renseignements pris, tout ce qu’il y a de plus officiel, sorte des mystérieuses entrailles du cyberespace d’entreprise et nous enjoigne de suivre une nouvelle cyber-formation obligatoire.

Mais de quelles formations vous cause-je ?
Afin de rafler de précieuses certifications dont raffolent nos chères entreprises, nos chefs les plus brillants n’hésitent pas à s’engager au nom de leur entreprise. Et comme on n’est pas certifiés « global star 5 B environmental label » comme ça, des milliers d’employés se retrouvent condamnés d’une signature un peu rapide à suivre un cours sur le sujet. Ca ne coûte rien sur le papier, ça fait même tout joli de dire ensuite que « l’ensemble de nos employés est sensibilisé à la démarche qualité des 5B via le diagramme de Smith ».

Seulement, l’employé n’a souvent que faire du diagramme de Smith, que ce soit dans sa vie professionnelle ou pour son intérêt personnel. Surtout que les formations en questions ont systématiquement deux choses en commun :
  • • D’être épouvantablement niaises. Bien qu’il suffise à tout être un peu sensé d’en lire l’intitulé pour être capable de faire le sans-faute au test final, on vous impose de passer par une longue succession de slides débilitants où l’on vous énonce les plus grandes évidences (on ne fait pas de blague raciste, on ne s’entend pas avec un concurrent pour se partager un marché, on ne prévient pas ses amis que l’action va monter dès que le patron il va annoncer un truc, etc).
Je vois deux conséquences à cette constatation. Soit il y a des décideurs pour qui tout cela n’était pas évident, et je me demande comment ils vont se comporter face à un cas non prévu dans les slides, quand il faudra se fier à leur seul compas moral. Soit ils voient leurs employés comme un troupeau de débiles profonds. Je ne sais quelle est la perspective la plus réjouissante.
  • • De ne s’adresser vraiment qu’à une petite sous-partie des employés. Celle qui compte. Celle à laquelle les décideurs tiennent tellement qu’ils en oublient même que de nombreux autres métiers contribuent à faire tourner leur boîte.
Et qui sont les heureux élus ? Je vous le donne en mille : les vendeurs, les financiers, et les chefs. Si tu n’as pas 30 personnes sous tes ordres, si tu n’es pas capable de jouer sur le prix de l’action, ou au moins de graisser la patte à quelques clients, tu as si peu d’intérêt qu’on ne va pas même faire l’effort de te sortir de la liste de formation obligatoire.

Je rêve d’une inversion des rôles… Plaidant pour ma paroisse, j’attends le jour où des financiers devront subir une formation d’ingénieurs. O-bli-ga-toire. Afin que la boîte soit certifiée Ingénieur 2000 !
On verrait des vendeurs suant sang et eau pour diagonaliser des matrices. Des chefs du personnel d’ennuyer ferme devant une formation neuneu sur le débogage. Et, oh oui, des commerçaux obligés de se pointer en jean et T-shirt au boulot quand ils ne reçoivent pas de clients. On leur interdirait même les lampes à bronzer et le dentifrice qui brille !

mardi, octobre 13, 2009

La route


Après avoir présumé de mes forces en me lançant le dernier livre de Cormac McCathy, La route, en VO, je m'y suis plus raisonnablement attaqué dans une traduction bien de chez nous. Ce délais a bien fait les choses car il a permis à l'auditeur fidèle du Masque et la Plume que je suis, avisé par les lettres d'auditeurs traumatisés par cette oeuvre sombre qui rythment depuis plus d'un an les critiques littéraires, de me préparer un cadre de rêve pour entamer cette âpre lecture: le petit week-end crapuleux que nous venons de nous offrir au soleil de Marrakesh.
Et bien il est exact que c'est une lecture que je conseillerais plus aux vacanciers bien dans leur peau qu'aux dépressifs cherchant un bouquin à lire un soir de Noël solitaire dans un faubourg de Valencienne battu par la pluie. Plusieurs années après une catastrophe mondiale dont on n'apprendra rien mais que j'imagine nucléaire, la plupart de la vie a disparu d'une Terre dont l'atmosphère est saturée de poussière. Le soleil est invisible, la végétation et la faune depuis longtemps disparues.
Dans ce paysage de cauchemar, un survivant suit une autoroute vers un Sud qu'il espère moins désespérant en compagnie de son jeune enfant. Débrouillards, poussant un caddy contenant leurs quelques précieuses possessions (boîte de conserve, bâche pour s'abriter de la pluie, un pistolet dans lequel il reste deux balles), ils cherchent à survivre à la nature hostile (et non nourricière) et aux hordes de survivants organisés en tribus cannibales.
Evidemment, ce livre n'est pas un simple roman d'anticipation, gorgé d'aventures trépidantes. Il s'agit plutôt d'une plongée dans cet univers sans concession, mât et désespérant. Un monde qui nous est brillamment rendu dans un style sans artifice, en petits paragraphes réunis en un chapitre unique, si sobre qu'on n'apprendra ni le nom ni l'allure des deux héros. Et qui permet quelques jolies méditations sur l'intérêt de survivre dans ces conditions et sur les dérives qui ont poussé l'humanité dans cette impasse. Et c'est aussi un monde aussi où brille l'amour infini d'un père pour son rejeton...
C'est beau comme tout, une expérience de lecture que je vous conseille d'autant plus qu'on ne s'ennuie pas une seconde (si ce n'est pas un bouquin de science fiction pour ados, il y survient quelques péripéties tout de même, distillées bien comme il faut), et que l'expérience est rendue assez soutenable par le fait que le bouquin n'est pas bien épais.
Mais essayez d'avoir un paysage comme ceux-ci sous les yeux lorsque vous l'attaquerez!

lundi, octobre 05, 2009

La minute désabusée

Figurez-vous l'Italie n'est pas pourvue d'une devise, telle que notre modeste "liberté, égalité, fraternité" (porté haut et fort par notre président actuel), ou encore le fin "In god we trust" américain. Un manque inacceptable.
Le journal italien Corriere della serra a donc lancé un concours pour en imaginer un. Je vous traduis une partie du palmarès. Qui est, comme il se doit, marrant mais bien désabusé.
  • Abbiamo un problema. "Nous avons un problème". Laconique et désabusé.
  • Aspetta e spera. "Attends et espère".
  • Bolliti misti. Intraduisible: plat de viande bouillie mélangée. Pas flatteur flatteur.
  • Dipende. "Ca dépend". Je l'imagine pas mal au fronton des mairies...
  • Tanto poi mi pento. "De toute façon, après, je dirai que je suis désolé".
  • Et mon préféré: Poi vediamo. "On verra plus tard". La classe!

dimanche, octobre 04, 2009

samedi, octobre 03, 2009

Mon fils est un Européen convaincu


Ah, quelle belle histoire, rayonnante d'optimisme! Alors que trois générations plus tôt, nous nous haïssions et nous foutions régulièrement sur la gueule, nous voila à nous aimer par délà les frontières: couples hispanico-italiens, écosso-espagnols, franco-polonais, franco-anglais et, évidemment, italo-français, pour ne parler que de ce que je vois autour de moi.
Né dans cet environnement, le petit Gael est donc nécessairement un joyeux européen convaincu. Il apprend ses deux langues maternelles en même temps. Il comprend les babillements du nonno aussi bien que les gazouillis du pépère. Il a déjà pris l'avion 10 fois, et n'a pas un an et demi.
Mais son engagement européen va encore plus loin. Farouchement libéral, l'essentiel de ses pensées tourne autour de ses besoins et ses envies personnelles. Il plie la communauté à ses désirs, comme autant d'ultimatums. Réveillé de bonne heure, il hurle pour que toute la maisonnée (et une bonne partie de l'immeuble) se lève aussi. Condamnant par la même son gauchiste archaïque de papa à se laver les dents en écoutant la propagande du quai des entrepreneurs, ou pire encore de Brigitte Jean-Perrin.

Surtout, là où il se dépasse, là où il est au diapason absolu de l'UE, c'est dans sa faculté à complétement ignorer le "non".
"Non pas la bouteille". "Non Gael touche pas à ça". "Non, lance pas les trucs"... Des "non", clairs, sans appels, mille fois répétés, sont joyeusement ignorés. Le regard se fait fuyant, il fait de dos rond deux secondes, puis retourne gaillardement à son objectif initial, comme si de rien n'était. Tu redis "non". Il se fige de nouveau un instant, semble réfléchir, puis reprend son mouvement. Implacable. Inarrêtable. Bouché de chez bouché.
Le pire, c'est qu'il est tentant de lâcher l'affaire, de considérer que puisque rien n'y fait, il faut cesser de se battre, cesser de s'exprimer.
(Je vous rassure, on tient bon!)

PS: Et pour ce qui concerne Brigitte Jean-Perrin, je citerais volontiers Volo:

vendredi, octobre 02, 2009

J'achète un M...

Découvrez la playlist ZiqueSept2009 avec Java

On parle beaucoup de la rentrée littéraire, mais je vous avoue être beaucoup plus sous le choc de la rentrée musicale, qui frappe très fort. Une rentrée marquée cette année sous le signe du "M". Non que le dernier album de -M- soit à ce point essentiel, mais que, entre -M-, Manu Chao, Mano Solo, Miossec et Mickey 3D, il fait bon être initialisé comme il faut pour être distribué!
N'ayant pas eu le temps d'approffondir l'écoute de Mickey, Mano, Volo et Emilie, je me les garde au chaud pour un post futur. Par contre, -M-, Miossec, Manu Chao et Java ont bien profité de la semaine de codage que j'ai derrière moi pour imprégner mes esgourdes.

-M- a décidé de sévérement remettre en question sa recette habituelle pour pondre un album plus mélancolique, moins festif, et assez ambitieux: il me semble encore plus travaillé qu'à l'ordinaire, et les paroles sont marquées par le partenariat avec Brigitte Fontaine.
Parti sur des a-priori ambigus (j'apprécie qu'un artiste se lance dans une nouvelle direction, mais je n'ai jamais accroché à Fontaine - et le matraquage publicitaire m'a pesé), j'aime globalement l'album. Un peu trop compliqué (voire prétentieux) par moment, il est aussi souvent touchant. Si je suis un peu déçu, c'est parce que j'adorais littéralement les albums précédents. Celui-ci est juste bon.

Miossec ressort un album digne de ses meilleurs moments. Malgré la colaboration avec yann Tiersen, on ne doute pas un instant du contributeur majeur: voix naïvo-désabusée inimitable, textes touchants centrés sur des looseurs, mélodies nées sur une guitare sèche... Aux antipodes de l'approche de -M-, le bonhomme creuse son sillon avec des chansons à la touchante justesse, qui ont mille qualités mais ne surprennent pas. J'aime aussi.

Quittons le rayon du spleen pour rejoindre la fiesta du live de Manu Chao. J'ai déjà vu le français le plus mondialisé mais le moins mondialisé (je me comprends) deux fois sur scène. Pour un bonheur incroyable à la fête de l'huma il y a des années, et pour une déception à Bercy cette année.
Et bien, ce double-album marathon combine ces deux aspects. Une pêche sans fin, des mélodies internationalement appréciées reprises aux amphétamines côté pile. Un mur musical un peu monocorde, un peu répétitif côté face.
Une résultat mitigé, donc? Pas exactement. Malgré l'excellente tenue des autres albums qui hantent mon ipod ces temps-ci, c'est cet disque que l'écoute le plus. Ces heures de plaisir m'ont permis de trancher: on passe vite outre l'impression initiale de décrocher après une ou deux chansons, de sorte que ce live est parti pour habiter ma discographie pendant des années.

Bien que je sois - vous l'aurez compris - content des disques précédents, j'ai quand même trouvé à chipoter sur chacun d'entre eux. Sur le dernier Java, point de chichi. Tout est bon, gardez tout!
Java, c'est ce groupe né du concept a priori invivable de rap-musette. Et ben mes amis, quelle réussite! Premièrement, ça tient une pêche phénoménale (que nous allons goûter en concert le 1er décembre). D'autre part, la coloration musette, utilisée pour faire des samples funky, et épaulée par une base rythmique très solide, apporte une identité super intéressante - et originale - au groupe. Enfin, les textes sont souvent désopilants, et parfois super-touchants.
Un must, je vous dis, les gars.